Définition
Avoir le béguin (pour quelqu’un) signifie : être amoureux, être amouraché, comme au début d’une relation.
Avoir le béguin : origine de l’expression
L’origine de cette expression est complexe. Le terme « béguin » vient du nom d’une communauté religieuse fondée à Liège au XIIe siècle. Les béguines portaient une coiffe particulière qui s’attachait sous le menton. Par métonymie, cette coiffe (ainsi qu’un bonnet pour très jeune enfant) a pris le nom de béguin. Or, « se coiffer de quelqu’un » signifiait autrefois « en tomber amoureux, se laisser conduire par quelqu’un ». Se coiffer d’une idée, c’était n’avoir que cette idée en tête, s’entêter avec. Exemple dans le Tartuffe de Molière (I, 2, Cléante) :
- Comme elle s’est pour rien contre
nous échauffée !
Et que de son Tartuffe elle paraît coiffée !
Par correspondance, le béguin a remplacé le terme plus général de coiffe, si bien qu’en plus de « se coiffer » de quelqu’un, on disait (s’) embéguiner, c’est-à-dire se prendre de passion pour quelque chose ou quelqu’un, avoir l’esprit occupé par une personne ou une chose. Le Dictionnaire de Furetière (XVIIe) définit ainsi le verbe :
EMBEGUINER, se dit figurément en choses spirituelles, des mauvaises opinions qui nous entestent, des folles amours qui nous gouvernent, qui maistrisent nostre esprit. On se laisse embeguiner aisément des nouvelles opinions. Un vieillard se laisse coëffer, embeguiner par une jeune femme.
On le trouve aussi dans la première édition du Dictionnaire de l’Académie (1694) et toujours dans la 9e ! (S’)embéguiner a disparu, mais la forme, plus argotique, « avoir le béguin », est restée, quoique son usage soit usage soit de plus en rare (aujourd’hui, l’anglicisme « avoir un crush » est courant dans la langue orale des jeunes, notamment des csp+ urbains).
Exemples avec « avoir le béguin »
- Mon frère a eu de nombreuses compagnes, non pas parce qu’il était d’un tempérament séducteur, mais parce qu’il avait le béguin facile : son cœur d’artichaut fondait devant toutes les filles avait qui la conversation s’approfondissait.
- Ces deux-là avaient le béguin l’un pour l’autre, mais leur relation était secrète, car ils étaient encore trop jeunes pour que leurs familles leur permettent de le mariage.
- Notre relation s’explique simplement : elle a eu le béguin pour moi, a fini par le susciter chez moi, et nous nous sommes retrouvés, de fil en aiguille, à fêter notre lune de miel aux Seychelles.
- Albertine oubliait ce dernier mensonge-là, le quatrième, et un jour où elle voulait gagner ma confiance par des confidences, elle se laissait aller à me dire de la même personne, au début si comme il faut et qu’elle ne connaissait pas : « Elle a eu le béguin pour moi. Trois, quatre fois elle m’a demandé de l’accompagner jusque chez elle et de monter la voir. L’accompagner, je n’y voyais pas de mal, devant tout le monde, en plein jour, en plein air. Mais arrivée à sa porte, je trouvais toujours un prétexte et je ne suis jamais montée. » (Proust, À la recherche du temps perdu)
À lire
- Claude Duneton, La Puce à l’oreille
- Le Robert, Dictionnaire des expressions et locutions
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