Est-ce une faute ?
« Au jour d’aujourd’hui » n’est pas une faute. C’est un pléonasme qui est en général considéré comme fâcheux, c’est-à-dire comme une accumulation inutile de termes qui ont le même sens. En effet, « aujourd’hui » comporte déjà deux mots de même sens : la forme soudée de « au jour » et « hui », terme d’ancien français qui signifie « au jour où l’on est », issu du latin classique hodie, contraction de hoc die, « en ce jour, aujourd’hui » (on le trouve dans un terme désuet : « méshui »). On qualifie donc souvent « aujourd’hui » de pléonasme, bien que cela ne soit plus senti par les locuteurs, et donc « au jour d’aujourd’hui » de double pléonasme.
La détestation d’« au jour d’aujourd’hui » est un véritable lieu commun du discours normatif sur le français. Le rejet de cette formule semble massif, « elle énerve ». Pourtant, on peut préjuger naïvement son utilité de sa simple existence. « Aujourd’hui » est un adverbe usuel dont l’usage est presque imperceptible dans un discours. Il n’a pas de « relief ». Le pléonasme « au jour d’aujourd’hui » apporte un renforcement rhétorique qui peut être senti comme nécessaire. Sa lourdeur volontaire permet d’éveiller l’attention de l’auditeur, et de bien insister sur le fait que l’on parle de ce qu’il se passe « aujourd’hui et surtout pas avant », de ce qui est « très actuel et contraste avec le passé ». On peut aussi considérer les usages plaisants de la formule, qui peut s’étendre ad infinitum (« au jour d’au jour d’aujourd’hui, etc. »), tout simplement pour amuser un auditoire ou pour donner un peu de légèreté à un discours.
L’Académie française est d’ailleurs plutôt clémente à l’égard de cette formule, « familière et plaisante ». Cela s’explique probablement par le fait qu’elle se trouve sous la plume de grands écrivains.
Exemples :
- « Non, les serviteurs, ça coûte trop cher, ça mange le gain, au jour d’aujourd’hui…» (Zola, La Terre)
- Imitation ici du langage oral.
- « Moi, au jour d’aujourd’hui, je suis à peu
près reconnu et je me vends : oui je remplis les deux conditions du
succès, tel qu’on le jauge à l’heure présente. » (Goncourt,
Journal, 1884)
- Usage ironique ou plaisant chez cet auteur selon le TLF
- Ce qui fait qu’au jour d’aujourd’hui, quand j’en trouve l’occasion, je fourre encore un peu le nez par-ci par-là dans les nouvelles. (Sand, Questions politiques et sociales)
- etc.
À défaut, on peut employer des synonymes : actuellement, à présent, de nos jours, maintenant, etc.
Remarque : l’espagnol (hoy), l’italien (oggi) ou le portugais (hoje) n’emploient pas, usuellement, une construction pléonastique similaire à « aujourd’hui ».
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