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Apollon : mythologie grecque

Publié le 09/01/2017 (m.à.j* le 09/02/2024)
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Apollon est le dieu archétypique de la beauté masculine (jusqu’à être devenu une antonomase) représenté armé de son arc, de ses flèches et de sa lyre. Mais Apollon est un dieu complexe. C’est un dieu de lumière, assimilé au Soleil (le dieu Hélios est progressivement confondu avec lui), médecin guérisseur, protecteur des poètes et des musiciens, qu’il inspire avec sa lyre ; dieu de la divination, fondateur du temple de Delphes siège de la Pythie ; mais aussi dieu vengeur et dieu de la mort.

Dieu toujours beau, dieu toujours jeune. Jamais aucun duvet ne couvre ses joues tendres et sa chevelure épanche à terre l’huile parfumée qu’elle distille.

Nul autant qu’Apollon n’a tant d’arts dans sa main. Il a dans son lot et l’archer et l’aède, car l’arc est son bien ainsi que le chant. À lui prophétesses et devins, c’est de Phoibos aussi que les médecins tiennent la science de retarder la mort. Phoibos, nous t’invoquons aussi comme Berger […] C’est sur les pas de Phoibos qu’on trace l’enceinte des villes. Phoibos se plaît à leur établissement, et sa main bâtit leurs fondements.

Callimaque

Cet article est en majeure partie basé sur l’ouvrage de grande qualité de Catherine Salles, La Mythologie grecque et romaine.

La naissance d’Apollon

apollon naissance
La naissance d’Apollon et Diane, Marcantonio Franceschini | Wikimédia Commons

Apollon est le fruit de l’union illégitime de Zeus avec la titanide Léto. Selon les hymnes homériques, Léto, poursuivie par Héra alors qu’elle est enceinte, ne trouve lieu où accoucher. Les cités et villages craignent en effet la colère de Héra. Une version du mythe dit que c’est le dragon Python qui, envoyé par Héra, poursuit Léto pour l’empêcher d’accoucher. Cette longue errance se termine sur l’île de Délos, où Léto peut enfin enfanter. Au pied du mont Cynthe, contre un palmier ou un olivier, elle donne naissance à Apollon, non sans avoir souffert 9 jours parce que Héra a retenu Ilithye, la déesse qui préside aux accouchements. Certains textes font naître sa soeur, Artémis, en même temps ; d’autres indiquent qu’elle est née plusieurs jours après, ou qu’elle serait née avant et aurait aidé sa mère à accoucher. À partir de leur naissance, Délos, qui n’était qu’une île flottante, devient une île stable !

Apollon dieu de mort : la vengeance contre Niobé

Diane et Apollon perçant de leurs flèches les enfants de Niobé, Jacques-Louis David, 1772 | Wikimédia Commons

L’épouse du roi de Thèbes, Niobé, est particulièrement fière de sa très large progéniture. Elle aurait engendré, selon les versions, de 12 à 14 enfants, divisés en 6 à 7 filles et 6 à 7 garçons. Il ne lui en faut pas plus pour se moquer de Léto, et se déclarer supérieure à elle. Après tout, elle n’a mis au monde que deux enfants. Apollon et Artémis ne peuvent supporter que l’on humilie leur mère. Leur courroux est terrible. Pour la venger, ils tuent les enfants de Niobé en les perçant de leurs flèches. Seuls deux des enfants échappent au massacre. Niobé est désespérée devant le cadavre de ses petits, restés 9 jours sur le sol, sans sépulture. Elle finit par s’enfuir chez son père, Tantale, à Sipyle, en Lydie. Là, elle est changée en rocher, d’où coulent des larmes jour et nuit.

Sur l’Olympe

apollon
Costantino Cedini | Wikimédia Commons

Apollon, enfant illégitime de Zeus, dont la femme est Héra, impose sa présence à l’assemblée divine sur l’Olympe, où il entre avec son arc et ses flèches. Zeus lui offre une coupe de nectar, qui le hausse au rang des immortels. Il lui donne en outre une lyre et un char attelé de cygnes. Dans d’autre version, il aurait été nourri à sa naissance de nectar et d’ambroisie par Thémis, ce qui l’aurait fait grandir immédiatement à l’âge adulte, en plus de lui conférer l’immortalité. Bref, à l’aide de son char offert par Zeus son père, Apollon voyage dans le monde.

Chez les Hyperboréens

Sa première destination le mène au pays des Hyperboréens. Ce peuple demeure « au-delà du pays de Borée » (le vent du Nord), près du Danube ou près du royaume des Scythes. Pour les Grecs, c’est un pays de cocagne ; les Hyperboréens vivent dans l’aisance et jouissent d’un climat agréable. Cet environnement favorable leur confère une longévité hors norme. Lorsqu’ils souhaitent mourir, ils se jettent alors à la mer, la tête couronnée de fleurs.

Les Hyperboréens accueillent Apollon avec vénération. Au cours de l’année qu’il passe parmi eux, il a la joie de partager leurs nombreux festins. Signe de la bonne entente de ce peuple avec lui, le dieu retourne chez eux tous les 19 ans, au terme d’une révolution des planètes, pour leur chanter des hymnes. En outre, les Hyperboréens, qui ne manquent pas de nourriture, envoient chaque année les prémices de leurs récoltes à Délos où se trouve un temple dédié à Apollon. Il est même dit que l’un des prêtres hyperboréens d’Apollon a reçu une flèche d’or de la part du dieu. Depuis, il parcoure le monde à califourchon dessus.

Apollon à Delphes

Apollon et Python, Rubens, 1636-1637 | Wikimédia Commons

Après ce séjour chez les Hyperboréens, Apollon se dirige vers Delphes.

Apollon tue le dragon Python

Delphes se situe dans la région de Pytho, où l’on trouve la fontaine de Castalie. Là se cache un dragon, du nom de Python. Ce monstre sème la dévastation dans toute la région, tuant hommes et bétail. Apollon libère Delphes de cette créature, en la tuant d’une de ses flèches. Il venge aussi sa mère, qui aurait eu à souffrir de Python avant d’accoucher. Il s’empare ensuite d’un vieux sanctuaire que le dragon défendait. Mais tout n’est pas terminé à Delphes. Poséidon occupe lui aussi les lieux. Les deux divinités ne s’affrontent pas, mais se mettent d’accord : Poséidon accepte de quitter Delphes pour recevoir en échange le sanctuaire de Calaurie en Argolide.

Apollon fonde le sanctuaire de Delphes

Delphes est désormais prête à devenir le centre universel du culte d’Apollon

J’ai l’intention de bâtir ici-même un temple magnifique, oracle pur les hommes qui, sans cesse, pour me consulter, conduiront à mes autels de parfaites hécatombes, aussi bien ceux qui habitent le Péloponnèse que ceux d’Europe et des îles ceintes de flots. À tous je veux faire connaître ma volonté infaillible en rendant mes arrêts dans un riche sanctuaire.

Hymnes homériques

Il pose ainsi lui-même les fondations de son temple et le lieu où la Pythie rendra ses oracles. Il fait de la peau du dragon écorché le trépied sur lequel est assis la Pythie. Enfin, pour commémorer sa victoire sur Python, on organise tous les 4 ans à Delphes les jeux pythiques

L’origine du nom de Delphes

Pour trouver des prêtes affectés à son culte, Apollon se transforme en dauphin. Il déroute ensuite un navire crétois et installe son équipage à Pytho. En souvenir de cette métamorphose, la ville prend le nom de Delphes.

Deux exils de l’Olympe

apollon laomedon poseidon
Laomédon refuse de payer Poséidon et Apollon, inconnu, XVIIè siècle | Wikimédia Commons

Laomédon refuse de payer les dieux

À la demande de Héra, complotant contre son époux, Poséïdon enchaîne Zeus. Apollon et Athéna l’assistent dans ce forfait. Pour les punir, Zeus les réduit en servage au profit du roi de Troie, Laomédon. Ils doivent l’aider à construire les murs de la ville. Ainsi, Poséïdon entasse les pierres de la muraille tandis ce qu’Apollon garde les troupeaux du roi. Une fois la tâche terminée, Laomédon refuse de payer le salaire convenu aux deux dieux. Poséïdon fait alors sortir un monstre de la mer tandis qu’Apollon frappe la population de Troie de la peste.

Le meurtre des cyclopes

Asclépios, fils d’Apollon, maîtrise si bien la médecine qu’il ressuscite les morts. La nature humaine en est bouleversée. C’est trop pour Zeus qui le foudroie. Pour venger la mort de son fils, Apollon tue ceux qui fabriquent les éclairs de Zeus : les cyclopes ouraniens. Zeus ne peut l’accepter, et réduit son fils en esclavage pendant un an auprès d’Admète, un roi de Phères en Thessalie. De cette longue servitude, douloureuse pour le dieu, il tire son épithète de Nomios (pasteur).

Les amours d’Apollon

Apollon et Daphné, Le Bernin | Wikimédia Commons

Apollon est un dieu amoureux. Malgré sa très grande beauté, il est célèbre pour ses amours impossibles !

Cassandre

Cassandre, fille du roi de Troie Priam et de Hécube, accepte les avances d’Apollon s’il lui enseigne l’art prophétique. Mais elle refuse ensuite de s’unir à lui. Pour se venger, il lui crache dans la bouche. Cassandre, si elle conserve son art divinatoire, ne peut plus convaincre les hommes de ses vues.

Castalie

Là où se cachait le dragon Python, à Delphes, se trouve la source de Castalie. En effet, cette naïade, pour échapper aux avances d’un Apollon qui la poursuit sans relâche, se jette dans une source qui jaillit entre les roches Phaedriades. Elle lui doit donc son nom, la fontaine de Castalie, où les pèlerins se rendant au sanctuaire de Delphes font leurs ablutions pour se purifier.

Cyparisse

Cyparisse avait pour ami un cerf à la ramure d’or. L’animal, un jour de grande chaleur, se réfugie à l’ombre d’un arbre pour se reposer. Mais Cyparisse est alors en pleine chasse. Par accident, il transperce le cerf d’un javelot acéré. Le jeune homme est inconsolable. Apollon, le voyant dans cet état désespéré, le transforme en cyprès, l’arbre du deuil, planté dans les cimetières.

Apollon et Daphné

Daphné, fils du dieu-fleuve Pénée, est une nymphe. Ovide rapporte dans ses Métamorphoses qu’Éros, pour se venger d’une moquerie d’Apollon, aurait rendu ce dernier fou de désir pour Daphné en lui décochant une flèche dorée ; il aurait en même temps décoché une flèche en argent à Daphné pour qu’elle reste insensible aux avances d’Apollon. Pis encore, la nymphe s’est vouée à la virginité. Apollon la poursuit néanmoins sans relâche. Épuisée par cette poursuite, Daphnée demande à Pénée, son père, de lui venir en aide. Elle se transforme alors en arbre. Le dieu ne peut étreindre qu’un arbre auquel il donne son nom, Daphné, du grec « laurier ». En souvenir de cet épisode, des couronnes de lauriers sont décernées aux vainqueurs de concours de musique et de poésie.

Dryopé

Demeurant près du mont Oeta, en Thessalie, Dryopé est l’héroïne du peuple des Dryopes. Pour l’approcher, Apollon se transforme en tortue. Dryopé, accompagnée de ses Hamadryades (nymphes des arbres) joue alors à la balle avec la tortue, sans se douter que c’est Apollon.

Le plan d’Apollon réussit ! Dryopé finit par prendre la tortue sur ses genoux. Apollon se transforme alors en serpent et s’unit à l’héroïne. Éhontée, cette dernière s’enfuit et se marrie avec Andraemon. Amphissos, fruit de cette union, fonde la ville éponyme au pied de l’Oeta.

Hyacinthe

Hyacinthe, adolescent membre de la famille royale de Sparte, s’entraîne avec Apollon au lancer de disque. Malheureusement, un disque ricoche sur une pierre et frappe mortellement le jeune homme à la tête. Accablé par le chagrin, Apollon métamorphose le corps de son amant en une fleur vermeille : en hyacinthe, bien sûr ! Au mois de juillet de chaque année sont organisées les fêtes des Hyacinthes pour commémorer ces amours. Dans certaines versions, c’est Zéphyr, le vent de l’Ouest qui, amoureux lui aussi de Hyacinthe et jaloux d’Apollon, aurait détourné le disque.

Marpessa

Événos promet sa fille Marpessa à celui qui le vaincrait dans une course de char. Idas, à qui Poséidon a donné un char ailé, enlève la jeune fille. Apollon s’est épris de la jeune fille, et vient provoquer Idas en combat pour obtenir ses faveurs. Zeus intervient cependant pour séparer les deux combattants et donne le choix à Marpessa de qui elle souhaite épouser. Elle choisit Idas, craignant qu’Apollon ne la rejette une fois qu’elle sera vieille. Le dieu est donc vaincu par un simple mortel.

 

Les enfants d’Apollon

Asclépios, le plus célèbres des fils d’Appolon, Johannes Zacharias Simon Prey | Wikimédia Commons

Avec la muse Uranie, Apollon aurait engendré les poètes et musiciens Orphée et Linos. Avec la muse Thalie, il aurait engendré les Corybantes, partie du cortège de Dionysos. Mais sa descendance est plus grande encore. 

Aristée

Voyant une jeune femme se battre à mains nues contre un lion, Apollon tombe amoureux d’elle. Cette jeune femme, c’est Cyrène, fille du roi des Lapithes, Hypsée. Cyrène ne montre aucun goût pour les tâches traditionnellement assignées aux femmes. Elle préfère chasser armée de son javelot les bêtes féroces qui menacent le troupeau de son père. Apollon enlève Cyrène sur son char pour l’emmener en Libye. Il fonde dans cette contrée une ville portant son nom. De leur union naît un fils, connu sous trois noms : Agreus (chasseurs), Nomios (pasteur, protecteur des troupeaux) et Aristée (le plus noble). Aristée est confiée au centaure Chiron et aux Heures, déesses personnifiant le temps. Ces tuteurs lui enseignent l’art de cultiver les oliviers, de construire des ruches et de fabriquer des fromages. Aristée transmet alors son savoir aux humains, qui le considèrent dès lors comme un de leurs plus grands bienfaiteurs.

Asclépios

Coronis, fille de Phégyas, roi des Lapithes, se baigne dans un lac de Thessalie. Apollon la voit et tombe amoureux. Mais l’histoire devient rapidement tragique. Selon Pindare, Coronis trompe le dieu alors même qu’elle est enceinte de lui. En effet, elle épouse Ischys, un homme. Encore une fois, un mortel se joue d’Apollon. Il la tue d’une de ses flèches mais, avant même que sa famille ne brûle le corps, il intervient et extirpe du ventre de Coronis son fils. C’est Ascléopios. Apollon confie le nouveau au centaure Chiron. Ce dernier apprend à Ascléopios l’art de la fabrication des médicaments. Il est si doué qu’il dépasse vite le maître dans cet art, et parvient même à ressusciter les morts ! Zeus ne peut accepter que la nature humaine soit remise en cause. Il le foudroie, ce qui suscite la vengeance d’Apollon.

Iamos

Fille de Poséidon,  Évadné abandonne le fils qu’elle a d’Apollon. Deux serpents viennent alors nourrir le nourrisson du miel des abeilles. Sa mère revient alors sur les lieux de l’accouchement et trouve le bébé au milieu de violettes. Elle nomme alors le bébé du nom de cette fleur en grec (ion) : iamos. Apollon accorde à son fils, devenu adolescent, le don de connaître l’avenir. Les Iamides, une des familles sacerdotales chargées du culte de Zeus à Olympie et qui ont des talents oraculaires, se présentent comme les descendants d’Iamos.

Ion

Créüse est la dernière fille survivante d’Érechtée. Dans une grotte de l’Acropole, Apollon lui impose une relation. Elle abandonne dans une corbeille le fils né de ce méfait. Hermès emporte alors le nourrisson à la demande d’Apollon. Il est emmené à Delphes où il est élevé par la Pythie.

Linos

Psamanthé s’unit à Apollon, sans que son père, le roi argien Crotopos, n’en sache rien. Par crainte de sa colère, elle confie son fils à un berger. Mais le bébé est déchiqueté par des chiens affamés. Voyant sa fille, désespérée, Crotopos apprend la cause de son chagrin et, furieux, la supplicie. Pour se venger, Apollon envoie au roi d’Argos Poené (châtiment), un monstre qui se nourrit des nouveaux-nés arrachés à leurs parents. D’autres versions font toutefois de Linos le fils d’Uranias. Un épisode est ajouté à cette légende par Stace, poète latin, dans sa Thébaïde. Corèbe, un jeune argien, tue Poené de son épée. Apollon, vengeur, frappe alors les Argiens de la peste. Pour sauver son peuple, Corèbe part à Delphes pour se donner en sacrifice à Apollon, afin de faire cesser le châtiment. Touché par le courage du jeune homme, le dieu épargne sa vie et met fin à la peste qui frappe Argos. Depuis lors, chaque année, Argos célèbre Apollon. Suite à cet épisode, la pythie ordonne à Corèbe de porter un trépied du temple de Delphes et de marcher jusqu’à ce que l’objet tombe. À l’endroit où l’objet finit par choir, Corèbe fonde Mégare.

Les fils d’Acacallis

Une des filles du roi Minos, Acacallis, donne un premier fils à Hermès, Cydon, fondateur de la ville de Cydania, en Crète. Apollon, donne ensuite trois fils à Acacallis : Naxos, Milétos et Amphitémis. Naxos donne son nom à l’île éponyme. Milétos, devenu adulte, donne son nom à la ville de Milet, après avoir fui vers l’Asie Mineur son grand-père Minos, dépravé. Amphitémis voit le jour en Libye, après que sa mère a dû fuir Minos. Il change son nom pour celui de Garamante, dont descend le peuple nomade vivant en Afrique au sud de la Numidie.

Les ennemis d’Apollon

apollon marsyas
Apollon écorche Marsyas | Wikimédia Commons

Contre Marsyas et Pan

Marsyas est un satyre phrygien. C’est un flûtiste aguerri, qui s’est emparé d’une flûte à deux tuyaux laissé par Athéna. Sa réputation atteignant tous les recoins du monde, grisé, il défie le dieu de la musique lui-même, Apollon. Devant un jury composé de Muses, de Pan et de Midas, roi de Phrygie, Marsyas affronte le dieu en jouant de sa flûte. Celui-ci lui répond avec sa lyre. Marsyas obtient la victoire, sur avis de Midas. Mais Apollon, rusé, joue de la lyre à l’envers et demande à Marsyas de faire de même. Ce qu’il ne peut pas faire, bien entendu. Pour se venger, Apollon accroche Marsyas à un arbre et l’écorche vif. Apollon réprime l’hubris, la démesure chez un mortel, horreur ultime pour les Grecs. Pleurant sa mort, les larmes des Faunes, des satyres et des nymphes donnent naissance à la rivière Marsyas. Une autre version fait gagner Marsyas devant un jury de Muses, et ce serait le satyre Pan qui aurait vaincu Apollon grâce à Midas.

La punition de Midas

Midas aussi est puni. Apollon fait pousser de sa tête des oreilles d’âne. Il dissimule ses oreilles à l’aide d’un bandeau de pourpre. Mais alors qu’un esclave lui coupe les cheveux, celui-ci découvre la difformité de son maître. Midas le menace de mort s’il révèle quelque chose. L’esclave, incapable de supporter le poids du secret, creuse un trou dans lequel il murmure : « Midas a des oreilles d’âne… ». Des roseaux poussent de la fosse, reproduisant les paroles de l’esclave. Le bruit se répand alors dans tout le pays grâce aux vents.

Les cultes et les représentations d’Apollon

apollon sauroctone
Le Sauroctone Borghèse du Louvre | Wikipédia Commons

Les représentations antiques d’Apollon insistent sur la grâce de son corps, plutôt que sur sa musculature. Il incarne dans la statuaire le mâle parfaitement formé. Il en est ainsi de la plus vieille statue de bronze retrouvée, celle de l’Apollon du Pirée. L’Apollon citharède, conservé au Louvre, est plus solennel. L’Apollon du Belvédère est lui en plein mouvement, avec son arc.

Apollon sauroctone 

C’est une des représentations les plus célèbres d’Apollon, dont une copie romaine est conservée au musée du Louvre. Cette statue du sculpteur athénien Praxitèle datant du milieu du IVème siècle av.J.-C. représente le dieu sous les traits d’un adolescent. Adossé contre un arbre, il tue un lézard ; une référence éventuelle au dragon Python. 

Les cultes rendus à Apollon

Les plus célèbres sanctuaires d’Apollon se situent à Delphes et à Délos. À Delphes, de nombreux ex-votos et trésors parsèment la voie sacrée qui mène au grande temple. On vient consulter de partout la Pythie. L’île de Délos qui, pour rappel, a accueilli Léto en proie aux douleurs de l’enfantement, est toute vouée à Apollon et Artémis. Elle connaît une importante fréquentation de pèlerins. Chaque printemps, on y célèbre les Delia, des délégués viennent en procession de toute la Grèce pour chanter des hymnes en l’honneur de Léto et ses enfants. Devant l’autel d’Apollon, des jeunes filles dansent comme des grues : c’est la géranos, qui symbolise les errances de Léto. Mais son culte est attesté dans toute la Grèce. À Bassae, en Arcadie, un temple est dédié à Apollon Épikouris (secourable) qui a sauvé les habitants de la peste. Les Spartiates adorent Apollon Karneios, portant un bélier. À Argos, c’es Apollon Lykeios et à Athènes, Apollon Delphinios. Sur l’île de Leucade, les prêtres du dieu pratiquent le katapontismos (saut dans la mer) : déguisés avec des ailes en plumes, ils plongent dans la mer vers des filets amortissant leur chute.

À Rome

Dès 433, les Romains vouent un temple à l’Apollon médecin, près du Champ de Mars, jusqu’à ce que son fils Asclépsios prenne le relai dans ce rôle de guérisseur. Il est ensuite considéré comme le protecteur des livres sibyllins, recueil d’oracles grecs que l’on consulte en cas de catastrophe pour savoir quelle cérémonie expiatoire accomplir. Il est le protecteur attitré d’Auguste qui lui aurait permis de triompher à la bataille d’Actium (31 av.J.-C.). L’empereur fait logiquement bâtir en 28 av. J.-Cu un temple à Apollon, dieu de la victoire, dieu des arts, des lettres et de la mantique, près du Palatin.

Les différents noms d’Apollon

De multiplies épithètes accompagnent le nom d’Apollon.

  • Lykeios : de l’origine lycienne d’Apollon
  • Karneios : dieu du bélier à Sparte
  • Delphinios : dieu du dauphin à Delphes
  • Phoibos : de Phoebus, le brillant.
  • Paian : de paen, le guérisseur.
  • Loxias : l’oblique, qui donne des oracles ambigus
  • Sitalkas : protecteur du blé
  • Musagète : conducteur des Muses
  • Nomios : pasteur.
  • etc

Catherine Salles avance l’hypothèse que la complexité des attributions d’Apollon résulte de la concentration en sa personne de fonctions appartenant à plusieurs dieux archaïques. Cette complexité se retrouve dans les animaux qui lui sont associés :

  • le loup
  • le dauphin
  • le chevreuil
  • le vautour
  • le cygne
  • le corbeau

Apollon et Nietzsche

apollon nietzsche
Phèdre, Cabanel, 1880 | Wikimédia Commons

L’entier développement de l’art est lié à la dualité de l’apollinien et du dionysiaque.

La figure d’Apollon est utilisée par le philosophe Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) dans sa Naissance de la tragédie. La pulsion apollinienne, c’est la pulsion à créer pour un artiste, à donner vie, dans une forme définie et achevée. C’est donc le dieu des arts plastiques, des arts visuels. Au contraire, la pulsion dionysiaque (du dieu Dionysos) renvoie à la pulsion de la vie poussant à s’arracher des formes constituées. Cette pulsion est par exemple plus propre à la musique. Ce jeu entre les deux pulsions donne naissance à la tragédie antique pour Nietzsche : l’art jette un pont entre ces deux pulsions. Dans un drame antique, le drame et le dialogue sont apolliniens, tandis que les déchirements des héros sont dionysiaques.La question qui se pose alors est de savoir si une musique apollinienne est possible. L’incroyable architecture mathématique des partitions de Bach s’en rapprocherait. La musique de Wagner, en revanche, par son romantisme, est clairement dionysiaque. Nietzsche rejette le romantisme wagnérien en 1876 dans Le cas Wagner.

Voir ici un article sur les 12 travaux d’Hercule.

 

Bibliographie

  • Commelin, Mythologie grecque et romaine, Littérature, Pocket, 2002
  • Morford Mark, Lenardnon Robert, Sham Michael, Classical Mythology, Oxford University Press, 2013
  • Roman Luke, Monica Roman, Encyclopedia of Greek and Roman MythologyFacts on File, 2010
  • Salles Catherine, La mythologie grecque et romaine, Pluriel, Fayard, 2013