« De l’audace, toujours de l’audace, encore de l’audace ! » est une appel qui conclut un discours du révolutionnaire français Georges Danton (1759 – 1794) donné à l’Assemblée nationale le 2 septembre 1792 et rapporté par la Gazette nationale ou la Gazette nationale, ou le Moniteur universel du 4 septembre :
M Danton : Il est bien satisfaisant, Messieurs, pour les ministres du peuple libre, d’avoir à lui annoncer que la patrie va être sauvée. Tout s’émeut, tout s’ébranle, tout brûle de combattre. Vous savez que Verdun n’est point encore au pouvoir de nos ennemis.
Vous savez que la garnison a juré d’immoler le premier qui proposerait de la rendre. Une partie du peuple va se porter aux frontières, une autre va creuser des retranchements, et la troisième, avec des piques, défendra l’intérieur de nos villes. Paris va seconder ces grands efforts. Les commissaires de la Commune vont proclamer, d’une manière solennelle, l’invitation aux citoyens de s’armer et de marcher pour la défense de la patrie. C’et en ce moment, Messieurs, que vous pouvez déclarer que la capitale a bien mérité de la France entière. C’est en ce moment que l’Assemblée nationale va devenir un véritable Comité de guerre. Nous demandons que vous concouriez avec nous à diriger ce mouvement sublime du peuple, en nommant des commissaires qui nous seconderont dans ces grandes mesures. Nous demandons que quiconque refusera de servir de sa personne, ou de remettre ses armes, soit puni de mort.
Nous demandons qu’il soit fait une instruction aux citoyens pour diriger leurs mouvements. Nous demandons qu’il soit soit envoyé des courriers dans tous les départements, pour les avertir des décrets que vous aurez rendus. – Le tocsin qu’on va sonner n’est point un signal d’alarme, c’est la charge sur les ennemis de la patrie. (On applaudit.) – Pour les vaincre, Messieurs, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la France est sauvée. (Les applaudissement recommencent.)
« De l’audace, toujours de l’audace, encore de l’audace ! » : contexte
Danton, ministre de la Justice qui joua le rôle de Premier ministre de fait, cherchait par ce discours à galvaniser ici l’Assemblée alors que des troupes austro-prussiennes, supplées des émigrés français (4000), étaient entrées sur le territoire depuis le 19 août, et avaient pris pris Longwy (en Meurthe-et-Moselle) le 23 août, puis Verdun (Meuse) le 30, ouvrant la porte de Paris. Le chef de l’armée coalisée, le duc de Brunswick (1735 – 1806), avait fait connaître depuis Coblentz, en Allemagne, le 25 juillet 1792, une déclaration menaçant les Français de représailles (le « manifeste de Brunswick ») s’ils portaient atteinte au roi, Louis XVI (règne de 1774 – 1792), discrédité par la fuite de Varennes (20 et 21 juin 1791). Il les sommait de se soumettre. Le duc de Brunswick avait réitéré ses menaces après la prise de Verdun. Les « massacres de Septembre » (que Danton laissa faire) doivent donc être compris dans ce contexte de double peur, celle provoquée par l’avancée ennemie, mais aussi celle du complot intérieur des contre-révolutionnaires.
Les armées des généraux Kellerman (1735 – 1820) et Dumouriez (1739 – 1823) parvinrent cependant à repousser l’avancée austro-prussienne à Valmy le 20 septembre 1792 (« la chance a souri à l’audace »). La royauté fut abolie le lendemain.
Laisser un commentaire