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À une passante | Poème de Charles Baudelaire

Publié le 26/05/2018 (m.à.j* le 29/11/2019)
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Jeune homme à la fenêtre, Gustave Caillebotte, 1875 | Wikimedia Commons

À une passante | Poème de Charles Baudelaire


La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,       
Une femme passa, d’une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l’ourlet ;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l’ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair… puis la nuit ! – Fugitive beauté
Dont le regard m’a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ?

Ailleurs, bien loin d’ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais !

Les fleurs du mal, 1857

Voir ici une anthologie des plus beaux poèmes de la langue française.