« Fabuler » et « affabuler » sont des paronymes. « Affabuler » est aujourd’hui souvent employé dans le sens de fabuler ».
Fabuler : définition
Du latin fabulari, « parler, causer » et, par extension, « inventer une histoire, une fable » (la fabulation). Ce verbe signifie :
1. inventer et raconter des histoires ;
Et, la lucidité critique manifestée dans les livres précédents ne l’abandonnant pas pour autant, Simon souligne à quel point toujours l’image désigne une absence, dont elle permet de parler mais que jamais elle ne supplée. Fabuler à partir d’une image, écrire autour de ce centre absent, c’est en quelque sorte inscrire le deuil dans le texte même, donner à voir le vertige de ce que le sujet n’a pas vécu.
Dominique Viart, Une mémoire inquiète
Quand j’étais petit, il m’arrivait parfois de me demander si les années que je venais de vivre n’étaient pas une fantasmagorie, si je n’étais pas un bébé en train de fabuler son existence.
Jean-François Josselin, L’Enfer et Cie
2. raconter des histoires fantaisistes présentées comme vraies ;
Ainsi, avant de lire ces Mémoires d’outres-vies, je pensais que Jean-Edern Hallier fabulait lorsqu’il nous parlait de ses relations avec Albert Camus.
À lire ici : « effleurer » et « affleurer », quelle différence ?
Affabuler : définition
Dérivé d’« affabulation » (au sens ancien de « trame, intrigue ») , le terme a été employé pour dire :
1. organiser une narration en littérature, agencer un récit, transformer un récit en fable :
Je n’ai jamais rien pu inventer. Mais je suis devant la réalité comme le peintre avec son modèle, qui lui dit : donnez-moi tel geste, prenez telle expression qui me convient. Les modèles que la société me fournit, si je connais bien leurs ressorts, je peux les faire agir à mon gré ; ou du moins je peux proposer à leur indécision tels problèmes qu’ils résoudront à leur manière, de sorte que leur réaction m’instruira. C’est en romancier que me tourmente le besoin d’intervenir, d’opérer sur leur destinée. Si j’avais plus d’imagination, j’affabulerais des intrigues ; je les provoque, observe les acteurs, puis travaille sous leur dictée.
Gide, Les Faux-Monnayeurs
On peut le dire autrement : Chauveau a su regarder les fables de La Fontaine de l’œil dont celui-ci lisait les apologues ésopiques, bien décidé à les affabuler autrement pour y révéler tel ou tel motif resté inaperçu et élaborer par là quelque signification inattendue.
Marc Escola, « L’imagination de la fable. Les Fables choisies de La Fontaine mises en vignettes par François Chauveau », Dix-septième siècle, vol. 289, no. 4, 2020, pp. 707-719.
2. inventer et raconter des histoires présentées comme vraies, raconter des choses fantaisistes. Il concurrence ici « fabuler » (sens 2) :
Quand je parle honnêtement de l’Algérie et de ses drames, mes compatriotes disent que j’affabule, que j’écris ce que la France revancharde veut entendre.
Sansal, Boualem. « Sur l’Algérie », Commentaire, vol. 175, no. 3, 2021, pp. 671-671
Le représentant des États-Unis est atterré, mais peut encore se demander si Wangenheim n’est pas en train d’affabuler.
Jean-Yves Le Naour, Djihad 1914-1918
Dans ses mémoires, « Il était un piano noir… », qui paraîtront un an après sa disparition, elle écrit : « Un soir, à Tarbes, mon univers bascule dans l’horreur. J’ai 10 ans et demi. Les enfants se taisent parce qu’on refuse de les croire. Parce qu’on les soupçonne d’affabuler. Parce qu’ils ont honte et qu’ils se sentent coupables. Parce qu’ils ont peur. Parce qu’ils croient qu’ils ont les seuls au monde avec leur terrible secret. »
Un « affabulateur », néologisme, est en général un terme péjoratif, qui désigne un menteur, quelqu’un qui imagine des histoires qu’il présente comme vraies. Une « affabulation » est un mensonge à dormir debout, une histoire inventée.
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