Des citations de Charles Péguy (1873 – 1914), certaines sont entrées dans la langue commune. Ainsi, il est de bon ton de dire des idéalistes « qu’ils ont les mains propres, mais qu’ils n’ont pas de mains », ou de se souvenir avec nostalgie des bons professeurs d’antan, « hussards noirs » de la République. Charles Péguy, un temps oublié, semble aujourd’hui susciter, sinon une admiration croissante, une certaine estime. D’abord socialiste anticlérical et dreyfusard, il se rapproche peu à peu du catholicisme de son enfance et du nationalisme, jusqu’à mourir au champ d’honneur en 1914.
Critique de la modernité, il a fait l’objet de plusieurs ouvrages récents : le Mécontemporain par Alain Finkielkraut ; une réédition de Mystique et politique ; une biographie d’Arnaud Teyssier ; etc.
Mais c’est surtout comme poète au style bien singulier qu’il est passé à la postérité. À lire et à relire, ce poème appris à l’école, Adieu, à la Meuse ou ce célèbre extrait d’Ève.
25 citations frappantes de Charles Péguy
1. Les patries sont toujours défendues par les gueux, livrées par les riches.
2. On ne saura jamais tout ce que la peur de ne pas paraître assez avancé aura fait commettre de lâchetés à nos Français.
Citations de Charles Péguy tirées de Notre Patrie (1905)
3. Quarante ans est un âge terrible.
Car c’est l’âge où nous devenons ce que nous sommes.
Victor-Marie, comte Hugo (1910)
4. Adieu, Meuse endormeuse et
douce à mon enfance,
Qui
demeures aux près, où tu coules tout bas.
Meuse, adieu : j’ai déjà commencé ma
partance
En des pays
nouveaux, où tu ne coules pas.
Jeanne d’Arc (1910)
5. Tout parti vit de sa mystique et meurt de sa politique.
6. On prouve, on démontre aujourd’hui la République. Quand elle était vivante, on ne la prouvait pas.
7. Quand on voit ce que la politique cléricale a fait de la mystique chrétienne, comment s’étonner de ce que la politique radicale a fait de la mystique républicaine.
8. C’est embêtant, dit Dieu. Quand il n’y aura plus ces Français, il y a des choses que je fais, il n’y aura plus personne pour les comprendre.
9. J’aime mieux un saint qui a des défauts qu’un pécheur qui n’en a pas.
10. J’ai souvent joué avec l’homme dit Dieu. Mais quel jeu, c’est un jeu dont je tremble encore.
11. Rien n’est beau comme un enfant qui s’endort en faisant sa prière, dit Dieu.
Le Mystère des saints innocents (1912)
12. Aimer, c’est donner raison à l’être aimé qui a tort.
Note conjointe sur M.Descartes (1912)
13. Tout est joué avant que nous ayons douze ans.
14. Nos jeunes maîtres étaient beaux comme des hussards noirs. Sveltes ; sévères ; sanglés. Sérieux, et un peu tremblants de leur précoce, de leur soudaine omnipotence.
15. Le plus beau métier du monde, après le métier de parent, (et d’ ailleurs c’ est le métier le plus apparenté au métier de parent), c’est le métier de maître d’école et c’est le métier de professeur de lycée.
16. Le parti politique socialiste est entièrement composé de bourgeois intellectuels.
L’Argent (1913)
17. Heureux ceux qui sont morts
pour la terre charnelle,
Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre.
Heureux ceux qui sont morts pour
quatre coins de terre.
Heureux ceux qui sont morts d’une
mort solennelle.
Ève (1914)
18. Homère est nouveau, ce matin, et rien n’est peut-être aussi vieux que le journal d’aujourd’hui.
19. Le juif est un homme qui lit depuis toujours, le protestant est un homme qui lit depuis Calvin, le catholique est un homme qui lit depuis Ferry.
Note sur M.Bergson et la philosophie bergsonienne (1914)
20. Le kantisme a les mains pures ; par malheur, il n’a pas de mains.
21. Qu’avons-nous vu [dans l’affaire Dreyfus] sinon, en face de nous, un tel amas de saletés et de laideurs qu’à moins de nous en faire les complices, nous avons dû désirer de toutes nos forces que cela n’eût jamais eu lieu dans l’histoire du monde.
Les Cahiers de la Quinzaine (1900 – 1914)
22. Parce qu’ils n’aiment personne, ils croient qu’ils aiment Dieu.
23. Il y a quelque chose de pire que d’avoir une mauvaise pensée. C’est d’avoir une pensée toute faite. Il y a quelque chose de pire que d’avoir une mauvaise âme et même de se faire une mauvaise âme. C’est d’avoir une âme toute faite. Il y a quelque chose de pire que d’avoir une âme même perverse. C’est d’avoir une âme habituée.
Note conjointe sur M. Descartes (1914)
24. Le triomphe des démagogies est passager. Mais les ruines sont éternelles.
25. Le monde est plein d’honnêtes gens. On les reconnaît à ce qu’ils font les mauvais coups avec plus de maladresse.
Bonjour, je suis allée hier à la cathédrale de chartres. C’est magnifique. Nous avons eu un débat sur Charles Péguy.
J’aimerai lire un livre sur lui. Je me qui abonnée à la croix rouge en tant que bénévole.
« Aujourd’hui tous les textes disparaissent sous tous les commentaires, tous les textes vivants sont couchés morts sous la poussière muette et sous la cendre du bavardage des gloses, tous les esprits se raidissent en toutes les lettres, tous les peuples disparaissent sous les démographies, les sociétés sous les sociologies, les monuments tombent sous les archéologies, les inscriptions s’effritent sous les épigraphies, les fresques s’écaillent, les nations disparaissent sous les démagogies, toutes les enfances mêmes disparaissent sous les pédagogies, toute vie disparaît sous le suaire de l’enregistrement, toute invention est morte, tous les instincts se vitrifient en intellects, toute race, toute sève, toute source est ensevelie sous cette traînée mortuaire, sous la traînée neigeuse et spongieuse de toute cette cendre (…) »
Charles Péguy, Deuxième élégie, XXX
Belle trouvaille ! 🙂
« Voici que nous marchons vers votre illustre cour
Et voici le plateau de notre pauvre amour
Et voici l’ocean de notre immense peine »
Charles Péguy