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Les 9 grands systèmes politiques qu’il faut connaître

Publié le 24/12/2018
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Cet article présente 9 grands systèmes politiques et formes de gouvernement. On entend par ces notions la configuration d’un État, ou la façon dont un pays est gouverné. Il n’a pas la prétention de traiter à fond chacun des systèmes présentés, mais il a pour objectif de donner des éléments de compréhension au lecteur afin de lui donner envie d’approfondir ses connaissances.

 

1. La théocratie : définition

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Portrait d’Innoncent X, Diego Vélasquez, 1650

Théocratie vient du grec theokratia (Θεοϰρατία), de theos (θεὸς), « Dieu », et de kratos (ϰράτος), « puissance ». Une théocratie est une autorité politique fondée sur le divin, sur les pouvoir de Dieu ou des dieux. Un gouvernement théocratique est légitimé par Dieu ou les dieux, il en est le lieutenant sur terre. Le véritable souverain, c’est la puissance divine. Ses lois sont indiscutables. Si l’on suit cette définition, la quasi-totalité des pouvoirs politiques de l’histoire de l’humanité ont été théocratiques, car les gouvernements fondaient leur légitimité sur la puissance divine. On sait par exemple que les monarques absolus français se considéraient comme « lieutenants de dieu sur terre ».

Cependant, dans l’usage, lorsque l’on parle de théocratie, ce n’est pas à ce genre de régime que l’on pense. En effet, théocratie désigne couramment un régime dans lequel des dépositaires de l’autorité religieuse, autrement dit des clercs, exercent directement le pouvoir. Suivant cette acception, on trouve aujourd’hui deux États véritablement théocratiques : le Vatican, dirigé par le pape, le chef de l’Église catholique, et l’Iran, où le pouvoir se trouve, en partie, dans les mains du clergé chiite.

 

2. La république : définition

République vient du latin res publica, « la chose publique », de res, « chose », et de publicus, « gouvernement ». La république est un concept très ancien que nous avons hérité de la Rome antique. En effet, les Romains s’étaient constitués en république, la République romaine, après avoir expulsé leur dernier roi, Tarquin le superbe (534 – 509 av. J.-C.). Les Romains restèrent fameux pour leur haine de la royauté, à tel point que sous l’Empire, Rome demeura dans l’esprit une république. L’empereur romain dirigeait une république. Depuis, le concept de République a été étudié et enrichi par maints auteurs (Bodin, Montesquieu, etc.), pour qui il était synonyme de « gouvernement » ou de « communauté d’esprit ».

Mais aujourd’hui, on entend par République un régime qui n’est pas une monarchie, c’est-à-dire un régime dans lequel la tête de l’État, la personne qui est théoriquement au sommet de la pyramide des pouvoirs, est élue par la nation ou ses représentants. La tête de l’État est généralement un président, mais pas toujours. Si l’on reprend l’exemple de l’Iran, celle-ci est une république islamique. L’Iran est à la fois une république, il n’y a plus de roi, le dernier ayant été déchu en 1979, et une théocratie, puisque le pouvoir est aux mains de religieux (le dirigeant officiel du pays étant un ayatollah, un dignitaire religieux de l’islam chiite). Autre exemple, la Première République française (1792 – 1804), proclamée après la chute de Louis XVI (1774 – 1792), n’avait pas de président.

Une république n’est pas forcément une démocratie, c’est-à-dire un état où le peuple dirige réellement la conduite des affaires, ou un régime dans lequel le pouvoir est responsable devant la nation. Par exemple, la Chine est une république (une « république populaire », dans le style des dénominations communistes), mais n’est pas pour autant une démocratie.

Dans de nombreux pays, la notion de République ne signifie pas uniquement que le pouvoir n’est pas monarchique. En effet, l’idée de république porte souvent un idéal particulier, une idéologie, elle est le règne de certains principes. Les républiques font souvent suite à des régimes archaïques et autoritaires, et symbolisent donc aux yeux des citoyens l’avènement d’une liberté nouvelle et de l’autonomie de la nation. Cette idée est particulièrement prégnante en France.

 

3. La démocratie : définition

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L’acropole d’Athènes, Leo von Klenze, 1846 | Wikimedia Commons

Démocratie vient du grec demokratia (δημοϰρατία), de demos (δῆμος), « peuple », et de kratos (ϰράτος), « puissance ». La démocratie est une forme de gouvernement dans laquelle le peuple exerce directement le pouvoir par le vote ou indirectement par l’intermédiaire de représentants élus (président, parlementaires, maires, etc.). Mais, plus profondément, la démocratie est un régime dans lequel le souverain est le peuple lui-même. La démocratie, c’est  le pouvoir du peuple ou le régime politique où tous les pouvoirs puisent leur légitimité dans le peuple, où tous les pouvoirs sont exercés par le peuple ou ses représentants. Selon une formule célèbre, la démocratie est donc le « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. » On trouve cette formule dans le célèbre Discours de Gettysburg (1863) d’Abraham Lincoln (1809 – 1865), 16e président des États-Unis d’Amérique, ou à l’article 2 de la Constitution de 1958, la constitution de la France. Le gouvernement du peuple implique la protection des droits de l’Homme, ou des droits des citoyens, pour que toutes les opinions puissent être exprimées et être représentées.

Ce que l’on nomme démocratie ne se limite pas à l’idée que le peuple est souverain. De nombreux penseurs, et notamment Alexis de Tocqueville (1805 – 1859), ont montré que la démocratie était aussi une forme de société. En effet, dans une démocratie, la société se caractérise par une égalisation des conditions (c’est-à-dire que les citoyens, égaux en droits, tendent à une certaine égalité sociale et à se voir comme les égaux des uns des autres), une vitalité de la société civile (le développement des associations, syndicats, partis politiques, etc.), par le développement de l’individualisme, etc.

Toute les démocraties ne sont pour autant des régimes de libertés (des démocraties libérales). En effet, dans certaines nations, les représentants sont élus mais l’exercice du pouvoir reste autoritaire. Autre problème : nous sommes libres de voter pour des représentants que nous avons choisis et chacun peut prétendre représenter le peuple ; en même temps, lorsque nous nous penchons sur notre système politique, c’est-à-dire l’ensemble des éléments qui concourent à l’exercice de pouvoir (médias, idéologies, pouvoirs financiers), certains tendent à penser que notre pouvoir est confisqué au profit d’une oligarchie.

Une démocratie peut tout aussi bien être une république ou une monarchie. Si l’Italie, l’Allemagne ou la France sont des républiques, le Royaume-Uni, l’Espagne ou les Pays-Bas sont des monarchies. Une théocratie peut même avoir une dimension démocratique.

 

4. L’oligarchie : définition

Oligarchie vient du grec oligarkia, de oligos (ολιγος), « en petit nombre », et de arche (ἀρχή), « commandement ».

L’oligarchie est un gouvernement dans lequel la réalité du pouvoir est entre les mains d’un petit nombre de personnes, de quelques familles ou d’un groupe fermé.

Le concept d’oligarchie connaît aujourd’hui un regain de popularité dans un usage polémique. En effet, dans nos démocraties libérales modernes, les citoyens sont en théorie les souverains mais, dans les faits, une élite gouverne toujours à sa place, que ce soit en politique, par l’intermédiaire de ses représentants, en économie (le pouvoir financier) ou dans les médias. Peut en résulter le sentiment d’une confiscation du pouvoir au profit d’une élite. L’oligarchie peut ainsi être considérée comme une dégénérescence de la démocratie. Le sociologue Robert Michels (1876 – 1936) a théorisé la tendance de toute organisation à se transformer en oligarchie (« la loi d’airain de l’oligarchie »).

La ploutocratie et l’aristocratie sont deux déclinaisons de l’oligarchie. La ploutocratie (du grec ploutos, πλουτος, « la richesse ») est le gouvernement des riches, tandis que l’aristocratie (du grec aristos, αριστος, « le meilleur ») est le gouvernement des meilleurs. L’aristocratie avait la faveur des philosophes grecs Platon (428 – 348) et Aristote (384 – 322).

L’histoire a connu nombre d’oligarchies. Sparte fait souvent figure d’exemple d’oligarchie antique. On peut citer, comme exemples plus récents, la République de Venise (disparue en 1797), où le pouvoir était aux mains d’une oligarchie fortunée, ou les pays communistes, gouvernés par l’élite privilégiée des membres du parti (la nomenklatura, du russe « liste », c’est-à-dire ceux qui étaient sur la liste des postes les plus importants).

 

5. La monarchie : définition

Monarchie vient du grec monarkia, de monos (μόνος), « seul », et de arche (ἀρχή), « commandement ». La monarchie est donc le régime dans lequel une seule personne commande : le souverain. Celui-ci, un roi, un empereur, un calife, un émir, ou autre, accède au pouvoir soit par élection, soit par héritage (constituant ainsi des dynasties, comme les Capétiens en France, les Hohenzollern en Allemagne, etc.). Les modalités du pouvoir du monarque varient en fonction des époques et des cultures. Par exemple, l’exercice du pouvoir par un empereur romain, tout puissant mais peu légitime, a peu à voir avec celui des anciens rois de Pologne, rois élus dont le pouvoir dépendait de celui des nobles.

Aujourd’hui, l’écrasante majorité des monarchies sont constitutionnelles. Dans les monarchies constitutionnelles, le monarque a une position symbolique, il dispose d’un pouvoir d’influence plutôt que d’un pouvoir réel et incarne la nation qui consent à ce qu’il règne. La direction des affaires est assurée par le chef du gouvernement. C’est le cas des Pays-Bas, du Royaume-Uni, de l’Espagne, du Japon, etc. Il subsiste toutefois certaines monarchies dans lesquelles le monarque (ou sa famille) a conservé un grand pouvoir, notamment l’Arabie saoudite, le Maroc ou la Jordanie.

La France n’a plus de roi depuis la chute de Louis-Philippe Ier (1830 – 1848) en 1848, et n’a plus de monarque depuis la chute de Napoléon III (1852 – 1870) en 1870. La Révolution française de 1789 avait mis un terme à l’Ancien Régime, période sous laquelle le monarque était « absolu », c’est-à-dire qu’il ne tenait son pouvoir que de lui-même sans qu’il ait de comptes à rendre à personne. L’absolutisme n’était pas un despotisme car le pouvoir du roi était limité par des lois fondamentales et par les nombreux droits d’Ancien Régime. Suivant Maurice Duverger (1917 – 2014), on a qualifié la Ve République, le régime en vigueur en France, dans lequel le président dispose de très grandes prérogatives, de « monarchie républicaine ».

 

6. La féodalité : définition 

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Hommage d’Édouard Ier à Philippe le Bel, Les Grandes Chroniques de France | Wikimedia Commons

Féodalité vient de fief, la terre, le revenu, le droit, etc., concédé par un suzerain (le maître) à un vassal (l’inférieur, celui qui est dépendant du seigneur, et qui peut être suzerain à son tour) en échange de sa fidélité et de ses services.

Le terme de féodalité permet de caractériser traditionnellement la société du Moyen Âge européen, même si le système féodal se perpétue au-delà de ces bornes. C’est une notion complexe et débattue. Elle désigne une société au pouvoir éclaté. La souveraineté est disséminée entre les différentes seigneuries : le seigneur gouverne une terre et y exerce la justice. Le moteur de cette dissémination est la vassalité : un seigneur, dans la position de suzerain (par exemple le roi) offre sa protection à un vassal, et lui cède un fief en échange de son hommage et sa fidélité. Ce même vassal peut devenir seigneur, ce qui créé des chaînes de fidélité.

La société féodale est en outre caractérisée par le rapport entre le seigneur et ses dépendants, le rapport entre les nobles et les non-nobles, et entre les campagnes et les villes (voir La civilisation féodale, Jérôme Baschet).

La notion de féodalité est chargée d’une connotation péjorative après que le socialisme et le marxisme du XIXe siècle l’ont transformée en féodalisme. Depuis, on parle de féodalisme, lorsque que l’on parle d’un pays moderne, pour désigner un régime dans lequel l’autorité est éclatée entre des puissances rivales, ou dans lequel des puissances d’argent dominent l’État. L’adjectif féodal, péjoratif lui-aussi, caractérise un système dépassé, périmé et injuste.

 

7. Le despotisme : définition 

Catherine II de Russie, Fyodor Rokotov, 1763 | Wikimedia Commons

Despotisme vient du grec despotes (δεσποτης), « le maître dans la maison », « le maître des esclaves ». Le terme despote a été en usage dans l’Empire byzantin. Il existait en outre des despotats (Épire, Morée, Serbie…). Cependant, le terme despotisme, probablement d’origine française, a une connotation très négative. Le despotisme désigne un pouvoir arbitraire et oppressif, qui s’exerce en dehors des limites du droit. Le philosophe des Lumières Montesquieu (1689 – 1755) en fait l’une des trois formes de gouvernement à côte de la république et de la monarchie. Le despotisme est selon lui la monarchie sans la légalité :

« […] un seul, sans loi et sans règle, entraîne tout par sa volonté et par ses caprices »

Néanmoins, au XVIIIe siècle, certains philosophes ont placé leurs espoirs dans le pouvoir de despotes éclairés (Voltaire et Frédéric II, Diderot et Catherine de Russie, Joseph II, etc.), pour gouverner selon la raison pour le progrès et le bonheur du peuple. Aujourd’hui, le terme « despotisme » n’est plus guère employé, sauf dans des contextes raffinés et littéraires.

 

8. La dictature : définition

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Saddam Hussein (1937 – 2006), dirigeant dictatorial de l’Irak des années 1970 à 2003

Dictature est un emprunt au latin dictatura La dictature était une magistrature dans les cités de l’Italie antique. Un homme disposait de pouvoirs extraordinaires pour mener à bien une mission. L’exercice de la dictature était relatif à un objet déterminé. Le terme nous est parvenu par la Rome antique. Deux dictateurs sont restés dans les mémoires : Sylla (138 – 78) et César (100 – 44).

La notion de dictature s’est aujourd’hui délestée de sa signification antique, sauf dans certains contextes particuliers. Le socialisme du XIXe a développé la notion de dictature du prolétariat, période de pouvoir absolu de la classe ouvrière qui doit permettre le passage au socialisme. Des auteurs, comme Carl Schmitt (1888 – 1985), ont développé une théorie moderne de la dictature constitutionnelle pour faire face aux périodes de crise. 

En dehors de ces emplois singuliers, la notion de dictature est devenue synonyme de despotisme. Une dictature est un régime autoritaire dans lequel les citoyens sont peu ou pas protégés par le droit. On désigne par exemple comme dictateurs les dirigeants d’États totalitaires au XXe siècle, comme d’Adolf Hitler (1889 – 1945), Joseph Staline (1878 – 1954), Benito Mussolini (1883 – 1945) ou Mao Zedong (1893 – 1976). Toutefois, toutes les dictatures ne sont pas totalitaires (les dictatures sud-américaines du XXe siècle, les dictatures africaines, etc.).

 

9. Le totalitarisme : définition

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Congrès du parti du Reich, 1935 | Wikimedia Commons

Totalitarisme vient de total Le totalitarisme est une notion complexe. Il désigne avant tout un phénomène, l’avènement de régimes dictatoriaux extrêmes au XXe siècle : l’Italie fasciste, l’Allemagne nazie, l’URSS ou la Chine maoïste. Sous ces régimes, l’État a cherché à contrôler et à soumettre la totalité de la vie sociale à son pouvoir. La société et les citoyens n’ont le droit, dans les régimes totalitaires, à aucune autonomie (la nation ne peut pas se donner sa propre loi) ni à aucune liberté. Le collectif domine l’individuel. Un parti unique, qui contrôle tous les rouages du pouvoir, avec à sa tête un dirigeant charismatique, cherche à modeler la société selon l’idéologie qu’il porte (fascisme, nazisme, communisme). Il fait usage pour cela d’un appareil de répression et de terreur (arrestations arbitraires d’opposants, détention dans des camps, etc.), de la propagande (monopole des médias, contrôle de la production culturelle) ainsi que de méthodes d’embrigadement des masses (militarisation de la société, création d’organisations de jeunesses, adhésion obligatoire à des associations, etc.). 

On parle, à propos des idéologies totalitaires, de religions politiques : à l’image des société théocratiques, des lois sacrées s’imposent sans discussion aux sociétés totalitaires, mais au lieu d’être d’origine divine, elles sont d’origine séculière (elles viennent de ce monde-ci). 

Le phénomène totalitaire a notamment été étudié par la philosophe Hannah Arendt dans Les Origines du totalitarisme.