Définition
Avoir le cafard signifie : avoir des idées noires, ne pas avoir le moral, être dégoûté de la vie.
Synonyme
Broyer du noir.
Avoir le cafard : origine de l’expression
Les blattes, ou les cafards (terme d’origine arabe), sont des insectes qui fuient la lumière où ils sont plus vulnérables. L’animal sert donc de métaphore pour désigner celui qui est dans les ténèbres, celui qui se réfugie dans l’ombre, c’est-à-dire dans la tristesse et la mélancolie. Elle peut aussi être expliquée par l’idée qu’une petite bête se promène dans la tête d’une personne et lui creuse le crâne, lui travaille l’esprit et le corrompt. Cette expression aurait d’abord eu le sens d’ « être dans un état de confusion » avant d’évoluer vers « avoir les idées noires » :
L’homme a raison, il n’est pas seul criminel ; car les fumées de l’absinthe, en pourrissant son cerveau, y génèrent un champignon dont la croûte en se fendillant, laisse s’évader le vrai coupable : le cafard.
À peine échappé, le cafard s’engage dans la matière cérébrale, y traîne ses pattes fines, s’assoupit dans une fissure, trotte, rampe ou furète, et corrompt ainsi tout l’entendement. Pour le légionnaire, « avoir le cafard », c’est être sous le coup d’une idée fixe et maligne, et absurde le plus souvent.
Elle semble être tirée de l’argot militaire et s’être diffusée pendant la Première Guerre mondiale :
Nous ne sommes pas déprimés, – on ne se déprime pas à la division ; – mais e pays de spleen a fait naître en nous l’état d’esprit particulier, ou l’état d’âme, si vous voulez, que l’argot militaire rend par cette expression singulière : avoir le cafard.
On m’a souvent demandé ce que l’on entendait exactement par le cafard.
Le cafard ne peut se décrire exactement ; car ce n’est pas une maladie comme la rougeole ou la fièvre typhoïde, ce n’est pas même pas une affection.
« Avoir le cafard », c’est, je crois, – autant du moins que j’ai pu en juger par moi-même, – se trouver dans un état d’équilibre mental un peu désordonné.
Dans cet état, le cerveau ne commande plus ou commande mal, les sens battent la breloque, les impressions se déforment, les sensations s’exaspèrent, une angoisse douloureuse vous étreint sans aucune raison apparente, on voit tout en noir. […]
J’ai vu des camarades réclamer des missions dangereuses pour échapper à l’affreux cafard.
Jules Mazé, Le carnet de campagne du sergent Lefèvre
Ils organisèrent une ligue anti-cafarde. Ce vieux mot de cafard, dont le sens est : faux, hypocrite, a depuis longtemps changé sa signification au service de nos marins. À bord des navires de guerre, et maintenant parmi les troupes de terre et même ailleurs, le mot cafard veut dire triste, mélancolique. Avoir le cafard, c’est être plongé dans une humeur noire. La ligue anti-cafarde s’était créée pour empêcher les prisonniers de tomber dans le marasme.
Prisonnier des Allemands / par un prêtre de la Société des Missions étrangères, infirmier militaire
Sa présence chez Céline pourrait venir d’ailleurs de son expérience de la guerre :
Je savais quand ça le reprenait ce cafard des architectures, c’était surtout à la campagne… Et au moment des ascensions… quand il allait passer la jambe pour escalader la nacelle… Il lui revenait un coup de souvenirs…
Mort à crédit
L’ancrage de l’expression « avoir le cafard » dans le sens « d’avoir des idées noires » s’est peut-être fait sous influence littéraire. Le Dictionnaire historique de la langue française et le TLFi repèrent « cafard » au sens « d’idées noires » dans Les Fleurs du mal (1857), sans préciser le poème. Le terme se trouve dans La Destruction (?) :
Sans cesse à mes côtés s’agite le Démon ;
Il nage autour de moi comme un air impalpable ;
Je l’avale et le sens qui brûle mon poumon
Et l’emplit d’un désir éternel et coupable.Parfois il prend, sachant mon grand amour de l’Art,
La forme de la plus séduisante des femmes,
Et, sous de spécieux prétextes de cafard,
Accoutume ma lèvre à des philtres infâmes.
Mais l’usage qu’en fait Baudelaire semble ici plutôt correspondre au sens ancien de cafard comme « hypocrite » , « tartuffe ».
Voir ici : pourquoi dit-on « avoir une araignée au plafond » ?
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