Je ne sais | Poème de Léopold Sédar Senghor
Je ne sais en quel temps c’était, je confonds toujours l’enfance et l’Éden Comme je mêle la Mort et la Vie – un pont de douceur les relie.
Or je revenais de Fa’oye, m’étant
abreuvé à la tombe solennelle Comme les lamantins s’abreuvent à
la fontaine de Simal.
Or je revenais de Fa’oye, et
l’horreur était au zénith
Or c’est l’heure où l’on voit les
esprits, quand la lumière est transparente
Et c’était l’heure où l’on voit les
Esprits, quand la lumière est transparente
Et il fallait s’écarter des
sentiers, pour éviter leur main fraternelle et mortelle. L’âme
d’un village battait à l’horizon. Était-ce des vivants ou des
Morts ?
» Puisse mon poème de paix
être l’eau calme sur tes pieds et ton visage
Et que l’ombre de notre cour soit
fraîche à ton cœur « , me dit-elle.
Ses mains polies me revêtirent d’un
pagne de soie et d’estime
Son discours me charma de tout mets
délectable – douceur du lait de la mi-nuit. Et son sourire était
mélodieux que le khalam de son dyâli.
L’étoile du matin vint s’asseoir parmi nous, et nous pleurâmes délicieusement.
Ma sœur exquise, garde donc ces
grains d’or, qu’ils chantent l’éclat sombre de ta gorge.
Ils étaient pour ma fiancée belle, et
je n’avais pas de fiancée.
Mon frère élu, dis-moi ton nom. Il
doit résonner haut comme un sorong
Rutiler comme le sabre au soleil. Oh
! Chante seulement ton nom.
Mon cœur est un coffret de bois
précieux, ma tête un vieux parchemin de Djenné.
Chante seulement ton lignage, que ma
mémoire te réponde.
Je ne sais en quel temps c’était,
je confonds présent et passé
Comme je mêle la Mort et la Vie – un
pont de douceurs les relie.
Éthiopiques, 1956
Vraimment ginial ce poème je suis interesse
Très intéressant