La règle générale
En règle générale, le participe passé employé avec l’auxiliaire avoir ne s’accorde pas, sauf si un complément d’objet direct (COD, qui répond à la question qui ? que ? quoi ?) précède l’auxiliaire. Il doit alors être accordé en genre et en nombre avec ce COD.
Exemples d’accord avec l’auxiliaire avoir
- Je n’arrive pas à me souvenir de la phrase que j’ai
dite.
- Qu’ai-je dit ? « La phrase ». On accorde donc en genre le participe passé de « dire ».
- Grammaticalement, le COD est « que », pronom relatif qui reprend « la phrase », son antécédent. « Que » est donc singulier féminin.
- Nous sommes fiers de toutes les choses que nous
avons faites.
- Le COD « que » reprend le groupe nominal « toutes les choses ». « Nous avons fait toutes les choses ».
- Laquelle de ces deux histoires as-tu préférée ?
- Le pronom interrogatif « laquelle » est le COD. Tu as préféré laquelle ?
- Les ennemis avaient pénétré jusque dans les faubourgs de la
ville, mais nos guerriers les ont
chassés avec courage.
- Le pronom personnel « les » est le COD. Nos guerriers ont chassé « les », c’est-à-dire « les ennemis ».
- Julie doutait de ses capacités. On l’a encouragée à se présenter au concours.
- Combien de pommes as-tu vendues ?
- Le COD est bien « pommes ».
- Les ouvriers ont construit les fondations.
- Il n’y a pas d’accord de « construit » avec le COD « les fondations », puisqu’il est placé après l’auxiliaire.
COD et attribut
Cette règle d’accord du participe passé avec « avoir » s’applique aussi lorsque le COD a un attribut :
- Les prévisions que j’ai estimées incorrectes (l’attribut) se sont toutefois réalisées.
COD comme nom collectif
Lorsque le COD est un nom collectif, c’est-à-dire un nom singulier qui désigne un ensemble d’éléments, l’accord en nombre est soit au singulier soit au pluriel.
- Le groupe de
sportifs que j’avais vus au parc
était composé de pompiers.
- Le nom collectif est « groupe ». On peut soit accorder le participe passé au singulier avec « le groupe », soit au pluriel « de sportifs ».
- Un essaim de jeunes élèves que la bonne odeur du repas avait attiré surgit dans la cantine.
Comme Le Petit Bon Usage de la langue française le remarque, cette règle n’est pas toujours respectée à l’oral, même par des professionnels de la parole publique (politiciens, journalistes, etc.). Pour les auteurs de ce manuel, cela témoigne peut-être d’une transformation de la langue française, vers l’invariabilité en tous cas du participe passé employé avec « avoir ».
Avec un COI qui précède
Il n’y a pas d’accord si l’auxiliaire est précédé d’un complément d’objet indirect (COI).
- Les joueuses (COI) à qui j’ai parlé m’ont expliqué les règles de ce sport.
Quand le verbe est intransitif
Lorsque le verbe n’a pas de COD, c’est-à-dire lorsqu’il est intransitif, le participe passé reste bien sûr invariable.
- Les avions qui ont atterri ont été évacués.
Exceptions pour l’accord du participe passé avec « avoir »
Lorsque le participe passé employé avec l’auxiliaire « avoir » est suivi par un infinitif, il reste invariable si le COD est celui de l’infinitif. Exemples :
- Les
légendes qu’ils ont écouté conter les ont émerveillés.
- « Que », qui reprend « les légendes », est le COD de l’infinitif « conter », pas du verbe « écouter » : Ils ont écouté conter les légendes.
- En revanche, « émerveillés » est accordé, parce que le COD « les » précède l’auxiliaire.
- Léa est allée dans la cuisine. Je l’ai vue tomber sur la chaise.
- « l’ » est le COD du verbe « voir ». Il faut donc accorder. « J’ai vu Léa tomber sur la chaise. »
Le participe passé de « faire » suivi d’un infinitif est invariable. Le COD est toujours celui de l’infinitif.
- Je porte les chaussures que j’ai fait
réparer hier.
- J’ai fait réparer hier les chaussures que je porte. « Que », qui reprend « les chaussures » est bien le COD de réparer.
Lorsqu’une proposition ou un infinitif est sous-entendu, avec les verbes d’opinion « dire, croire, pouvoir, savoir ou vouloir », le participe passé reste invariable. En effet, le COD est celui de l’infinitif, pas du participe passé.
- J’ai vu tous les films que j’ai voulu (voir).
- Le verbe « voir » est sous-entendu. « Que », qui reprend « tous les films », est le COD de l’infinitif « voir », pas de « vouloir ».
Le participe passé des verbes impersonnels (ils ne se conjuguent qu’à la troisième personne du singulier et n’ont pas de sujet incarné) est invariable.
- Tous les efforts qu’il a fallu pour réussir cette entreprise n’ont pas été vains.
- Les souvenirs d’il y a longtemps nous rendent nostalgiques.
Lorsque le pronom personnel « en » est COD et précède l’auxiliaire, le participe passé peut être invariable. En effet, « en » est un pronom « neutre ». Mais la variabilité est admise. Attention : « en » n’est pas toujours complément d’objet direct.
- À propos des confitures de ta grand-mère, en as-tu mangé ?
- La leçon que j’en ai retenue est qu’il faut veiller à ne
pas se laisser dépasser.
- Le COD est « que », qui reprend « la leçon ».
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