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10 collaborateurs français pendant l’Occupation

Publié le 12/07/2016 (m.à.j* le 18/05/2024)
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Cet article tente de représenter la diversité des destins de 10 collaborateurs qui se sont liés à l’Allemagne nazie pendant l’occupation de la France par son armée à partir de 1940, et jusqu’à la fin de la Deuxième Guerre mondiale (1939 – 1945). La collaboration est un phénomène complexe qui a rassemblé des personnalités aux motivations dissemblables. Tous les collaborateurs se retrouvent pas dans la même idéologie.

1. Le maréchal Pétain (1856 – 1951)

collaborateurs français deuxième guerre mondiale
Pétain

Philippe Pétain mène une carrière d’officier jusqu’en 1914. L’éclatement de la Première Guerre mondiale (1914 – 1918) le révèle aux Français alors qu’il a 60 ans.  Il tire une grande popularité de son commandement au cours la bataille de Verdun (21 février – 18 décembre 1916) et de ses efforts pour ménager la vie et le moral de ses hommes. Après la défaite de mai-juin 1940, la France cherche une figure protectrice. Les parlementaires de gauche et de droite trouvent Pétain. Depuis la guerre, la gloire ne l’a pas quitté. Il devient chef de l’État (les pleins pouvoirs lui sont votés le 10 juillet 1940), et installe à Vichy le gouvernement d’un État autoritaire et réactionnaire.

 

Le célèbre message du maréchal Pétain du 17 juin 1940 

Pétain veut « régénérer » la France. C’est le début de la Révolution nationale. Cette idéologie réactionnaire est hostile au monde moderne : elle idéalise une société d’agriculteurs et d’artisans et promeut la famille traditionnelle. La Révolution nationale est aussi une idéologie raciste. Le gouvernement de Vichy n’hésitera pas à collaborer avec l’occupant allemand. Le 24 octobre 1940, Pétain rencontre Adolf Hitler (1889 – 1945), le dirigeant de l’Allemagne nazie, à Montoire, dans le Loir-et-Cher. De nombreux élus et fonctionnaires sont destitués. Les Juifs sont persécutés et déportés. 

Entrevue de Montoire, 24 octobre 1940 collabos
Entrevue de Montoire, 24 octobre 1940 | 10 « collabos » aux funestes destins

À la Libération, Pétain à l’issue d’un procès à la peine de mort. Le général de Gaulle (1890 – 1970), alors président du gouvernement provisoire de la République française, commue sa peine en emprisonnement à vie. Il meurt dans la prison de l’île d’Yeu en 1951.

 

2. Pierre Laval (1883 – 1945)

collaborateurs français deuxième guerre mondiale

Avant-guerre, Pierre Laval n’est ni un réactionnaire, ni un antisémite notoire. C’est un avocat spécialisé dans la défense des organisations syndicales. Il est élu député socialiste une première fois en 1914. Laval est plusieurs fois ministres, et dirige la France en tant que chef du gouvernement (président du Conseil des ministres) à deux reprises, du 27 janvier 1931 au 20 février 1932, et du 7 juin 1935 au 24 janvier 1936. En tant que chef du gouvernement, sa politique économique face à la crise de 1929 le rend par exemple très impopulaire. Traumatisé par la Première Guerre mondiale, Laval est un homme politique pacifiste. Pour contenir la menace allemande, il tente sans succès de trouver un allié dans l’Italie fasciste de Mussolini.

La défaite de 1940 donne à cet homme ambitieux la possibilité de faire avancer sa carrière. Opportuniste, il soutient l’armistice, s’oppose au départ du gouvernement en Afrique et défend une révision de la Constitution en faveur de la prise de pouvoir de Pétain et s’engage dans la collaboration. Son influence politique devient alors prépondérante.

Laval Oberg collabos
Laval avec Carl Oberg, plus haut gradé SS en France

Laval veut réserver à la France une place de choix dans une Europe allemande. Il est vice-président du Conseil des ministres dès juillet 1940. Destitué par Pétain en décembre 1940, il est rétabli par les Allemands en avril 1942. Il est l’homme des Allemands dans le gouvernement français, et répond à leurs exigences: il crée le service du travail obligatoire (STO) en 1943, laisse faire la répression de la Résistance et la mise en place des lois raciales. En 1942, il déclare :

Je souhaite la victoire de Allemagne, parce que, sans elle, le bolchevisme s’installerait partout.

Condamné à mort, il est fusillé à la Libération.

 

 

3. François Darlan (1881 – 1942)

François Darlan collabos
10 « collabos » aux funestes destins

Avant-guerre, l’amiral Darlan cherche à réorganiser et à renforcer la marine française. La France est, avant l’éclatement des hostilités, une vraie puissance navale : elle dispose de 76 navires de guerre, dont 7 cuirassés, 18 croiseurs, 32 contre-torpilleurs, 26 torpilleurs, 1 porte-hydravions et 1 porte-avions. La France possède aussi le plus grand sous-marin du monde, le Surcouf.

Anglophobe, Darlan aurait voulu attaquer Gibraltar en représailles de l’attaque de la flotte française par les Britanniques à Mers el-Kébir (3-6 juillet 1940). 

Sous Vichy, Darlan est le dauphin de Pétain, et devient vice-président du conseil. Il collabore avec l’Allemagne et à la politique autoritaire du chef de l’État français. Le protocole « Darlan-Warlimont » ouvre les ports de Casablanca, Bizerte et Dakar aux Allemands. En outre, il décide la suspension des partis, autorise la création de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF) et écarte les hauts fonctionnaires suspects.

En 1942, Darlan change de camp. Coup du sort, il est à Alger lorsque les Alliés débarquent en Afrique du nord. Mais il n’a pas le temps de profiter de ce revirement. Un jeune étudiant royaliste l’assassine le 24 décembre de la même année.

 

4. Jacques Doriot (1898 – 1945)

Jacques Doriot collabos
10 « collabos » aux funestes destins

Jacques Doriot commence sa vie comme ouvrier métallurgiste. Éloquent, il devient membre du comité central du parti communiste français à seulement 25 ans. Il rompt ensuite avec son parti à cause de l’influence soviétique. Doriot fonde ensuite le premier parti fasciste français, le parti populaire français, en 1936. Il se caractérise surtout par son anticommunisme. Sous l’occupation, Doriot est un collaborationniste zélé. Avec Marcel Déat, il crée en 1941 la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF), une unité militaire mobilisée sous uniforme allemand sur le front de l’Est, contre l’URSS. Il meurt en 1945 dans de mystérieuses circonstances.

 

6. Joseph Darnand (1897 – 1945)

collaborateurs français Deuxième Guerre mondiale

Joseph Darnand est un vétéran et « héros » de la Première Guerre mondiale. Le président de la République Raymond Poincaré (de 1913 à 1920) le décore d’ailleurs de la Légion d’honneur. Son expérience du front en fait un homme d’action. Durant l’entre-deux-guerres, Darnand est militant d’extrême droite. Il rejoint la collaboration après la défaite de la France en 1940. Membre de la Waffen SS dès 1942, Darnand est le fondateur et le secrétaire général de la Milice. Celle-ci est chargée de traquer, en « zone libre » comme en zone occupée, les résistants, les juifs, les maquisards et les réfractaires du STO. Il ordonne l’assassinat du député Georges Mandel (1885 – 1944) le 7 juillet 1944À la Libération, il est condamné à mort par la Haute Cour de justice, puis fusillé. 

 

7. Philippe Henriot (1889 – 1944)

collaborateurs français deuxième guerre mondiale

Avant-guerre, Philippe Henriot est un député de la droite catholique. Il est anticommuniste, antiparlementaire et antisémite. Sous l’occupation, il devient pétainiste. Henriot est la « voix » de la collaboration. Propagandiste ardent, orateur de talent, il donne deux éditoriaux politiques quotidiens à Radio Paris, « écoutés avec ferveur ou avec haine, mais écoutés ». Les Français de Londres, résistants, ne se laissent pas faire. Pierre Dac (1893 – 1975) et Maurice Schummann (1911 – 1998), aux ondes de Radio Londres, répliquent. Ils prévoient même sa mort. Un commando de la Résistance exécute Henriot à son domicile en juin 1944. Le milicien Paul Touvier prend prétexte de la mort de Henriot pour abattre 7 juifs innocents à Lyon.

 

8. Robert Brasillach (1909 – 1945)

collaborateurs français deuxième guerre mondiale

Avant-guerre, Robert Brasillach est un écrivain reconnu. Le prix Goncourt lui échappe de peu en 1939 pour son roman Les Sept couleurs (1939). Brasillach est aussi un critique de cinéma qui participe à la connaissance des réalisateurs japonais en France.  L’écrivain est anticommuniste, nationaliste voire fasciste. Il ne cache pas son admiration pour les démonstrations nazies à Nuremberg. Rédacteur en chef du journal collaborationniste Je suis Partout jusqu’en 1943, il appelle, notamment, à la déportation des Juifs. Il est fusillé à la Libération, après un procès expéditif malgré la pétition de nombreux artistes en sa faveur.

 

9. Xavier Vallat (1891 – 1972)

Xavier Vallat

Pour la première fois, ce vieux pays gallo-romain sera gouverné par un Juif.

Ces mots, prononcés au Parlement, Xavier Vallat les adresse en 1936 à Léon Blum (1872 – 1950), alors chef de la France du Front populaire. Ce député de la droite catholique, proche de Charles Maurras (1868 – 1952), le fondateur la royaliste, xénophobe et antisémite Action française, est une figure emblématique de l’antisémitisme français. Commissaire général aux questions juives sous Vichy, il met en oeuvre le second statut des juifs en 1941 et l’aryanisation de l’économie (la spoliation des biens des Juifs). Vallat n’est pas condamné à mort à l’issue de son procès en 1947. Éhonté, il y défend ses convictions antisémites. Il poussera jusqu’à se réclamer du sionisme bien après guerre.

 

10. René Bousquet (1909 – 1993)

collaborateurs français deuxième guerre mondiale
Deuxième homme en partant de la droite, au grand sourire.

René Bousquet mène avant-guerre une brillante carrière de haut-fonctionnaire. Il collabore avec l’occupant pendant la guerre, et joue un rôle majeur dans la traque des Juifs en France. Secrétaire général de la police en 1942, il laisse la police allemande arrêter des résistants en zone libre. En accord avec la police allemande en 1942, des policiers français arrêtent les Juifs étrangers pour les déporter. Nul refuge pour eux, pas même en « zone libre ». Conformément au souhait de Laval « les enfants, y compris ceux de moins de seize ans », sont autorisés « à accompagner leurs parents ». De juillet à septembre 1942, 33 057 déportés partirent vers le camp de mise à mort d’Auschwitz. La rafle en région parisienne par les Allemands aboutit à 12 884 arrestations, grâce au  « fichier modèle » de la préfecture de police. De 1942 à 1945, 10 147 enfants furent anéantis dans les fosses et les crématoires allemands, dont 1 897 avaient moins de six ans. Bousquet est acquitté en 1949. Il débute sa seconde vie et mène une brillante carrière dans la banque. Dénoncé par son ancien rival Louis Darquier de Pellepoix en 1978, il est mis en accusation en 1989. Mais il est assassiné en 1993, quatre jours avant son inculpation.