À Vénus | Poème de Joachim du Bellay
Ayant après long désir
Pris de ma douce ennemie
Quelques arrhes du
plaisir,
Que sa rigueur me dénie,
Je t’offre ces beaux
oeillets,
Vénus, je t’offre ces
roses,
Dont les boutons
vermeillets
Imitent les lèvres closes
Que j’ai baisé par trois
fois,
Marchant tout beau dessous
l’ombre
De ce buisson que tu vois
Et n’ai su passer ce
nombre,
Parce que la mère était
Auprès de là, ce me
semble,
Laquelle, nous aguettait
De peur encores j’en
tremble.
Or’ je te donne des fleurs
Mais si tu fais ma rebelle
Autant piteuse à mes
pleurs,
Comme à mes yeux elle est
belle,
Un myrthe je dédierai
Dessus les rives de Loire,
Et sur l’écorce écrirai
Ces quatre vers à ta
gloire
« Thénot sur ce bord ici,
A Vénus sacre et ordonne
Ce myrthe et lui donne
aussi
Ses troupeaux et sa personne.
»
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