La savane, en l’Afrique de l’Ouest, est une interface entre le monde de la forêt et les routes commerciales du désert du Sahara. Cette position privilégiée a vu l’émergence de plusieurs États prospères. Cet article vous présente cinq empires constitués dans cette région de savane.
L’Empire du Mali
L’empire du Mali est fondé au XIIIe siècle dans la région du Haut Niger par Soundiata Keita (XIIIe siècle), roi du Mandingue. Soundiata vainc les Soussou, ennemis héréditaires du royaume, puis conquiert les régions alentours. Il se proclame Mansa, « chef suprême ». Musulman, il aurait instauré par la charte du Manden un régime de tolérance religieuse et de respect des droits humains. Les plus grandes villes de l’empire sont la capitale, Niani, Djenné et les « ports sahariens » de Tombouctou et Gao, où s’échangent du sel venu du nord contre de la Cola venue du sud.
L’empire du Mali prospère grâce au contrôle des mines d’or du Bouré et au commerce des esclaves. Les Mansa créent également dans le delta intérieur du Niger des plantations où travaille une main-d’oeuvre servile. Mansa Moussa, empereur du Mali au XIVe siècle, est considéré comme l’un des hommes les plus riches de l’histoire. À la fin du XIVe siècle, l’empire décline du fait des querelles de successions. Les peuples soumis cessent de payer le tribut, tandis que s’affirme la puissance des Touaregs au nord, et des Songhaï à l’est.
L’empire Songhaï
Le royaume Songhaï, né à la fin du premier millénaire, contrôle rapidement la navigation sur la boucle du Niger. Les forces du Mali conquièrent ensuite le royaume. Une partie du territoire est cependant libérée par Ali Kolon qui prend le titre de Sonni (libérateur). Au milieu du XVe siècle, le roi Ali Kolon, alias Sonni Ali Ber (règne de 1464 à 1492 environ), chasse les Touaregs de Tombouctou et envahit le delta intérieur du Niger. Ses successeurs continuent ses conquêtes. Ils réduisent des populations entières en esclavage et poursuivent une politique d’islamisation. L’empire s’appuie sur l’élite musulmane, une administration efficace et une armée de métier. Si Gao est la capitale de l’empire, Tombouctou en est le principal centre culturel et religieux. En 1590, pour contrôler le commerce de l’or, le sultan du Maroc envoie vers le Niger une force de 4000 soldats. Equipés d’armes à feu, ces mercenaires ont raison des 40000 hommes de l’armée Songhaï. Cette force s’émancipe ensuite du Maroc et fonde sur les ruines de l’empire le pachalik (entité sous l’autorité d’un pacha) de Tombouctou.
L’empire Toucouleur
Les Toucouleurs sont des éleveurs Peuls, ethnie sédentarisée dans la vallée du Sénégal. Aux XVIIIe et XIXe siècles, les Peuls vont conduire plusieurs jihad (guerre saintee dans l’islam) en Afrique de l’Ouest. El Hadj Omar (1797 – 1864) est à l’origine de l’un d’entre eux. Il est membre d’une confrérie soufi, la Tidjaniyya, qui prêche l’égalité des droits entre musulmans et l’ouverture à tous les talents. Ce prédicateur rassemble de nombreux Toucouleurs et prend en 1849 le contrôle de la ville de Dinguiraye, près des gisements d’or du Bouré. En échange d’esclaves et d’or, Omar se procure des armes à feu. Elles lui permettent de conquérir les royaumes animistes des Bambara. Son fils, Amadou Sékou (1815 – 1853), établit la capitale du nouvel empire à Ségou, à proximité du delta intérieur du Niger. À partir de 1890, l’empire est pris d’assaut par les armées françaises, qui reçoivent bientôt l’appui de l’éthnie Bambara. En 1894, la conquête française s’achève par la prise de Tombouctou.
Le califat de Sokoto
À la fin du XVIIIe siècle, le nord de l’actuel Nigéria est divisé entre les opulentes cités états des commerçants Haoussa. Les rois de ces cités professent un islam mâtiné de croyances traditionnelles. Des Peuls se sont également installés parmi les Haoussa. En 1804, Ousmane Dan Fodio (1754 – 1817), un prédicateur peul, dénonce la non-application de la charia et lance le jihad. Il rallie les cavaliers peuls, qui ont raison des forces Haoussa. Le jihad se poursuit ensuite dans toutes les directions. Les territoires de peuples animistes sont envahis. Ousmane se proclame calife. Son fils, Mohammed Bello (vers 1780 – 1837), établit sa capitale à Sokoto, qui devient un grand centre islamique. Quinze émirs, soumis à un contrôle strict, administrent le territoire. La paix qui résulte de la conquête favorise l’enrichissement du califat. Chaque année, les raids de l’armée permettent la capture d’esclaves, qui font fonctionner les plantations autour des cités. À partir de 1897, les armées anglaises envahissent le califat. Le dernier calife, Attahiru, est tué peu après la prise de Sokoto, en 1903.
Le royaume du Bornou
Le Bornou, à proximité du lac Tchad, est d’abord un état vassal du royaume du Kanem. Le Kanem est dirigé par le clan des Sayf, musulmans depuis le XIe siècle. Au XIVe siècle, face aux attaques de nomades, les Sayf se replient au Bornou. Au cours de la seconde moitié du XVIe siècle, le mai (roi) Idriss Aloma construit une armée imposante, équipée d’armes à feu, et fait du Bornou le cœur d’un vaste empire. Le royaume du Bornou contrôle une partie du commerce transsaharien. Il exporte du sel issu des salines de Bilma et des esclaves razziés jusqu’au nord du bassin du Congo. L’agriculture s’épanouit sur les pourtours du lac Tchad. À partir du XVIIIe siècle, le Bornou décline sous les coups des Touaregs et des Peuls. Le jihad du califat de Sokoto détruit presque l’empire. Le mai fait alors appel à un chef religieux, Al Kanemi (1776–1837), pour galvaniser la population et reconquérir le cœur du royaume. Le royaume succombe définitivement en 1894, assailli par Rabah, chef de guerre soudanais.
À lire
Jean Sellier, Atlas des peuples d’Afrique, La découverte, Paris, 2003
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