Sonnet d’Arvers | Poème de Félix Arvers
« Mon âme a son secret, ma
vie a son mystère :
Un amour éternel en un moment
conçu.
Le mal est sans espoir, aussi j’ai dû
le taire,
Et celle qui l’a fait n’en a jamais
rien su.
Hélas ! j’aurai passé près
d’elle inaperçu,
Toujours à ses côtés, et pourtant
solitaire,
Et j’aurai jusqu’au bout fait mon
temps sur la terre,
N’osant rien demander et n’ayant rien
reçu.
Pour elle, quoique Dieu l’ait
faite douce et tendre,
Elle ira son chemin, distraite, et
sans entendre
Ce murmure d’amour élevé sur ses
pas ;
À l’austère devoir pieusement
fidèle,
Elle dira, lisant ces vers tout
remplis d’elle :
« Quelle est donc cette
femme ? » et ne comprendra pas. »
Mes heures perdues, 1833
Réponse au sonnet d’Arvers