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Ne pas être dans son assiette : définition & origine 🥴

Publié le 20/05/2021
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Définition

« Ne pas être dans son assiette » signifie : ne pas être en forme, ne pas être dans son état normal, se sentir malade. 

Exemples

  • Je ne suis pas dans mon assiette depuis le repas de midi, qui était beaucoup trop lourd. 
  • Ils ne viendront pas à la soirée de ce soir car, son Michel n’est pas dans son assiette et est alité.
  • […] elle avait des « absences » pendant lesquelles elle semblait même ne pas entendre les choses qu’on lui disait et qu’à son avis elle n’était pas dans son assiette et peut-être même n’avait pas toute sa tête à elle. (Proust, À la recherche du temps perdu)

Voir ici : pourquoi dit-on « tenir la dragée haute » ?

Ne pas être dans son assiette : origine de l’expression

L’assiette de l’expression n’est pas la vaisselle, mais un synonyme d’« état d’esprit, façon d’être » (Dictionnaire historique de la langue française), employé jusqu’au XIXe siècle. 

Mandez-moi, je vous supplie, si la longue solitude ne vous abat point et si votre esprit demeure dans la même assiette, et ce que vous faites pour vous soutenir et empêcher que l’ennui ne gagne.

Bossuet au maréchal de Bellefonds, 19 mars 1675, relevé par le Littré

C’est un usage figuré du terme « assiette », qui signifiait au propre « position d’une ville » (cette ville est en bonne assiette, pour dire qu’elle a une bonne situation géographique), « manière d’être assis » et « position du cavalier sur sa monture ». L’assiette, c’était, d’une autre façon, la manière d’être posé ou la position ferme.

Il regarda en bas et entrevit dans l’ombre, à une trentaine de pieds de profondeur, l’eau noire du fossé. Cette perspective le fit réfléchir et prendre son assiette sur une portion de bois plus solide, capable de porter son corps. 

Théophile GautierLe Capitaine Fracasse. Relevé par le TLFi

La 1re édition du Dictionnaire de l’Académie (1694) enregistre l’expression sous la forme « il n’a pas l’esprit dans une bonne assiette », que l’on ne retrouve pas facilement ailleurs. En tout logique, « sortir de son assiette », c’était perdre son sang froid.

Comment veux-tu qu’une âme sensible goûte modérément des biens infinis ? Comment veux-tu qu’elle supporte à la fois tant d’espèces de transports sans sortir de son assiette ?

Rousseau, Lettres

Dans le Bouquet des expressions imagées, Sylvie Claval et Claude Duneton ont relevé que la confusion entre le sens abstrait d’assiette et son sens plus concret de vaisselle est très ancienne :

« après tout ça seroit vous rendre service car vous êtes si transis de peur que ça vous remettroit peut-être dans votre assiette ou votre plat ; ah oui ; vous êtes malades à n’en pas douter »

La Bouillie pour les chats, 1790