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Passer du coq à l’âne : définition · origine · exemples

Publié le 15/01/2025
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Définition

Imaginez une conversation qui zigzague comme un papillon… C’est exactement ce que décrit l’expression passer du coq à l’âne. Elle illustre ces moments où l’on saute d’un sujet à l’autre sans crier gare, laissant notre interlocuteur perplexe devant ce grand écart mental.

Nous la connaissons tous, cette personne qui peut commencer par parler de la météo et, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, se retrouve à disserter sur les vertus du kombucha. C’est le genre de gymnastique verbale qui peut transformer une simple discussion en véritable labyrinthe conversationnel.

Dans notre belle langue française, on utilise cette expression de diverses manières. Elle se glisse naturellement dans nos phrases : « il passe constamment du coq à l’âne », ou encore « j’ai du mal à la suivre, elle a tendance à passer du coq à l’âne ».

Origine et étymologie

Remontons le temps. Le Trésor de la Langue Française nous révèle que cette expression a fait ses premiers pas au XVIe siècle. Elle tire son origine d’un genre littéraire plutôt particulier : le « coq-à-l’âne », qui doit sa popularité au poète Clément Marot (1496-1544).

Ces fameux poèmes « coq-à-l’âne » étaient les rebelles de leur époque. Ils brisaient volontairement les codes, sautant d’une idée à l’autre avec la grâce d’un acrobate. D’après Alain Rey, dans le Dictionnaire historique de la langue française, on trouve les premières traces de l’expression « saulter du coq en l’asne » dès 1529.

Pourquoi avoir choisi précisément ces deux animaux ? Ce n’est pas un hasard :

  • Le coq incarne la vivacité française par excellence. Fier, vif, toujours en mouvement, il symbolise cette capacité à rebondir rapidement d’une pensée à l’autre.
  • L’âne, quant à lui, joue les antipodes. Dans l’imaginaire populaire, il représente la lenteur et l’obstination. Un contraste saisissant qui rend l’expression d’autant plus imagée.

Exemples d’utilisation

Plongeons dans quelques situations concrètes où cette expression prend tout son sens :

Dans la littérature

Le temps s’écoule dans le salon. Un vieil homme raconte sa vie. « La guerre de 40… terrible époque. D’ailleurs, mes tomates cette année sont particulièrement juteuses. » Voilà un parfait exemple de passage du coq à l’âne, où les souvenirs s’entrechoquent sans logique apparente.

Dans la vie quotidienne

J’ai assisté récemment à un entretien d’embauche mémorable. La candidate jonglait entre son expérience en comptabilité, ses vacances en Bretagne, et sa passion dévorante pour le tricot. Le recruteur, désorienté, tentait tant bien que mal de suivre ce parcours verbal sinueux.

Dans les médias

Regardez cette émission du soir. Le chroniqueur y déploie un art consommé du coq-à-l’âne. En trois minutes chrono, il passe de l’actualité politique aux dernières tendances culinaires, en faisant un détour par l’histoire des chaussettes. Ses collègues oscillent entre amusement et confusion.

Expressions similaires

Notre langue regorge d’expressions cousines qui décrivent ce même phénomène :

  • Sauter du coq à l’âne (la version ancestrale)
  • Partir dans tous les sens (quand la boussole mentale s’affole)
  • Ne pas avoir de suite dans les idées (le fil conducteur qui s’effiloche)
  • Perdre le fil de ses idées (quand l’écheveau mental s’emmêle)

Usage moderne

L’expression n’a pas pris une ride. Elle résonne même particulièrement dans notre monde moderne, servant à :

– Pointer du doigt ces présentations qui partent dans toutes les directions
– Décrire ces réunions qui ressemblent à des parties de ping-pong verbal
– Caractériser ces textes qui bondissent d’un thème à l’autre
– Évoquer ces moments où notre concentration fait des siennes

À l’ère des réseaux sociaux et du zapping permanent, cette expression trouve un écho particulier. Elle décrit parfaitement notre tendance moderne à surfer sur l’information, passant d’une actualité à l’autre, d’une story à un tweet, dans un tourbillon numérique sans fin.