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Un chef c’est fait pour cheffer : Chirac

Publié le 28/10/2021
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« Un chef c’est fait pour cheffer » est une phrase attribuée à Jacques Chirac (1932 – 2019). Cette sentence tautologique, amusante par son néologisme (le verbe « cheffer »), peut être considérée comme représentative d’une certaine image de l’homme politique, faite de gaillardise et de panache.

Un chef c’est fait pour cheffer : origine de la phrase

Elle a probablement été prononcée dans un avion l’emmenant à Colmar, alors qu’il était président du parti gaulliste, la Rassemblement pour la République RPR), fin janvier 1990, en présence de la journaliste du Figaro Christine Clerc, qui l’a probablement rapportée dans un article du Figaro Magazine du 3 février 1990.

À lire : quelle est l’origine de la phrase « vous n’avez pas le monopole du cœur » ?

Elle raconte dans un livre postérieur (Jacques, Édouard, Charles, Philippe et les autres, 1994) que Chirac aurait « médité à voix haute » dans l’avion le discours qui suit : 

quand De gaulle a démissionné en 1969 il nous a donné une grande leçon : on doit être très soucieux de la légitimité. C’est pourquoi j’ai décidé de m’en tenir solidement a un principe : le commandement assis sur la légitimité. Il faut donner aux gens la possibilité de s’exprimer, soit. Mais s’ils ne reconnaissent plus leur chef, celui-ci n’a plus qu’à s’en aller. Un chef, c’est fait pour cheffer…« 

Le mot est notamment repris par Plantu en février 1990.

Ces réflexions sur son rôle de chef faisaient alors écho à la « crise » qui agitait le RPR. En effet, au début janvier 1990, deux gaullistes influents, Charles Pasqua et Philippe Séguin, avaient décidé de présenter une motion commune aux Assises du parti organisée aux Bourget en février. Celle-ci attaquait très vivement la stratégie politique du parti, sans critiquer nommément son chef, qui était cependant affaibli par son échec à l’élection présidentielle de 1988 face à François Mitterrand. De là « crise de légitimité » évoquée par Chirac. Le chef est fait pour « cheffer », c’est-à-dire diriger véritablement son parti, conformément à la tradition unanimiste du gaullisme, et non pas essayer de faire la synthèse entre divers courants. Sa motion a fini par gagner avec 68%, mais le « mal était fait » : la culture politique du parti s’était « banalisée ».

À lire sur le sujet : Histoire du gaullisme, Serge Berstein