Tristesse | Poème d’Alfred de Musset
J’ai perdu ma force et ma
vie,
Et mes amis et ma gaieté ;
J’ai perdu jusqu’à la
fierté
Qui faisait croire à mon
génie.
Quand j’ai connu la
Vérité,
J’ai cru que c’était une amie
;
Quand je l’ai comprise et
sentie,
J’en étais déjà dégoûté.
Et pourtant elle est
éternelle,
Et ceux qui se sont passés
d’elle
Ici-bas ont tout ignoré.
Dieu parle, il faut qu’on lui
réponde.
Le seul bien qui me reste au
monde
Est d’avoir quelquefois
pleuré.
Poésies nouvelles, 1850
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