Dansez, fillettes du
village,
Chantez vos doux refrains d’amour
:
Trop vite, hélas ! un ciel
d’orage
Vient obscurcir le plus beau
jour.
En vous voyant, je me
rappelle
Et mes plaisirs et mes succès
;
Comme vous, j’étais jeune et
belle,
Et, comme vous, je le
savais.
Soudain ma blonde
chevelure
Me montra quelques cheveux
blancs…
J’ai vu, comme dans la
nature,
L’hiver succéder au
printemps.
Dansez, fillettes du
village,
Chantez vos doux refrains d’amour
;
Trop vite, hélas ! un ciel
d’orage
Vient obscurcir le plus beau
jour.
Naïve et sans
expérience,
D’amour je crus les doux
serments,
Et j’aimais avec
confiance…
On croit au bonheur à quinze ans
!
Une fleur, par Julien
cueillie,
Était le gage de sa foi
;
Mais, avant qu’elle fût
flétrie,
L’ingrat ne pensait plus à moi
!
Dansez, fillettes du
Village,
Chantez vos doux refrains d’amour
;
Trop vite, hélas ! un ciel
d’orage
Vient obscurcir le plus beau
jour.
À vingt ans, un ami
fidèle
Adoucit mon premier chagrin
;
J’étais triste, mais j’étais
belle,
Il m’offrit son cœur et sa
main.
Trop tôt pour nous vint la vieillesse
;
Nous nous aimions, nous étions
vieux…
La mort rompit notre
tendresse…
Mon ami fut le plus heureux
!
Dansez, fillettes du
village,
Chantez vos doux refrains d’amour
;
Trop vite, hélas ! un ciel
d’orage
Vient obscurcir le plus beau
jour.
Pour moi, n’arrêtez pas la danse
;
Le ciel est pur, je suis au
port,
Aux bruyants plaisirs de
l’enfance
La grand-mère sourit
encor.
Que cette larme que
j’efface
N’attriste pas vos jeunes cœurs
:
Le soleil brille sur la
glace,
L’hiver conserve quelques
fleurs.
Dansez, fillettes du
village,
Chantez vos doux refrains
d’amour,
Et, sous un ciel exempt
d’orage,
Embellissez mon dernier jour
!
Poésies et nouvelles, 1840
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Merci pour ce délicieux poème, il est de toute beauté mais très dur à lire Et se retenir de pleurer
Merci