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Anaphore : définition simple & exemples (figure de style)

Publié le 25/03/2017
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Définition

Une anaphore est une figure de style par laquelle on répète un même mot ou un même groupe de mots en tête de phrases, de vers, de paragraphes qui se suivent. L’anaphore est une figure de style qui donne une impression d’insistance, de symétrie et renforce un propos. Ce procédé est particulièrement populaire en poésie. Attention ! Il faut essayer de comprendre l’intention de l’auteur. En effet, l’anaphore n’est pas le résultat d’une négligence. Elle est voulue par l’auteur qui peut vouloir souligner une juxtaposition, créer un effet d’accumulation, un effet musical, suggérer une obsession, l’urgence ou donner l’effet d’une incantation, etc. Exemple d’anaphore :

Paris, Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! mais Paris libéré !…

Charles de Gaulle, Discours à l’Hôtel de ville de Paris le 25 août 1944

En grammaire, l’anaphore est un procédé par lequel un mot ou un groupe de mots rappelle un autre mot ou groupe de mots précédemment énoncé (l’antécédent). L’anaphore peut aussi être elliptique (voir plus bas). 

ExempleMichel n’a pas son manuel ; je lui ai prêté le mien.

« Le mien » se substitue ici au mot « manuel » qui est l’antécédent. Par « le mien », on fait référence à « manuel ».

Autre exemple :

Le client est entré dans le magasin. Il avait l’air riche.

« Il » se substitue ici au groupe de mots « le client« , qui est l’antécédent.

Vous trouverez en cliquant ici la liste de toutes les figures de style essentielles de la langue française

 

Cataphore et anaphore

La cataphore est un type d’anaphore. On parle de cataphore lorsque le mot ou le groupe de mots qui se substitue à l’antécédent est placé avant l’antécédent.

Exemple : Il avait l’air riche, le client qui est entré dans le magasin.

Comme on peut le voir ici, « il » (le substitut) est placé avant « le client » (l’antécédent).

Autre exemple Il était beau, le chat assis à la fenêtre.

« Il », qui renvoie à « le chat« , est placé avant le mot auquel il fait référence.

 

Les différents types d’anaphore

Anaphore nominale fidèle

Une anaphore nominale fidèle reprend le nom en changeant le déterminant. Exemple : Je regardais la rue et je voyais une moto rouler au pas. La moto semblait en panne.

Anaphore nominale infidèle

Une anaphore nominale infidèle reprend le référent en changeant le nom. Exemple : Pour examiner sa fille, Jeanne fit appel à un médecin de sa connaissance. Le Dr. Renoir arriva prestement.

Anaphore conceptuelle

Une anaphore conceptuelle résume un discours, un texte, un dialogue, etc. Mais elle ne prend pas en compte la forme du contenu qu’elle reprend. Exemple : En revenant du meeting, Jacques repensait à toutes les questions que le candidat avait évoquées.

Dans cet exemple, Jacques désigne le discours du candidat par « les questions« .

Anaphore associative

Une anaphore associative repose sur des connaissances partagées. On peut faire un lien immédiatement entre les termes parce que leur association est logique, ou parce que l’on sait culturellement que ces choses sont associées.

  • Exemple : Il s’approcha de la fenêtre, regarda à travers le carreau et posa sa main sur la poignée.
  • Autre exemple : Il entra dans le bus, et prit peur lorsque le chauffeur lui lança un regard noir.
  • Autre exemple : Il arrive dans le village. L’église était sombre.

Dans ce dernier exemple, on sait que « l’église » renvoie à la l’église du village. En effet, tout le monde sait culturellement que chaque village compte une église.

Anaphore pronominale

L’anaphore pronominale renvoie à une anaphore constituée d’un pronom. Exemple : Une femme marchait dans la rue avec un chapeau. Elle ne m’était pas inconnue.

Anaphore elliptique

Ici, l’anaphore est implicite : il n’y a pas d’élément qui se substitue au nom anaphorisé. Exemple : « Crois-tu qu’il soit fou ? Je crois. » On pourrait répondre par « Je le crois », mais le « le » disparaît. Il y a ici une ellipse.

Autre exemple : « Victor Hugo. Né en 1802. Mort en 1885. Écrivain français. Intellectuel engagé. Exilé sous le Second Empire … » Dans cet exemple écrit dans un style télégraphique, on ne reprend pas un substitut à Victor Hugo à chaque phrase.

Résomptive ou synthétisante 

L’anaphore résomptive ou synthétisante est un procédé par lequel on résume un ensemble d’éléments par un mot ou un groupe de mots : tout cela, ce problème, cette question, ces interrogations, etc. Exemple : Les Britanniques ont décidé de quitter l’Union européenne en juin 2016. Cet événement a suscité de nombreuses interrogations en Europe.

 

Épanaphore et épiphore

L’épanaphore est l’anaphore par laquelle on répète le même mot ou groupe de mots au début de chaque phrase.

Exemple : Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,

Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre.

Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre.

Heureux ceux qui sont morts d’une mort solennelle.

Péguy, Ève

L’épiphore est l’anaphore par laquelle on répète le même mot ou groupe de mots à la fin de chaque phrase.

Exemple : Je ne m’arrêterai jamais ! Je n’abandonnerai jamais ! Je ne me retirerai jamais !

 

Étymologie d’anaphore

Anaphore vient du grec anaphora (Ἀναφορὰ,) de ana (ἀνὰ), qui signifie à nouveau, et phorein (φέρειν), qui signifie porter.

 

En anglais

En anglais, anaphore devient : anaphora.

 

Exemples d’anaphore

J’ai vu lever le jour, j’ai vu lever le soir

J’ai vu grêler, tonner, éclairer et pleuvoir

J’ai vu peuples et rois, et depuis vingt années

J’ai vu presque la France au bout de ses journées.

Pierre de Ronsard, Dédicace à Nicolas de Neufville

Ceux qui sont amoureux, leurs amours chanteront,

Ceux qui aiment l’honneur, chanteront de la gloire,

Ceux qui sont près du Roi, publieront sa victoire,

Ceux qui sont courtisans, leurs faveurs vanteront,

 

Ceux qui aiment les arts, les sciences diront,

Ceux qui sont vertueux, pour tels se feront croire,

Ceux qui aiment le vin, deviseront de boire,

Ceux qui sont de loisir, de fables écriront,

 

Ceux qui sont médisants, se plairont à médire,

Ceux qui sont moins fâcheux, diront des mots pour rire,

Ceux qui sont plus vaillants, vanteront leur valeur,

 

Ceux qui se plaisent trop, chanteront leur louange,

Ceux qui veulent flatter, feront d’un diable un ange :

Moi qui suis malheureux, je plaindrai mon malheur.

Du Bellay

Je n’écris point d’amour, n’étant point amoureux,

Je n’écris de beauté, n’ayant belle maîtresse,

Je n’écris de douceur, n’éprouvant que rudesse,

Je n’écris de plaisir, me trouvant douloureux :

 

Je n’écris de bonheur, me trouvant malheureux

Je n’écris de faveur, ne voyant ma princesse,

Je n’écris de trésors, n’ayant point de richesse,

Je n’écris de santé, me sentant langoureux :

 

Je n’écris de la cour, étant loin de mon prince,

Je n’écris de la France, en étrange province,

Je n’écris de l’honneur, n’en voyant point ici :

 

Je n’écris d’amitié, ne trouvant que feintise,

Je n’écris de vertu, n’en trouvant point aussi,

Je n’écris de savoir, entre les gens d’Église.

Du Bellay, Les regrets, 79

Et la mer et l’amour ont l’amer pour partage,

Et la mer est amère, et l’amour est amer,

L’on s’abîme en l’amour aussi bien qu’en la mer,

Car la mer et l’amour ne sont point sans orage.

 

Celui qui craint les eaux qu’il demeure au rivage,

Celui qui craint les maux qu’on souffre pour aimer,

Qu’il ne se laisse pas à l’amour enflammer,

Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.

Marbeuf, Et la mer et l’amour ont l’amer pour partage

Peut-être la plus célèbre des anaphores de la langue française

Rome, l’unique objet de mon ressentiment !

Rome, à qui vient ton bras d’immoler mon amant !

Rome qui t’a vu naître, et que ton cœur adore !

Rome enfin que je hais parce qu’elle t’honore !

Corneille, Camille dans Horace, IV, 5

 

Mon bras, qu’avec respect toute l’Espagne admire,

Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,

Corneille, Don Diègue dans Cid, I, 4

 

 

Il y a des petits ponts épatants

Il y a mon cœur qui bat pour toi

Il y a une femme triste sur la route

Il y a un beau petit cottage dans un jardin

Il y a six soldats qui s’amusent comme des fous

Il y a mes yeux qui cherchent ton image

Il y a un petit bois Charmant sur la colline

Et un vieux territorial pisse quand nous passons

Il y a un poète qui rêve au petit Lou

Il y a une batterie dans une forêt

Il y a un berger qui paît ses moutons

Il y a ma vie qui t’appartient

Il y a mon porte-plume réservoir qui court

Il y a un rideau de peupliers délicat délicat

Il y a toute ma vie passée qui est bien passée

Il y a des rues étroites à Menton où nous nous sommes aimés

Il y a une petite fille de Sospel qui fouette ses camarades

Il y a mon fouet de conducteur dans mon sac à avoine

Il y a des wagons belges sur la voie

Il y a mon amour

Il y a toute ma vie

Je t’adore.

Guillaume Apollinaire, « Il y a », Poème à Lou

 

Ceux qui pieusement…

Ceux qui copieusement…

Ceux qui tricolorent

Ceux qui inaugurent

Ceux qui croient

Ceux qui croient croire

Ceux qui croa-croa

Ceux qui ont des plumes

Ceux qui grignotent

Ceux qui andromaquent

Ceux qui dreadnoughtent

Ceux qui majusculent

Ceux qui chantent en mesure

Ceux qui brossent à reluire

Ceux qui ont du ventre

Ceux qui baissent les yeux

Ceux qui savent découper le poulet

Ceux qui sont chauves à l’intérieur de la tête

Ceux qui bénissent les meutes

Ceux qui font les honneurs du pied

Ceux qui debout les morts

Ceux qui baïonnette…

Ceux qui donnent des canons aux enfants

Ceux qui donnent des enfants aux canons

Ceux qui flottent et ne sombrent pas

Ceux qui ne prennent pas Le Pirée pour un homme

Ceux que leurs ailes de géant empêchent de voler

Ceux qui plantent en rêve des tessons de bouteille sur la grande muraille de Chine

Ceux qui mettent un loup sur leur visage quand ils mangent du mouton

Ceux qui volent des oeufs et qui n’osent pas les faire cuire

Ceux qui ont quatre mille huit cent dix mètres de Mont-Blanc, trois cents de Tour Eiffel, vingt-cinq de tour de poitrine et qui en sont fiers

Ceux qui mamellent de la France

Ceux qui courent, volent et nous vengent, tous ceux-là, et beaucoup d’autres, entraient fièrement à l’Elysée en faisant craquer les graviers, tous ceux-là se bousculaient, se dépêchaient, car il y avait un grand dîner de têtes et chacun s’était fait celle qu’il voulait.

Prévert, Tentative de description d’un dîner de têtes à Paris-France

 

Semblable à la nature…

Semblable au duvet,

Semblable à la pensée…

Semblable à l’erreur, à la douceur et à la cruauté…

À la moelle en même temps qu’au mensonge…

Semblable à moi enfin,

Et plus encore à ce qui n’est pas moi.

Michaux, Souvenirs

 

Un jour,

Un jour, bientôt peut-être.

Un jour j’arracherai l’ancre qui tient mon navire loin des mers.

Michaux, Clown

 

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent

Vingt et trois qui donnaient le cœur avant le temps

Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant

Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir

Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant

Aragon, Strophes pour se souvenir

 

Il y aura des fleurs tant que vous en voudrez

Il y aura des fleurs couleur de l’avenir

Il y aura des fleurs lorsque vous reviendrez.

Aragon, Le musée Grévin

 

Un homme est mort qui n’avait pour défense

Que ses bras ouverts à la vie

Un homme est mort qui n’avait d’autre route

Que celle où l’on hait les fusils

Un homme est mort qui continue la lutte

Contre la mort contre l’oubli

Car tout ce qu’il voulait

Nous le voulions aussi

Nous le voulons aujourd’hui

Que le bonheur soit la lumière

Au fond des yeux au fond du cœur

Et la justice sur la terre

Il y a des mots qui font vivre

Et ce sont des mots innocents

Le mot chaleur le mot confiance

Amour justice et le mot liberté

Le mot enfant et le mot gentillesse

Et certains noms de fleurs et certains noms de fruits

Le mot courage et le mot découvrir

Et le mot frère et le mot camarade

Et certains noms de pays de villages

Et certains noms de femmes et d’amies

Ajoutons-y Péri

Péri est mort pour ce qui nous fait vivre

Tutoyons-le sa poitrine est trouée

Mais grâce à lui nous nous connaissons mieux

Tutoyons-nous son espoir est vivant.

Paul Éluard, Gabriel Péri

 

 

Le limon se fendille, il grille et s’éparpille

Le limon s’épaissit et devient une étoffe

Le limon s’éparpille et devient limitrophe.

Raymond Queneau, Petite Cosmogonie portative

 

En politique

L’anaphore est un procédé rhétorique courant en politique. Il donne un rythme au discours (on martèle quelque chose), fait ressortir l’éloquence du locuteur, permet d’insister sur ses idées, etc.

Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré !

De Gaulle, Discours du 25 août 1944

Salut aux humiliés, aux émigrés, aux exilés sur leur propre terre qui veulent vivre et vivre libres.

Salut à celles et à ceux qu’on bâillonne, qu’on persécute ou qu’on torture, qui veulent vivre et vivre libres.

Salut aux séquestrés, aux disparus et aux assassinés, qui voulaient seulement vivre et vivre libres.

Salut aux prêtres brutalisés, aux syndicalistes emprisonnés, aux chômeurs qui vendent leur sang pour survivre, aux Indiens pourchassés dans leur forêt, aux travailleurs sans droit, aux paysans sans terre, aux résistants sans armes qui veulent vivre et vivre libres.

François Mitterrand, Discours de Cancun, 20 octobre 1981 (Discours dit de Cancun)

 

 « Moi président » de François Hollande

Moi président de la République, je ne serai pas le chef de la majorité, je ne recevrai pas les parlementaires de la majorité à l’Élysée.

Moi président de la République, je ne traiterai pas mon Premier ministre de collaborateur.

Moi président de la République, je ne participerai pas à des collectes de fonds pour mon propre parti, dans un hôtel parisien.

Moi président de la République, je ferai fonctionner la justice de manière indépendante, je ne nommerai pas les membres du parquet alors que l’avis du Conseil supérieur de la magistrature n’a pas été dans ce sens.

Moi président de la République, je n’aurai pas la prétention de nommer les directeurs des chaînes de télévision publique, je laisserai ça à des instances indépendantes.

Moi président de la République, je ferai en sorte que mon comportement soit en chaque instant exemplaire.

Moi président de la République, j’aurai aussi à cœur de ne pas avoir un statut pénal du chef de l’État ; je le ferai réformer, de façon à ce que si des actes antérieurs à ma prise de fonction venaient à être contestés, je puisse dans certaines conditions me rendre à la convocation de tel ou tel magistrat ou m’expliquer devant un certain nombre d’instances.

Moi président de la République, je constituerai un gouvernement qui sera paritaire, autant de femmes que d’hommes.

Moi président de la République, il y aura un code de déontologie pour les ministres, qui ne pourraient pas rentrer dans un conflit d’intérêts.

Moi président de la République, les ministres ne pourront pas cumuler leur fonction avec un mandat local, parce que je considère qu’ils devraient se consacrer pleinement à leur tâche.

Moi président de la République, je ferai un acte de décentralisation, parce que je pense que les collectivités locales ont besoin d’un nouveau souffle, de nouvelles compétences, de nouvelles libertés.

Moi président de la République, je ferai en sorte que les partenaires sociaux puissent être considérés, aussi bien les organisations professionnelles que les syndicats, et que nous puissions avoir régulièrement une discussion pour savoir ce qui relève de la loi, ce qui relève de la négociation.

Moi président de la République, j’engagerai de grands débats, on a évoqué celui de l’énergie, et il est légitime qu’il puisse y avoir sur ces questions-là de grands débats citoyens.

Moi président de la République, j’introduirai la représentation proportionnelle pour les élections législatives, pour les élections non pas de 2012, mais celles de 2017, car je pense qu’il est bon que l’ensemble des sensibilités politiques soient représentées.

Moi président de la République, j’essaierai d’avoir de la hauteur de vue, pour fixer les grandes orientations, les grandes impulsions, mais en même temps je ne m’occuperai pas de tout, et j’aurai toujours le souci de la proximité avec les Français.

François Hollande, Débat de l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle, 2 mai 2012

À lire

Cet article a été écrit en partie à l’aide du Gradus, dictionnaire très complet et référence INDISPENSABLE pour faire des progrès en français !