Cet article a vocation à présenter des dates décisives, heureuses ou funestes, de l’histoire de France. Il doit permettre de créer une “géographie mentale” de notre passé. Toutes les dates n’ont pas le même type d’influence : politique, sociale, culturelle, mémorielle ou symbolique. Pas une annexion de toutes ces dates à une France éternelle : Clovis n’était pas français, comme on l’entend aujourd’hui, mais bien sûr une influence importante sur notre pays aujourd’hui. Il vous semble qu’une date influente manque ? N’hésitez pas à le signaler dans les commentaires 🙂
France, mère des arts, des armes et des loisfJoachim du Bellay
«Amener les élèves à se repérer, à se situer dans des époques et des lieux aux échelles multiples de temps, de mémoire, d’espaces et d’acteurs article ouvert La Frane n’est pas isolée de l’extérieure mais aurait demandé trop de ates
496 : baptême de Clovis
La date exacte du baptême de Clovis fait l’objet d’un débat entre historiens. Par convention, on retient 496.
Clovis est le roi des Francs, peuple “barbare” païen s’étant imposé comme la force prépondérante en Gaule et sur une partie des rives du Rhin à la place de l’Empire romain.
Le baptême de Clovis et celui de son aristocratie (3000 guerriers selon la tradition) par saint Rémi à Reims enracine et légitime le pouvoir des Francs sur ces territoires nouvellement conquis. Il s’allie à l’Église (après s’être marié à Clotilde, princesse burgonde chrétienne), qui craignait alors l’arianisme, une doctrine chrétienne considérée comme une hérésie, et qui avait les faveurs de plusieurs royaumes barbares. Cette alliance avec l’Église permet en outre les alliances matrimoniales entre une aristocratie franque très réduite et l’élite gallo-romaine.
Cette date a une importance symbolique considérable : on fait partir du baptême Clovis le “récit national” ou le “roman national”. Clovis est considéré dans les mémoires comme le premier roi d’une succession qui s’arrête avec Charles X (1824 – 1830). À partir du règne d’Henri Ier, la plupart des rois des Francs puis roi de France seront baptisés à Reims. Comme protecteur de l’Église, il prend la suite des empereurs romains.
732 : “Charles Martel repousse les Arabes à Poitiers”
La bataille de Poitiers de 732, défaite pour les envahisseurs, aurait marqué la limite occidentale de l’expansion de l’islam.
Par la bataille de Poitiers, la France et l’Europe auraient sauvé leur intégrité. Une date clé du roman national, le maire du Palais Charles Martel obtenant alors le statut de « grand homme ».
Pourtant, cette vision de la bataille est remise en cause.
754 : Pépin le Bref sacré roi
Le fils de Charles Martel, Pépin dit “le Bref”, confirme l’ascension des Pippinides (les futurs Carolingiens) au détriment des Mérovingiens (la dynastie de Clovis). Pépin s’impose comme la figure prédominante de cette famille.
Élu roi en 751, Pépin est sacré en 754 sacré par le pape Étienne II. Le royaume des Francs est allié à la papauté.
25 décembre 800 : Charlemagne sacré empereur
Tel Pépin le Bref son père, Charlemagne se pose en protecteur de l’Église.
Le 23 décembre 800, à Rome, une assemblée émet le voeu que Charlemagne prît le titre d’empereur. Le 25, jour de Noël, le pape Léon III lui apposa la couronne.
Charlemagne, roi des Francs, devient empereur : il devient symboliquement le successeur des empereurs romains.
14 février 842 : serments de Strasbourg
Louis le Pieux, le successeur de Charlemagne, meurt en 840. Comme le veut la tradition franque, les terres sont partagées entre ses fils. Il en a trois, Louis le Germanique, Charles “le Chauve” et Lothaire.
Les deux premiers s’allient contre le troisième, le battent à Fontenay-en-Puisaye, puis jurent en 842 à Strasbourg de s’aider mutuellement. La cérémonie de serment étant publique, pour être comprise, doit être récitée en langue romane par Louis et en thiois par Charles. On tire de ce serment (Serment) le premier document écrit connu de langue romane, ancêtre très proche du français, qui se sépare du latin vulgaire.
L’usage retient la date des serments de Strasbourg comme la date de naissance de la langue française.
843 : traité de Verdun
En août 843, le traité de Verdun entérine la division de l’empire de Charlemagne. Charles obtient les terres de l’Ouest, Louis obtient les terres à l’est du Rhin sauf la Frise, et Lothaire un territoire partant de la mer du nord jusqu’à l’Italie, comprenant Aix-la-Chapelle et Rome. Lothaire reste empereur, mais ce n’est qu’un élément de prestige.
L’entité qui naît de ces partages, c’est la Francia occidentalis, « première véritable incarnation de la France politique » (Jacques Le Goff).
880 : la Cantilène de saint Eulalie
Ce texte, un hymne chrétien, est le plus vieux texte littéraire écrit en langue d’oïl, c’est-à-dire en français (la langue qui était parlée au-dessus de la Loire). Ce poème parle du martyre de sainte Eulalie de Merida.
11 septembre 909 ou 910 : fondation de l’abbaye de Cluny
L’abbaye de Cluny n’est plus que l’ombre de ce qu’elle a été. Fondée au nord-est de Mâcon, en Saône-et-Loire, sur les terres de Guillaume le Pieux, Cluny prend un essor exceptionnel grâce à des lignées de grands abbés talentueux et par son indépendance totale à l’égard des seigneurs : elle ne dépendait que du pape.
Ainsi, Cluny, dotée de la plus grande église de la Chrétienté jusqu’à la construction de la basilique Saint-Pierre, devient un centre culturel proéminent en Europe, le fer de lance de la réforme religieuse du XIe siècle, une force de promotion de la règle de saint Benoît et le centre d’un réseau d’abbayes s’étendent à toute la Chrétienté.
911: traité de Saint-Clair-sur-Epte
Le roi Charles III (r. 898 – 922) vainc les troupes du chef viking Rollon près de Chartres en juillet 911. Pour faire cesser les pillages, le roi profite de l’affaiblissement de Rollon pour négocier un traité de pacification : des terres en échange de la reconnaissance de la suzeraineté du roi des Francs et de la christianisation des Vikings.
Ce traité est le point de départ symbolique de l’histoire du duché de Normandie, futur conquérant de l’Angleterre sous Guillaume.
966 : fondation de l’abbaye du Mont-Saint-Michel
Un premier sanctuaire est fondé sur cet îlot rocheux en 708 par Aubert, l’évêque d’Avranches, inspiré par des visions de l’archange Michel. Deux siècles plus tard, le duc de Normandie, Richard Ier (943 – 966), y installe une communauté bénédictine, sur le modèle à succès de Cluny. Peu à peu, l’abbaye du Mont-Saint-Michel devient un lieu de pèlerinage important et un centre intellectuel important. Des moines s’y attellent à la copie d’œuvres notables, et à la traduction de livre antiques comme ceux d’Aristote.
L’architecture générale des bâtiments du Mont-Saint-Michel est le résultats de siècles d’additions et de restaurations. L’église abbatialle se situe à 80 mètres de hauteur et s’étend sur une plateforme de 80 mètres de longueur. Au sanctuaire carolingien s’est ajouté du gothique flamboyant (notamment le chœur, reconstruit à partir de 1421).
Un village nés de l’afflux de pèlerins se développe. Il est entouré de murailles datant de la guerre de Cent Ans. Le Mont-Saint-Michel a en effet été au cœur des combats entre France et Angleterre au Moyen Âge.
Mais son histoire reflète celle de la France. Les voeux monastiques sont supprimés à la Révolution. Le Mont-Saint-Michel devient un prison pour prêtres réfractaires. En 1811, Napoléon en fait une maison de force. Au XIXe siècle, les bâtiments, vides de religieux, se dégradent. L’abbaye est néanmoins classée monuments historique en 1874, puis fait l’objet de restauration destinées à accueillir le tourisme naissant.
Le Mont-Saint-Michel, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1979, attire aujourd’hui plus de 2,5 millions de touristes chaque année. Depuis 1966, une communauté de moines s’y est réinstallée.
987 : Hughes Capet, roi des Francs
En 987, peut-être en juillet, Hugues Capet est élu roi des Francs (Rex francorum) par une assemblée de grands du royaume.
L’élection de Hugues Capet donne naissance à la dynastie capétienne, dont le dernier représentant sur le trône de France fut Charles X (1824 – 1830).
Hugues Capet associe de son vivant son fils aîné, Robert le Pieux, à son règne. Il héritera ainsi de facto du trône, rendant progressivement l’élection du roi facultative.
1er juin 989 : paix de Dieu au concile de Charroux
Le royauté capétienne est encore balbutiante. Elle n’est pas capable d’imposer un ordre public sur le territoire du royaume. Les seigneurs multiplient les guerres privées entre eux, au détriment du clergé, dont les biens sont spoliés, et des paysans, parfois capturés et rançonnés. L’Église comble le vide avec le mouvement de la “paix de Dieu”.
À l’occasion de conciles provinciaux, notamment celui de Charroux (Allier actuel), elle organise des pactes entre les seigneurs pour encadrer la violence. La violation de ces pactes pouvait entraîner l’excommunication. Au sud de la Loire se développe à partir du milieu du Xe siècle le mouvement de la Trêve de Dieu, bannissant la violence pendant certaines périodes.
La puissance capétienne prend le relai et impose peu à peu la paix du roi. Elle s’arroge, en quelque sorte, le monopole de la violence légitime.
Vers 1090 : la Chanson de Roland
La Chanson de Roland est le plus bel exemple de chanson de geste qui nous soit parvenu au Moyen Âge. Ce genre littéraire met en scène les exploits légendaires de héros exemplaires. La Chanson de Roland est une œuvre avant tout orale, diffusée par des trouvères et chanteurs ambulants, qui a été fixée à l’écrit, probablement au XIe siècle. Son auteur est donc inconnu.
Il en existe plusieurs versions, créées par la fantaisie des artistes de l’époque. La plus ancienne dont nous disposons est écrite en anglo-normand, l’ancien français parlé par les élites de Normandie qui dominaient l’Angleterre.
La Chanson de Roland est donc un des plus anciens textes littéraires français. Elle raconte l’histoire de Roland, chevalier idéal, qui meurt à la tête de l’arrière-garde de l’armée de Charlemagne dans une embuscade menée par des Vascons à Ronçevaux, dans les Pyrénées. La mort épique de Roland, provoquée par le félon Ganelon, sera vengée par Charlemagne, souverain érigé en modèle.
1066 : conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant
Guillaume II de Normandie traverse la Manche et conquiert l’Angleterre après sa victoire à la bataille d’Hastings le 14 octobre 1066.
Le duc devient roi d’Angleterre jusqu’à sa mort en 1087 et reste dans les mémoires comme Guillaume le Conquérant. Le nouveau roi établit un cadastre général du royaume d’Angleterre, le Domesday Book (le Livre du Jugement dernier), remarquable outil de connaissance pour gouverner.
Une nouvelle élite, de culture française, s’installe à la tête de l’Angleterre et s’empare des terres. Elle domine alors une population anglo-saxonne et danoise. Ce remplacement aura des conséquences importantes sur la culture anglaise et sur ses relations avec le royaume de France.
27 novembre 1095 : l’appel de Clermont
Depuis le VIIe siècle, la Palestine, où se trouve Jérusalem, est sous autorité arabo-musulmane. À partir XIe siècle, elle tombe aux mains des Turcs Seldjoukides, musulmans, qui exercent une forte pression sur l’Empire byzantin.
La progression turque pousse les Byzantins à demander de l’aide et des mercenaires à l’Occident chrétien. Des envoyés byzantins sont présents au concile de Plaisance en mars 1095.
Urbain II, pape depuis 1088, organise un concile à Clermont en novembre 1095, pour traiter de questions de discipline ecclésiastique. À l’issue de ce concile, deux canons, c’est-à-dire deux règles ecclésiastiques, étendent la paix de Dieu à tout le territoire de l’Église, et promettent la remise de la pénitence pour les péchés à ceux qui partiront délivrer l’Église de Dieu à Jérusalem (Les croisades, Cécile Morrisson).
Urbain II prononce en conclusion un discours à la foule dans lequel il exhorte les Chrétiens à oublier leurs divisions et de partir délivrer leurs frères en Orient. La foule lui aurait répondu “Dieu le veut”. Cet appel eut un retentissement considérable, aussi bien dans la noblesse que dans les milieux populaires : il lance la première Croisade.
Celle-ci est constituée de deux expéditions :
- l’une des petites gens dirigée par Pierre L’Ermite et Gautier Sans Avoir ;
- l’autre, plus organisée, menée par l’évêque du Puy Adhémar de Monteil, rassemblant des nobles venant surtout du royaume des Francs
Fin du XIe siècle : commentaire de Rachi
Né vers 1140 en Champagne, région d’échanges intenses dans l’Europe du XIe siècle, Rachi, abréviation de Rabbi Salomon Isaacide, est l’un des plus grands commentateurs de la Bible et du Talmud. Son œuvre est poursuivie par ses descendants, les tossafistes.
Rachi, installé à Troyes, permet notamment par ses gloses de connaître de nombreux mots d’ancien français (qu’il intègre phonétiquement) dans des champs variés du vocabulaire. Ce rabbin est donc l’un des premiers écrivains connus de langue française.
21 mars 1098 : fondation de l’abbaye de Cîteaux
La fondation dans une région reculée de Bourgogne de l’abbaye de Cîteaux par des moines de Molesmes dirigés par Robert donne naissance à l’ordre cistercien. Après des débuts difficiles, il connaîtra un développement impressionnant après l’arrivée de Bernard de Clairvaux en 1112. L’objectif de ces moines est de revenir à une plus stricte observance de la règle de saint Benoît : prière, silence total, humilité et travail. Cette volonté de retour aux origines s’oppose à l’épanouissement fastueux de Cluny.
L’organisation de l’ordre cistercien est définie par la Carta Caritatis (la Charte de charité), rédigée par Étienne Harding (mort en 1134). Son approbation par le pape bourguignon Calixte II (1119 – 1124) donne naissance à l’ordre. Abandonnée au XIXe siècle après l’interdiction révolutionnaire, l’abbaye de Cîteaux est aujourd’hui occupée par des moines trappistes.
L’architecture des abbayes cisterciennes se caractèrise par son dépouillement, dont l’abbaye de Fontenay (fondée en 1119, Côte-d’Or actuelle) est un bel exemple.
1101 : fondation de l’abbaye de Fontevraud
La gigantesque abbaye de Fontevraud (13 hectares) a été fondée en 1101 par le prêcheur Robert d’Arbrissel (mort en 1117) en 1101, non loin de Saumur, dans le val de Loire embelli, quelques siècles plus tard, par une galaxie de châteaux.
Cette abbaye a pour originalité d’être mixte. Le message des Évangiles est en effet le même pour tous. Fontevraud devient ensuite un monastère double : moines et moniales sont dans deux monastères voisins sous l’autorité d’un même abbé. Cette disposition permet à de nombreuses femmes de diriger Fontevraud. En 1115, Pétronille de Chemillé devient abbesse.
L’histoire des abbesses de Fontevraud se poursuit jusqu’à la Révolution. À partir du XVe siècle, cinq abbesses de famille des Bourbons, celles du roi de France à partir de Henri IV, sont élues abbesses. L’abbaye de Fontevraud bénéficie dès sa création du soutien de la puissante maison d’Anjou, dont sera issue celle des Plantagenêts, dont l’Empire s’étendra de l’Angleterre au Sud-Ouest de la France.
Henri II (roi d’Angleterre de 1154 à 1189), le fondateur de l’Empire, y est inhumé. Il en sera de même d’Aliénor d’Aquitaine, sa veuve, et de Richard Cœur de Lion, son fils. Fontevraud est la nécropole des Plantagenêts. L’ordre de Fontevraud, auquel l’abbaye a donné naissance, se développe dans la Chrétienté, même s’il connaît un déclin à la fin du Moyen Âge. Napoléon en fait, après la Révolution, une prison. Elle ne ferme qu’en 1963 pour devenir un centre culturel.
1108 : Abbaye Saint-Victor de Paris
L’abbaye de Saint-Victor, aujourd’hui disparue de la géographie et des mémoires, était située sur l’emplacement du jardin des Plantes et du campus du Jussieu, sur la rive gauche de la Seine. Avant l’avènement de l’institution universitaire, l’abbaye de Saint-Victor est un centre intellectuel important du Moyen Âge, alors en pleine “renaissance”.
Fondée par Guillaume de Champeaux, directeur de l’école cathédrale de Paris, doté dès 1113 d’une importante bibliothèque qui survivra tout au long de son histoire, elle attire des personnalités importantes, comme Thomas Becket, Bernard de Clairvaux ou Abélard. Paris devient, au cours du XIIe siècle, un foyer du savoir en Europe, comme Laon ou Chartres.
Des maîtres, qui sont des clercs, viennent y installer leurs cours privés et éphémères, avec l’autorisation des autorités locales. La capitale se distingue par sa spécialisation en théologie et en dialectique. Cette configuration prend fin avec l’avènement de l’université de Paris au XIIIe siècle. L’abbaye Saint-Victor mais maintient son activité jusqu’à la Révolution.
25 juin 1115 : Bernard de Clairvaux fonde son abbaye
Bernard de Fontaine (1090 – 1153), devenu saint Bernard de Clairvaux après sa canonisation en 1174, est un des hommes les plus célèbres de son temps. Entré à l’abbaye de Cîteaux en 1112, il fonde ensuite avec 12 moines l’abbaye de Clairvaux (dans l’Aube actuelle) sur les mêmes principes que ceux de son abbaye-mère. Elle connaît rapidement un grand succès. Bernard de Clairvaux est un théologien important attaché à la vie mystique, si bien qu’il devient la figure centrale de l’ordre cistercien.
Il exerce en même temps une grande influence dans les affaires temporelles de l’Europe chrétienne. Auteurs d’une correspondance massive (avec Hildergarde de Bingen par exemple, qu’il protège) et orateur de talent, il est souvent appelé par le pape comme médiateur de certains conflits diplomatiques, avec le roi de France Louis VII notamment. Il joue en outre un rôle important dans la création de l’ordre du Temple. Bernard de Clairvaux est le prêcheur de la deuxième croisade (1146 – 1149).
Enfin, son hostilité à Abélard est elle aussi restée célèbre. À la fin du XIIe siècle, l’ordre cistercien compte plus de 500 monastères, puis s’étendra encore à toute l’Europe chrétienne (jusqu’à la Transylvanie par exemple, avec l’abbaye de Cârța).
: Suger devient abbé de Saint-Denis
Suger (1080 ou 1081 – 1151) initie une tradition vive dans la culture française et dans la mémoire collective, celle du grand serviteur de l’État. De petite extraction, il devient très tôt oblat à Saint-Denis, où il rencontre le futur Louis VI (1108 – 1137). Talentueux, son ascension est rapide.
Il devient le conseil de Louis VI pour les affaires ecclésiastiques, puis conseiller de son successeur Louis VII (1137 – 1180), dont il a organisé le mariage avec Aliénor d’Aquitaine (25 juillet 1137). Il est régent du royaume lorsque Louis VII par pour la deuxième croisade, prêchée par Benard de Clairvaux, de 1147 à 1149 Élu abbé de Saint-Denis en 1122, sa grand oeuvre est la reconstruction de la basilique dans un style alors novateur : le gothique.
Mécène, il fait fabriquer une magnifique carafe liturgique qui fait partie du trésor de Saint-Denis, “L’Aigle de Suger”. Suger est aussi un homme de lettres qui raconte l’histoire des rois qu’il a servi et décrit la reconstruction de son abbaye.
1113 : Héloïse et Abelard
Pierre Abelard (1079 – 1142) est un de ces maîtres qui se distingue à l’époque de l’essor scolaire de Paris, dont la renommée tient surtout à l’enseignement de la théologie (mot que l’on doit peut-être à Abelard même) et à la dialectique. Élève de Guillaume de Champeaux, il devient un maître à succès, mais ses thèses sont plusieurs fois condamnées, et sa position est instable. Plus largement, les cours de cette époque se transforment : il s’agit désormais questionner le texte sacré, en faire émerger des questions philosophiques et logiques. Le maître n’a pas le monopole du savoir.
Les élèves, lorsqu’ils s’en sentent capables, peuvent donner leur avis. Si ses écrits sont aujourd’hui oubliés, le souvenir de sa relation amoureuse avec une de ses élèves (ou plutôt de la séduction d’une de ses élèves), Héloïse (morte en 1164), grande femme de lettres du Moyen Âge, est toujours vivace. Le maître et l’élève se marient et donnent naissance à un enfant, Astrolabe. Ensemble, ils fondent l’abbaye du Paraclet, une abbaye féminine bénédictine, en 1131.
Cependant, la liaison entre Abélard et Héloïse entraîne la colère de l’oncle de cette dernière, le chanoine Fulbert, qui fait castrer Abélard en 1117. En outre, le mariage menaçait la carrière d’Abélard, qui semble être le premier de ses soucis. Cette relation impossible sera transfigurée en mythe de l’amour libre au fil des siècles. Elle est connue par une correspondance, qui semble authentique, entre les deux amants. Abélard en outre conté son histoire dans un texte autobiographique, l’Histoire de mes malheurs, rédigé vers 1132.
11 juin 1144 : reconstruction de la basilique de Saint-Denis
Ainsi, les vitraux sont très présents dans la basilique. La façade, dont l’aspect date de Suger, compte trois travées ouvertes par une rosace et sept fenêtres. Autre innovation fondamentale : les voûtes qui reposent sur des croisées d’ogives, qui permet d’édifier des bâtiments plus grands et de dégager les murs latéraux pour les ouvrir par des fenêtres. La basilique est consacrée le 11 juin 1144 en présence de Louis VII et Aliénor d’Aquitaine. Suger est enterré dans l’abbaye à sa mort en 1151.
1143 : résumé du Coran par Pierre le Vénérable
Le XI siècle est une période de fort antagonisme entre chrétienté et islam : l’Espagne est encore divisée entre chrétiens et musulmans, et la deuxième croisade se prépare (1147-1149). Pierre le Vénérable (mort en 1156), abbé de Cluny au dynamisme marqué, cherche à combattre les ennemis de l’Église, les hérétiques, les Juifs et les mahométans. Après un voyage en Espagne, il réunit des savants pour traduire un résumé du Coran en latin afin de réfuter, non par les armes mais par les idées, le message de l’islam.
Qu’on donne à l’erreur mahométane le nom honteux d’hérésie ou celui, infâme, de paganisme, il faut agir contre elle, c’est-à-dire écrire.
Cette traduction faisait partie d’une entreprise plus grande. Pierre le Vénérable préparait un traité Contre les Sarrasins, inachevé. La réfutation passe par une meilleure connaissance de la religion de l’autre. Là est la grande novation.
1163 : début de la construction de Notre-Dame de Paris
Le développement de la technique de la croisée d’ogives, élément majeur du développement de l’art gothique, permet la construction de bâtiment plus grand. Après la reconstruction de la basilique Saint-Denis par Suger, des cathédrales sont bâties à Senlis, Noyon, Laon, etc. Maurice de Sully (mort en 1196), évêque de Paris depuis son élection le 12 octobre 1160, décide de la construction d’une cathédrale à Paris, la capitale du royaume de France. 1163 est la date traditionnelle du début des travaux, lancés en présence du pape Alexandre III (1159 – 1181). Elle dédiée à la vierge Marie.
Le culture mariale fait l’objet d’un renouveau au XIIe siècle. Plusieurs campagnes de construction se succèdent jusqu’au milieu du XIVe siècle, même si l’essentiel est terminé au milieu du XIIIe. Notre-Dame de Paris fait ensuite l’objet de nombreux réaménagements. Avant le XIXe siècle, la cathédrale est le lieu de grands événements historiques, comme le sacre de Napoléon le 2 décembre 1804. Toutefois, elle sort en piteux état du XVIIIe siècle. Un livre la sauve, Notre-Dame de Paris de Victor Hugo (1831), qui lui confère un statut quasi-mythique.
L’engouement pousse le roi Louis Philippe lance une campagne de restauration qui sera menée par Viollet-le-Duc de 1844 à 1864. Ces campagnes continuent au reste au XXe siècle : vitraux sont par exemple réhabilités en 1965 par le maître-verrier Jacques Le Chevallier. Notre-Dame de Paris est aujourd’hui l’un des symboles de Paris et de la France. Le succès du film de Disney Le Bossu de Notre-Dame (1996) a probablement renforcé cette position aux yeux des touristes venus du monde entier.
Vers 1165–1180 : l’œuvre de Chrétien de Troyes
Chrétien de Troyes, dont la vie est quasi-inconnue, entre un temps au service de la cour de Champagne, région du commentateur biblique Rachi. Cet écrivain, sûrement un clerc, connaisseurs du latin et de la culture antique, est le premier grand romancier de langue française. On lui connaît cinq romans (Érec et Énide, Cligès, Lancelot ou le Chevalier de la charrette, Yvain ou le chevalier au lion, Perceval ou le conte du Graal), inspirés par la légende arthurienne, dont les intrigues illustrent l’idéal chevaleresque de l’époque et l’amour courtois.
1190 : Ordonnance-Testament de 1190
Ce testament produit le départ en croisade de Philippe Auguste (r. 1180 – 1223) fait mention pour la première fois des baillis (de l’ancien français baillir, “administrer”), commissaires royaux qui disposent de pouvoir administratif et judiciaires (ils sont nommés sénéchaux au sud). Cette institution, inspirée par les Plantagenêts, perdra de l’influence au cours des siècles, mais jouera un rôle important dans l’unification de la justice sous l’autorité du roi.
15 janvier 1200 : reconnaissance de l’université de Paris
Le Moyen-Âge voit apparaître un nouveau type d’institution : les universités. La plus ancienne est fondée à Bologne ne 1088, suivent Oxford et Cambridge. Paris, déjà une grande cité, rassemble déjà à l’aube du XIII siècle un grand nombre “d’intellectuels” du temps. Philippe Auguste accorde en 1200 aux maîtres et étudiants parisiens le statut de clerc, privilège les soustrayant aux juridictions temporelles (privilegium fori – privilège de for ou de clergie).
Ils sont ainsi protégés des autorités locales et de la population. Ils sont en outre exemptés d’impôts et d’obligations militaires. L’université obtient ensuite un statut officiel en 1215, rédigé par le légat Robert de Courçon. Son sceau porte l’inscription Universitatis magistorum et scolarium parisiensium. La bulle Parens scientiarum de 1231 du pape Grégoire IX lui confère l’autonomie et donne un statut à son personnel. Maîtres et étudiants vivent alors de leurs rentes et peuvent se consacrer pleinement à l’étude et à l’enseignement. Située dans le futur “quartier latin”, elle est alors en organisée en quatre facultés, celles du droit, de la médecine, des arts libéraux et, la plus importante et celle qui fait sa réputation, de théologie (et de dialectique).
Le rayonnement de l’université de Paris ne cesse alors de croître jusqu’à la fin du Moyen-Âge. Paris devient l’un des grands centres du savoir en Europe et attire de nombreux étudiants étrangers. L’influence d’un enseignement est désormais internationale. Ces échanges sont facilités par la maîtrise commune du latin. L’université est d’ailleurs divisée en quatre nations : la française (Français de la Loire et du Sud, Italiens et Ibériques), la normande, l’anglaise (pour les peuples germaniques) et la picarde (Picardie, Est de la France et Pays-Bas). De nombreux professeurs sont d’ailleurs anglais et elle accueille certaines figures reconnues, comme Thomas d’Aquin.
28 avril 1202 : la confiscation de Philippe Auguste
À l’avènement de Philippe II (1180 – 1223), les Plantagenêts règne sur un Empire qui s’étend sur l’Angleterre et tout l’Ouest de la France. Le 28 avril 12012, le roi prend prétextes de l’insoumission du roi d’Angleterre Jean sans Terre (1199 – 1216), qui est aussi son vassal, pour lui confisquer la Normandie, le Maine, la Touraine et l’Anjou.
Le roi d’Angleterre réagit, mais les combats tournent à la faveur des troupes royales. Le 6 mars 1204, Château-Gaillard capitule. Le 24 juin, Rouen fait de même. Le domaine royal, limité à un axe Paris-Bourges au début du règne, s’agrandit de manière considérable. Philippe II tire de cette formidable réussite son surnom d’Auguste.
6 mai 1211 : construction de la cathédrale de Reims
L’ancienne cathédrale est détruite par un incendie le 6 mai 1210. La construction de l’édifice actuel date du 6 mai 1211. Ce n’est pas sa dernière mésaventure : en 1914, les Allemands bombardent la cathédrale du fait de son importance symbolique.
En effet la cathédrale de Reims, l’un des plus beaux édifices gothiques de France, a été le lieu du sacre de 29 rois jusqu’en 1825. Effaçant 1914, mais aussi l’antagonisme qui a opposé ces deux pays, le général De Gaulle et le chancelier Adenauer scellent la réconciliation à Reims en 1962 et assistent ensemble à un Te Deum dans la cathédrale.
12 septembre 1213 : bataille de Muret
La bataille de Muret figure en bonne place des événements capitaux les mieux oubliés de notre histoire.
Muret, située au sud-ouest de Toulouse, a été le site d’une bataille opposant les troupes de la croisade albigeoise (dirigée principalement contre le catharisme), venues pour la plupart du nord du royaume, à une coalition de seigneurs du sud-ouest de la France (Toulouse, Comminges, Béarn, Foix, etc.) allié au roi d’Aragon Pierre II, qui convoite cette région.
La victoire de Simon de Montfort, qui fait suite au succès de la croisade albigeoise, ancre définitivement les pays de langue d’oc (le Languedoc) dans le royaume de France, dont le roi est alors Philippe Auguste. Cette région aurait pu faire partie d’un ensemble territorial avec l’Aragon.
27 juillet 1214 : bataille de Bouvines
La bataille de Bouvines est bien plus célèbre que la bataille de Muret qu’elle suit d’une année.
Cet affrontement de grand ampleur, au sud-est de Lille est, d’un certain point de vue, le pendant de la bataille de Muret au-dessus de la Loire. Philippe Auguste (r. 1180 – 1223) remporte une victoire qui écarte les puissances qui concurrençaient son pouvoir. Plusieurs seigneurs félons sont vaincus (les comtes de Flandre et de Boulogne), et l’empereur germanique Otton IV, qui a fui, est déposé au profit de Frédéric II.
La bataille de Bouvines est un événement clé du roman national. Elle a été considérée comme une manifestation de la naissance de la nation française par les manuels de la IIIe République, car des villes du domaine royal ont envoyé des milices urbaines (constituée par des roturiers) combattre auprès du roi. Cependant, leur rôle a été limité en comparaison de celui des seigneurs, dont dépendait le roi.
L’historien Georges Duby est l’auteur d’un livre mémorable sur le sujet, Le Dimanche de Bouvines. 27 juillet 1214, dans la collection « Les Trente Journées qui ont fait la France ».
Le 2 juillet précédent, le fils de Philippe Auguste, Louis de France, le futur Louis VIII, battait le roi d’Angleterre Jean sans Terre à la bataille de La Roche-aux-Moines, dans la Maine-et-Loire actuel. La puissance anglaise en sort très affaiblie.
Muret – Bouvines – La Roche-aux-Moines : le pouvoir royal français a les mains libres.
1220 : achèvement de la cathédrale de Chartres
Le monument par excellence de l’art gothique français (Unesco), la cathédrale de Chartres, domine de sa magnificence la plaine de Beauce. Elle est la mieux conservée de son style.
Henri IV est le seul roi a y avoir été sacré le 27 février 1594. Au début du XXe siècle, l’écrivain Charles Péguy renouvelle la tradition du pèlerinage entre Paris et Chartres.
Blanche de Castille (1188 – 1252) est la fille du roi de Castille Alphonse VIII et d’Alinéor d’Angleterre. Elle donc la petite-fille d’Aliénor d’Aquitaine et la nièce de Richard Cœur de Lion et de Jean sans Terre. En 1200, elle épouse le futur Louis VIII. L’héritier du trône, Louis IX, “Saint Louis”, naît le 25 avril 1214. Louis VIII monte sur le trône en 1223 et meurt trois ans plus tard seulement, le 8 novembre 1226. Dans son testament, le roi défunt avait fait de la reine la régente du royaume après sa mort.
L’héritier est encore dans sa minorité. La régence de Blanche de Castille est une double nouveauté : pour la première fois, une femme dirige la France et, pour la première fois, ce dirigeant est étranger.
Ce ne sera pas la dernière. Catherine de Médicis ou Mazarin suivront. Blanche de Castille s’appuie en outre sur un Italien, le légat du pape Romano Bonaventura. La régente doit résister à l’hostilité des élites, qui souhaitent profiter la minorité du roi pour reprendre du pouvoir. Elle mène en outre les négociations qui permettent la signature du traité de Meaux-Paris en 1229 qui rattache le Sud-Ouest au royaume.
Enfin elle organise le mariage de son fils avec Marguerite de Provence (1221 – 1295) le 27 mai 1234. Elle meurt en 1252, et est enterrée à l’abbaye de cistercienne de Maubuisson qu’elle a fondé.
Décembre 1254 : promulgation de la Grande Ordonnance
Le long règne de Saint Louis (1226 – 1270) est une période d’enquêtes sur le royaume et de réformes. Après l’enquête de 1247, le roi promulgue en 1254 (reprise en 1256) une ordonnance qui réforme la justice, afin de prévenir les abus et moraliser la vie du royaume. Saint Louis est, pour les mémoires, le roi qui incarne la Justice par excellence : l’image d’Épinal le représente comme juge rendant la justice sous son chêne.
La Grande Ordonnance, destinée aux baillis, aux sénéchaux, mais aussi à toutes les autorités locales, insiste sur l’importance de la présomption d’innocence.
Elle réglemente en outre l’activité des administrateurs royaux : baillis et sénéchaux ne peuvent contracter d’emprunts, prendre femme dans leur circonscription, assurer la protection et l’entretien des routes, rendre compte de leur gestion, recevoir les plaintes de leurs administrés, etc. Le texte cherche en outre à interdir l’usure, la prostitution, les jeux de hasard, le blasphème, et comporte des mesures vexatoires contre les Juifs.
1256 : le roi est empereur en son royaume
Alors que le droit romain fait l’objet d’une réappropriation en Europe, le juriste Jean de Blanot, dans son Libellus super titulo Institutionum de actionibus, écrit que le “roi est empereur en son royaume” (rex est imperator in regno suo).
Cette célèbre maxime de droit public, affirme le pouvoir du roi de France, monarchie indépendante et autonome, c’est-à-dire qu’elle ne dépend d’aucune structure au-dessus d’elle. Elle consacre la souveraineté du roi de France face aux prétentions du Saint Empire à rétablir l’Empire romain et aux prétentions du Pape à se placer au-dessus du pouvoir temporel.
On trouve une idée semblable dans la formule “le roi ne connaît pas de supérieur” (rex superiorem non recognoscens), que l’on trouve dans une réponse du pape Innocent III (1198 – 1216) au comte de Montpellier, à qui il refuse la reconnaissance d’un enfant adultérin, ce qui est de la compétence du roi de France.
1257 : fondation de la Sorbonne
La fondation d’un collège pour étudiants pauvres par le théologien Robert de Sorbon en 1253 est confirmée par Saint Louis en 1257. Il est installé sur un versant de la Montagne Sainte-Geneviève, sur la rue qui porte désormais le nom de “Sorbonne”. On y dispense des cours de théologie. La réputation de l’établissement, qui participe aux controverses de son temps, devient rapidement européenne. La Sorbonne contribue au prestige de l’université de Paris, fondée en 1200. La Sorbonne, éclatée en plusieurs universités après les événements de mai 1968, existe toujours aujourd’hui.
1280 : Le roman de la rose
Le roman de la rose est un œuvre de 21 750 octosyllabes écrite par deux auteurs : Guillaume de Lorris pour la première partie (4058 vers) puis Jean de Meung pour la second (17 700 vers). L’œuvre décrit un rêve allégorique fait par l’auteur. Les personnages porte d’ailleurs des noms évocateurs : Beauté, courtoisie, richesse pour les bons, jalousie, honte, malbouche pour les mauvais, etc.
La première partie est une œuvre classique sur le thème de l’amour courtois, alors que la seconde traite l’amour de manière plus cynique et rationnelle. L’œuvre eut une grande influence en Europe, suscitant la controverse (comme la critique de Christine de Pizan au XIVe siècle) ou l’admiration (Pétrarque, Chaucer, etc.).
26 octobre 1289 : université de Montpellier
On trouve à Montpellier la plus ancienne faculté de médecine de France. C’est d’ailleurs l’une des deux seules villes universitaires, avec Paris, où la médecine est enseignée.
La situation géographique de Montpellier est idéale : elle est située à mi-chemin entre Paris, l’Espagne où la médecine arabe est pratiquée, Salerne, en Campanie, où la première école de médicine du Moyen Âge a été fondée et Avignon, où les papes s’installent au début du XIVe siècle. En 1180, le seigneur de Montpellier Guilhem VIII autorise par édit à quiconque d’enseigner la médecine. L’université de Montpellier est reconnue par la bulle du pape Nicolas IV Quia sapientia du 26 octobre 1289.
10 avril 1302 : première convocation des états généraux, par Philippe le Bel
Le 5 décembre 1301, le pape Boniface VIII (x) adresse au roi de France Philippe le Bel (1284 – 1314), avec lequel il est en conflit, la bulle Ausculta fili. Ce texte redit la supériorité du pouvoir spirituelle sur le pouvoir En réponse, le roi de France crée une nouvelle institution appelée à avoir une grande influence sur l’histoire de France : les États généraux.
Les premiers sont organisés le 10 avril 1302 à Notre-Dame de Paris. Ils rassemblent des clercs, des nobles et des délégués de ce qui sera plus tard nommé le Tiers État. Les États généraux ont pour objectif de renforcer la légitimité du pouvoir royal face aux attaques papales et à réaffirmer la fidélité du clergé au roi. Ce lieu de négociation permet au roi de France de lever des impôts.
13 octobre 1307 : la chute des Templiers
L’ordre du Temple était un ordre religieux et militaire chrétien qui se chargeait de la protection des pèlerins se rendant en Palestine. Avec la disparition des États croisés au Proche-Orient, les Templiers se replient sur l’Europe, où ils possèdent de nombreuses commanderies, qui sont pour la plupart des exploitations agricoles bien gérées dont l’argent était destiné à la “Terre sainte”.
Sous l’autorité exclusive du pape et donc indépendants de toute autorité temporelle (des seigneurs et des rois), riches, les Templiers suscitent l’hostilité du roi de France Philippe le Bel (1285 – 1314) qui les fait arrêter le 13 octobre 1307 par les baillis et les sénéchaux, alors que Jacques de Molay, le grand maître de l’ordre, est en France.
Pour calmer la discorde avec le roi de France, le pape, qui est alors le Français Clément V, dissout l’ordre du Temple le 22 mars 1312 au concile de Vienne. L’ordre de l’Hôpital récupère la majeure partie de ses richesses.
La légende de la malédiction prononcée par Jacques de Molay contre le roi de France a inspiré Maurice Druon pour ses Rois Maudits.
1309 : installation de la papauté à Avignon
Clément V, pape français intronisé à Lyon, est élu par un conclave sous pression de Philippe le Bel. C’est un pape plus ouvert aux influences du roi de France que Boniface VIII (1294 – 1303), et qui introduit nombre de cardinaux français.
Il refuse de rejoindre Rome et s’installe à Avignon en 1309. Les cinq papes suivants, tous français, l’imiteront. Avignon devient donc le centre de la Chrétienté au XIVe siècle. Après la mort de Urbain V (1362 – 1370), Grégoire XI (1371 – 1378), le dernier pape français, retourne à Rome.
Benoît XII (1335 – 1342) décide la construction de ce qui est resté le plus beau témoignage de cette période : le palais des Papes, un des plus grandioses exemples d’architecture gothique.
1337 : début de la guerre de Cent Ans
La guerre de Cent Ans, appellation du XIXe siècle, est une longue période d’affrontements entre deux puissances qui se disputent le territoire de la France actuelle : les Valois (Capétiens) et les Plantagenêts. Bien qu’ils dirigent l’Angleterre, ces derniers ont de profondes attaches en France. Cet affrontera ne s’arrêtera qu’au milieu du XVe siècle, avec la victoire des Valois.
À ce conflit s’est ajouté la Peste noire ( 1347 – 1352) et une grave crise économique qui ont durement éprouvé les populations.
26 août 1346 : bataille de Crécy
La bataille de Crécy est le premier affrontement de conséquence de la guerre de Cent Ans. Le roi de France Philippe VI (r. 1328 – 1350), à la tête d’une imposante armée, poursuit les troupes plus réduites d’Édouard III (r. 1327 – 1377).
Les Anglais se préparent sur un terrain favorable à combattre les Français près de Crécy-en-Ponthieu (Somme). Ils infligent une défaite humiliante au roi de France, dont la chevalerie, lourdement équipée, ne peut rien faire contre la pluie des archers anglais (doté de longbows, arcs longs anglais). L’indiscipline française et l’inadaptation de sa tactique, fondée sur les charges de chevalerie, coûtent au royaume une lourde défaite.
Édouard III n’exploite pas son avantage pour prendre Paris, mais se dirige vers Calais qu’il assiège et qu’il occupe (1347). Le royaume de France ne récupérera la ville qu’en 1558.
Humbert II, Dauphin de Viennois (1333 – 1349) vend son fief, le Dauphiné, dont la capitale est Grenoble, au roi de France Philippe VI (1328 -1350). Cependant, le Dauphiné est fait apanage du fils aîné du roi de France, l’héritier de la couronne. Ainsi, ce dernier porte le titre de Dauphin.
19 septembre 1356 : défaite de Poitiers et Jean capturé
Cette deuxième bataille de Poitiers, moins célèbre que celle de 732, sort naturel d’une défaite, est un désastre pour le royaume de France.
Pour arrêter les incursions et les pillages d’Édouard de Woodstock, le fils d’Édouard III, le roi de France Jean II (1350 – 1364) le poursuit pendant un mois pour l’affronter finalement à Maupertuis, au sud de Poitiers. Comme à Crécy, la chevalerie française est humiliée par les archers anglais. Elle sort de cette défaite humiliée et discréditée.
Pire encore, le roi est fait prisonnier, fait inédit dans l’histoire de France. Cette captivité longue de quatre ans ébranle le pouvoir et donne naissance à une grave crise de la monarchie que doit affronter le jeune dauphin Charles, alors âge de dix-huit ans. La bourgeoisie tente, autour d’Étienne Marcel, de réformer la monarchie pour la contrôler et la “Grande Jacquerie” éclate dans les campagnes en 1358.
Autre conséquence catastrophique de la bataille de Poitiers : le traité de Brétigny, conclu le 8 mai 1360, écrase le royaume d’une rançon de 3 millions d’écus pour la libération du roi et cède un tiers du royaume à Édouard III.
1357 : Grande Ordonnance
En l’absence de son père, le dauphin Charles, 18 ans, est chargé de la conduite du royaume. Il subit rapidement les contrecoups de l’affaiblissement de la monarchie. En effet, l’assemblée de notables réunie aux États de Languedoïl d’octobre 1356 s’oppose violemment à lui.
L’évêque de Laon, Robert le Coq, séide de Charles de Navarre, demande la libération immédiate de son maître. Étienne Marcel, prévôt des marchands de Paris, demande, lui, la réformation de l’État, ce qui inclut l’écartement des corrompus, la fin des abus et surtout, un contrôle accru de la monarchie par les trois ordres au moyen du conseil.
Les États accordent cependant au dauphin Charles des subsides pour la guerre. Charles revient à Paris en février 1357, après avoir demandé sans succès de l’aide à l’empereur Charles IV pourtant son oncle. Par grande ordonnance, il cède aux exigences des États et introduit leurs délégués dans le Conseil royal. Jean II désavoue son fils. Charles de Navarre est en outre libéré.
22 février 1358 : émeute d’Étienne Marcel
Réunis en février 1358, les États de Paris demandent l’interdiction des assemblées locales pour leur substituer une assemblée unique pour la Languedoïl. La bourgeoisie parisienne cherche en effet à soumettre la monarchie à ses intérêts, en éliminant le contrepoids que représentent les États provinciaux dont l’objectif est avant tout de contrôler la perception et l’utilisation des subsides demandés 19.
Le 22 février, Étienne Marcel, prévôt des marchands de Paris, organise une émeute contre le gouvernement et pour impressionner le dauphin. Deux maréchaux, Robert de Clermont, maréchal de Normandie, et Jean de Conflans, maréchal de Champagne, sont tués alors qu’ils voulaient protéger Charles. Ce dernier, terrorisé, approuve les meurtres.
Mai 1358 : Grande Jacquerie
Les soulèvement des Jacques (c’est-à-dire paysans) contre la noblesse partent du Beauvaisis à partir de fin mai 1358. Ils se répandent en Picardie, en Champagne et dans le nord de l’Île-de-France. Ils n’obtiennent cependant aucun soutien d’Étienne Marcel, tandis que Charles de Navarre les réprime.
2 août 1358 : le dauphine Charles entre dans Paris
Charles prend le titre de régent et quitte Paris. Il réunit les États de Languedoïl à Compiègne le 4 mai, en l’absence des Parisiens.
La rébellion d’Étienne Marcel est isolée. Fort du soutien des États de Compiègne, le régent avance jusqu’à Paris. Étienne Marcel demande alors de l’aide aux villes flamandes : il se présente comme le champion du combat des non-nobles contre les nobles20.
Tentative infructueuse. Étienne Marcel introduit alors des soldats anglais dans Paris, ce qui fait chuter sa popularité. Le 31 juillet, il est assassiné avec ses lieutenants. Le 2 août 1358, le régent Charles entre dans Paris. La « révolution parisienne » a échoué.
5 décembre 1360 : le franc à Cheval
Pour payer la rançon de Jean II, l’ordonnance de Compiègne du 5 décembre 1360 décide l’émission du “franc à Cheval”, première monnaie à porter le nom “franc”. Ce mot renvoie à l’affranchissement du roi des Anglais.
Il est “à cheval” car la pièce représente le roi sur son cheval, en armure.
Dans le chaos de la guerre de Cent Ans, l’émission d’une monnaie d’or de bonne qualité équivalent à une livre tournois a marqué les mémoires.
19 juin 1369 : constitution de “l’État bourguignon”
Philippe II (duc de Bourgogne de 1363 à 1404), fils du roi Jean II, reçoit de son père le duché de Bourgogne puis, grâce à son mariage le 19 juin 1369 avec Marguerite III de Flandre, les comtés de Bourgogne, de Flandre, de Nevers, d’Artois et de Rethel. “L’État bourguignon” naît.
Cet État, qui est en réalité un agglomérat de seigneuries, va permettre au quatre ducs de la dynastie Capétien-Valois qui en assurent la direction de jouer un rôle important dans les affaires du temps : Philippe II, Jean Ier (“Jean sans Peur” 1404 – 1419), Philippe II (“Philippe le Bon” 1419 – 1467) et Charles (“Charles le Téméraire” 1467 – 1477).
Profitant de la richesse du comté de Flandre, les ducs de Bourgogne seront des protagonistes influents de la guerre de Cent Ans Sous Philippe II et Charles, les ducs de Bourgogne cherchent à émanciper leurs possessions pour les constituer en Lotharingie renaissante. Ce projet échouera cependant.
1394 : expulsion “définitive” des Juifs de France
Depuis les Croisades, les Juifs de France font l’objet de violences spontanées, puis de mesures vexatoires du pouvoir royal (notamment sous Saint-Louis) et de conversions forcées. Avant l’expulsion de 1394, les Juifs sont victimes de six expulsions, dont la plus importante est celle de 1306 par Philippe le Bel (qui aurait provoqué la fuite d’au moins 75 000 Juifs hors du royaume de France).
C’est alors une communauté puissante. Rachi, célèbre commentateur de la Bible et du Talmud, était par exemple établi à Troyes. L’expulsion de 1394 est décidée par une loi du 17 septembre. Le roi Charles VI (1380 – 1422) la veut définitive, sans exception ni privilège. Les Juifs sont alors accusés d’être responsables des difficultés et de la famine en cette période difficile de la guerre de Cent Ans.
Ils ont jusqu’au 3 novembre pour partir. Après cette date, il n’existe officiellement plus de Juifs dans le royaume de France. La plupart fuient vers l’Allemagne, la Savoie ou l’Orient. L’expulsion de Juifs n’est pas propre à la France : l’Angleterre les expulse en 1290, et les rois de l’Espagne reconquise, Isabelle Ferdinand, les expulse par édit le 31 mars 1492.
1405 : La Cité des dames de Christine de Pisan
Christine de Pisan (vers 1365 – 1430) est la première grande polygraphe française. Arrivée très jeune de Venise, fille de l’astrologue de Charles V (dates), elle est rapidement veuve du secrétaire du roi Étienne de Castel (morte en 1387) et doit assumer la charge de sa famille.
Instruite, proche du pouvoir et membre de la couche supérieure de la société, elle dirige un atelier de copistes et bénéficie notamment de commandes princières. Elle produit en parallèle une œuvre abondante et variée, de la poésie au traité militaire. Dans ses écrits, elle critique la mysoginie d’un Boccace ou que l’on trouve dans la deuxième partie du Roman de la rose.
Dans deux livres, La cité des dames (publié 1405) et Le Livre des trois vertus ou Trésor de la cité des dames (1405-1406), elle présente le rôle effectif et utile des femmes dans la société française et les introduit sur la scène publique. Femme de la guerre de Cent Ans, elle prend le parti du roi (celui des “vrais Français”) et doit se réfugier dans un monastère après la prise de Paris par les Bourguignons en 1418. Une de ses dernières œuvres est un poème en honneur de Jeanne d’Arc.
25 octobre 1415 : bataille d’Azincourt
Azincourt est une des défaites les plus célèbres, ou la plus célèbre de l’histoire de France.
Les 8000 Anglais de Henri V, bien positionnés à l’endroit le plus étroit de la plaine, vainquent une armée de 15 000 Français. Ces derniers comptent 5000 à 6000 morts. Nombre de prisonniers sont égorgés.
Après Crécy en 1346 et Poitiers en 1356, la chevalerie français est de nouveau humiliée par la tactique anglaise.
8 mai 1429 : Orléans délivrée par Jeanne d’Arc
Jeanne d’Arc arrive à Chinon fin février ou début mars 1429. Là, elle est autorisée à rencontrer le roi de France, Charles VII (r. 1422 – 1441) qu’elle convainc de l’équiper. Une enquête théologique conclut à l’orthodoxie des voix divines qui l’inspirent. Elle quitte Blois le 28 avril après avoir sommé ses adversaires de « rendre France » au nom du « roi de France ». Elle connaît son premier succès en reprenant une place stratégique, Orléans, des mains des Anglais. Elle tire de ce fait d’arme son surnom de “pucelle d’Orléans”.
30 mai 1431 : Jeanne d’Arc brûlée
Le 23 mai 1430, à Compiègne, Jeanne d’Arc est faite prisonnière. Vendue 10 000 livres aux Anglais par Jean de Luxembourg, elle est jugée à Rouen par un tribunal d’inquisition présidé par l’évêque de Beauvais Pierre Cauchon. À l’issue de son procès débuté le 21 février 1431, elle est condamnée comme « hérétique, relapse, apostate et idolâtre » , livrée aux Anglais puis brulée le 30 mai 1431.
Naît alors des figures symboliques et patriotiques les plus influentes de l’histoire de France. Canonisée en 1920, elle est fêtée le 12 mai.
7 juillet 1438 : Pragmatique Sanction de Bourges
La Pragmatique Sanction est une ordonnance du roi de France Charles VII (1422 – 1461). Elle publiée à Bourges au cours d’une assemblée du clergé français, le 7 juillet 1438, puis acceptée par le concile l’année suivante. Cette ordonnance limite grandement le pouvoir du pape, alors Eugène IV (1431 – 1447). En effet, la Pragmatique Sanction rétablit le droit de nomination des évêques par les chanoines et des abbés par les religieux au détriment du droit de nomination du pape.
Dans les fait, le roi recommande ses candidats aux élections, et fait pression sur les électeurs. Elle réduit en outre les revenus perçus par le pape en France (suppression des annates, année de recette que les nouveaux abbés ou évêques devaient verser au Saint-Siège.)
La Pragmatique Sanction est le premier grand pas du gallicanisme, doctrine selon laquelle l’Église de France est autonome par rapport au pape. En effet, les conciles de l’Église de France sont reconnus comme supérieurs à l’autorité de Rome.
Elle renforce le pouvoir du roi sur une Église qui est représentée comme étant dans l’État. Inacceptable pour le pape, elle sera plusieurs fois annulée puis rétablie jusqu’au concordat de Bologne.
1438 : Jacques Cœur, Grand Argentier du royaume de France
Jacques Cœur (vers 1395 – 1456), d’abord maître des monnaies à Bourges, là où siège le roi Charles VII (1422 – 1461), devient en 1438 l’argentier du royaume. L’argenterie consiste à fournir la cour en fournitures, comme des bijoux, des meubles et des vêtements. Cependant, la position de Jacques Cœur lui permet de s’enrichir considérablement et devenir l’un des plus influents personnages de l’État.
Le public permet d’enrichir le privée, à une époque où la distinction n’est pas encore bien établie. Créancier et banquier du roi et d’une aristocratie endettée, il organise son commerce d’approvisionnement dont les ramifications s’étendent à la Méditerranée. Il dirige ainsi un réseau de comptoir d’approvisionnements et possède, en 1451, sept navires qui servent ses opérations d’import et d’export.
Ses activités s’étendent à d’autres domaines : il perçoit des revenus fiscaux de Languedoc, possède des armuries à Bourges, une manufacture à Florence, il organise la production de laine dans le Berry, etc.
Pour l’organisation de son commerce, il utilise en outre les techniques financières les plus modernes de son temps. Une telle activité lui permet de tisser un réseau de relations auprès des puissants : il est proche de roi René, du roi Alphonse V d’Aragon et du pape Nicolas V (1447 – 1455). “L’esprit d’entreprise” de Jacques Cœur a fait la fascination pour cet aventurier romanesque.
Sa chute, brutale, a construit sa légende : il est arrêté par ordre du roi en 1451, puis condamné en 1453. Cette ascension manquée ne peut manquer de rappeler celle de Nicolas Fouquet, deux siècles plus tard. Jacques Cœur parvient cependant à s’enfuir grâce à ses relations et meurt sur l’île de Chios en 1456. Ce destin a constitué un mythe: celui de l’incapacité française à considérer ses entrepreneurs, sa méfiance à l’égard des grandes réussites individuelles et la trop grande liaison de l’économie au bon vouloir de l’État.
Il faut cependant noter que l’ascension de Jacques Cœur a été permise par sa position de puissant, et que l’argent qu’il mobilisait était investi avant tout dans l’État et dans des activités plus traditionnelles (comme la terre). Enfin, Jacques Cœur laisse en héritage un superbe hôtel particulier à Bourges, le palais Jacques-Cœur, de style gothique flamboyant.
4 août 1443 : fondation de l’hospice de Beaune par Nicolas Rolin
Nicolas Rolin (vers 1376 – 1462), riche chancelier du duc de Bourgogne Philippe le Bon (de 1419 à 1467), et sa femme Guigogne de Salins, prennent l’initiative de la création d’un Hôtel-Dieu afin de soigner les malades et s’occuper des indigents, œuvre de charité chrétienne. Les Hospices de Beaune sont nées.
L’établissement est achevé en 1457 et existe toujours aujourd’hui. Il reste célèbre pour son architecture gothique flamboyant et ses superbes toits de tuiles vernisées polychromes. Les hospices sont en outre propriétaire d’un domaine viticole de 60 hectares.
Le 3e dimanche de novembre, le vin qui en est tiré est vendu aux enchères pour financer les activités de l’hôpital.
26 mai 1445 : création des compagnies d’ordonnance
L’ordonnance de Louppy-le-Châtel du 26 mai 1445 crée 15 compagnies d’ordonnance, formations militaires dirigées chacune par un capitaine. Chaque compagnie comte cent lances, une unité de base, et chaque lance compte six hommes : trois archers, un homme d’armes, un auxiliaire armé (le coutilier) et un page, qui n’est pas un combattant.
Ce sont des soldats montés. Ce sont les premiers unités permanentes de l’armée royale, qui reposait surtout sur la convocation du ban et de l’arrière-ban (les vassaux du roi, et les vassaux des seigneurs) et sur les mercenaires, indisciplinés et coûteux. En 1448, on décide en outre que les non-nobles fourniront un combattant par paroisse, qui doit se battre pour le roi avec un arc ou une arbalète.
C’est la milice des « francs-archers » qui constitue une infanterie de réserve de plusieurs milliers d’hommes. Enfin, sous la direction de Jean et Gaspard Bureau, des bandes d’artillerie de campagne sont constituées pour les sièges des places et les batailles rangées
17 juillet 1453 : bataille de Castillon
La victoire de Formigny du 15 avril 1450 a éloigné la Normandie des ambitions anglaises. Charles VII dirige désormais ses efforts vers la conquête de la Guyenne. Les Français rencontrent les Anglais de John Talbot, débarqué à Bordeaux, à Castillon, le 17 juillet 1453.
La puissante armée française, servie par ses compagnies d’ordonnances et la meilleure artillerie d’Europe, vainc ses adversaires. Talbot y laisse la vie. La Guyenne est reprise.
L’Aquitaine intègre pleinement le royaume de France. La guerre de Cent Ans s’endort. Elle ne prendra vraiment fin qu’au traité de Picquigny du 29 août 1475.
1463 : disparition de François Villon
François de Montcorbier, dit François Villon, né vers 1431, est le plus célèbre poète du Moyen Âge français. Son image de poète malfaiteur a construit sa légende de “poète maudit” avant l’heure. Coupable du meurtre d’un prêtre et de vols, toujours menacé d’emprisonnement et pendaison, il joue sur les thèmes du testament et du legs en s’amusant de sa fin prochaine.
Frères humains, qui après nous vivez, N’ayez les cueurs contre nous endurciz, Car, si pitié de nous pouvres avez, Dieu en aura plustost de vous merciz. Vous nous voyez cy attachez cinq, six : Quant de la chair, que trop avons nourrie, Elle est pieça devorée et pourrie, Et nous, les os, devenons cendre et pouldre. De nostre mal personne ne s’en rie, Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre !
On perd sa trace après son bannissement de Paris alors qu’il a 31 ou 32 ans.
Vers 1476 : Impressions en français par Colard Mansion
Gutenberg (vers 1400 – 1468) développe à Mayence en Allemagne, au milieu du XVe siècle, une invention aux effets révolutionnaires : l’imprimerie. À l’instar de l’invention de l’alphabet, elle permet une diffusion massive de l’écrit et des idées.
Cette invention se diffuse rapidement en Europe, d’abord en Italie puis en France, à Paris et à Lyon. Colard Mansion passe pour introduit vers 1476 la presse typographique à Bruges. Au cours de ses années d’activités, de 1457 à 1484, il imprime la plupart de ses livres en français du XVe siècle.
Parmi eux, on trouve par exemple le Jardin de dévotion de Pierre d’Ailly ou la La consolation de philosophie de Boèce. Colard Mansion : est ainsi l’un des premiers imprimeurs connus de livres en français.
1476 : création des relais de poste
La date de la naissance des relais de poste est généralement placée à la prise de l’édit de Luxies du 19 juin 1464. Mais ce texte semble être un faux créé en 1660. À partir de 1476, sous Louis XI (1461 – 1483), des relais sont installés sur les routes des postes royales pour fournir des montures fraiches aux chevaucheurs et accélérer ainsi l’acheminement du courrier. La poste royale fut ensuite progressivement ouverte au commun. En 1672, sous Louis XIV (1643 – 1715), le ministre Louvois créé une« Ferme générale des Postes ».
1481 : union de la Provence au royaume de France
La Provence est depuis 1246 sous l’autorité de la maison d’Anjou, une maison capétienne. Elle donc est depuis longtemps intégrée au royaume. René d’Anjou (1409 – 1480), qui est comte de Provence, sert par exemple Charles VII pendant la guerre de Cent Ans. Le comte de Provence, qui a perdu son fils, cède dans son testament le comté à Charles du Maine. Ce dernier meurt un an plus tard.
Il avait désigné le roi de France, Louis XI, comme héritier. La Provence est donc unie au royaume de France et peut conserver ses traditions et institutions selon les termes de la “Constitution provençale”. Cependant, l’organisation du comté sera remaniée au XVIe siècle et le français est imposé par l’ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539, au détriment du latin et du provençal.
23 décembre 1482 : Bourgogne et Picardie intègrent le royaume de France
Charles le Téméraire, à la tête du puissant “État bourguignon”, meurt en 1477. Le rêve de renaissance de la Lotharingie carolingienne s’évanouit. Louis XI perd un rival. Le roi de France et l’empereur germanique, marié à l’héritière du duché Marie de Bourgogne (1477-1482), luttent alors pour s’emparer des terres bourguignonnes.
Le traité d’Arras, signé le 23 décembre 1482, puis celui de Senlis du 23 mai 1493, règlent la guerre de succession de Bourgogne. Le royaume de France récupère la Bourgogne et la Picardie. Mais le règlement imparfait et complexe de la question de l’héritage bourguignon sera un objet de contentieux qui aura des conséquences importantes sur les relations entre la France et l’Empire aux XVIe et XVIIe siècles.
1494 – 1559 : les guerres d’Italie
À la fin du XVe siècle, la péninsule italienne est une des régions les plus riches et les plus peuplées d’Europe. Ses cités sont en outre le foyer de la Renaissance, période de renouveau culturel. Néanmoins, l’Italie, divisée en une multitude de petits États rivaux, est à la merci des grandes puissances étrangères qui essaient d’y exercer leur influence.
Parmi elles, la France, l’Espagne et les Habsbourg. Le 25 janvier 1494, Charles VIII (r. 1483 – 1498) traverse les Alpes pour faire valoir ses droits sur le royaume de Naples. Commence alors un demi-siècle de conflits, dont les épisodes les plus célèbres sont les batailles d’Agnadel, Fornoue, Marignan et Pavie.
Les guerres d’Italie ne prennent fin qu’avec les traités du Cateau-Cambrésis signés en avril 1559. La présence français en Italie a accéléré la diffusion de la Renaissance en France et du goût italien (dont les châteaux de la Loire sont un des plus beaux témoignages). Elles sont le théâtre du développement de l’artillerie et des armes à feu.
23 février 1515 : introduction du jus soli
Un arrêt du parlement de Paris du 23 février 1515 accorde la qualité de sujet du roi de France aux enfants nés de parents étrangers en France. Le droit du sol, jus soli en latin, est introduit dans le droit français; Le 3 juillet 1315, une décision du roi Louis X déclarait libre tout esclave touchant le sol de la France.
13 et 14 septembre 1515 : bataille de Marignan
Marignan est la “grande date” la plus célèbre de l’histoire de France. Elle symbolise à elle seule le “récit national”, celui des grands événements, appris par cœur par les écoliers d’autrefois. François Ier (1515 – 1547), jeune roi guerrier sacré le 25 janvier 1515, fait valoir sur ses droits sur le duché de Milan.
La monarchie est alors dans ses ambitions italiennes. L’armée du roi franchit les Alpes avec environ 35 000 hommes (dont de nombreux lansquenets allemands) et 72 pièces d’artillerie. Elle fait face le 13 septembre à Marignan (Melegnano), au sud de Milan, à une armée de mercenaires suisses défendant le duché de Milan. Les soldats suisses, qui se battent avec des piques en phalanges, sont alors des soldats craints et respectés. François Ier triomphe après 16 heures de combats et plus de 10 000 morts du côté ennemi, ce qui fait de Marignan une bataille à la violence inédite.
Cette victoire permet au royaume de France de contrôler (temporairement) la Lombardie. Elle débouche en outre le sur le concordat de Bologne et le traité de Fribourg, une “paix perpétuelle” signée entre la France et la Suisse qui ne sera brisée qu’à la Révolution. Marignan est en outre exploitée par la propagande royale : François Ier en tire l’image d’un roi-chevalier et courageux devant l’ennemi.
18 août 1516 : concordat de Bologne
Le concordat est un texte qui règle les rapports entre l’Église et l’État royal français. Négocié par un François Ier placé en position de force par sa victoire de Marignan du 14 septembre 1515, il règle le conflit ouvert entre la papauté et le royaume de France par la Pragmatique Sanction de 1438. Le roi peut désormais choisir directement les évêques et les abbés.
Le pape les confirme ensuite, ce qui restaure, symboliquement, sa prééminence spirituelle. Le roi de France est donc le chef de temporel de son Église. En échange, le pape bénéficie du rétablissement des annates (année de recette que les nouveaux abbés ou évêques devaient verser au Saint-Siège). Le concordat met aussi fin à la reconnaissance de la supériorité de l’autorité des conciles de l’Église de France sur celle du pape.
Malgré l’opposition du Parlement de Paris et des gallicans, le royaume de France et la papauté trouvent un modus vivendi qui fonctionnera jusqu’à la Révolution. Le risque de schisme est écarté. La France, catholique, ne rompra pas avec Rome, comme l’Église anglicane en 1534. C’est heureux pour le pape : Martin Luther affiche ses 95 thèses à Wittenberg le 30 octobre 1517.
6 septembre 1519 : début de la construction de Chambord
La château de Chambord est probablement le plus illustre et le plus impressionnant château de la Loire. Il préfigure Versailles par sa majesté : 128 mètres de façade, 426 pièces, 282 cheminées, 77 escaliers et un parc de 5500 hectares, soit la taille de la ville de Paris. Cet écrin est l’œuvre de la volonté de François Ier (1515 – 1547).
Le jeune roi décide en 1519 de bâtir sur des terres marécageuses situées à environ 15 km à l’est de Blois une résidence de chasse, mais aussi une merveille architecturale qui puisse impressionner les princes d’Europe. Cependant, il ne verra jamais l’œuvre achevée : le château tel que nous le connaissons est terminé en 1685, sous le règne de Louis XIV.
Ceci explique qu’il n’y vécut pas, ou très peu, lui préférant le château de Fontainebleau. Il n’empêche, Chambord conserve le souvenir du règne du roi de la Renaissance française. En effet, le salamandre, son emblème (qui symbolisait sa devise, nutrisco et extinguo, « je nourris le bon feu, j’éteins le mauvais »), y est incrusté plus de 300 fois. L’inachèvement du château n’empêche pas non plus le roi d’y recevoir son grand rival, Charles Quint, en 1539.
L’architecture du château est à la confluence des influences du Moyen-Âge et de la Renaissance italienne. En effet, Chambord compte un carré central à quatre tours rondes à chaque angle qui entourent un donjon ainsi qu’un mur d’enceinte de 32 km de long qui entoure le domaine. L’influence italienne se manifeste par la présence de loggias, de terrasses, d’escaliers extérieures et plafonds à caissons.
Attraction majeure du château, l’escalier à double révolution, « escalier magique », permet au visiteur de monter et de descendre par deux escaliers qui tournent dans le même sens sans jamais se croiser. Les jardins du château, qui comptent plus 600 arbres, 800 arbustes, 200 rosiers, 15 250 plantes délimitant les bordures et 18 874 m² de pelouses, on fait l’objet d’une restauration entre 2016 et 2017.
Le parc, qui compte la plus grande forêt close de France, inclut une forêt très giboyeuse : c’est une réserve nationale de faune sauvage et de chasse. Le château de Chambord est classé monument historique depuis 1840 et inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1981. Depuis 1930, le domaine est la propriété de l’État : le domaine national de Chambord comprend le château, la forêt et le village.
24 février 1525 : bataille de Pavie
La bataille de Pavie est un des grands épisodes de la rivalité entre Charles Quint, l’empereur Habsbourg, et François Ier; C’est une défaite cinglante pour François Ier, qui est fait prisonnier. Il écrit ces mots restés célèbres dans une lettre à sa mère Louise de Savoie :
Tout est perdu, fors l’honneur.
Le roi est emmené en captivité à Madrid pendant un an. Elle se termine par un traité signé en février 1526 dans lequel il s’engage à restituer la Bourgogne à Charles Quint, qui est duc de Bourgogne. Mais ce traité n’est pas respecté par le roi. Si la bataille de Pavie lamine la présence française en Italie, elle n’a pas les conséquences désastreuses de la bataille de Poitiers de 1356, à l’issue de laquelle Jean II avait été capturé. Le royaume est notamment préservé d’une invasion étrangère.
L’écrivain Jean Giono s’est emparé du sujet pour en faire un livre célèbre, Le désastre de Pavie.
1530 : fondation du collège de France
L’invention de l’imprimerie, l’esprit de la Renaissance et les explorations mondiales européennes entraînent une explosion de la diffusion des savoirs, une redécouverte des langues antiques, un intérêt pour les langues orientales et pour la science en train de naître. Cependant, les universités, qui suivent encore leur fonctionnement médiéval, n’intègrent pas de nouveaux enseignements. Il faut donc les contourner. En 1518, à Louvain, Jérôme Busleiden fonde le Collège des trois langues.
On y traduit des textes latins, hébreux et grec. Ce mouvement atteint la France. Sur les conseils de Guillaume Budé, humaniste français et maître de la librairie du Roi, François Ier institut des “lecteurs royaux”. Ces lecteurs ne sont ni des docteurs de l’université ni des maîtres, et ne font donc pas concurrence à l’université. Ils enseignent des matières nouvelle : deux lecteurs enseignent le grec, trois l’hébreu, un les mathématiques puis, à partir de 1534, un pour l’éloquence latine.
À la fin du XVI, on introduit l’étude de l’arabe. Cette institution, d’abord nommée Collège des trois langues, puis Collège royal à partir de 1545, perdure tout au long de l’histoire de France. Elle acquiert ses bâtiments en 1610 seulement. Le Collège devient “national” sous la Révolution, puis “impérial” sous Napoléon et puis prend enfin son nom “de France” à l’avènement de la IIIe République. Au fil des siècles, le Collège de France, institution de recherche et d’enseignement, ouverte aux savoirs novateurs, s’enrichit de nouvelles chaires.
Gassendi, Ampère, Quinet, Michelet, Champollion, Berthelot, Irène Curie, Bergson, Lévi-Strauss ou Dumézil font partie des noms prestigieux qui y ont enseignés.
7 août 1532 : Union du duché de Bretagne au royaume de France
La Bretagne est, depuis sa constitution en duché au Xe siècle, un État indépendant soumis à l’influence de ses voisins anglais, normand et français. Cette entité est une vraie menace pour le royaume de France, seul État avec lequel elle partage une frontière continentale. Pendant la guerre de Cent Ans, la France entre sporadiquement en guerre avec le duché.
À la fin du XVe siècle, une longue série de conflits oppose encore les deux pays au cours de la “guerre de Bretagne”. En même temps, les convergences culturelles entre la Bretagne et la France sont nombreuses. Son intégration au royaume est un objectif essentiel pour sécuriser et renforcer la France. Après avoir défait les armées du duché, le roi de France Charles VIII (1483 – 1498) épouse la duchesse de Bretagne Anne (1488 – 1514) le 6 décembre 1491, dans l’intention de neutraliser cette entité. Charles VIII meurt en 1498 mais le contrat avait prévu que la duchesse devrait épouser son successeur. Anne de Bretagne épouse ainsi Louis XII (1498 – 1515) le 8 janvier 1499. Elle conserve néanmoins le gouvernement de la Bretagne, qu’elle occupe effectivement.
Elle meurt en 1514. La fille d’Anne de Bretagne et de Louis XII, Claude de France, mariée à François d’Angoulême, le futur François Ier, le 18 mai 1514, fait don à son époux du duché de Bretagne en 1515. Les états de Vannes acceptent cette union en 1532, après une visite de François Ier qui a fait bénéficier les élites de ses largesses financières.
L’édit d’Union est signé à Nantes le le 13 août 1532. Le 3 septembre 1532, l’édit d’Union est promulgué au Plessis-Macé. Cet édit garantit une large autonomie, fiscale, judiciaire et ecclésiastique de la province jusqu’à la Révolution (à laquelle elle fournira nombre de révolutionnaires). Le parlement de Bretagne est créé en 1554 à Nantes, puis installé à Rennes en 1561.
1532 – 1534 : Pantagruel et Gargantua
L’œuvre de François Rabelais (fin du XVe siècle – 1553) a profondément pénétré dans la culture française. Cet écrivain et médecin humaniste, lecteur des textes de la Grèce antique en langue originelle, figure dans les mémoires comme un érudit de la Renaissance, en conflit avec l’Église, doublé d’un écrivain critique de la société, satirique, farceur et paillard.
Ses deux personnages principaux, Pantagruel et Gargantua, font désormais partie du vocabulaire français (“pantagruélique” pour un gros mangeur, gargantuesque) ainsi que d’autres de ses inventions verbales (“substantifique moelle” par exemple).
Ses livres (Pantagruel, Gargantua, Le Tiers livre, le Quart livre et le Cinquième livre à l’attribution plus douteuse) ont influencé les plus grands écrivains français, de La Bruyère à Céline, en passant par Voltaire, Chateaubriand ou Balzac.
15 août 1534 : naissance des Jésuites
Ignazio Loiolakoa, alias Ignace de Loyola (1491 – 1556), fonde, avec six compagnons (Pierre Favre, François Xavier, Diego Laynez, Simão Rodriguez, Alonso Salmerón, Nicolás Bobadilla) l’ordre des Jésuites à l’occasion d’un messe célébrée à Montmartre à Paris en 1534. Leur devise est Ad maiorem Dei gloriam (Pour la plus grande gloire de Dieu).
L’ordre est reconnu par le pape dans la bulle Regimini militantis ecclesiae en 1540. Spécialisé dans l’éducation, l’ordre connaît un développement remarquable en Europe et dans le monde. Descartes, Corneille ou De Gaulle ont fait partie de ses élèves, et le pape François, élu le 13 mars 2013.
1534 : premier voyage de Jacques Cartier
Jacques Cartier (1491 – 1557), navigateur malouin, reçoit de François Ier l’ordre d’aller « de ce royaume ès Terres Neufves pour découvrir certaines ysles et pays où l’on dit qu’il se doibt trouver grant quantité d’or et autres riches choses ».
Poursuivant l’œuvre de Giovanni da Verrazzano, qui explorait déjà les côtes américaines pour le compte de François Ier, Jacques Cartier part pour un premier voyage le 20 avril 1534, à la tête de deux navires et 61 hommes.
Il arrive sur l’île de Terre-Neuve dès 10 mai. Avec ses deuxième (1535 – 1536) et troisième voyages (1541 – 1542), il permet aux Européens d’identifier le golfe du Saint-Laurent, et de commencer l’appropriation du “Canada”, nom d’origine iroquoise.
Février 1536 : alliance franco-ottomane
Les Ottomans de Soliman le Magnifique se sont rapprochés dangereusement des possessions autrichiennes des Habsbourg après avoir écrasé les Hongrois à Mohacs en 1526. François Ier saisit l’opportunité et s’allie en février 1536 avec cette puissance musulmane contre son rival Charles Quint, suscitant un scandale en Europe chrétienne.
Ainsi, les flottes françaises et ottomanes, dirigées par Barberousse, ont mené des actions armées communes. Les accords signés entre le royaume de France et l’Empire ottoman donnent naissance au modèle des “capitulations” , des privilèges reconnus à des étrangers.
28 décembre 1537 : dépôt légal
Des lettres patentes de François Ier signées le 28 décembre 1537 à Montpellier instituent le dépôt légal, obligation qui existe toujours aujourd’hui. Cette législation créé une librairie royale sise d’abord à Blois, puis à Fontainebleau et enfin à Paris, ainsi que l’obligation pour les éditeurs et imprimeurs de présenter un exemplaire de chaque ouvrage produit dans cette librairie.
À sa création, le dépôt légal a deux raisons d’être : rassembler dans la librairie du roi « toutes les œuvres dignes d’être vues », mais aussi contrôler les idées, surtout religieuses, en ce siècle d’émergence du protestantisme. Ce dernier objectif est confirmée par un second texte produit à Varennes-sur-Allier le 17 mars 1537. Cette obligation n’est vraiment appliqué qu’un siècle plus tard. Elle n’est que brièvement interrompue à la Révolution. Le dépôt légal est aujourd’hui défini à l’article L131-2 du Code du patrimoine :
Les documents imprimés, graphiques, photographiques, sonores, audiovisuels, multimédias, quel que soit leur procédé technique de production, d’édition ou de diffusion, font l’objet d’un dépôt obligatoire, dénommé dépôt légal, dès lors qu’ils sont mis à la disposition d’un public.
Le conception est repris par l’UNESCO en 1945 pour le monde entier.
6 septembre 1539 : ordonnance de Villers-Cotterêts
“L’Ordonnance générale sur le fait de la justice”, composée de 192 articles, a été signé par François Ier dans sa résidence royale de Villers-Cotterêts. Cette ordonnance importante, qui reprend des dispositions d’ordonnances précédentes, réforme en profondeur la justice en France en prenant des dispositions sur la procédure dans les juridictions royales ainsi que des mesures de police.
Elle reste célèbre pour ses articles 110 et 111 qui cherchent à imposer la langue française dans des actes de justice.
Et pour ce que telles choses sont souvent advenues sur l’intelligence des mots latins contenus esdits arrests, nous voulons d’oresnavant que tous arrests, ensemble toutes autres procédures, soient de nos cours souveraines et autres subalternes et inférieures, soient de registres, enquestes, contrats, commissions, sentences, testaments, et autres quelconques, actes et exploicts de justice, ou qui en dépendent, soient prononcés, enregistrés et délivrés aux parties en langage maternel français et non autrement.Art 111
Certaines dispositions sur la tenue des registres paroissiaux posent les fondements de l’état civil.
1536 : l’Institution de la religion chrétienne
Avec Calvin (1509 – 1564), la France donne naissance à l’un des grands théoriciens du protestantisme. Juriste et humaniste converti à la nouvelle foi promue par Luther en Allemagne, Calvin s’efforce de donner un cadre intellectuel au protestantisme. Réfugié à Bâle, en Suisse, dès 1535, il y fait publier en 1536 son œuvre majeure, l’Institution de la religion chrétienne, en latin.
Le livre est traduit en français en 1541. Cet ouvrage à succès sera remanié et augmenté par Calvin tout au long de sa vie. L’Institution de la religion chrétienne est livre d’instruction (institution signifiait à cette époque “instruction”, “éducation”) dans lequel Calvin indique comment lire l’écriture et développe sa vision de la cité idéale. Le livre est précédé d’une épître à François Ier dans laquelle il défend les protestants.
La “calvinisme” connaît un succès certain en France, dans le Sud-Ouest surtout, où il est conquiert une part importante de la noblesse. Calvin organise l’Église de Genève avant d’être expulsé de la ville en 1538. Il devient pasteur à Strasbourg avant de revenir à Genève, “nouvelle Jérusalem”, où il termine sa vie.
1549 : Défense et illustration de la langue française
Joachim du Bellay (1522 – 1560), membre emblématique de la Pléiade avec Pierre de Ronsard, fait, dans La Deffence, et illustration de la langue francoyse, la promotion de cette langue jeune, dont la dignité équivaut à celle du grec et du latin. Il faut donc enrichir le français, c’est-à-dire son vocabulaire et sa syntaxe, et imiter les Anciens, notamment dans la poésie.
1552 : annexion de Metz, Toul et Verdun
Metz, Toul et Verdun, les trois évêchés, sous influence française depuis le XIVe siècle, sont annexés par le roi Henri (1547 – 1559) après avoir été envahis par Charles Quint en 1544. Le traité de Münster du 24 octobre 1648 (traités des Westphalie) confirme la possession des trois évêchés par la France.
7 janvier 1558 : prise de Calais
Calais était au mains des Anglais depuis 4 août 1347, depuis la guerre de Cent Ans. Ce morceau d’Angleterre sur le continent servait de point d’appui solide pour les Anglais au nord du royaume de France. Cependant, la ville est récupéré par la France après une attaque foudroyante du duc François de Guise. Le 7 janvier, les clés de la ville sont remises aux Français. La possession de la ville par le royaume est reconnue par le traité du Cateau-Cambrésis d’avril 1559. Elle est capturée par les Espagnols en 1595 qui la rende deux ans plus tard. Aujourd’hui, Calais est la “porte d’entrée” de l’Angleterre depuis le continent : c’est à proximité de Calais, à Coquelles, que part le tunnel sous la Manche emprunté par l’Eurostar.
1er janvier 1562 : Ambroise Paré, premier chirurgien du roi
Ambroise Paré (vers 1510 – 1590), souvent qualifié de “père de la chirurgie moderne”, est en tout cas, avec le flamand André Vésale (1514 – 1564), une figure prédominante des débuts de la médecine moderne.
D’origine modeste, compagnon barbier à l’Hôtel-Dieu de Paris, il devient chirurgien aux armées puis grimpe encore l’échelle sociale pour devenir le 1er janvier premier chirurgien du roi (qui est alors Charles IX). La chirurgie est alors mal considérée dans la médecine. Il se distingue par son volonté d’innovation, l’invention de nouveaux instruments, la conception de prothèses et surtout la ligature des artères (c’est-à-dire serrer par un lien les artères), à la place de la cautérisation (obturation de l’artère par la chaleur) après l’amputation. L’époque est alors au développement de l’armement à feu (artillerie, arquebuse).
Les blessures des soldats sont d’un genre nouveau, plus sévère. Ce qui fait surtout la renommée d’Ambroise, c’est son importante œuvre explicative de la chirurgie, écrite en français, dans un style accessible au plus grand nombre et agrémentée d’illustration. La diffusion de cette œuvre, au très grand succès, est le symbole d’une époque, la Renaissance, où l’on diffuse les savoirs pour favoriser leur progrès. Surtout, elle annonce la révolution scientifique moderne : Ambroise Paré, autodidacte, part de l’observation et de l’expérience pour la synthétiser en science et en théorie.
1er mai 1562 : massacre de Wassy
La prédication de Martin Luther (1483 – 1546) en Allemagne, d’Ulrich Zwingli (1483 – 1531) en Suisse ou de Jean Calvin (1509 – 1564) donnent naissance à un nouveau courant du christianisme, le protestantisme, critique du pouvoir de l’Église. Il se développe au royaume de France, tout en restant minoritaire. Il concerne 10% de la population, souvent des élites. Les “huguenots” (le nom donné aux protestants en France) se trouvent surtout dans la moitié sud du royaume.
Après une politique de répression exercée par Henri II, Cathérine de Médicis choisit une politique de conciliation, matérialisée par la promulgation de l’Édit de janvier du 17 janvier 1562.
Il accord au protestant le droit de célébrer leur culte dans les faubourgs des villes et à la campagne. François de Guise, chef du parti catholique, rencontre à Wassy, près de Joinville où il réside, une communauté protestante qui célèbre son culte. Il provoque avec ses soldats un massacre. Cet événement met à mal la politique de conciliation de Catherine de Médicis et annonce le début des guerres de Religion.
24 août 1572 : massacre de la Saint-Barthélémy
Le massacre de la Saint-Barthélémy est un événement clé de l’histoire de France. Épisode le plus sanglant des guerres de Religion, il symbolise, dans l’esprit contemporain, les violents moments de disjonctions qui se manifestent dans l’histoire de France. Le mariage de la sœur de Charles IX, Marguerite de Valois, la “reine Margot”, au protestant Henri de Navarre, le futur Henri IV, qui devait faire œuvre de réconciliation entre catholiques et protestants, entraîne la venue d’un grand nombre de nobles protestants à Paris.
L’heure est alors à des rumeurs de guerre avec l’Espagne, championne du catholicisme en Europe. Le protestant Gaspard de Coligny, conseillé de Charles IX, pousse à une guerre à laquelle s’oppose la mère du roi, Catherine de Médicis, et les chefs du parti catholique. Au lieu d’une réconciliation, le mariage donne l’occasion de couper la tête du parti protestant.
Lorsque le carillon sonne, les conjurés commencent leur œuvre d’élimination. Gaspard de Coligny est égorgé sur son lit où il se trouve souffrant après avoir été victime d’une attaque deux jours plus tôt. Au total, plus 3000 protestants sont tués. La population de Paris prend le relais du massacre, en prenant soin de profaner les corps avant de les jeter dans la Seine. La “purification” du royaume de France s’étend ensuite aux provinces. Plusieurs dizaines de milliers de “huguenots”, nom donné aux protestants en France, sont alors massacrés dans les jours qui suivent.
1595 : Les Essais publié à Bordeaux
Importante, élément phrase de la littérature française, première édition 1572, 1595 édition définitive essai signifie ? argumentation, MOntaigne invente le terme Montaigne, auteur phrase de l’humanisme français, qu’est-ce que l’homme, plongé dans les auteurs latins et grecs, symbole frnaçais de la renaissance magistrat de Bordeaux des cannibales, les Indiens d’amérique, interrogiation en retour ce qui nous ommes bcp de détails biographiques éducation pas une écriture d’un seul, trait, dictée, pensée en fonction des auteurs latins, commentaires revient sur ce qu’il a écrit « Que sais-je ? apologie de raymond sebon artistote, sénèque et plutarque réception difficile et critique, l’ouvrage est mis à l’Index en 1676.
Il convient à l’homme de rester fidèle à sa nature (c’est-à-dire de ne pas ignorer les limites de l’humaine condition), d’être conscient de ses capacités naturelles et intellectuelles (de ne pas chercher à les outrepasser), et de vivre selon la nature (en bonne entente avec elle et en pleine possession des solides vertus généreusement prodiguées par cette mère nourricière).
l’édition posthume de 1595, aujourd’hui majoritairement considérée comme la plus proche du dessein de l’auteur l’homme se réalise dans l’otium, dans le retirement, pas dans l’activité, recueillement remede, autorité sur soi, pour se sauver
13 avril 1598 : édit de Nantes
L’édit de Nantes désigne un ensemble de textes pris par Henri IV, roi depuis 1589, qui visent à rétablir l’ordre public et la paix dans le royaume de France, déchiré par les guerres de Religion auxquelles il met fin. Ces textes, composés de l’Édit général, des articles secrets et particuliers, du brevet des pasteurs et du brevet des garnisons donnent une existence légale au million de huguenots français.
La liberté de conscience leur est garantie, une liberté de culte restreinte leur est accordée, une parité limitée dans la justice ainsi que des places de sûretés protégées par des garnisons protestantes payés par le roi : Nîmes, Uzès, La Rochelle, Grenoble, etc. L’édit de Nantes symbolise l’avènement d’une période de tolérance dans l’histoire de France. Mais cette conception est à nuancer : il est plus question de coexistence, en vue de rétablir la paix dans le royaume. Le catholicisme conserve sa prédominance, et le pouvoir aspire à la rétablir cette prédominance.
1604 : Garde-Meuble royal
C’est sous Henri IV qu’apparaît une administration chargée de la gestion du mobilier royal, officiellement confiée à un intendant des meubles de la Couronne en 1604 aujourd’hui mobilier national ue Colbert réorganise en 1663 sous le nom de Garde-Meuble de la Couronne5 .
Depuis plus de trois siècles, le Garde-Meuble royal, devenu Mobilier impérial puis Mobilier national, conserve, restaure et entretient environ 100.000 objets mobiliers et œuvres textiles destinés à l’ameublement des résidences présidentielles et des palais officiels. Sous l’Ancien régime, les résidences royales sont nombreuses.
Dès lors seules les principales disposent d’un ameublement permanent. Les autres sont installées à la demande, quelques jours avant l’arrivée du souverain. Dès le XIIIe siècle, un des services de l’Ostel le Roy (les services de l’intendance royale) avait la charge spéciale de pourvoir en meubles et en tapisseries le roi, sa famille et la cour. Ce service tenait déjà l’inventaire des meubles et objets de la Couronne, en assurait le transport et l’entretien, et avait surtout la charge d’en confectionner de nouveaux.
C’est en 1663 que Louis XIV et Colbert ordonnent l’institution du Garde-Meuble de la Couronne, avec un double souci, celui de la gloire et celui de la gestion patrimoniale. Héritier du Garde-Meuble de la Couronne, créé en 1604 par Henri IV et réorganisé en 1663 par Louis XIV, cette institution pourvoit à l’ameublement des hauts lieux de la République et des différentes résidences présidentielles.
Le Mobilier national a pour mission d’assurer la conservation et la restauration de ses collections, issue des achats et commandes destinés, hier aux demeures royales et impériales, aujourd’hui aux palais officiels de la République. Ces collections sont constituées de plus 130.000 objets mobiliers ou textiles.
3 juillet 1608 : fondation de Québec
fort de Pierre Dugua de Mons, pour commerce de fourure, henri iv monopole, avec algonquins et montagnaisc hamplain atteignit sa destination le 3 juillet 1608. Il choisit la « pointe de Québec » occupée aujourd’hui en partie par l’église Notre-Dame-des-Victoires, dans la Basse-Ville L’explorateur français Samuel de Champlain fonde la ville de Québec au Canada.
Le bourg ne compte qu’une poignée de maisons entourées de jardins et destinées à loger les 28 hommes qui l’accompagnent. 20 d’entre eux périront au cours de l’hiver. capitale de la nouvelle france, amérique française donne son nom à la provicne aujourd’hu promontoire vallée du fleuve saint laurent Il meurt à Québec le 25 décembre 1635 La capitale de « La Nouvelle France » devient anglaise en 1763 suite à une défaite française.
14 mai 1610 : assassinat de Henri IV
Henri IV est assassiné rue de la Ferronnerie, partie de l’actuel 1er arrondissement de Paris dans le quartier des Halles, le vendredi 14 mai 1610 aux alentours de quatre heures de l’après-midi. François Ravaillac parvient à asséner trois coups de couteau au roi, dont un est mortel. Après son méfait, il ne cherche pas à s’enfuir. Le duc d’Épernon le soustrait à la foule, prête à le lyncher. Ravaillac est né en 1577 ou en 1578 à Angoulême. Catholique fervent, il est sujet à des visions.
Il se rend une première fois à Paris en 1609 pour tenter de convaincre Henri IV de protéger le catholicisme et de convertir les huguenots (c’est-à-dire les protestants). Il finit par assassiner le roi, convaincu que la guerre préparée par Henri IV contre les Habsbourg est une guerre dirigée contre le pape et les catholiques. La France reste sujette au climat violent des guerres de Religion. En savoir plus
1615 : Traité d’économie politique de Montchréstien
du grec oikos nomos mercantilisme frnaçais montchréstien : utilise cette expression dans la science moderne pionnier adresse à Louis XIII, enrichir le royaume Barthélemy Laffemas et Jean Bodin en France, John Hales et Thomas Mun en Angleterre C’est dans ce contexte qu’il envoie en 1615 au jeune Louis XIII un traité d’économie politique qui doit aider le roi à consolider sa place dans l’histoire et va en pratique, assurer la sienne. Son contenu est jugé peu original dés la parution.
Montchrestien copie Laffemas. Pour eux les personnages importants sont l’industriel et le commerçant. En effet, la source de toute richesse est le travail, mais le travail agricole, qui dépend de la nature et de ses saisons, est limité dans ses résultats, et donc moins efficace que celui de l’artisan et de l’ouvrier. Antoine de Montchrétien (1575-1621) a vécu dans une époque troublée où la société du temps connait des transformations radicales et est l’auteur du premier traité d’économie politique de l’Histoire.
Les sociétés d’aujourd’hui connaissent, elles aussi, des transformations radicales. L’ouvrage ne connait pourtant pas le succès ou l’intérêt auquel on pourrait s’attendre. Cela tient largement au regard porté sur la vie de son auteur : il ne serait qu’un « aventurier de plume et d’épée ». Or, il apparaît que ce personnage ne représente ni la vérité de l’homme ni la qualité de l’œuvre. touche à tout, aventurier un plan de redressement de la France et fait de l’économie et du travail le moteur principal de la société et de l’État.
Montchrestien estime au contraire que ces deux dimensions de l’activité humaine sont intrinsèquement liées et sur un pied d’égalité. L’économie est politique, d’où l’appellation qu’il donne à son livre : “La science d’acquérir des biens Le mercantilisme est aussi identifié au nationalisme économique et au protectionnisme. Sur ce point, Montchrestien est un des représentants les plus éloquents de cette école de pensée. Il distingue le commerce “du dedans” et “du dehors”.
Les deux sont nécessaires, mais leur fonctionnement et leur finalité sont tout à fait différents. Le commerce intérieur se fait entre particuliers et ne donne pas lieu à des transferts de richesse, à des pertes pour le public. Le second se fait entre Etats, est plus risqué et n’est pas un jeu à somme nulle : “L’un ne perd jamais que l’autre n’y gagne” (page 161). On ne doit acheter à l’étranger, estime Montchrestien, que ce qu’on ne peut produire chez soi.
1624 : Richelieu devient le principal ministre de Louis XIII
Le cardinal de Richelieu est la première grande incarnation de l’homme d’État français, serviteur désintéressé de l’intérêt général et promoteur de la raison d’État. Son nom charrie avec lui tout l’amour de notre culture pour les grands hommes, “les hommes providentiels”. Il est bien sûr un des personnages les plus importants des Trois Mousquetaires de Dumas, qui le peint comme un personnage mystérieux, ambigu et intelligent.
Suivant le modèle établi par le couple Henri IV et Sully, qui n’est pas sans rappeler le duo formé président de la République et le Premier ministre sous la Ve République, Richelieu devient le principal ministre de Louis XIII (r. 1610 – 1643), roi énergique qui ne séparera pas de lui. Ensemble, il mène une politique de renforcement du royaume de France aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, après les longs déchirements des guerres de Religion. L’œuvre de Richelieu, soutenu par Louis XIII, est traditionnellement résumée en un “programme” :
- abaisser les Grands, c’est-à-dire la noblesse, pour qu’elle n’exerce plus son influence sous le pouvoir royal ;
- lutter contre les huguenots, dont les places de sûreté au sein du royaume constituent un “État dans l’État” ;
- combattre, au niveau européen, la puissance des Habsbourg, qui gouvernent dans l’Empire et en Espagne, en s’ingérant notamment dans la guerre de Trente Ans.
Cette politique est celle d’une maîtrise pleine de l’État dont le destin est présidé par le pouvoir royal, tenu de Dieu. Cette maîtrise pas une nécessaire unification. Si la politique de Richelieu suscite nombre de complots et pesa lourdement sur les finances du royaume, elle permit d’ouvrir la période de prépondérance française en Europe.
Je vais rédiger les descriptions manquantes pour la Congrégation de la Mission (1625), les Filles de la charité (1633) et la Compagnie de la Nouvelle France (1627), en suivant le même style d’écriture que les descriptions existantes.
1625 : fondation de la Congrégation de la Mission
Vincent de Paul fonde la Congrégation de la Mission, aussi appelée ordre des Lazaristes, le 17 avril 1625, grâce au soutien financier de la famille de Gondi. Cette communauté de prêtres et de frères se consacre à l’évangélisation des campagnes françaises et à la formation du clergé. L’initiative répond aux préoccupations religieuses de l’époque où la Réforme catholique cherche à revitaliser la pratique religieuse après les guerres de Religion.
La Congrégation s’installe d’abord au collège des Bons-Enfants à Paris, puis au prieuré de Saint-Lazare en 1632, d’où le nom de “Lazaristes”. Vincent de Paul, né en 1581 dans les Landes, a lui-même été témoin de l’ignorance religieuse des populations rurales. Il comprend que la rénovation de l’Église passe par une meilleure instruction des fidèles et une formation plus solide des prêtres.
La méthode missionnaire des Lazaristes consiste à séjourner plusieurs semaines dans chaque paroisse pour prêcher, catéchiser et entendre les confessions. Parallèlement, ils fondent des séminaires à travers le royaume pour former un clergé instruit et vertueux. L’œuvre de Vincent de Paul s’inscrit dans le mouvement de la Réforme catholique française, qui vise à mettre en œuvre les décisions du concile de Trente et à renforcer le catholicisme face au protestantisme.
1633 : Filles de la charité de Saint-Vincent-de-Paul
Les Filles de la Charité sont fondées le 29 novembre 1633 par Vincent de Paul et Louise de Marillac dans une perspective novatrice pour l’époque. Contrairement aux ordres religieux féminins traditionnels, ces “servantes des pauvres” ne sont pas cloîtrées et peuvent se déplacer librement pour porter assistance aux nécessiteux. Vincent de Paul leur dira cette phrase célèbre : “Vous aurez pour monastère les maisons des malades, pour cloître les rues de la ville”.
Louise de Marillac, veuve issue de la noblesse française, collabore étroitement avec Vincent de Paul dans cette entreprise. Elle forme et dirige les premières filles, souvent de modestes paysannes, qui se consacrent au service des malades à domicile, des enfants abandonnés, des galériens et des mendiants. Cette organisation répond aux immenses besoins sociaux d’une époque marquée par les épidémies, la famine et la misère.
L’originalité de cette communauté réside dans sa double dimension spirituelle et sociale. Les Filles de la Charité incarnent une nouvelle forme d’engagement religieux féminin, plus actif et visible dans la société. Leur œuvre connaît un succès rapide et durable, s’étendant à travers la France puis dans le monde entier, constituant l’une des plus importantes communautés religieuses féminines. Elles représentent une innovation majeure dans l’histoire de la charité chrétienne et préfigurent les futurs services sociaux.
29 avril 1627 : compagnie de la Nouvelle France
La Compagnie de la Nouvelle France, également connue sous le nom de Compagnie des Cent-Associés, est créée par le cardinal de Richelieu le 29 avril 1627. Cette société de commerce se voit confier le monopole du trafic des fourrures et de toute autre activité commerciale en Nouvelle-France, ainsi que la responsabilité de peupler ce territoire. Le roi Louis XIII accorde à la compagnie la propriété de toutes les terres françaises d’Amérique du Nord, de la Floride au cercle arctique.
Richelieu, qui comprend l’importance stratégique des colonies pour la puissance de la France face à ses rivaux européens, exige des Cent-Associés qu’ils s’engagent à transporter 4000 colons en Nouvelle-France sur 15 ans. La compagnie est formée de nobles, d’officiers royaux et de riches marchands qui investissent chacun 3000 livres dans l’entreprise. Le caractère catholique de la colonie est affirmé, les protestants étant explicitement exclus de l’émigration.
Les débuts de la compagnie sont difficiles. Dès 1628, une expédition de ravitaillement est interceptée par les Anglais qui s’emparent de Québec l’année suivante. Même si la colonie est restituée à la France en 1632 par le traité de Saint-Germain-en-Laye, la compagnie ne parvient jamais à atteindre ses objectifs de peuplement. Face à cette situation et aux attaques iroquoises, la compagnie sera finalement dissoute en 1663 quand Louis XIV transformera la Nouvelle-France en province royale. Malgré son échec relatif, elle a contribué à asseoir les bases de la présence française en Amérique du Nord.
octobre 1628 : fin du siège de la Rochelle
Le siège de la Rochelle début le 10 septembre 1627. Pour le pouvoir, il s’agit de réduire une place forte du protestantisme en France cédée par l’édit de Nantes, un port prospère qui aurait pu devenir un point névralgique de la diffusion de la religion réformée en France et une porte d’entrée pour l’Angleterre. La ville est entourée par une digue qui empêche tout ravitaillement anglais. Malgré une résistance héroïque des Rochelois, la ville cède fin octobre 1628. La Rochelle, décimée, ne sera pas le grande port sur l’Atlantique qu’elle aurait pu devenir.
28 juin 1629 : paix d’Alès
La paix d’Alès nomme la prise d’un édit “de grâce” qui marque un premier reflux après l’édit de Nantes. L’édit d’Alès, permit par le succès de la Rochelle, reconduit la liberté de culture et l’égalité garantit aux huguenots, mais met fin aux places de sûretés et à leur droit de tenir des assemblées politiques.
30 mai 1631 : création de La Gazette
Le médecin ordinaire du roi Théophraste Renaudot, entrepreneur créatif, fait paraître le premier journal d’importance français, La Gazette. Ce journal parisien est un hebdomadaire de 4 à 8 pages qui parvient dans ses premiers temps à écouler 800 exemplaires. L’apparition de la presse est un mouvement européen : le premier journal, Les Nouvelles récentes, est publiée à Anvers à partir de 1605. Théophraste Renaudot bénéficie de l’appui de Richelieu, qui lui fournit des articles explicatif de sa politique extérieure.
Pouvoirs médiatique et politique sont déjà liés. Le nom Gazette viendrait du vénitien gazzetta, une monnaie dont l’unité permettait d’acheter un papier-nouvelle. La Gazette ne disparaît que le 30 septembre 1915 pendant la Première Guerre mondiale.
29 janvier 1635 : fondation de l’Académie française
Des lettres patentes signées par Louis XIII fondent l’Académie française. Richelieu, véritable géniteur de cette institution, s’appuie sur le cercle de savants organisé autour de Valentin Conrart. La mission de l’Académie française est de conserver et de perfectionner la langue française. Le pouvoir royal se glisse donc dans la maîtrise du devenir de la langue, qui sert d’instrument d’unification du pays. Les Académiciens sont quarante et sont élus à vie.
Mai 1635 : jardin royal
Le Jardin royal des plantes médicinales, aujourd’hui connu sous le nom de Jardin des Plantes, est créé en mai 1635 par Louis XIII à l’initiative de son médecin personnel, Guy de La Brosse. Ce jardin, situé sur la rive gauche de la Seine à Paris, est conçu initialement comme un lieu d’étude des plantes à usage thérapeutique et d’enseignement de la botanique et de la médecine. Il s’agit d’une avancée importante dans le développement des sciences naturelles en France.
La création de ce jardin s’inscrit dans un mouvement européen plus large d’intérêt pour la botanique et la pharmacopée, stimulé par les découvertes issues des grandes explorations. Guy de La Brosse, partisan des théories de Paracelse, souhaite développer une médecine fondée sur l’observation directe de la nature plutôt que sur les seuls textes anciens. Le jardin compte à son ouverture environ 1800 espèces végétales, nombre qui ne cessera d’augmenter au fil des années.
Le Jardin royal, qui ouvre ses portes au public en 1640, joue également un rôle dans la diffusion des connaissances auprès des apothicaires et des médecins. Il devient un lieu d’échanges scientifiques et d’acclimatation des plantes exotiques rapportées des colonies. Cette institution, ancêtre du Muséum national d’Histoire naturelle, témoigne de la volonté de l’État monarchique de placer la science sous son contrôle, à l’instar de la langue avec l’Académie française.
28 juin 1635 : Guadeloupe
La Guadeloupe est officiellement colonisée par la France le 28 juin 1635, lorsque les aventuriers Charles Liénard de l’Olive et Jean Duplessis d’Ossonville débarquent avec environ 400 colons. L’expédition, organisée sous l’égide de la Compagnie des Îles d’Amérique, fondée par Richelieu en 1635 en remplacement de la Compagnie de Saint-Christophe, marque le début de la présence française durable dans cette île des Caraïbes.
L’installation des Français se fait dans des conditions difficiles. Les colons doivent affronter un climat auquel ils ne sont pas habitués, des maladies tropicales et la résistance des Caraïbes, population autochtone de l’île. Les premiers mois sont marqués par la famine et les épidémies qui déciment une partie des nouveaux arrivants. La brutale politique de Liénard de l’Olive envers les autochtones déclenche une guerre qui durera plusieurs années.
La colonisation de la Guadeloupe s’inscrit dans la stratégie mercantiliste de Richelieu, visant à développer le commerce avec les colonies pour enrichir le royaume. L’économie de plantation, d’abord basée sur la culture du tabac puis de la canne à sucre, se développe rapidement et s’appuie sur l’esclavage des populations africaines déportées. Cette prise de possession française fait de la Guadeloupe l’un des piliers du premier empire colonial français dans les Antilles, aux côtés de la Martinique colonisée la même année.
15 septembre 1635 : le flibustier Pierre Belain d’Esnambuc
Le 15 septembre 1635, Pierre Belain d’Esnambuc, capitaine de la marine et flibustier normand, prend possession de la Martinique au nom du roi de France. Après avoir fondé la première colonie française durable à Saint-Christophe en 1625, d’Esnambuc étend l’influence française dans les Caraïbes en débarquant avec environ 150 hommes dans l’anse du Carbet. Cette initiative s’inscrit dans la politique d’expansion coloniale encouragée par Richelieu à travers la Compagnie des Îles d’Amérique.
D’Esnambuc, né vers 1585 à Honfleur, est l’un des pionniers de la colonisation française aux Antilles. Avant de s’intéresser à la Martinique, il avait déjà établi une présence française à Saint-Christophe qu’il partageait avec les Anglais. Son expérience de la navigation et sa connaissance des Caraïbes lui permettent de choisir judicieusement les lieux d’implantation des colonies françaises.
Les débuts de la colonisation de la Martinique sont difficiles, marqués par des affrontements avec les Caraïbes et des conditions de vie précaires. D’Esnambuc ne verra pas le développement de cette colonie car il meurt en décembre 1636, peu après son retour à Saint-Christophe. Son neveu, Jacques Dyel du Parquet, lui succède comme gouverneur de la Martinique et poursuit l’œuvre de colonisation. Pierre Belain d’Esnambuc reste dans l’histoire comme le véritable fondateur des Antilles françaises, dont l’héritage perdure jusqu’à nos jours.
7 janvier 1637 : première représentation du Cid de Corneille
Le Cid de Pierre Corneille est représenté pour la première fois le 7 janvier 1637 au Théâtre du Marais à Paris. Cette tragi-comédie, inspirée d’une pièce espagnole de Guillén de Castro, connaît un succès immédiat et extraordinaire auprès du public parisien. L’œuvre raconte l’histoire de Rodrigue et Chimène, deux amants séparés par l’honneur après que Rodrigue a tué en duel le père de sa bien-aimée pour venger le sien.
La pièce déclenche une vive polémique littéraire connue sous le nom de “Querelle du Cid”. Des auteurs rivaux, soutenus par Richelieu qui voit d’un mauvais œil l’éloge du duel dans la pièce, critiquent Corneille pour son non-respect des règles classiques, notamment l’unité de temps. L’Académie française, récemment créée, est chargée de trancher le débat et publie les “Sentiments de l’Académie sur le Cid”, texte qui reconnaît les qualités de l’œuvre tout en soulignant ses défauts.
Malgré cette controverse, ou peut-être grâce à elle, Le Cid marque un tournant dans l’histoire du théâtre français. La pièce, avec son héros tiraillé entre amour et devoir, incarne la naissance de la tragédie classique française. L’expression “beau comme Le Cid” devient proverbiale pour désigner un succès éclatant. Corneille, profondément affecté par les critiques, s’éloigne temporairement du théâtre avant de revenir avec Horace en 1640, œuvre qui respecte davantage les règles classiques.
8 juin 1637 : parution du Discours de la méthode de Descartes
Le 8 juin 1637 paraît à Leyde, aux Pays-Bas, le “Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences” de René Descartes. Cet ouvrage, rédigé en français et non en latin comme il était d’usage pour les textes savants, constitue une rupture majeure dans l’histoire de la philosophie occidentale. Le Discours, qui sert d’introduction à trois essais scientifiques (la Dioptrique, les Météores et la Géométrie), expose les principes d’une méthode rationnelle pour parvenir à la vérité.
Descartes, mathématicien et philosophe né en 1596 à La Haye-en-Touraine, s’exile volontairement aux Pays-Bas pour jouir d’une plus grande liberté intellectuelle. Dans le Discours, il relate son cheminement personnel et présente les quatre préceptes de sa méthode : n’admettre que l’évidence, diviser les difficultés, conduire par ordre ses pensées et faire des dénombrements complets. C’est dans cet ouvrage qu’apparaît le célèbre “Je pense, donc je suis” (Cogito ergo sum), fondement de sa philosophie.
L’impact du Discours de la méthode est considérable. En proposant de faire table rase des connaissances acquises et de reconstruire le savoir sur des bases rationnelles indiscutables, Descartes inaugure la philosophie moderne. Son approche méthodique influence profondément non seulement la philosophie, mais aussi les sciences et la conception même de la connaissance. Le rationalisme cartésien, qui place la raison au centre de la démarche intellectuelle, devient l’un des courants majeurs de la pensée occidentale et contribue à l’esprit des Lumières au siècle suivant.
1640 : invention imprimerie royale
L’Imprimerie royale est fondée par Louis XIII et Richelieu en 1640 et installée au Louvre. Cette création s’inscrit dans la politique culturelle ambitieuse du cardinal-ministre, qui vise à glorifier la monarchie française et à diffuser ses idées. Dirigée par Sébastien Cramoisy, imprimeur-libraire réputé de Paris, cette institution est chargée d’imprimer les actes royaux, les ouvrages commandés par le pouvoir et les livres jugés importants pour le prestige de la France.
Les presses de l’Imprimerie royale sont équipées de caractères typographiques spécialement dessinés par Jean Jannon, inspirés des modèles de Claude Garamond. Ces caractères, connus sous le nom de “caractères de l’Université”, deviennent emblématiques de l’art typographique français. L’institution se dote également d’un personnel qualifié, incluant des correcteurs, des graveurs et des relieurs, qui assurent la haute qualité de ses productions.
Parmi les premières publications majeures de l’Imprimerie royale figurent les éditions de textes classiques grecs et latins, des ouvrages liturgiques et des livres illustrés de grande valeur artistique. Cette institution, qui deviendra plus tard l’Imprimerie nationale, témoigne de la volonté de l’État monarchique de contrôler la diffusion du savoir écrit et de faire de l’imprimé un instrument de son pouvoir. Elle participe au rayonnement culturel de la France et incarne l’alliance entre le pouvoir politique et les arts, caractéristique du Grand Siècle.
1640-1641 : création du louis d’or et du louis d’argent
Le louis d’or est créé par une déclaration de Louis XIII le 31 mars 1640, et le louis d’argent par l’ordonnance de septembre 1641. Louis XIII et Richelieu font des louis un instrument d’unification du royaume et de prestige extérieur : ils souhaitaient concurrer l’Angleterre et l’Espagne avec cette monnaie plus lourde.
18 mai 1643 : Anne d’Autriche régente, Mazarin principal ministre
Richelieu meurt le 4 décembre 1642 et Louis XIII le 14 mai 1643. Malgré un testament défavorable du roi, Anne d’Autriche devient régente. Louis XIV est encore un enfant de 4 ans. Mazarin, cardinal italien présent en France depuis les années 1630, succède à Richelieu au poste de principal ministre. Il poursuit l’œuvre de son prédécesseur dont l’aboutissement sera les traités de Westphalie de 1648. Le cardinal est aussi resté dans les mémoires pour l’immense fortune qu’il a acquise grâce à sa position.
On peut ajouter que Colbert commence sa carrière au service de Mazarin. Si Richelieu hantait Les Trois Mousquetaires, Mazarin anime quant à lui la suite du roman, Vingt Ans après.
19 mai 1643 : bataille de Rocroi
Victoire décisive des armées françaises dirigées par le jeune duc d’Enghien, le futur “Grande Condé”. La bataille de Rocroi est réputée pour avoir mis fin à la réputation d’invincibilité des tercios, unité tactique de fantassins espagnols. Le royaume de France se relève après un siècle de lutte contre les monarchies Habsbourg.
Août 1643 : fondation de la bibliothèque Mazarine
La bibliothèque Mazarine, située quai de Conti à Paris dans l’enceinte de l’institut de France, est la première bibliothèque publique de France. On en compte aujourd’hui 16 000. Elle est développée à partir de la collection personnelle de Mazarin. En 1661, est adjointe à une autre institution fondée par Mazarin : le collège des Quatre-Nations.
26 août 1648 : début de la Fronde
Le terme “Fronde”, qui désigne cet événement du XVIIe siècle, est désormais un nom commun désignant un mouvement de contestation de l’autorité. Cela témoigne de la puissante influence de la Fronde sur les mémoires.
La Fronde est une conjonction de révoltes provoquées par la politique royale et le développement de son pouvoir. La bourgeoisie veut une monarchie modérée et contrôler la fiscalité, le peuple lutte contre la lourdeur des impôts, et les “Grands” refusent leur marginalisation progressive. C’est une alerte pour le pouvoir dont Louis XIV se souviendra. Le roi devient majeur le 7 septembre 1651, ce qui met définitivement fin aux révoltes.
L’échec de Fronde ouvre grand la voie, en France, au développement de la monarchie administrative, tandis que le succès de la révolution en Angleterre, scellé par l’exécution du roi Charles Ier (1625 – 1649) guide l’Angleterre vers une monarchie parlementaire. L’histoire est toujours ouverte. Le cardinal de Retz, acteur de la Fronde, a laissé des Mémoires remarquables sur cette période.
24 octobre 1648 : traités de Westphalie
Les traités de Westphalie désignent trois traités signés en janvier et en octobre 1648. Ils mettent fin à la guerre de Trente Ans qui déchiraient l’Allemagne. Cette première conférence étatique de l’Europe moderne consacre l’émiettement politique et religieux de l’espace allemand (et ce jusqu’au XIXe siècle, voir Bismarck). Ils reconnaît notamment les indépendances suisse et néerlandaise. La puissance impériale des Habsbourg en ressort considérablement affaiblie.
La France, menée par Mazarin, est la seule puissance catholique a en sortir renforcée. Elle dispose en Allemagne d’une grande influence, lui donnant un contrepoids important contre la menace impériale. Elle effectue en outre plusieurs annexions, dont les plus notables sont celles des Trois-Évêchés et de l’Alsace. Au-delà de ces victoires géopolitiques, l’avènement d’un système de relations en États souverains en Europe, et la mort de l’idée de monarchie universelle portée par les Habsbourg d’Espagne et d’Allemagne, consacre la victoire idéologique de la monarchie française, où “le roi est empereur en son royaume”.
7 novembre 1659 : traité des Pyrénées
Le traité des Pyrénées est, pour la France, le pendant espagnol des traités de Westphalie. Il met la fin à la guerre entre une Espagne à bout de souffle et une France triomphante. En effet, les gains territoriaux du royaume de France son importants : la majeure partie de l’Artois, des places fortes dans les Pays-Bas, le Roussillon et la haute Cerdagne. Elle restitue la Lorraine à son duc, mais à des conditions si dures qu’elle est quasiment rattachée au royaume. Autre clause importante : le mariage entre Louis XIV et l’infante d’Espagne Marie-Thérèse, célébré le 9 juin 1660. Pour Mazarin, il scelle la réconciliation des pays et évite l’humiliation de l’adversaire. Marie-Thérèse renonce à ses droits sur la couronne contre une dot considérable que l’Espagne ne peut pas payer : Louis XIV pourra revendiquer ses droits sur la couronne le temps venu. Les traités de Wesphalie et des Pyrénées, négociés par le génie de Mazarin, inaugurent le règne de Louis XIV, le “Grand Siècle”, période de prépondérance culturelle, démographique et militaire.
9 mars 1661 : mort de Mazarin – début du règne personnel de Louis XIV
Le mentor de Louis XIV meurt le 9 mars 1661 à 59 ans. Le jeune roi de 22 ans réoriente alors le gouvernement du pays. Il met fin au ministériat, c’est-à-dire qu’il ne prend pas de premier ministre, prend en main les rênes du pouvoir et préside les séances hebdomadaires du Conseil. Le roi gouverne son pays en personne : il est la tête de l’État. Cependant, Louis XIV continue à s’appuyer au début de son règne sur de grands ministres, comme Fouquet, Lionne et Le Tellier, et plus tard sur de grands serviteurs de l’État comme Louvois, Colbert ou Vauban.
5 septembre 1661 : arrestation de Fouquet
Le surintendent des Finances Nicolas Fouquet, au service de Mazarin puis de Louis XIV, est un personnage ambitieux. Puissant financier, lié au milieux de l’art, il fait construire un château remarquable à Vaux-le-Vicomte : ce chef-d’œuvre classique, qui a bénéficié des contribution de Le Vau, le Nôtre et Le Brun, servira de modèle à Versailles. Louis XIV prend ombrage du pouvoir de Fouquet, dont la pratique des finances de l’État ne favorise pas leur assainissement.
Le surintendant des finances est arrêté par surprise le 5 septembre 1661 à Nantes, malgré la somptueuse fête qu’il avait donné en l’honneur du roi dans son palais le 17 août. Fouquet mourra enfermé dans la forteresse de Pignerol en 1680. Louis XIV affirme son pouvoir personnel. La charge de surintendant des finances est supprimée après l’arrestation de Fouquet.
5 juin 1662 : Le grand carrousel
Le grand carrousel organisé par Louis XIV est une manifestation équestre grandiose qui se déroule sur la place devant le palais des Tuileries. Cette fête somptueuse, étalée sur plusieurs jours, met en scène le roi et sa cour dans une série de joutes et de parades à cheval. L’événement, qui attire une foule considérable, est une démonstration éclatante du pouvoir royal et de sa magnificence.
Cet événement n’est pas qu’un simple divertissement : il s’inscrit dans la politique de représentation du pouvoir mise en place par Louis XIV. Mêlant à la fois l’art équestre, la musique et les costumes somptueux, le carrousel est une mise en scène politique où le roi, déguisé en empereur romain, affirme sa puissance et sa grandeur. La place où se déroule l’événement prendra d’ailleurs le nom de “place du Carrousel” en mémoire de cette fête exceptionnelle, témoignant de l’influence durable de cet événement sur l’urbanisme parisien.
1665 : Journal des savants
Le Journal des savants, fondé par Denis de Sallo sous le patronage de Colbert, est le premier périodique littéraire et scientifique d’Europe. Cette publication hebdomadaire, qui paraît pour la première fois le 5 janvier 1665, constitue une innovation majeure dans la diffusion du savoir et des connaissances. Elle propose des comptes rendus d’ouvrages, des nouvelles scientifiques et des annonces de découvertes.
Le Journal des savants symbolise la politique culturelle de Louis XIV, qui entend faire de la France le centre intellectuel de l’Europe. Il devient rapidement un instrument efficace de la centralisation du savoir et de la promotion des sciences. La création de cette publication s’inscrit dans le cadre plus large de la fondation des grandes académies royales, participant à l’essor scientifique et intellectuel du Grand Siècle. Le Journal des savants, qui perdurera jusqu’à la Révolution française avant de renaître sous d’autres formes, témoigne de la volonté d’encadrement et de promotion de la vie intellectuelle par le pouvoir royal.
Octobre 1665 : Manufacture royale de glaces de miroirs
La création de la Manufacture royale de glaces de miroirs par Colbert constitue une étape cruciale dans la politique économique de Louis XIV. Cette entreprise, établie à Paris, vise à concurrencer la production vénitienne de Murano, qui détient alors le monopole européen de la fabrication des miroirs. En attirant des artisans italiens et en développant de nouvelles techniques, la manufacture française réussit à produire des glaces de qualité supérieure.
Cette initiative s’inscrit pleinement dans la politique mercantiliste de Colbert, visant à réduire les importations et à développer l’industrie nationale. La manufacture, qui deviendra plus tard Saint-Gobain, fournit les miroirs nécessaires à la décoration des palais royaux, notamment pour la célèbre Galerie des Glaces de Versailles. Elle symbolise la volonté d’indépendance économique de la France et le développement de son artisanat de luxe, contribuant au rayonnement du royaume à l’échelle européenne et mondiale.
1667 : fondation de l’observatoire de Paris
L’observatoire de Paris, dont la construction débute en 1667 sous l’impulsion de Colbert, représente l’engagement de Louis XIV en faveur du développement scientifique du royaume. Cette institution, dirigée par l’astronome italien Jean-Dominique Cassini, est conçue comme un centre d’excellence pour l’observation astronomique et la recherche scientifique. L’architecte Claude Perrault dessine un bâtiment dont l’axe principal est aligné sur le méridien de Paris.
La fondation de l’observatoire s’inscrit dans le cadre plus large de la création des grandes académies royales. Elle marque une étape importante dans l’organisation de la science moderne en France, en permettant des observations systématiques et précises des corps célestes. Les travaux réalisés à l’observatoire contribuent significativement à l’avancement des connaissances en astronomie, en géodésie et en cartographie. Cette institution, qui existe toujours, témoigne de la volonté de Louis XIV de faire de la France une puissance scientifique de premier plan, rivalisant avec les autres nations européennes.
24 mai 1670 : l’hôtel des Invalides par ordonnance
Par ordonnance royale du 24 mai 1670, Louis XIV décide la création de l’hôtel des Invalides, un établissement destiné à accueillir les soldats blessés et vétérans de ses armées. Cette fondation répond à une préoccupation sociale mais aussi politique : assurer une retraite digne aux militaires ayant servi le royaume tout en affirmant la grandeur de la monarchie. L’architecte Libéral Bruant est chargé de la conception de cet ensemble monumental, complété plus tard par la magnifique église du Dôme réalisée par Jules Hardouin-Mansart.
L’hôtel des Invalides illustre la politique de prestige et de centralisation administrative de Louis XIV. Il témoigne de la volonté du roi d’organiser et de contrôler tous les aspects de la vie militaire, depuis le recrutement jusqu’à la retraite des soldats. Cette institution, qui peut accueillir jusqu’à 4 000 pensionnaires, constitue un modèle d’organisation et d’assistance qui sera imité par d’autres pays européens. L’hôtel des Invalides, avec son dôme doré devenu emblématique du paysage parisien, symbolise la puissance militaire de la France et la gloire du règne de Louis XIV.
1670 : publication des Pensées de Pascal
La publication posthume des Pensées de Blaise Pascal marque un moment déterminant dans l’histoire intellectuelle du Grand Siècle. Recueil fragmentaire et inachevé, l’œuvre est éditée par les proches de Pascal, notamment par les membres de Port-Royal, environ huit ans après sa mort. Ces fragments, destinés à constituer une grande apologie de la religion chrétienne, témoignent de la profondeur philosophique de leur auteur.
Les Pensées révèlent la tension intellectuelle et spirituelle qui traverse le XVIIe siècle, entre rationalisme cartésien naissant et foi religieuse. Pascal y développe une vision de l’homme comme “roseau pensant”, être paradoxal tiraillé entre grandeur et misère. La publication de cette œuvre s’inscrit dans le contexte des querelles religieuses qui agitent le règne de Louis XIV, notamment celle du jansénisme. Par sa force littéraire et sa portée philosophique, les Pensées constituent l’un des monuments intellectuels du XVIIe siècle français, dont l’influence s’étendra bien au-delà de son époque.
Janvier 1673 : le pré carré
La théorie du “pré carré”, conceptualisée par Vauban et adoptée par Louis XIV en janvier 1673, constitue un tournant dans la politique défensive et territoriale de la France. Cette doctrine stratégique préconise l’établissement d’une double ligne de places fortes aux frontières du royaume, formant ainsi une barrière cohérente et efficace contre les invasions ennemies. L’expression même de “pré carré”, empruntée au vocabulaire agricole, illustre la volonté d’organiser rationnellement l’espace territorial.
Cette conception géopolitique s’accompagne d’un vaste programme de constructions et de rénovations de fortifications, confié au génie militaire de Vauban. Au-delà de son aspect défensif, le pré carré traduit la volonté de Louis XIV de définir des frontières “naturelles” pour la France et d’assurer la sécurité des territoires nouvellement annexés. Cette politique, qui se concrétisera par l’édification de centaines de places fortes, modifie profondément le paysage des régions frontalières et témoigne de la vision centralisatrice et territoriale de la monarchie absolue.
17 février 1673 : mort de Molière
La disparition de Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, survenue peu après une représentation du Malade imaginaire, prive le théâtre français de son plus grand génie. Comédien, directeur de troupe et auteur dramatique protégé par Louis XIV, Molière a révolutionné la comédie française en créant des œuvres qui allient la farce traditionnelle à une profonde observation des mœurs de son temps et à une critique sociale acérée.
La mort de Molière provoque une crise au sein de sa troupe, qui fusionnera plus tard avec d’autres compagnies pour former la Comédie-Française. Malgré les controverses qui ont entouré certaines de ses pièces comme Tartuffe ou Dom Juan, Louis XIV a toujours soutenu l’auteur, conscient de la valeur de son œuvre pour le rayonnement culturel de la France. Les comédies de Molière, qui brossent un tableau saisissant de la société française du XVIIe siècle, constituent l’un des piliers du répertoire classique et participent pleinement à la gloire artistique du Grand Siècle, témoignant de la vitalité culturelle du règne de Louis XIV.
1674 : Malebranche de la recherche de la vérité
La publication de “De la recherche de la vérité” par Nicolas Malebranche marque une étape importante dans la philosophie française du XVIIe siècle. Cette œuvre majeure, qui connaîtra plusieurs éditions augmentées, propose une synthèse originale entre le cartésianisme et l’augustinisme. Prêtre de l’Oratoire, Malebranche y développe sa théorie célèbre de la “vision en Dieu”, selon laquelle nous percevons les idées non dans notre esprit mais dans l’entendement divin.
L’ouvrage de Malebranche s’inscrit dans le bouillonnement intellectuel du Grand Siècle, où s’affrontent et se croisent diverses tendances philosophiques et théologiques. Sa diffusion témoigne de l’intérêt des élites cultivées pour les questions métaphysiques et de la liberté relative dont jouissent encore les penseurs dans la France de Louis XIV. Par sa rigueur et sa profondeur, “De la recherche de la vérité” contribue au rayonnement de la pensée française en Europe et nourrit les débats philosophiques jusqu’à la fin du siècle et au-delà, notamment à travers les controverses qu’il suscite avec des penseurs comme Arnauld et Leibniz.
1er janvier 1677 : création de Phèdre de Racine
La première représentation de Phèdre, tragédie en cinq actes de Jean Racine, marque l’apogée de l’art dramatique classique français. Inspirée de la mythologie grecque et des œuvres d’Euripide et de Sénèque, la pièce met en scène la passion dévorante et coupable de Phèdre pour son beau-fils Hippolyte. Par la perfection de sa versification et la profondeur de son analyse psychologique, cette tragédie constitue un sommet de la littérature française.
La création de Phèdre coïncide avec une période de transition dans la carrière de Racine, qui abandonnera ensuite le théâtre profane pour devenir historiographe du roi avec Boileau. La pièce est au centre d’une querelle littéraire opposant les partisans de Racine à ceux de son rival Pradon, qui fait jouer simultanément une tragédie sur le même sujet. Ce chef-d’œuvre, qui explore les ravages de la passion et la fatalité du destin, incarne la perfection du modèle tragique français. Il témoigne de la vitalité du théâtre sous Louis XIV et de la contribution des arts à la gloire du règne, participant pleinement au rayonnement culturel de la France en Europe.
1678 – 1679 : traités de Nimègues
Les traités de Nimègues mettent fin à la guerre de Hollande, qui opposait le royaume de France et ses alliés aux Provinces-Unies, à l’Espagne et à l’Empereur. Cette guerre coûteuse se termine néanmoins favorablement pour Louis XIV. L’Espagne figure comme principale perdante. Le royaume de France intègre en effet la Franche-Comté, et l’obtention de nombreuses places au nord, comme Cassel, Ypres, Cambrai ou Valenciennes lui permettent de consolider sa frontière.
La France se voit en outre reconnaître la possession de Saint Vincent, la Dominique et Saint-Lucie aux Antilles. Le règlement de la guerre avec l’Empire permet à la France de gagner Fribourg-en-Brisgau et de confirmer les traités de Westphalie. Une paix humiliante pour l’empereur.
21 octobre 1680 : création de la Comédie-Française
Par lettre de cachet, le roi réunit les troupes de l’hôtel de Bourgogne et de l’hôtel de Guénéguaud :
afin de rendre les représentations des Comédies plus parfaictes par le moyen des acteurs et actrices auxquels elle a donné place dans lad. troupe
La Comédie-Française, la première troupe permanente de théâtre en France, en née. Aucune autre troupe de comédiens français ne peut s’établir à Paris. Les comédiens sont pensionnés et bénéficient de la protection royale.
La Comédie-Française est un conservatoire d’art dramatique, mais elle sert aussi la politique de prestige du royaume et à faire concurrence à la comédie italienne. Sa devise est « simul et singulis » (être ensemble et rester soi-même), elle sied depuis 1799 à la salle Richelieu, dans le Palais-Royal, et elle doit son statut à un décret de Napoléon de 1812.
19 mars 1682 : Déclaration des Quatre articles
L’évêque de Meaux, proche du roi, Jacques-Bénigne Bossuet rédige cette déclaration selon laquelle le pouvoir temporel du roi est indépendant de celui du pape (“Dieu établit les rois comme les ministres, et règne par eux sur les peuples”, le pouvoir est de droit divin) et que l’autorité de ce dernier en matière spirituelle n’est pas infaillible.
Elle adoptée à l’unanimité des évêques de l’assemblée extraordinaire du clergé de France. Louis XIV intègre rapidement la déclaration à la législation, ce qui provoque un quasi-schisme de l’Église catholique. Le clergé français est alors partisan du gallicanisme, doctrine selon laquelle l’Église de France est autonome par rapport au pape. L’État fait un pas en avant dans le contrôle de l’Église et du fait religieux, les plaçant de plus en plus sous sa tutelle et sa protection.
1682 : installation de la cour au château de Versailles
Le château de Versailles est indissociable du règne de Louis XIV. Il en est peut-être l’achèvement le plus célèbre. Ce pavillon de chasse construit par Louis XIII à une vingtaine de kilomètres de Paris a été entièrement transformé par les architectes du roi Louis le Vau et Jules Hardouin-Mansart pour devenir un gigantesque palais de 2300 pièces s’étendant sur une surface de 65 154 m2. Les jardins, véritables lieux de socialisation, sont l’œuvre à André Le Nôtre. En 1682, le roi décide d’installer la cour au château de Versailles. Il met au “nomadisme” qui caractérisait la cour jusqu’à là.
Le château de Versailles devient donc le centre du royaume de France, c’est-à-dire le siège de son gouvernement. La magnificence des bâtiments doit refléter la gloire du Roi-Soleil sur tous les princes du monde. La famille royale, les princes de sang et la noblesse peut y être domestiquée : elle est soumise à de très sévères règles d’étiquettes tandis que la monarchie la vide de son pouvoir. Enfin, la ville est assez éloignée de Paris pour éviter les risques de Fronde.
18 octobre 1685 : L’édit de Fontainebleau ou la révocation de l’édit de Nantes
La présence d’une minorité protestante au sein du royaume fait violence à l’unité du corps social : le pouvoir du roi de France, légitimité par le droit divin, “très chrétien”, ne peut tolérer une dissidence religieuse dans la société idéologiquement une qu’il préside. Louis XIV tente d’abord de mettre en place des mesures incitatives pour convertir les huguenots (ceux de ladit R.P.R, religion prétendument réformée), puis multiplie les mesures vexatoires (dont les plus célèbres sont les dragonnades), si bien que le problème semble réglé. L’édit de Fontainebleau interdit la célébration du culture protestant, exile les pasteurs sans leurs enfants de plus de 7 ans, interdit aux laïcs de quitter le royaume et oblige les enfants à être élevés dans la religion catholique.
En outre, les temples protestants sont détruits. Cette mesure est un échec puisqu’elle entraîne la fuite hors du royaume de nombreuses élites protestants productrices de richesses, et entraînera des troubles auprès des protestants restants. La révocation de l’édit de Nantes symbolise la face sombre du règne du Roi-Soleil.
1er septembre 1686 : ambassadeurs du roi de Siam
Le royaume de France reçoit avec faste une ambassade siamoise, événement diplomatique majeur qui renforce le prestige international de Louis XIV. Cette visite exotique, témoignage des ambitions coloniales françaises en Asie du Sud-Est, s’inscrit dans une politique d’ouverture commerciale et missionnaire vers le Siam. Elle illustre la volonté du Roi-Soleil d’étendre son influence bien au-delà des frontières européennes.
20-21 septembre 1687 : traités de Ryswick
Les traités de Ryswick, signés entre la France et la Grande Alliance (Angleterre, Espagne, Provinces-Unies et Empire), mettent fin à la guerre de la Ligue d’Augsbourg. Louis XIV doit renoncer à certaines conquêtes récentes, notamment en restituant le Luxembourg et des territoires annexés depuis 1678, marquant ainsi un premier recul dans sa politique d’expansion territoriale.
29 juin 1694 : bataille du Texel
La bataille navale du Texel oppose la flotte française commandée par Tourville aux flottes anglaise et hollandaise près des côtes néerlandaises. Cette confrontation maritime, bien que techniquement indécise, permet à la France de protéger un important convoi marchand et démontre la puissance navale française sous Louis XIV.
1694 : parution du dictionnaire de l’Académie
Fruit d’un travail collectif entrepris sous Richelieu, le premier Dictionnaire de l’Académie française paraît après soixante ans d’élaboration. Cet ouvrage fondamental fixe l’usage de la langue française et contribue à son uniformisation, participant ainsi à la centralisation culturelle voulue par le pouvoir royal.
18 janvier 1695 : création de la capitation
La capitation, nouvel impôt extraordinaire créé par le contrôleur général des finances Pontchartrain, frappe tous les sujets du royaume divisés en vingt-deux classes selon leur rang social. Cette mesure fiscale, destinée à financer la guerre de la Ligue d’Augsbourg, marque une innovation majeure en touchant même les privilégiés, bien qu’elle soit inégalement répartie.
1695 : Le Détail de la France de Boisguilbert
Pierre Le Pesant de Boisguilbert publie cet ouvrage économique dénonçant la misère du peuple et les défauts du système fiscal français. Ce texte précurseur des idées physiocratiques propose des réformes radicales pour stimuler l’économie par la consommation populaire et influencera les penseurs du siècle suivant.
11 janvier 1697 : Les Contes de ma mère l’Oye
Charles Perrault publie ce recueil de contes qui marque la naissance de la littérature enfantine française. Ces histoires, inspirées de la tradition orale et adaptées au goût de la cour, comme Le Petit Chaperon rouge ou Cendrillon, constituent un patrimoine culturel durable et témoignent de l’intérêt nouveau pour l’enfance.
24 juillet 1702 : guerre des Cévennes
Le soulèvement des protestants cévenols contre les persécutions religieuses marque le début d’une guérilla qui durera jusqu’en 1705. Cette révolte des Camisards, menée dans un territoire montagneux difficile d’accès, représente la plus importante contestation intérieure du règne de Louis XIV après la Fronde.
24 juillet 1712 : bataille de Denain
Le maréchal de Villars remporte une victoire décisive contre les troupes impériales du prince Eugène de Savoie, sauvant la France d’une situation militaire désespérée. Ce succès, qui redonne l’avantage à Louis XIV dans la guerre de Succession d’Espagne, permet d’engager des négociations de paix dans une position moins défavorable.
11 avril et 13 juillet 1713 : traités d’Utrecht
Ces traités mettent fin à la guerre de Succession d’Espagne et redessinent la carte de l’Europe. La France conserve ses frontières métropolitaines mais cède des territoires en Amérique du Nord, tandis que la séparation des couronnes de France et d’Espagne est garantie, affaiblissant les prétentions hégémoniques de Louis XIV.
8 septembre 1713 : bulle Unigenitus
Cette constitution pontificale condamne les propositions jansénistes extraites des Réflexions morales du père Quesnel. Son application forcée par Louis XIV provoque une crise religieuse et politique majeure en France, exacerbant les tensions entre gallicans et ultramontains qui marqueront la fin du règne et le XVIIIe siècle.
6 mars 1714 : Traité de Rastatt
Ce traité de paix entre la France et l’Empire complète les accords d’Utrecht et établit les nouvelles frontières orientales du royaume. Louis XIV reconnaît les possessions des Habsbourg en Italie et aux Pays-Bas, marquant la fin définitive des ambitions françaises d’hégémonie européenne sous son règne.
Mai 1716 : autorisation ouverture banque de Law
Le Régent autorise l’Écossais John Law à fonder une banque privée émettant du papier-monnaie convertible en espèces. Cette innovation financière marque le début du “Système de Law”, tentative audacieuse de modernisation des finances françaises après la banqueroute laissée par Louis XIV.
1718 : fondation de la Nouvelle-Orléans
Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville fonde cette ville stratégique à l’embouchure du Mississippi, nommée en l’honneur du Régent Philippe d’Orléans. Ce nouveau poste français en Louisiane devient rapidement le centre administratif et commercial de cette vaste colonie, témoignant des ambitions françaises en Amérique du Nord.
28 août 1735 : Les Indes galantes de Rameau
Cette opéra-ballet de Jean-Philippe Rameau, représenté à l’Académie royale de musique, illustre la fascination française pour l’exotisme. L’œuvre, qui met en scène des histoires d’amour situées dans des contrées lointaines, incarne le raffinement musical et l’ouverture culturelle de la France des Lumières.
11 mai 1745 : bataille de Fontenoy
Le maréchal de Saxe remporte cette grande victoire française contre les forces anglo-hollandaises pendant la guerre de Succession d’Autriche. Ce succès militaire, auquel assiste Louis XV, permet à la France d’occuper les Pays-Bas autrichiens et marque l’apogée de la puissance militaire française au XVIIIe siècle.
1747 : création de l’école des ponts et chaussées
Daniel-Charles Trudaine et Jean-Rodolphe Perronet fondent cette institution pionnière dans la formation d’ingénieurs civils. Cette école, première du genre en Europe, témoigne de la volonté d’améliorer les infrastructures du royaume et contribuera au développement d’un réseau routier moderne en France.
28 septembre 1748 : suppression des galères
Louis XV abolit officiellement la peine des galères, désormais remplacée par les bagnes portuaires. Cette réforme pénale, motivée par l’évolution technique de la marine plus que par des considérations humanitaires, marque néanmoins la fin d’un châtiment particulièrement cruel de l’Ancien Régime.
Novembre 1748 : traité d’Aix-la-Chapelle
Ce traité met fin à la guerre de Succession d’Autriche sur le principe du statu quo ante bellum. La France, malgré ses victoires militaires, restitue ses conquêtes, notamment les Pays-Bas autrichiens, illustrant le décalage entre ses succès tactiques et ses échecs diplomatiques sous Louis XV.
1751 : parution du premier tome de l’Encyclopédie
Diderot et d’Alembert lancent cette entreprise éditoriale monumentale qui deviendra le manifeste des Lumières. Ce projet novateur, associant savoirs techniques et réflexions philosophiques, incarne l’esprit critique du siècle et connaîtra d’importantes difficultés avec la censure royale.
26 novembre 1755 : inauguration de la place Stanislas
Le roi de Pologne déchu et duc de Lorraine, Stanislas Leszczynski, inaugure cette place royale au cœur de Nancy. Cet ensemble architectural harmonieux, réalisé par Emmanuel Héré, symbolise le rayonnement du siècle des Lumières et l’intégration progressive de la Lorraine au royaume de France.
28 mars 1757 : supplice de Damiens
Robert-François Damiens, auteur d’une tentative d’assassinat contre Louis XV, est exécuté selon le rituel réservé aux régicides. Ce supplice particulièrement cruel, qui sera le dernier écartèlement public en France, illustre la sacralité de la personne royale tout en suscitant un malaise croissant face à la barbarie judiciaire.
1758 : Tableau économique de François Quesnay
Le médecin de Louis XV publie cet ouvrage fondateur de l’école physiocratique. Cette analyse novatrice de la circulation des richesses, plaçant l’agriculture au centre de l’économie, influence profondément la pensée économique des Lumières et inspire certaines réformes de la fin du règne.
Janvier 1759 : publication de Candide ou l’Optimisme
Voltaire publie anonymement ce conte philosophique ironique sur la question du mal. Cette œuvre majeure des Lumières, critique acérée de l’optimisme leibnizien et des institutions de l’époque, connaît un succès immédiat malgré la censure et demeure l’un des textes les plus célèbres de la littérature française.
1760 : fondation de la manufacture d’Oberkampf
Christophe-Philippe Oberkampf établit à Jouy-en-Josas une manufacture d’impression sur toiles de coton. Cette entreprise innovante, qui produira les célèbres “toiles de Jouy”, illustre l’essor de l’industrie textile française et l’influence du modèle productif britannique sur l’économie du royaume.
1762 : publication du Contrat social
Jean-Jacques Rousseau publie ce traité politique qui révolutionne la conception de la légitimité du pouvoir. Cette œuvre majeure, qui fonde la souveraineté sur la volonté générale du peuple et non sur le droit divin, sera condamnée par les autorités mais influencera profondément la pensée révolutionnaire.
1763 : traité de Paris
Ce traité met fin à la guerre de Sept Ans sur un désastre colonial pour la France. Le royaume cède la Nouvelle-France au profit de l’Angleterre et la Louisiane à l’Espagne, marquant la fin du premier empire colonial français et un affaiblissement considérable de son influence mondiale.
1763 : traité sur la tolérance
Voltaire publie ce plaidoyer en faveur de la liberté religieuse, inspiré par l’affaire Calas. Cet ouvrage emblématique des Lumières dénonce le fanatisme et l’arbitraire judiciaire, contribuant au développement de l’idée de tolérance qui influencera les réformes de la fin du siècle.
23 février 1766 : rattachement de la Lorraine à la France
Suite au décès de Stanislas Leszczynski, la Lorraine est définitivement intégrée au royaume de France, conformément au traité de Vienne de 1738. Cette annexion pacifique d’une province stratégique aux frontières orientales renforce le royaume et complète la politique d’unification territoriale poursuivie depuis Richelieu.
10 septembre 1766 : création de l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris
Cette institution, fondée à l’initiative du marquis de Marigny, vise à former des artisans d’excellence pour les manufactures royales. Son établissement témoigne de la volonté de maintenir la suprématie française dans les arts décoratifs face à la concurrence européenne croissante.
5 décembre 1766 : circumnavigation de Bougainville
Louis Antoine de Bougainville entame le premier voyage français de circumnavigation à bord de La Boudeuse. Cette expédition scientifique et diplomatique, qui durera jusqu’en 1769, permettra la découverte de nouvelles terres dans le Pacifique et enrichira considérablement les connaissances géographiques et botaniques de l’époque.
8 mai 1769 : bataille de Ponte-Novo. La Corse intègre la France
Les troupes françaises écrasent les forces indépendantistes corses dirigées par Pascal Paoli. Cette victoire militaire scelle l’annexion de l’île, achetée à Gênes l’année précédente, complétant ainsi l’unification territoriale du royaume et élargissant son influence en Méditerranée occidentale.
1770 : Histoire des deux Indes
L’abbé Raynal publie cette vaste encyclopédie coloniale aux accents critiques. Cet ouvrage collectif, auquel contribue notamment Diderot, dénonce les exactions de la colonisation européenne et du système esclavagiste, marquant l’émergence d’une conscience anticolonialiste au sein des Lumières.
24 mai 1773 : grand orient de France
Cette obédience maçonnique nationale est fondée pour unifier les loges françaises jusqu’alors dispersées. Cette institution, qui attire de nombreux nobles et bourgeois éclairés, joue un rôle important dans la diffusion des idées des Lumières et dans les sociabilités nouvelles de la fin de l’Ancien Régime.
13 septembre 1774 : libéralisation du commerce des grains
Turgot, nouveau contrôleur général des finances, fait adopter un édit supprimant les entraves à la libre circulation des céréales dans le royaume. Cette réforme physiocratique, censée stimuler la production agricole et améliorer l’approvisionnement des marchés, provoquera néanmoins de vives tensions populaires culminant dans la “guerre des farines” du printemps 1775.Ordonnance du 3 octobre 1774 : système de Gribeauval
Cette ordonnance officialise la réforme de l’artillerie française conçue par Jean-Baptiste Vaquette de Gribeauval. Ce système novateur, standardisant les calibres et allégeant les pièces, confère à l’armée française une mobilité accrue qui sera déterminante dans les futures victoires révolutionnaires et impériales.1777 : parution du Journal de Paris, premier quotidien français
Fondé par Antoine-Alexis Cadet de Vaux, le premier journal quotidien de France commence sa parution régulière. Cette innovation dans la presse périodique, qui rompt avec le rythme hebdomadaire des gazettes traditionnelles, témoigne de l’accélération de la circulation de l’information à la fin de l’Ancien Régime.1778 : mort de Voltaire
Le patriarche de Ferney s’éteint à Paris lors d’un ultime séjour triomphal dans la capitale. Sa disparition, suivie de près par celle de Rousseau, marque symboliquement la fin d’une génération des Lumières, mais son influence considérable sur la pensée française perdurera bien au-delà de sa mort.6 février 1778 : traité d’alliance franco-américain
La France signe avec les insurgés américains un traité de commerce et d’alliance militaire contre la Grande-Bretagne. Cette intervention décisive, préparée par le ministre Vergennes et l’action diplomatique de Benjamin Franklin, permet aux États-Unis de gagner leur indépendance tout en offrant à la France une revanche sur sa rivale britannique.27 juillet 1778 : bataille d’Ouessant
Cette confrontation navale indécise entre les flottes française et britannique au large des côtes bretonnes marque la première grande bataille de la guerre d’Indépendance américaine. Bien que tactiquement peu concluant, cet affrontement témoigne de la renaissance de la marine française sous Louis XVI et de sa capacité à rivaliser avec la Royal Navy.4 juin 1783 : premier vol des frères Montgolfier
Joseph et Étienne Montgolfier réalisent à Annonay la première démonstration publique d’un ballon à air chaud. Cette innovation spectaculaire, bientôt suivie de vols habités, captive l’imagination des contemporains et ouvre la voie à la conquête des airs, illustrant le dynamisme scientifique français.1783 : traité de Versailles
Ce traité de paix entre la France et la Grande-Bretagne met fin à la guerre d’Indépendance américaine. La France obtient quelques gains coloniaux modestes mais surtout une victoire diplomatique qui semble effacer l’humiliation du traité de Paris de 1763, tout en aggravant dangereusement le déficit financier du royaume.5 mai 1789 : ouverture des États généraux
Louis XVI inaugure à Versailles cette assemblée des trois ordres du royaume, convoquée pour résoudre la crise financière. Cette cérémonie solennelle, première réunion des États généraux depuis 1614, marque le début de la Révolution française et la fin prochaine de l’absolutisme monarchique.20 juin 1789 : serment du jeu de Paume
Les députés du tiers état, constitués en Assemblée nationale, jurent solennellement de ne pas se séparer avant d’avoir donné une constitution à la France. Cet acte de résistance collectif face au pouvoir royal, immortalisé par David, marque l’affirmation de la souveraineté nationale et le début du processus révolutionnaire.4 août 1789 : abolition des privilèges féodaux
Dans un élan d’enthousiasme nocturne, les députés de la noblesse renoncent à leurs droits féodaux et fiscaux. Cette “nuit du 4 août”, moment fondateur de l’égalité civile en France, met fin juridiquement à la société d’ordres de l’Ancien Régime et jette les bases d’une société de citoyens.26 août 1789 : déclaration des droits de l’homme et du citoyen
L’Assemblée nationale constituante adopte ce texte fondamental proclamant les droits naturels, inaliénables et sacrés de l’homme. Ce document révolutionnaire, inspiré des Lumières et de la Déclaration d’indépendance américaine, deviendra une référence universelle pour les droits humains et le constitutionnalisme moderne.2 novembre 1789 : mise à la disposition de la nation des biens du clergé
Sur proposition de Talleyrand, l’Assemblée nationale décrète la nationalisation des biens ecclésiastiques. Cette mesure radicale, destinée à résoudre la crise financière, permet la création des assignats mais provoque une rupture profonde avec l’Église, prélude à la future Constitution civile du clergé.12 juillet 1790 : constitution civile du clergé
L’Assemblée nationale réorganise unilatéralement l’Église de France, réduisant le nombre de diocèses et instaurant l’élection des évêques et curés. Cette réforme, perçue comme schismatique par Rome et de nombreux fidèles, provoque une fracture religieuse majeure et compromet durablement l’adhésion populaire à la Révolution.14 juillet 1790 : fête de la Fédération
Une grandiose cérémonie au Champ-de-Mars célèbre le premier anniversaire de la prise de la Bastille en présence du roi. Cette manifestation d’unité nationale, où La Fayette prête serment à la Nation, la Loi et le Roi, représente l’apogée de la phase modérée et consensuelle de la Révolution.20 et 21 1791 : fuite de Varennes
Louis XVI et sa famille tentent de fuir la France mais sont arrêtés à Varennes-en-Argonne et ramenés à Paris. Cet échec spectaculaire marque une rupture décisive entre le roi et la nation, compromettant définitivement la monarchie constitutionnelle et accélérant la radicalisation révolutionnaire.1791 : lois d’Allarde et Le Chapelier
Ces deux lois complémentaires abolissent les corporations et interdisent toute association professionnelle au nom de la liberté économique. Ces mesures libérales, qui prohibent coalitions et grèves jusqu’en 1864, établissent un individualisme économique radical qui façonnera durablement les relations de travail en France.5 septembre 1791 : rédaction de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne
Olympe de Gouges publie ce manifeste calqué sur la Déclaration de 1789 mais réclamant l’égalité totale des sexes. Ce texte visionnaire, qui dénonce l’exclusion des femmes des droits politiques, sera largement ignoré de ses contemporains et conduira son auteure à l’échafaud sous la Terreur.12 septembre 1791 : annexion d’Avignon et du Comtat Venaissin
L’Assemblée nationale décrète le rattachement à la France de ces territoires pontificaux après un référendum contesté. Cette première annexion révolutionnaire, qui rompt avec la diplomatie traditionnelle au nom du droit des peuples, préfigure les futures conquêtes de la République et de l’Empire.26 août 1792 : décret titre de Français
L’Assemblée législative accorde la citoyenneté française à plusieurs personnalités étrangères soutenant les idéaux révolutionnaires. Cette mesure symbolique, qui honore notamment Schiller, Washington et Kosciuszko, illustre l’universalisme révolutionnaire et sa volonté d’exporter ses principes au-delà des frontières.20 septembre 1792 : bataille de Valmy
Les troupes révolutionnaires françaises commandées par Kellermann et Dumouriez repoussent l’armée prussienne du duc de Brunswick. Cette victoire inattendue, saluée par Goethe comme le début d’une ère nouvelle, sauve la Révolution et ouvre la voie à la proclamation de la République.22 septembre 1792 : proclamation de la Ie République
La Convention nationale, nouvellement élue, abolit la monarchie et déclare la France république. Cette décision historique, prise au lendemain de Valmy, marque une rupture radicale avec treize siècles de tradition monarchique et inaugure une nouvelle ère politique en Europe.21 janvier 1793 : exécution du roi
Louis XVI est guillotiné sur la place de la Révolution après un procès controversé. Cette mise à mort du “citoyen Capet”, qui rompt définitivement avec le caractère sacré de la monarchie, radicalise la Révolution et précipite la formation de la première coalition européenne contre la France.10 mars 1793 : création du tribunal révolutionnaire
La Convention institue cette juridiction d’exception chargée de juger les ennemis de la Révolution. Cet instrument juridique de la Terreur, qui simplifie drastiquement les procédures au détriment des droits de la défense, enverra à l’échafaud des milliers de personnes avant d’être réformé après Thermidor.10 juin 1793 : inauguration du Muséum national d’histoire naturelle
Le Jardin du Roi est transformé en institution scientifique républicaine sous la direction de Daubenton. Cette création témoigne de la volonté révolutionnaire de démocratiser le savoir scientifique tout en préservant et développant la recherche naturaliste française déjà prestigieuse à l’échelle européenne.19 juillet 1793 : droit français de la propriété intellectuelle des auteurs
La Convention adopte les décrets sur les droits d’auteur, reconnaissant aux créateurs un droit exclusif sur leurs œuvres. Cette législation novatrice, qui influencera le droit international de la propriété intellectuelle, établit un équilibre entre protection des auteurs et diffusion publique des connaissances.26 juillet 1793 : présentation du télégraphe de Chappe
Claude Chappe démontre devant la Convention son système de communication visuelle à distance. Cette innovation révolutionnaire, rapidement adoptée pour les besoins militaires, permet la transmission rapide d’informations sur de longues distances et constitue la première étape des télécommunications modernes.23 août 1793 : levée en masse
La Convention décrète la mobilisation générale de tous les Français pour défendre la patrie en danger. Cette mesure sans précédent, qui préfigure la conscription moderne, permet à la République de lever des armées nombreuses et transforme fondamentalement la nature de la guerre en Europe.11 mars 1794 : création de l’École Polytechnique
La Convention fonde cette institution d’enseignement supérieur destinée à former des ingénieurs pour la nation. Cette école révolutionnaire, qui privilégie les mathématiques et les sciences exactes, formera l’élite technique française et contribuera durablement au rayonnement scientifique et industriel du pays.30 octobre 1794 : création de l’ENS
La Convention thermidorienne crée l’École normale supérieure pour former les futurs enseignants de la République. Cette institution novatrice, destinée à diffuser les savoirs scientifiques et les valeurs républicaines dans tout le pays, deviendra un pilier de l’excellence académique française.7 juin 1794 : fête de l’Être suprême
Robespierre préside cette cérémonie grandiose célébrant la religion civique qu’il a imposée à la Convention. Cette tentative de créer un culte révolutionnaire déiste, alternative au catholicisme et à l’athéisme, illustre la dimension spirituelle de la Révolution mais accentue aussi l’isolement politique de l’Incorruptible.26 juin 1794 : bataille de Fleurus
L’armée révolutionnaire de Jourdan remporte une victoire décisive sur les forces austro-hollandaises en Belgique. Ce succès militaire majeur, facilité par l’utilisation novatrice d’un ballon d’observation, assure à la France le contrôle des Pays-Bas autrichiens et consolide la République face à la première coalition.10 octobre 1794 : création du CNAM
La Convention thermidorienne fonde le Conservatoire national des arts et métiers sur proposition de l’abbé Grégoire. Cette institution originale, à la fois musée technique et centre d’enseignement professionnel, témoigne de l’intérêt révolutionnaire pour la diffusion des savoirs pratiques et l’innovation technologique.15 août 1795 : la livre remplacée par le franc
La Convention thermidorienne instaure le franc comme nouvelle unité monétaire nationale, fondée sur le système décimal. Cette réforme, qui rompt avec l’ancien système monarchique complexe, s’inscrit dans la rationalisation métrique révolutionnaire et établit une monnaie qui perdurera, avec des modifications, jusqu’à l’avènement de l’euro.
9 novembre 1799 : 18 brumaire an VIII, coup d’État
Le général Bonaparte renverse le Directoire avec la complicité de Sieyès et établit le Consulat. Cette prise de pouvoir marque la fin de la période révolutionnaire proprement dite et inaugure un régime autoritaire qui évoluera vers l’Empire, tout en préservant les acquis civils de la Révolution.
17 février 1800 : création du préfet de Paris
Bonaparte institue cette fonction administrative pour gouverner la capitale sous son autorité directe. Cette innovation administrative, qui place Paris sous un régime d’exception, témoigne de l’importance politique de la ville et de la volonté consulaire de contrôler étroitement ce foyer traditionnel d’agitation.
février 1800 : création de la Banque de France
Bonaparte fonde cette institution financière dotée du privilège d’émission des billets. Cette création, qui stabilise le système monétaire après les désordres révolutionnaires, instaure un modèle centralisé de banque nationale qui se maintiendra jusqu’à nos jours.
17 février 1800 : loi du 28 pluviôse an VIII
Cette loi consulaire réorganise fondamentalement l’administration territoriale française. Ce texte majeur, qui institue les préfets et uniformise l’organisation départementale, établit un modèle administratif centralisé qui perdurera au-delà des changements de régimes politiques.
juillet 1800 : premier essai du Nautilus de Robert Fulton
L’ingénieur américain teste dans la Seine son prototype de sous-marin à propulsion manuelle. Cette invention pionnière, qui annonce la révolution des navires submersibles, ne convainc pas Bonaparte malgré son potentiel militaire révolutionnaire.
15 juillet 1801 : concordat
Bonaparte signe avec le pape Pie VII un accord normalisant les relations entre la France et l’Église catholique. Ce compromis habile, qui réconcilie la France avec Rome tout en préservant la laïcisation des biens ecclésiastiques, contribue à la pacification religieuse et marque durablement les relations entre l’Église et l’État.
1801 : mise au point du métier Jacquard
Joseph Marie Jacquard perfectionne le métier à tisser automatisé par un système de cartes perforées. Cette innovation technique majeure, qui révolutionne l’industrie textile, illustre l’ingéniosité française et préfigure le développement de l’informatique par son principe de programmation.
1er mai 1802 : création de Saint-Cyr
Bonaparte fonde cette école militaire destinée à former les officiers de l’armée française. Cette institution d’élite, qui remplace les anciennes écoles supprimées pendant la Révolution, illustre la volonté de professionnalisation militaire du régime consulaire et façonnera durablement la tradition militaire française.
1802 : génie du christianisme
François-René de Chateaubriand publie cet essai apologétique exaltant la beauté esthétique et morale du christianisme. Cette œuvre marquante, qui rencontre un immense succès, accompagne parfaitement le rétablissement officiel du culte catholique et inaugure la sensibilité romantique en France.
20 mai 1802 : rétablissement de l’esclavage
Bonaparte abroge la loi d’abolition de 1794 et rétablit l’esclavage dans les colonies françaises. Cette décision régressive, motivée par des intérêts économiques et coloniaux, provoque notamment la révolte de Saint-Domingue et conduira à l’indépendance d’Haïti.
1802 : ouverture de la première fabrique de conserve au monde par Nicolas Appert
Le confiseur français industrialise son procédé révolutionnaire de conservation des aliments par stérilisation à chaud. Cette innovation majeure, encouragée par le gouvernement pour des raisons militaires, transformera profondément les habitudes alimentaires et le commerce des denrées périssables.
7 avril 1803 : création du franc Germinal
La loi du 17 germinal an XI établit un nouveau système monétaire bimétallique or-argent. Cette réforme, qui donne au franc une définition métallique stable, assure la solidité monétaire française pendant plus d’un siècle et contribue significativement à la prospérité économique du pays.
1er janvier 1804 : indépendance d’Haïti
L’ancienne colonie de Saint-Domingue proclame son indépendance sous la direction de Jean-Jacques Dessalines. Cette émancipation, fruit de la plus grande révolte d’esclaves victorieuse de l’histoire, constitue un échec majeur pour la politique coloniale de Bonaparte et crée la première république noire du monde.
21 mars 1804 : promulgation du Code civil
Bonaparte promulgue ce monument juridique unifiant et rationalisant le droit privé français. Cette œuvre législative majeure, qui synthétise l’héritage révolutionnaire et la tradition juridique française, influencera le droit de nombreux pays et structurera durablement la société française.
2 décembre 1804 : Napoléon empereur
Bonaparte se fait sacrer empereur des Français à Notre-Dame de Paris en présence du pape Pie VII. Cette cérémonie grandiose, qui associe symbolique révolutionnaire et tradition monarchique, consacre la transformation du régime consulaire en empire héréditaire et marque l’apogée de l’ascension politique de Napoléon.
21 octobre 1805 : bataille de Trafalgar
La flotte franco-espagnole est écrasée par la marine britannique commandée par l’amiral Nelson. Cette défaite navale catastrophique anéantit les espoirs français d’invasion de l’Angleterre et assure à la Grande-Bretagne la maîtrise des mers pour un siècle.
2 décembre 1805 : Austerlitz
Napoléon remporte sa plus éclatante victoire contre les armées austro-russes en Moravie. Ce chef-d’œuvre tactique, surnommé “bataille des Trois Empereurs”, consacre la Grande Armée comme la première d’Europe et contraint l’Autriche à la paix de Presbourg.
20 septembre 1807 : promulgation du Code de commerce
Napoléon fait adopter ce recueil systématique des règles régissant les activités commerciales. Ce code novateur, qui modernise et unifie le droit commercial français, complète l’œuvre juridique impériale et favorise le développement économique en sécurisant les transactions.
7 février 1808: présentation du Sacre de Napoléon
Jacques-Louis David présente officiellement son tableau monumental commémorant le sacre impérial. Cette œuvre magistrale, commandée pour glorifier le nouveau régime, illustre parfaitement l’esthétique néoclassique mise au service de la propagande politique.
17 mars 1808 : consistoires israélites
Napoléon organise le culte israélite en France sur le modèle hiérarchique catholique. Cette réforme administrative, qui intègre les juifs dans le système concordataire tout en les contrôlant, constitue une étape importante dans le processus d’émancipation civique de la communauté juive française.
1811 : Vidocq, brigade sûreté
L’ancien bagnard François Vidocq crée la première brigade de police judiciaire moderne à Paris. Cette innovation sécuritaire, qui applique le principe révolutionnaire “pour prendre un voleur, il faut un voleur”, révolutionne les méthodes d’investigation policière et inspire la littérature populaire du XIXe siècle.
14 juin 1814 : octroi de la charte de 1814
Louis XVIII promulgue cette constitution établissant une monarchie censitaire. Ce texte de compromis, qui préserve certains acquis révolutionnaires tout en restaurant la dynastie bourbonienne, inaugure le régime de la Restauration et tente une synthèse entre Ancien Régime et héritage révolutionnaire.
1814 : La Grande Odalisque
Jean-Auguste-Dominique Ingres achève cette représentation orientaliste d’un nu féminin allongé. Cette œuvre emblématique, critiquée pour ses proportions anatomiques délibérément déformées, illustre le renouvellement du nu académique et annonce l’orientalisme pictural du XIXe siècle.
18 juin 1815 : bataille de Waterloo
Napoléon est définitivement vaincu par les forces coalisées sous le commandement de Wellington et Blücher. Cette défaite historique met fin à l’épopée des Cent-Jours et à l’ère napoléonienne, conduisant à l’exil de l’empereur à Sainte-Hélène et à la seconde Restauration bourbonienne.
28 avril 1816 : création de la Caisse des dépôts et consignations
Louis XVIII fonde cette institution financière publique indépendante du pouvoir exécutif. Cet établissement novateur, destiné à gérer les fonds privés nécessitant une protection particulière, jouera un rôle majeur dans le financement des infrastructures et dans le développement économique français.
mai 1816 : Nicéphore Niepce
L’inventeur français obtient ses premières images photographiques sur papier enduit de chlorure d’argent. Ces expérimentations pionnières, qui précèdent de plusieurs années la mise au point du procédé définitif, marquent la naissance de la photographie et révolutionneront les arts visuels et la représentation du réel.
1818 : création du Livret A
La Caisse d’épargne de Paris lance ce livret d’épargne populaire à l’intention des classes modestes. Ce produit financier novateur, qui encourage l’épargne parmi les couches populaires, connaîtra un succès durable et deviendra une institution financière emblématique du quotidien des Français.
29 juillet 1818 : Caisse d’épargne et de prévoyance
Le banquier Benjamin Delessert et le duc de La Rochefoucauld-Liancourt fondent cette institution philanthropique à Paris. Cet établissement pionnier, destiné à encourager l’épargne populaire et à lutter contre le paupérisme, inspire la création de nombreuses caisses similaires et préfigure le développement de la protection sociale.
1819 : Radeau de la Méduse
Théodore Géricault expose au Salon cette toile monumentale inspirée du naufrage tragique de la frégate Méduse. Ce chef-d’œuvre romantique, qui associe fait divers contemporain et critique politique implicite de la Restauration, révolutionne la peinture d’histoire et consacre l’émergence du romantisme pictural français.
2 octobre 1821 : fondation de l’ESCP
La première école de commerce au monde ouvre ses portes à Paris sous l’impulsion d’économistes libéraux. Cette institution pionnière, qui propose un enseignement moderne adapté aux besoins du capitalisme industriel naissant, témoigne de la professionnalisation croissante des métiers du commerce et de la gestion.
26 février 1823 : première ligne de chemin de fer en France
La ligne Saint-Étienne-Andrézieux est inaugurée pour le transport de charbon. Cette modeste ligne à traction animale, première infrastructure ferroviaire française, préfigure la révolution des transports qui transformera profondément le territoire et l’économie nationale dans les décennies suivantes.
avril 1825 : Nouveau christianisme – Dialogues entre un conservateur et un novateur
Claude-Henri de Saint-Simon publie ce manifeste religieux juste avant sa mort. Cette œuvre ultime, qui propose une refondation du christianisme axée sur l’amélioration du sort des plus pauvres, devient la bible du saint-simonisme et influence durablement la pensée sociale du XIXe siècle.
15 janvier 1826 : Le Figaro
Le dramaturge Maurice Schlesinger lance ce journal satirique qui deviendra l’un des plus anciens quotidiens français encore publiés. Cette publication, dont le nom emprunte au personnage frondeur de Beaumarchais, connaîtra des évolutions éditoriales majeures mais restera un acteur influent du paysage médiatique français.
1829 : adoption du pseudo Georges Sand par Aurore Dupin
Aurore Dupin, future George Sand, publie ses premiers écrits et commence à fréquenter les cercles littéraires parisiens. Elle s’impose progressivement comme une voix singulière, préfigurant une carrière littéraire qui marquera le XIXe siècle.
juillet 1829 : fondation de la Revue des Deux Mondes
La Revue des Deux Mondes est fondée à Paris comme publication culturelle et politique d’envergure internationale. Elle devient rapidement une référence intellectuelle majeure en France et en Europe, publiant les plus grands auteurs de son temps.
1830 : Jean-Baptiste Say nommé professeur au Collège de France
L’économiste libéral Jean-Baptiste Say accède à la première chaire d’économie politique du Collège de France. Cette nomination consacre l’importance croissante de cette discipline dans la vie intellectuelle française et l’influence de Say sur la pensée économique de son temps.
1830 : Cours de philosophie positive
Auguste Comte publie le premier tome de son “Cours de philosophie positive”, fondement du positivisme. Cette œuvre majeure propose une nouvelle classification des sciences et établit la sociologie comme discipline scientifique.
25 février 1830 : bataille d’Hernani
La première représentation de la pièce “Hernani” de Victor Hugo déclenche une controverse mémorable entre classiques et romantiques. Cette “bataille” littéraire symbolise la victoire du mouvement romantique dans le théâtre français.
13 novembre 1830 : Le Rouge et le Noir
Stendhal publie “Le Rouge et le Noir”, roman psychologique et social qui dépeint l’ascension et la chute de Julien Sorel. Cette œuvre majeure offre une analyse critique de la société française de la Restauration.
14 juin 1830 : début de la conquête de l’Algérie par la France
Une expédition militaire française débarque près d’Alger, marquant le début de la colonisation de l’Algérie. Cette conquête, qui durera plusieurs décennies, transformera profondément la politique étrangère française et l’histoire des deux pays.
27, 28, 29 juillet 1830 : révolution de Juillet
Les “Trois Glorieuses” voient le peuple parisien se soulever contre les ordonnances liberticides de Charles X. Cette révolution aboutit à l’abdication du roi et l’avènement de Louis-Philippe, inaugurant la Monarchie de Juillet.
1830 : création du service des monuments historiques
Face aux destructions et dégradations du patrimoine architectural français, l’État crée le service des monuments historiques. Cette institution, dont Prosper Mérimée sera l’inspecteur général, permettra la sauvegarde et la restauration de nombreux édifices historiques.
mai 1831 : présentation de La liberté guidant le peuple
Eugène Delacroix expose son tableau “La Liberté guidant le peuple” au Salon de Paris. Cette œuvre allégorique, célébrant la révolution de Juillet, devient rapidement un symbole républicain majeur et une icône de l’art français.
5 octobre 1831 : Chopin à Paris
Le compositeur polonais Frédéric Chopin s’installe à Paris après avoir quitté sa Pologne natale. La capitale française deviendra le cadre de ses plus grandes créations et de sa rencontre avec George Sand.
21 novembre 1831 : révolte des Canuts
Les ouvriers de la soie lyonnais, les canuts, se soulèvent contre la misère et l’exploitation. Cette première grande révolte ouvrière en France révèle les tensions sociales produites par l’industrialisation naissante.
1832 : épidémie de choléra
Une terrible épidémie de choléra frappe la France, faisant près de 100 000 victimes. Cette crise sanitaire met en lumière les conditions d’hygiène déplorables dans les grandes villes et accentue les inégalités sociales.
21-22 novembre 1832 : révolte des Canuts
Les canuts lyonnais se soulèvent à nouveau contre leurs conditions de travail, après l’échec des négociations avec les fabricants. Cette seconde révolte est brutalement réprimée par l’armée, renforçant l’antagonisme entre le pouvoir et la classe ouvrière.
1833 : lois Guizot
Le ministre François Guizot fait voter une loi fondamentale sur l’instruction primaire, obligeant chaque commune à entretenir une école. Cette législation marque une étape cruciale dans le développement de l’éducation publique en France.
1835 : fondation de la Presse par Émile de Girardin
Émile de Girardin révolutionne la presse française en créant “La Presse”, quotidien à bas prix financé par la publicité. Cette innovation transforme le journalisme en une industrie moderne et démocratise l’accès à l’information.
23 janvier 1835 : parution de De la démocratie en Amérique
Alexis de Tocqueville publie le premier tome de son analyse de la société américaine et de ses institutions démocratiques. Cette œuvre majeure de la pensée politique offre une réflexion profonde sur les forces et faiblesses de la démocratie moderne.
1836 : Schneider et le Creusot
Les frères Schneider rachètent les forges du Creusot et développent un empire industriel métallurgique d’envergure. Cette entreprise familiale deviendra l’un des fleurons de l’industrie française et un symbole de sa puissance économique.
10 juin 1836 : mort d’Ampère
André-Marie Ampère, physicien et mathématicien de renom, s’éteint à Marseille. Ses travaux fondamentaux sur l’électromagnétisme ont révolutionné la physique et donné son nom à l’unité de mesure du courant électrique.
10 octobre 1837 : mort de Charles Fourier
Le philosophe et économiste Charles Fourier, théoricien du socialisme utopique, décède à Paris. Ses idées sur l’organisation sociale harmonieuse et le phalanstère influenceront durablement la pensée socialiste française et internationale.
30 juin 1840 : Qu’est-ce que la Propriété ?
Pierre-Joseph Proudhon publie son célèbre pamphlet “Qu’est-ce que la propriété ?” avec sa formule choc “La propriété, c’est le vol”. Cet ouvrage provocateur pose les fondements de l’anarchisme et critique radicalement les principes économiques dominants.
le 14 décembre 1840 : dépouille napoléon
Les cendres de Napoléon Bonaparte sont transférées aux Invalides lors d’une cérémonie solennelle. Ce retour posthume, organisé par Louis-Philippe, marque la réconciliation officielle de la France avec la mémoire impériale.
22 mars 1841 : loi limitant le travail des enfants
Une loi pionnière interdit le travail des enfants de moins de huit ans et limite la durée du travail pour les plus âgés. Cette première législation sociale de la monarchie de Juillet, bien qu’imparfaitement appliquée, témoigne d’une prise de conscience des abus du capitalisme industriel.
1842 : chemins de fer
La loi relative à l’établissement des grandes lignes de chemin de fer organise le développement du réseau ferroviaire français. Ce texte, établissant un partenariat entre l’État et les compagnies privées, marque le véritable démarrage de la révolution ferroviaire en France.
mars 1844 : Les Trois mousquetaires
Alexandre Dumas publie “Les Trois Mousquetaires”, roman d’aventures devenu emblématique de la littérature populaire française. Ce feuilleton captivant connaît un succès immédiat et pérenne, faisant de Dumas l’un des auteurs les plus lus de son temps.
14 novembre 1844 : première crèche en France
Firmin Marbeau ouvre à Paris la première crèche française, institution destinée à accueillir les enfants des mères ouvrières. Cette innovation sociale répond aux transformations du travail féminin engendrées par l’industrialisation croissante.
25 mai 1846 : loi Ollivier
La loi Ollivier autorise les associations ouvrières professionnelles, assouplissant les dispositions antisyndicales héritées de la Révolution. Cette avancée, bien que limitée, représente un premier pas vers la reconnaissance du droit syndical en France.
septembre : fondation de l’école française d’Athènes
L’École française d’Athènes est créée comme institution de recherche archéologique et historique en Grèce. Premier établissement scientifique français à l’étranger, elle marque l’intérêt renouvelé pour l’hellénisme et l’engagement de la France dans l’archéologie méditerranéenne.
2 mars 1848 : limitation durée du travail
Le gouvernement provisoire issu de la révolution de Février fixe à Paris la journée de travail à dix heures et à onze heures en province. Cette réforme sociale majeure, bien qu’éphémère, témoigne des aspirations ouvrières portées par la jeune République.
2 mars 1848 : suffrage universel direct
Le décret du gouvernement provisoire établit le suffrage universel masculin, accordant le droit de vote à tous les Français de plus de 21 ans. Cette démocratisation soudaine du système électoral, multipliant par trente le nombre d’électeurs, transforme profondément la vie politique française.
27 avril 1848 : deuxième décret d’abolition de l’esclavage en France
Le gouvernement provisoire de la IIe République abolit définitivement l’esclavage dans les colonies françaises. Cette mesure, portée par Victor Schoelcher, marque une étape fondamentale dans l’histoire des droits humains en France.
15 mai 1850 : loi Falloux
La loi Falloux réorganise l’enseignement primaire et secondaire, accordant une place importante à l’Église dans l’éducation. Ce texte controversé divise profondément la société française entre partisans de l’école confessionnelle et défenseurs de la laïcité.
1850 : l’Enterrement à Ornans
Gustave Courbet expose son tableau monumental “Un enterrement à Ornans”, révolutionnant l’art par son réalisme et son sujet populaire. Cette œuvre marque une rupture avec l’académisme dominant et affirme une nouvelle conception de la peinture.
18 août 1850 : mort de Balzac
Honoré de Balzac, l’un des plus grands romanciers français, s’éteint à Paris à l’âge de 51 ans. Son œuvre monumentale, “La Comédie humaine”, constitue un témoignage incomparable sur la société française de la première moitié du XIXe siècle.
8 décembre 1851 : décret établissant la peine de transportation en Guyane
Louis-Napoléon Bonaparte instaure la transportation des condamnés en Guyane, créant ainsi le bagne colonial. Cette mesure punitive vise particulièrement les opposants au coup d’État du 2 décembre et inaugure un système pénitentiaire qui perdurera jusqu’au milieu du XXe siècle.
28 février 1852 : Sociétés de crédit foncier
Un décret autorise la création des sociétés de crédit foncier, permettant le financement à long terme de l’immobilier. Cette innovation financière stimule l’urbanisation et les grands travaux qui caractérisent le Second Empire.
24 septembre 1853 : la Nouvelle-Calédonie devient française
L’amiral Febvrier-Despointes prend possession de la Nouvelle-Calédonie au nom de Napoléon III. Cette annexion étend l’empire colonial français dans le Pacifique et fournira plus tard un lieu de déportation pour les communards.
21 mai 1854 : fondation du Félibrige
Frédéric Mistral et six autres poètes provençaux créent le Félibrige, mouvement de renaissance de la langue et de la culture occitanes. Cette initiative témoigne d’un renouveau des identités régionales face à la centralisation croissante de l’État français.
1855 : fondation Compagnie générale transatlantique
Les frères Péreire fondent la Compagnie générale transatlantique pour assurer les liaisons maritimes avec l’Amérique. Cette entreprise emblématique de l’essor économique du Second Empire deviendra un fleuron du commerce maritime français.
1856 : fin de la guerre de Crimée
Le Congrès de Paris conclut la guerre de Crimée par une victoire de la France et de ses alliés contre la Russie. Ce succès diplomatique consacre le retour de la France comme puissance européenne majeure sous Napoléon III.
7 février 1857
Le gouvernement impérial promulgue une loi sur les sociétés en commandite par actions, réglementant plus strictement ce type d’entreprises. Cette réforme s’inscrit dans la modernisation du droit des affaires voulue par Napoléon III pour encadrer le capitalisme en plein essor.
19 juin 1857 : développement de la forêt des Landes
Une loi impériale impose aux communes landaises de drainer et d’ensemencer leurs territoires marécageux en pins maritimes. Cette transformation radicale du paysage landais crée la plus grande forêt artificielle d’Europe occidentale et révolutionne l’économie locale.
1857 : procès de Madame Bovary
Gustave Flaubert est poursuivi pour “outrage à la morale publique et religieuse” suite à la publication de “Madame Bovary”. Ce procès retentissant, malgré l’acquittement de l’auteur, illustre les tensions entre création littéraire et ordre moral sous le Second Empire.
25 juin 1857 : publication des Fleurs du mal
Charles Baudelaire publie son recueil poétique “Les Fleurs du Mal”, œuvre fondatrice de la poésie moderne française. Le poète sera condamné pour “outrage à la morale publique” quelques semaines plus tard, certains poèmes étant jugés immoraux.
21 juillet 1857 : création des tirailleurs sénégalais
Le gouverneur du Sénégal, Louis Faidherbe, crée le premier bataillon de tirailleurs sénégalais, unité militaire composée de soldats africains. Cette institution militaire jouera un rôle majeur dans l’expansion coloniale française et dans les conflits mondiaux ultérieurs.
11 février 1858 : apparition mariale à Bernadette Soubirous
La jeune Bernadette Soubirous connaît sa première vision de la Vierge Marie dans la grotte de Massabielle à Lourdes. Ces apparitions mariales feront de cette petite ville pyrénéenne l’un des principaux lieux de pèlerinage catholique au monde.
7 mai 1859 : Crédit industriel et commercial
Fondation du Crédit Industriel et Commercial, l’une des premières banques de dépôt françaises. Cette innovation financière, encouragée par Napoléon III, démocratise l’accès aux services bancaires et stimule le développement économique du Second Empire.
24 mars 1860 : traité de Turin
Le traité de Turin entérine le rattachement de la Savoie et du comté de Nice à la France, en échange du soutien de Napoléon III à l’unification italienne. Cette acquisition territoriale majeure, confirmée par plébiscite, constitue la dernière extension significative du territoire métropolitain français.
23 juin 1860 : traité de commerce franco-anglais
Napoléon III signe avec le Royaume-Uni un traité de libre-échange, abaissant considérablement les barrières douanières entre les deux pays. Cette orientation libérale, contestée par les industriels français, marque une rupture avec le protectionnisme traditionnel.
17 août 1861 : daubié
Julie-Victoire Daubié devient la première femme bachelière de France, après une longue bataille pour être autorisée à passer l’examen. Cette victoire symbolique ouvre une brèche dans l’exclusion des femmes de l’enseignement supérieur et des professions intellectuelles.
15 mai 1863 : ouverture du salon des refusés
Sur décision de Napoléon III, une exposition parallèle au Salon officiel présente les œuvres rejetées par le jury académique. Ce “Salon des Refusés” expose notamment “Le Déjeuner sur l’herbe” de Manet et marque une étape importante dans l’émancipation de l’art moderne.
6 juillet 1863 : fondation du Crédit lyonnais
Henri Germain fonde le Crédit Lyonnais, établissement bancaire qui connaîtra un développement fulgurant. Cette banque de dépôt innovante témoigne de la modernisation et de la sophistication du système financier français sous le Second Empire.
24 juin 1863 : Vie de Jésus
Ernest Renan publie sa “Vie de Jésus”, étude historique et critique de la figure de Jésus de Nazareth. Cet ouvrage controversé, appliquant une méthode historique rigoureuse aux textes sacrés, provoque un scandale dans la France catholique et vaut à son auteur la perte de sa chaire au Collège de France.
2 septembre 1863 : décret instituant le bagne de Nouvelle-Calédonie
Napoléon III signe le décret établissant un bagne en Nouvelle-Calédonie, complétant celui de Guyane. Cette nouvelle colonie pénitentiaire, destinée initialement aux condamnés européens jugés plus vulnérables au climat guyanais, accueillera également les déportés de la Commune de Paris.
1863 : Olympia, Manet
Édouard Manet peint “Olympia”, représentation d’une courtisane nue au regard direct. Exposée au Salon de 1865, cette œuvre scandalise par son traitement réaliste et sans idéalisation du nu féminin, marquant une rupture fondamentale dans l’histoire de la peinture.
11 janvier 1864 : discours sur les libertés nécessaires
Adolphe Thiers prononce à la Chambre un discours défendant les “libertés nécessaires” à toute société moderne. Cette intervention marque l’évolution vers un Empire plus libéral et contribue à l’assouplissement du régime autoritaire de Napoléon III.
4 mai 1864 : fondation de la société générale
La Société Générale pour favoriser le développement du commerce et de l’industrie en France est créée comme banque d’investissement et de dépôt. Cette institution financière majeure, symbole de la modernisation économique du Second Empire, contribuera significativement au financement de l’industrialisation française.
25 mai 1864 : loi Ollivier
La loi Ollivier du 25 mai 1864 abolit le délit de coalition et reconnaît aux ouvriers le droit de grève. Cette mesure s’inscrit dans la libéralisation progressive du Second Empire, marquant une étape importante dans l’histoire du droit du travail en France.
11 mai 1865 : fondation du Printemps
Jules Jaluzot ouvre le premier grand magasin Le Printemps à Paris, au coin du boulevard Haussmann et de la rue du Havre. Cette création marque l’essor des grands magasins parisiens et une nouvelle ère dans le commerce de détail en France.
15 juillet 1869 : Hippolyte Mège-Mouriès
Le pharmacien français Hippolyte Mège-Mouriès dépose le brevet de la margarine, qu’il met au point suite à un concours lancé par Napoléon III pour créer un substitut au beurre. Cette invention révolutionne l’alimentation populaire en proposant une alternative moins coûteuse aux matières grasses traditionnelles.
1865 : publication de l’Introduction à l’étude de la médecine expérimentale
Claude Bernard publie son ouvrage fondamental qui établit les bases méthodologiques de la médecine moderne. Ce texte révolutionne l’approche scientifique médicale en introduisant la méthode expérimentale rigoureuse comme fondement de la recherche physiologique.
1866 : Poèmes saturniens
Paul Verlaine publie son premier recueil poétique, “Poèmes saturniens”, marquant ses débuts officiels en littérature. Cette œuvre, influencée par le Parnasse mais annonçant déjà la sensibilité symboliste, témoigne de la mélancolie caractéristique du poète.
17 novembre 1869 : canal de Suez
Inauguration du canal de Suez reliant la mer Méditerranée à la mer Rouge, en présence de l’impératrice Eugénie. Cette voie navigable, réalisée sous la direction de Ferdinand de Lesseps, révolutionne le commerce maritime mondial en raccourcissant considérablement la route vers l’Asie.
21 mars 1870 : fondation de La Samaritaine
Ernest Cognacq et son épouse Marie-Louise Jay fondent le grand magasin La Samaritaine à Paris. Cette nouvelle enseigne, concurrente du Bon Marché et du Printemps, s’inscrit dans l’essor des grands magasins parisiens qui transforment les habitudes de consommation.
18 juillet 1870 : début de la guerre franco-prussienne
La France déclare la guerre à la Prusse suite à la dépêche d’Ems, manipulée par Bismarck pour provoquer le conflit. Cette guerre, désastreuse pour la France, aboutira à la chute du Second Empire et à la perte de l’Alsace-Lorraine.
4 septembre 1870 : proclamation de la IIIe République
Suite à la défaite de Sedan et à la capture de Napoléon III, la République est proclamée à l’Hôtel de Ville de Paris. Un gouvernement de Défense nationale est formé, marquant la naissance de la IIIe République dans un contexte de défaite militaire.
24 octobre 1870 : décret Crémieux
Adolphe Crémieux, ministre de la Justice du gouvernement de Défense nationale, accorde la citoyenneté française aux juifs d’Algérie. Ce décret marque une distinction fondamentale entre les populations juives et musulmanes dans l’Algérie coloniale.
18 mars 1871 : Commune de Paris
Début de l’insurrection parisienne après la tentative du gouvernement de Thiers de désarmer la Garde nationale à Montmartre. Cette révolution populaire établit pendant 72 jours un gouvernement autonome à Paris, porteur d’idéaux sociaux avancés.
10 mai 1871 : traité de Francfort
La France vaincue signe avec l’Empire allemand le traité qui met fin à la guerre franco-prussienne. Ce traité entérine la cession de l’Alsace-Lorraine à l’Allemagne et impose à la France une lourde indemnité de guerre de 5 milliards de francs-or.
21-28 mai 1871 : semaine sanglante
L’armée versaillaise écrase la Commune de Paris lors d’une semaine de répression brutale. Ce massacre fait entre 20 000 et 30 000 morts parmi les Communards et marque profondément la mémoire du mouvement ouvrier français.
Juin 1871 : l’Internationale
Eugène Pottier écrit les paroles de “L’Internationale”, qui deviendra l’hymne du mouvement ouvrier mondial. Ce chant révolutionnaire, mis en musique en 1888 par Pierre Degeyter, symbolise la solidarité internationale des travailleurs.
5 juillet 1871 : manifeste du comte de Chambord
Henri d’Artois, comte de Chambord et prétendant légitimiste au trône de France, publie un manifeste refusant le drapeau tricolore. Ce refus de renoncer au drapeau blanc des Bourbons compromet définitivement ses chances de restauration monarchique.
Février 1872 : fondation de l’École libre des sciences politiques
Émile Boutmy crée l’École libre des sciences politiques à Paris, future Sciences Po. Cette institution privée vise à former les élites administratives et politiques françaises dans un contexte de reconstruction nationale après la défaite.
2 avril 1872 : Le Bon Marché
Aristide Boucicaut réorganise et développe Le Bon Marché, premier grand magasin moderne de Paris. Cette transformation commerciale révolutionne le commerce de détail avec l’introduction de prix fixes et du libre accès aux marchandises.
8 février 1873 : arrêt Blanco
Le Tribunal des Conflits rend l’arrêt Blanco, fondateur du droit administratif français. Cette décision établit l’autonomie du droit administratif par rapport au droit civil et consacre la responsabilité de l’État pour les dommages causés par les services publics.
25 mars 1873 : École française de Rome
Un décret officialise la création de l’École française de Rome, institution dédiée à la recherche historique et archéologique. Cet établissement devient un centre majeur de l’influence culturelle française à l’étranger et un pilier de la recherche historique.
Octobre 1873 : Une Saison en enfer
Arthur Rimbaud publie à compte d’auteur “Une Saison en enfer”, unique œuvre qu’il fait imprimer lui-même. Ce recueil de poèmes en prose, d’une modernité fulgurante, marque l’une des dernières publications du poète avant son abandon de la littérature.
24 juillet 1873 : Sacré-Cœur
L’Assemblée nationale vote la construction de la basilique du Sacré-Cœur sur la butte Montmartre à Paris. Cet édifice, conçu comme une expiation nationale après la défaite et la Commune, devient un symbole controversé du renouveau catholique français.
Janvier 1874 : impression au soleil levant
Claude Monet expose “Impression, soleil levant” lors de la première exposition impressionniste à Paris. Cette toile donnera son nom au mouvement impressionniste, révolutionnant l’histoire de l’art par sa rupture avec l’académisme.
3 juin 1875 : Madeleine Brès soutient sa thèse
Madeleine Brès devient la première femme française à obtenir un doctorat en médecine. Son parcours pionnier ouvre la voie aux femmes dans une profession jusqu’alors exclusivement masculine.
1875 : lois constitutionnelles
L’Assemblée nationale vote les trois lois constitutionnelles qui organisent la IIIe République. Ces textes fondamentaux, adoptés à une voix de majorité, établissent un régime parlementaire qui durera jusqu’en 1940.
1876 : parution de la Revue historique
Gabriel Monod fonde la Revue historique, première publication scientifique française dédiée à l’histoire. Cette revue incarne l’émergence de l’école méthodique française et la professionnalisation de la discipline historique.
1877 : Le Tour de France par deux enfants
G. Bruno (pseudonyme d’Augustine Fouillée) publie ce manuel scolaire qui connaîtra un immense succès. Cet ouvrage patriotique, véritable monument de la IIIe République, instruira des générations d’écoliers français sur leur pays.
18 mai 1878 : plan Freycinet
Le ministre des Travaux publics Charles de Freycinet lance un vaste programme de construction d’infrastructures ferroviaires et fluviales. Ce plan ambitieux modernise considérablement les transports français et désenclave les régions rurales.
9 août 1879 : loi création écoles normales
Une loi impose la création d’une école normale d’institutrices dans chaque département français. Cette mesure complète l’œuvre scolaire républicaine et favorise la féminisation du corps enseignant primaire.
14 février 1879 : La Marseillaise devient l’hymne
La IIIe République adopte officiellement La Marseillaise comme hymne national français. Ce chant révolutionnaire, composé par Rouget de Lisle en 1792, devient un symbole républicain après avoir été interdit sous les régimes monarchiques.
18 mars 1880 : liberté de l’enseignement supérieur
Promulgation de la loi relative à la liberté de l’enseignement supérieur, qui réserve à l’État la collation des grades universitaires. Cette mesure s’inscrit dans la politique de laïcisation de l’enseignement menée par les républicains.
16 juin 1881 : gratuité absolue de l’enseignement primaire
Jules Ferry fait voter la loi établissant la gratuité absolue de l’enseignement primaire public. Cette mesure fondamentale des lois scolaires républicaines démocratise l’accès à l’instruction élémentaire.
14 juillet 1880 : 14 juillet devient fête nationale
Une loi établit le 14 juillet comme fête nationale commémorant la prise de la Bastille et la Fête de la Fédération. Ce choix symbolique ancre la République dans l’héritage révolutionnaire et institue une célébration civique annuelle.
28 décembre 1880 : Institut français d’archéologie orientale
Création au Caire de l’Institut français d’archéologie orientale, dédié à l’étude des civilisations égyptiennes et orientales. Cet établissement témoigne du rayonnement scientifique français et de l’intérêt pour l’égyptologie.
1880 : Le Penseur de Rodin
Auguste Rodin conçoit sa célèbre sculpture “Le Penseur”, initialement intitulée “Le Poète”. Cette œuvre emblématique, représentant un homme plongé dans une méditation profonde, deviendra l’une des sculptures les plus connues au monde.
12 mai 1881 : traité du Bardo
La France impose au bey de Tunis le traité du Bardo qui établit son protectorat sur la Tunisie. Cette conquête s’inscrit dans l’expansion coloniale française et la course aux colonies entre puissances européennes.
28 juin 1881 : adoption de l’indigénat
Instauration du régime de l’indigénat dans les colonies françaises, créant un système juridique discriminatoire. Ce code soumet les populations colonisées à une justice d’exception et les prive des droits reconnus aux citoyens français.
29 juillet 1881 : loi liberté presse
Promulgation de la loi sur la liberté de la presse, texte fondateur qui supprime le régime d’autorisation préalable. Cette législation libérale, toujours en vigueur, consacre une liberté fondamentale de la République.
14 novembre 1881 : naissance ministère agriculture
Création d’un ministère de l’Agriculture autonome, distinct du ministère du Commerce. Cette institution répond aux besoins spécifiques du monde rural français et témoigne de l’importance politique accordée à l’agriculture.
11 mars 1882 : Ernest Renan prononce “Qu’est-ce qu’une nation ?”
Ernest Renan donne sa célèbre conférence à la Sorbonne sur la définition de la nation. Cette intervention majeure définit la nation comme “un plébiscite de tous les jours” et influence durablement la conception française de la nationalité.
28 mars 1882 : loi obligation école jusqu’à 13 ans
Jules Ferry fait voter la loi rendant l’enseignement primaire obligatoire pour tous les enfants de 6 à 13 ans. Cette mesure complète les lois sur la gratuité et la laïcité, formant la trilogie fondatrice de l’école républicaine.
21 juillet 1883 : Alliance française
Fondation de l’Alliance française, institution dédiée à la diffusion de la langue et de la culture françaises à l’étranger. Cette organisation devient un instrument majeur du rayonnement culturel français dans le monde.
21 mars 1884 : loi Waldeck-Rousseau
Promulgation de la loi légalisant les syndicats professionnels ouvriers et patronaux en France. Cette législation sociale importante reconnaît la liberté syndicale et institutionnalise les relations professionnelles.
27 juillet 1884 : loi Naquet
Alfred Naquet fait adopter la loi rétablissant le divorce en France, aboli depuis 1816. Cette réforme libérale marque une étape importante dans l’évolution du droit de la famille et l’émancipation des femmes.
1891 : les Annales de géographie de Vidal de la Blache
Paul Vidal de la Blache fonde la revue “Annales de géographie”, établissant l’école française de géographie. Cette publication scientifique développe une approche novatrice de la géographie humaine et régionale.
22 décembre 1894 – 12 juillet 1906 : affaire Dreyfus
L’affaire Dreyfus divise profondément la société française, opposant les dreyfusards aux antidreyfusards. Ce scandale judiciaire et politique, débuté par l’accusation de trahison contre le capitaine Alfred Dreyfus, révèle l’antisémitisme latent dans la société française et aboutit à sa réhabilitation complète en 1906.
mars 1885 : publication de Germinal
Roman majeur d’Émile Zola, Germinal dépeint avec réalisme la misère des mineurs du Nord et leur lutte contre l’exploitation. Cette œuvre naturaliste, qui dénonce les conditions de vie des ouvriers, s’impose comme l’un des textes fondateurs de la littérature sociale française.
1885 : Bel Ami
Roman de Guy de Maupassant, Bel Ami raconte l’ascension sociale de Georges Duroy dans le Paris de la Belle Époque. Par la séduction et le journalisme, le protagoniste gravit les échelons d’une société bourgeoise que Maupassant dépeint avec cynisme et lucidité.
22 mai 1885 : mort de Victor Hugo
La mort de Victor Hugo provoque une immense émotion populaire et des funérailles nationales suivies par près de deux millions de personnes. L’hommage rendu au poète, romancier et homme politique symbolise la reconnaissance de son importance dans la construction de l’identité culturelle française.
loi Bérenger du 14 août 1885
Cette loi instaure le sursis à l’exécution des peines, permettant aux primo-délinquants d’éviter la prison si aucune nouvelle condamnation n’intervient dans les cinq ans. Elle marque une étape importante dans l’humanisation du droit pénal français.
26 octobre 1885 : présentation du vaccin contre la rage par Pasteur
Louis Pasteur présente officiellement son vaccin contre la rage à l’Académie des sciences, après avoir traité avec succès Joseph Meister en juillet. Cette avancée médicale majeure confirme le génie de Pasteur et pose les fondements de l’immunologie moderne.
14 avril 1886 : La France Juive d’Édouard Drumont, best seller
Pamphlet antisémite virulent, La France Juive connaît un succès retentissant avec plus de cent éditions en quelques années. Cet ouvrage contribue à répandre l’antisémitisme dans la société française et prépare le terrain aux tensions qui culmineront lors de l’affaire Dreyfus.
25 avril 1896 : création d’Ubu roi
La première représentation d’Ubu roi d’Alfred Jarry au Théâtre de l’Œuvre déclenche un scandale mémorable. Cette pièce provocatrice, qui s’ouvre sur le célèbre « Merdre ! », marque la naissance du théâtre d’avant-garde et annonce le mouvement surréaliste.
mai 1887 : adoption du Lebel
Le fusil Lebel devient l’arme réglementaire de l’infanterie française, premier fusil à utiliser la poudre sans fumée. Cette innovation militaire renforce momentanément l’armée française face à ses rivaux européens.
27 janvier 1889 : général Boulanger
Le général Boulanger, adulé par une partie de la population, renonce à tenter un coup d’État malgré sa victoire électorale à Paris. Cet épisode marque l’échec du boulangisme et consolide la IIIe République encore fragile.
15 mai 1889 : tour Eiffel
L’inauguration de la tour Eiffel pour l’Exposition universelle symbolise le triomphe de l’architecture métallique et du génie industriel français. D’abord critiquée puis adoptée par les Parisiens, elle devient rapidement l’emblème de Paris et de la France entière.
6 octobre 1889 : ouverture du Moulin-Rouge
Le Moulin-Rouge ouvre ses portes à Montmartre, offrant aux Parisiens le french cancan et une ambiance festive emblématique de la Belle Époque. Ce cabaret devient rapidement un symbole international de la vie nocturne parisienne et de l’esprit bohème.
20 mai 1890 : Van Gogh à Auvers-sur-Oise
Vincent Van Gogh s’installe à Auvers-sur-Oise où il peindra plus de 70 tableaux en 70 jours avant son suicide le 29 juillet. Cette période ultime et féconde de sa vie artistique témoigne de son génie tourmenté.
janvier 1891 : voiture Peugeot
Armand Peugeot présente sa première automobile à vapeur, marquant l’entrée de la France dans l’ère de l’automobile. Ce véhicule pionnier lance une industrie qui deviendra l’un des piliers économiques du pays.
4 avril 1891 : Gauguin part à Tahiti
Paul Gauguin quitte la France pour Tahiti, à la recherche d’une inspiration nouvelle et d’un art plus primitif. Ce séjour polynésien donnera naissance à des œuvres majeures du post-impressionnisme aux couleurs éclatantes.
1er mai 1891 : fusillade de Fourmies
La manifestation ouvrière de Fourmies est réprimée dans le sang, faisant neuf morts dont des femmes et des enfants. Ce drame social marque profondément l’histoire du mouvement ouvrier français et renforce la symbolique du 1er mai.
11 janvier 1892 : tarif Méline
L’instauration du tarif Méline établit un protectionnisme douanier pour défendre l’agriculture et l’industrie françaises. Cette politique commerciale marque un tournant dans l’économie française et influence durablement sa structure productive.
12 avril 1893 : inauguration de l’Olympia
L’Olympia ouvre ses portes à Paris, devenant rapidement une salle de spectacle emblématique de la vie culturelle française. Ce music-hall accueillera les plus grands artistes nationaux et internationaux tout au long du XXe siècle.
16 et 17 août 1893 : massacre des Italiens d’Aigues-Mortes
Des ouvriers français s’en prennent violemment aux travailleurs italiens des salines d’Aigues-Mortes, faisant plusieurs morts. Ce tragique épisode xénophobe révèle les tensions sociales liées à l’immigration économique en France.
23 juin 1894 : fondation du comité international olympique
Pierre de Coubertin fonde le Comité International Olympique à la Sorbonne, jetant les bases des Jeux Olympiques modernes. Cette initiative française contribue à renouveler l’idéal sportif international et à promouvoir la paix entre les nations.
30 novembre 1894 : loi Siegfried
La loi Siegfried encourage la construction de logements sociaux par des incitations fiscales aux sociétés d’habitations à bon marché. Elle marque les débuts d’une politique publique du logement en France, face à l’insalubrité des habitations ouvrières.
Prélude à l’après-midi d’un faune (22 décembre 1894)
Claude Debussy présente son Prélude à l’après-midi d’un faune, inspiré du poème de Mallarmé. Cette œuvre révolutionnaire, par sa liberté harmonique et sa sensualité, marque l’avènement de la musique moderne française.
septembre : Barrès à La Cocarde (1894)
Maurice Barrès prend la direction du journal La Cocarde, où il développe ses idées nationalistes. Ce tournant dans sa carrière préfigure l’émergence du nationalisme français moderne, mêlant culte de la terre et antiparlementarisme.
1895 : création Michelin
Les frères Édouard et André Michelin développent le pneu démontable pour automobile, innovation majeure. L’entreprise clermontoise devient rapidement un fleuron de l’industrie française et un symbole de réussite entrepreneuriale.
3 juin 1895 : inauguration des Bourgeois de Calais
La sculpture monumentale d’Auguste Rodin Les Bourgeois de Calais est inaugurée sur la place de l’hôtel de ville de Calais. Cette œuvre révolutionnaire dans sa conception rompt avec les codes de la statuaire traditionnelle et marque l’histoire de la sculpture moderne.
28 décembre 1895 : première projection payante du cinématographe
Les frères Lumière organisent la première projection publique payante de cinématographe au Grand Café de Paris. Cette date marque symboliquement la naissance du cinéma, invention française qui deviendra un art majeur du XXe siècle.
1895 : fondation CGT
La Confédération Générale du Travail est fondée lors du congrès de Limoges, unifiant divers syndicats ouvriers. Cette création marque l’organisation du mouvement syndical français qui jouera un rôle déterminant dans les luttes sociales du XXe siècle.
1895 : Les Règles de la méthode sociologique
Émile Durkheim publie Les Règles de la méthode sociologique, ouvrage fondateur de la sociologie scientifique française. Ce texte établit les principes méthodologiques pour étudier les “faits sociaux comme des choses”, posant les bases d’une discipline autonome.
28 septembre 1896 : création de Pathé
Charles Pathé fonde la société Pathé Frères, qui deviendra le premier empire industriel mondial du cinéma. L’entreprise française domine rapidement le marché avec sa production de films et son célèbre coq emblématique.
13 janvier 1898 : J’accuse…!
Émile Zola publie dans L’Aurore sa lettre ouverte au président de la République “J’accuse…!”, dénonçant l’injustice faite à Dreyfus. Ce texte retentissant marque un tournant dans l’Affaire Dreyfus et engage de nombreux intellectuels dans le combat pour la justice.
8 avril 1898 : loi accidents travail
La loi sur les accidents du travail établit le principe de la responsabilité patronale sans faute et l’indemnisation automatique des victimes. Cette avancée sociale majeure constitue l’une des premières pierres de la protection sociale française.
9 avril 1898 : lois sur les chambres de commerce
La loi réorganise les chambres de commerce et d’industrie, renforçant leur rôle dans le développement économique local. Cette réforme consolide le système consulaire français qui accompagne depuis lors les entreprises dans leur développement.
4 juin 1898 : fondation de la ligue des droits de l’homme
Née dans le contexte de l’affaire Dreyfus, la Ligue des droits de l’homme est créée pour défendre les principes républicains. Cette organisation militante deviendra un acteur majeur des combats pour les libertés fondamentales en France.
13 juin 1898 : salon de l’automobile de Paris
Le premier salon de l’automobile de Paris ouvre ses portes au Jardin des Tuileries, témoignant de l’essor de cette industrie nouvelle. Cette manifestation deviendra l’un des rendez-vous industriels et populaires les plus importants de France.
2 août 1898 : fondation du groupe Casino
Geoffroy Guichard transforme son épicerie stéphanoise en société, jetant les bases du groupe Casino. Cette entreprise pionnière dans la distribution moderne connaîtra un développement national puis international au siècle suivant.
30 septembre 1898 : publication d’Histoire d’une âme
La publication posthume des écrits de Thérèse de Lisieux, Histoire d’une âme, connaît un succès fulgurant dans le monde catholique. Ce témoignage spirituel contribue à la rapide canonisation de la carmélite française en 1925.
25 février 1899 : fondation de Renault frères
Louis Renault crée avec ses frères la société Renault Frères après le succès de sa première voiturette à prise directe. Cette entreprise deviendra l’un des piliers de l’industrie automobile française et un symbole du génie industriel national.
1899-1917 : la Cité industrielle de Tony Garnier
L’architecte Tony Garnier conçoit son projet visionnaire de Cité industrielle, anticipant l’urbanisme moderne du XXe siècle. Cette œuvre théorique majeure, qui sépare les fonctions urbaines et utilise le béton armé, influencera durablement l’architecture mondiale.
1900 : exposition universelle de Paris
Paris accueille l’Exposition universelle qui célèbre les progrès techniques et artistiques du siècle écoulé, attirant plus de 50 millions de visiteurs. Cet événement, qui laisse à la capitale le Petit et le Grand Palais, consacre le rayonnement culturel français à la Belle Époque.
19 juillet 1900 : inauguration du métro de Paris
L’inauguration du métro parisien marque l’entrée de la capitale dans la modernité urbaine. Cette première ligne, reliant Porte Maillot à Porte de Vincennes, révolutionne les déplacements des Parisiens et symbolise le progrès technique de la Belle Époque.
1er juillet 1901 : loi sur les associations
Cette loi fondamentale de la IIIe République consacre la liberté d’association sans autorisation préalable. Elle constitue une étape majeure dans l’histoire des libertés publiques françaises, permettant le développement de la vie associative qui structure encore aujourd’hui la société civile.
1er septembre 1902 : Le Voyage dans la Lune de Méliès
Ce film pionnier de Georges Méliès marque une étape décisive dans l’histoire du cinéma par ses effets spéciaux révolutionnaires. Son image iconique de la fusée s’écrasant dans l’œil de la Lune devient l’un des symboles du septième art naissant.
8 novembre 1902 : Air Liquide
Fondation par Georges Claude et Paul Delorme de la société Air Liquide, spécialisée dans la production de gaz industriels. Cette entreprise française deviendra l’un des fleurons de l’industrie nationale et un leader mondial dans son domaine.
1903 : Tableau de la géographie de la France physique
Publication par Paul Vidal de la Blache de cet ouvrage fondateur qui révolutionne l’approche géographique du territoire français. Ce travail magistral inaugure l’école française de géographie et influence durablement la représentation du paysage national.
1903 : Prix Nobel de physique
Pierre et Marie Curie, avec Henri Becquerel, reçoivent le prix Nobel de physique pour leurs travaux sur la radioactivité. Cette consécration internationale marque l’excellence de la recherche scientifique française et confirme le rôle pionnier de Marie Curie, première femme lauréate d’un prix Nobel.
1903 : Histoire de France des origines à la Révolution de Lavisse
Ernest Lavisse publie cette œuvre monumentale qui façonne pendant des décennies la vision de l’histoire nationale. Ce récit historique devient la référence de l’enseignement républicain et contribue à la construction de l’identité française moderne.
1er juillet 1903 : premier Tour de France
Créé par Henri Desgrange pour le journal L’Auto, le Tour de France cycliste connaît sa première édition. Cette compétition sportive, rapidement populaire, devient une institution nationale et un vecteur de découverte du territoire français pour des millions de spectateurs.
21 décembre 1903 : premier prix Goncourt
John-Antoine Nau reçoit le premier prix Goncourt pour son roman “Force ennemie”. Cette récompense littéraire, créée par le testament d’Edmond de Goncourt, s’impose comme la plus prestigieuse distinction littéraire française et un événement annuel majeur de la vie culturelle.
8 avril 1904 : l’Entente Cordiale
Signature entre la France et le Royaume-Uni d’accords diplomatiques mettant fin à des siècles de rivalités coloniales. Cette alliance stratégique modifie l’équilibre européen face à l’Allemagne et constitue un tournant dans les relations internationales à la veille de la Première Guerre mondiale.
18 avril 1904 : fondation de l’Humanité
Jean Jaurès fonde le journal L’Humanité comme organe socialiste d’information et de combat politique. Ce quotidien devient la voix de la gauche française et un acteur majeur du débat public tout au long du XXe siècle.
21 mai 1904 : fondation de la FIFA
Création à Paris de la Fédération Internationale de Football Association regroupant sept nations européennes. Cette organisation, qui deviendra l’instance dirigeante mondiale du football, témoigne de l’internationalisation rapide de ce sport et de son importance croissante dans la société.
Automne 1904 : Cézanne salon
Paul Cézanne expose une salle entière de ses œuvres au Salon d’Automne de Paris. Cette reconnaissance tardive consacre l’artiste comme le “père de l’art moderne” et influence profondément les avant-gardes picturales du XXe siècle.
10 décembre 1904 : Mistral, prix Nobel de littérature
Frédéric Mistral reçoit le prix Nobel de littérature pour son œuvre en langue provençale. Cette distinction internationale consacre la renaissance des langues régionales et la richesse du patrimoine culturel français au-delà du centralisme parisien.
24 mars 1905 : mort de Jules Verne
Disparition à Amiens du père de la science-fiction moderne et l’un des écrivains français les plus traduits au monde. Son œuvre visionnaire, mêlant aventure et anticipation scientifique, a façonné l’imaginaire collectif et inspiré des générations de lecteurs et d’inventeurs.
23 avril 1905 : fondation de la SFIO
Création de la Section Française de l’Internationale Ouvrière, unissant les différents courants socialistes français. Ce parti politique, ancêtre du Parti socialiste actuel, devient une force majeure de la gauche française sous l’impulsion de Jean Jaurès.
1905 : L’Homme et la Terre d’Élisée Reclus
Publication posthume de cette œuvre majeure du géographe anarchiste Élisée Reclus. Cet ouvrage pionnier développe une approche sociale et environnementale de la géographie qui résonne particulièrement avec les préoccupations écologiques contemporaines.
20 mars 1905 : Branly
Édouard Branly est élu à l’Académie des sciences pour ses travaux sur la radioconduction qui ont permis le développement de la télégraphie sans fil. Ses découvertes fondamentales contribuent à l’essor des télécommunications modernes et au rayonnement scientifique français.
9 décembre 1905 : loi de séparation des Églises et de l’État
Promulgation de la loi établissant définitivement la laïcité comme principe fondateur de la République française. Ce texte, porté par Aristide Briand, met fin au Concordat napoléonien et demeure un pilier de l’identité républicaine française.
1905 : Fauré conservatoire de Paris
Gabriel Fauré est nommé directeur du Conservatoire de Paris, institution qu’il réforme profondément. Son action pédagogique et artistique favorise l’émergence d’une nouvelle génération de compositeurs français et modernise l’enseignement musical national.
14 mars 1906 : Georges Clemenceau
Georges Clemenceau devient ministre de l’Intérieur dans le gouvernement Sarrien. Cette nomination marque le début de l’ascension politique du “Tigre” qui s’imposera comme une figure majeure de la IIIe République et le futur “Père la Victoire” de la Grande Guerre.
13 juillet 1906 : loi sur le repos hebdomadaire
Promulgation de la loi instaurant le repos hebdomadaire obligatoire pour tous les salariés. Cette avancée sociale majeure améliore considérablement les conditions de vie des travailleurs français et préfigure les grandes réformes du Front populaire.
Juillet 1907 : achèvement des Demoiselles d’Avignon
Pablo Picasso termine cette œuvre révolutionnaire qui marque une rupture définitive avec la tradition picturale occidentale. Ce tableau fondateur du cubisme bouleverse les canons esthétiques et ouvre la voie aux avant-gardes artistiques du XXe siècle.
13 juillet 1907 : femmes salaire
Adoption de la loi reconnaissant aux femmes mariées la libre disposition de leur salaire. Cette avancée juridique constitue une étape importante dans l’émancipation économique des Françaises et préfigure les luttes pour l’égalité des droits.
1907 : révolte du Midi
Soulèvement massif des vignerons languedociens face à la crise viticole et aux fraudes. Ce mouvement social d’ampleur, marqué par la mutinerie du 17e régiment d’infanterie à Béziers, contraint le gouvernement Clemenceau à adopter des mesures protégeant la viticulture méridionale.
21 mars 1908 : Charles Maurras, directeur de publication de L’Action française
Charles Maurras prend la direction du journal L’Action française, organe central du mouvement nationaliste et monarchiste du même nom. Sous son impulsion, cette publication devient l’un des principaux vecteurs de la pensée contre-révolutionnaire et conservatrice en France.
25 juillet 1909 : Louis Blériot traverse la Manche
L’aviateur français réussit la première traversée aérienne de la Manche à bord de son monoplan. Cet exploit technologique et sportif retentissant affirme la suprématie française dans l’aviation naissante et ouvre l’ère des liaisons aériennes internationales.
1910 : Georges Claude invente le néon
Le chimiste et industriel français met au point les premiers tubes luminescents à néon. Cette invention révolutionnaire transforme le paysage urbain mondial en permettant le développement des enseignes lumineuses et de la publicité moderne.
5 avril 1910 : Loi créant le premier système interprofessionnel de retraite
Promulgation de la loi instaurant un système de retraites ouvrières et paysannes. Cette réforme sociale majeure, bien qu’imparfaite, jette les bases de la protection sociale moderne et témoigne des préoccupations solidaristes de la IIIe République.
1911 : prix Nobel de chimie
Marie Curie reçoit le prix Nobel de chimie pour ses travaux sur le polonium et le radium. Cette seconde distinction, sans précédent, confirme le génie scientifique de cette chercheuse d’exception et son rôle pionnier dans le développement de la radioactivité.
30 mars 1912 : traité franco-marocain
Signature du traité établissant le protectorat français sur le Maroc. Cet accord diplomatique, négocié par Lyautey, étend l’empire colonial français en Afrique du Nord et constitue l’aboutissement de la crise d’Agadir qui avait mis l’Europe au bord de la guerre.
1913 : Alcools
Guillaume Apollinaire publie son recueil poétique majeur qui révolutionne la poésie française moderne. Cette œuvre novatrice, abolissant la ponctuation et mêlant tradition et modernité, influence profondément les avant-gardes littéraires du XXe siècle.
31 décembre 1913 : loi instituant les procédures de classement d’inscription des monuments historiques
Promulgation de la loi sur la protection des monuments historiques qui élargit considérablement le champ patrimonial. Ce texte fondateur de la politique culturelle française moderne permet la sauvegarde de nombreux édifices et sites menacés.
31 juillet 1914 : assassinat de Jean Jaurès
Le leader socialiste Jean Jaurès est assassiné au café du Croissant à Paris par un nationaliste. Ce crime politique prive la France d’une voix pacifiste majeure à la veille du conflit mondial et marque profondément la conscience collective française.
22 août 1914 : journée la plus sanglante de l’histoire de France
L’armée française perd près de 27 000 soldats en une seule journée lors des combats en Lorraine et en Belgique. Cette hécatombe sans précédent, conséquence désastreuse de l’offensive à outrance, révèle l’ampleur meurtrière de la guerre industrielle qui commence.
3 juillet 1914 : impôt sur le revenu
Joseph Caillaux fait adopter la loi instaurant l’impôt progressif sur le revenu en France. Cette réforme fiscale majeure, longuement débattue, modernise les finances publiques françaises et introduit davantage de justice sociale dans la contribution aux charges de l’État.
3 août 1914 : l’Allemagne déclare la guerre à la France, début de la Première Guerre mondiale
Suite à l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand à Sarajevo et à l’enchaînement des alliances, l’Allemagne déclare la guerre à la France. Ce conflit d’une ampleur sans précédent bouleverse l’ordre européen et marque le véritable début du XXe siècle.
21 février 1916 – 19 décembre 1916 : bataille de Verdun
Offensive allemande massive contre la place forte française de Verdun, transformée en bataille d’usure meurtrière. Ce combat titanesque, où périrent plus de 300 000 soldats, devient le symbole de la résistance française et le lieu de mémoire central de la Grande Guerre.
11 novembre 1918 : armistice mettant fin à la Première Guerre mondiale
Signature dans le wagon de Rethondes de l’armistice entre l’Allemagne et les Alliés. Cette date marque la fin des combats du premier conflit mondial qui a causé près de 1,4 million de morts français et transformé profondément la société européenne.
25 janvier 1919 : Citroën automobile
André Citroën transforme son usine d’armement en fabrique d’automobiles et lance la Type A. Cette reconversion industrielle symbolise le passage à l’économie de paix et inaugure l’ère de la production automobile de masse en France.
23 avril 1919 : loi des huit heures
Promulgation de la loi limitant la journée de travail à huit heures. Cette conquête sociale majeure, revendication historique du mouvement ouvrier, améliore considérablement les conditions de vie des travailleurs français au lendemain de la Grande Guerre.
28 juin 1919 : traité de Versailles
Signature du traité de paix entre l’Allemagne et les puissances alliées, point d’orgue de la Conférence de Paris. Cet accord international controversé, imposant de lourdes sanctions à l’Allemagne, reconfigure la carte de l’Europe mais contient les germes des conflits futurs.
10 décembre 1919 : Proust reçoit le prix Goncourt
Marcel Proust est récompensé pour “À l’ombre des jeunes filles en fleurs”, deuxième volume de “À la recherche du temps perdu”. Cette reconnaissance tardive consacre l’une des œuvres littéraires les plus novatrices et influentes du XXe siècle.
25 décembre 1920 : congrès de Tours
Division historique du mouvement socialiste français entre partisans et opposants à l’adhésion à la IIIe Internationale. Cette scission donne naissance au Parti communiste français et structure durablement le paysage politique de la gauche française.
5 mai 1921 : lancement du Chanel n°5
Gabrielle Chanel révolutionne l’industrie du parfum en créant un parfum synthétique aux notes abstraites. Cette fragrance iconique devient rapidement un symbole du luxe français et le parfum le plus vendu au monde.
1922 : La Garçonne
Publication du roman de Victor Margueritte qui scandalise la société française par sa description d’une femme libérée sexuellement et socialement. Ce best-seller controversé capte l’esprit des Années folles et popularise un nouveau modèle féminin, symbolisé par la coupe de cheveux à la garçonne.
10 janvier 1922 : Le Bœuf sur le toit
Première représentation de ce ballet-pantomime de Darius Milhaud sur un scénario de Jean Cocteau. Cette œuvre emblématique du Groupe des Six donne son nom à un célèbre cabaret parisien qui devient le lieu de rencontre privilégié de l’avant-garde artistique des années 1920.
11 janvier 1923 : invasion de la Ruhr
Les troupes franco-belges occupent la région industrielle allemande de la Ruhr face aux retards de paiement des réparations de guerre. Cette opération militaire, mal accueillie par les alliés, provoque une crise internationale et une hyperinflation catastrophique en Allemagne.
1924 : Manifeste du surréalisme
André Breton publie ce texte fondateur qui théorise le mouvement surréaliste. Ce manifeste révolutionnaire propose une libération totale de l’esprit humain par l’exploration de l’inconscient et influence durablement l’art et la littérature du XXe siècle.
2 octobre 1925 : Revue nègre
Joséphine Baker fait ses débuts triomphaux au Théâtre des Champs-Élysées dans la Revue nègre. Ce spectacle introduit le jazz et les danses afro-américaines dans la culture parisienne et consacre Baker comme l’icône des Années folles.
16 octobre 1925 : accords de Locarno
Signature des traités garantissant les frontières occidentales de l’Allemagne et normalisant ses relations avec ses voisins. Ces accords, portés par Aristide Briand, inaugurent une période d’apaisement des tensions européennes et valent au ministre français le prix Nobel de la paix.
1925 : création des Internationaux de France de Tennis
Le tournoi de Roland-Garros devient officiellement un championnat international ouvert aux joueurs étrangers. Cette compétition sportive majeure s’impose progressivement comme l’un des quatre tournois du Grand Chelem et un événement phare du calendrier sportif français.
10 août 1927 : loi sur la nationalité
Promulgation de la loi réformant profondément le droit de la nationalité française. Ce texte libéral facilite les naturalisations pour faire face au déficit démographique consécutif à la Grande Guerre et marque l’évolution de la conception française de la citoyenneté.
10 décembre 1927 : Henri Bergson, prix Nobel de littérature
Le philosophe français est récompensé pour l’ensemble de son œuvre par l’Académie suédoise. Cette distinction internationale consacre sa pensée novatrice sur la durée, l’intuition et l’élan vital qui a profondément renouvelé la philosophie contemporaine.
16 mars 1928 : assurance sociale et congé maternité
Adoption de la loi instaurant une assurance sociale obligatoire incluant le congé maternité pour les travailleuses. Cette avancée sociale majeure améliore considérablement la protection des femmes salariées et constitue une étape importante dans la construction de l’État-providence français.
5 avril 1928 et 30 avril 1930 : Lois créant le premier système complet d’assurances sociales
Promulgation des lois fondatrices du système français de protection sociale moderne. Ce dispositif novateur, couvrant les risques maladie, maternité, invalidité, vieillesse et décès, jette les bases de la Sécurité sociale qui sera instituée après la Seconde Guerre mondiale.
26 mai 1928 : Coupe du monde Jules Rimet
La FIFA, sous l’impulsion de son président français Jules Rimet, décide la création d’une compétition mondiale de football entre sélections nationales. Ce tournoi, dont la première édition se tiendra en Uruguay en 1930, deviendra l’événement sportif le plus populaire de la planète.
22 novembre 1928 : le Boléro de Ravel
Création à l’Opéra Garnier de cette œuvre orchestrale révolutionnaire de Maurice Ravel, initialement composée pour un ballet d’Ida Rubinstein. Cette pièce hypnotique, construite sur un crescendo obsessionnel, devient rapidement l’une des compositions classiques les plus populaires au monde.
Janvier 1929 : fondation de la revue des Annales
Marc Bloch et Lucien Febvre créent la revue “Annales d’histoire économique et sociale” qui révolutionne l’historiographie française. Cette publication pionnière, privilégiant l’histoire économique et sociale sur l’histoire événementielle, donne naissance à la célèbre “École des Annales”.
1929 : UAM
Création de l’Union des Artistes Modernes par des designers et architectes désireux de promouvoir un art adapté à la vie moderne. Ce mouvement avant-gardiste, réunissant notamment Le Corbusier, Charlotte Perriand et Jean Prouvé, renouvelle profondément les arts décoratifs français de l’entre-deux-guerres.
6 mai 1931 : exposition coloniale
L’exposition coloniale internationale de 1931 se tient à Paris pour célébrer l’Empire colonial français. Cet événement monumental attire des millions de visiteurs et présente les cultures des colonies françaises à travers des pavillons thématiques et des reconstitutions architecturales.
11 mars 1932 : loi sur les allocations familiales
La loi du 11 mars 1932 généralise le système des allocations familiales à l’ensemble des salariés de l’industrie et du commerce. Cette mesure sociale importante marque une étape décisive dans la construction du système français de protection sociale.
1er juillet 1932 : professionnalisme football français
Le football français devient officiellement professionnel, permettant aux joueurs d’être rémunérés pour pratiquer leur sport. Cette décision transforme profondément le paysage sportif national et pose les bases de l’organisation moderne du football en France.
7 décembre 1932 : prix Renaudot pour “Voyage au bout de la nuit”
Le roman “Voyage au bout de la nuit” de Louis-Ferdinand Céline reçoit le prix Renaudot, malgré la controverse qu’il suscite par son style et son contenu. Cette œuvre majeure de la littérature française du XXe siècle bouleverse les conventions littéraires par sa langue crue et son pessimisme viscéral.
6 février 1934 : manifestation
Des manifestations violentes d’extrême droite éclatent à Paris, faisant plusieurs morts et des centaines de blessés. Cette journée, perçue comme une tentative de coup d’État, cristallise les tensions politiques de l’époque et contribue à la formation du Front populaire.
3 mai 1936 : début du Front populaire
Le Front populaire, coalition des partis de gauche, remporte les élections législatives françaises. Cette victoire historique ouvre la voie à d’importantes réformes sociales sous le gouvernement de Léon Blum.
7 juin 1936 : accords de Matignon
Les accords de Matignon sont signés entre le gouvernement Blum, le patronat et les syndicats pour mettre fin à la vague de grèves qui paralyse le pays. Ces accords prévoient notamment des augmentations de salaires et la reconnaissance du droit syndical.
22 juin 1936 : semaine de 40h
La loi instaurant la semaine de travail de 40 heures est adoptée par le gouvernement du Front populaire. Cette réforme majeure améliore significativement les conditions de travail des ouvriers français.
29 juin 1936 : congés payés
La loi sur les congés payés, accordant deux semaines de vacances rémunérées aux salariés, est adoptée par le gouvernement du Front populaire. Cette mesure emblématique transforme profondément la société française et constitue un acquis social majeur.
25 mai 1937 : Exposition universelle de 1937
L’Exposition internationale des “Arts et Techniques dans la Vie moderne” s’ouvre à Paris, présentant les dernières innovations technologiques et artistiques. Cet événement laisse à Paris des monuments emblématiques comme le palais de Chaillot et voit s’affronter symboliquement les pavillons de l’Allemagne nazie et de l’URSS.
1er janvier 1938 : création de la SNCF
La Société nationale des chemins de fer français (SNCF) est créée par la nationalisation des principales compagnies ferroviaires privées. Cette décision marque une étape importante dans la modernisation des transports français et l’intervention de l’État dans l’économie.
30 septembre 1938 : accords de Munich
Les accords de Munich sont signés entre l’Allemagne, l’Italie, la France et le Royaume-Uni, autorisant l’annexion des Sudètes tchécoslovaques par l’Allemagne nazie. Cet accord, symbole de la politique d’apaisement, est présenté comme garantissant “la paix pour notre temps” mais prépare en réalité le terrain pour la Seconde Guerre mondiale.
7 juillet 1939 : première de “La règle du jeu”
Le film “La règle du jeu” de Jean Renoir est présenté pour la première fois au public français. Ce chef-d’œuvre du cinéma, mal reçu à sa sortie mais aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands films de l’histoire, offre une critique acerbe de la société française à la veille de la guerre.
22 juin 1940 : armistice entre le gouvernement de Philippe Pétain et le IIIe Reich
Le maréchal Pétain signe l’armistice avec l’Allemagne nazie, divisant la France en zone occupée et zone libre. Cette capitulation marque le début du régime de Vichy et d’une période sombre de collaboration avec l’occupant nazi.
10 juillet 1940 : Vote des pleins pouvoirs constituants à Philippe Pétain
L’Assemblée nationale vote les pleins pouvoirs constituants au maréchal Pétain, mettant fin à la IIIe République. Cette décision historique ouvre la voie à l’établissement de l’État français, régime autoritaire qui collaborera avec l’Allemagne nazie.
16 et 17 juillet 1942 : rafle du Vél’d’Hiv
Plus de 13 000 juifs, dont 4 000 enfants, sont arrêtés par la police française et rassemblés au Vélodrome d’Hiver à Paris avant d’être déportés vers les camps d’extermination. Cette rafle constitue l’une des pages les plus sombres de la collaboration française durant l’Occupation.
6 juin 1944 : débarquement américain en Normandie
Les forces alliées débarquent sur les plages normandes, ouvrant un nouveau front à l’ouest contre l’Allemagne nazie. Cette opération militaire d’envergure, la plus importante de l’histoire, marque le début de la libération de l’Europe occidentale.
15 août 1944 : débarquement en Provence
Les forces alliées débarquent sur les côtes de Provence dans le cadre de l’opération Dragoon. Cette offensive permet de libérer rapidement le sud de la France et de faire jonction avec les troupes progressant depuis la Normandie.
21 octobre 1944 : ordonnance d’Alger : droit de vote des femmes
Le Gouvernement provisoire de la République française, siégeant à Alger, accorde le droit de vote aux femmes par ordonnance. Cette décision historique, qui n’entrera en vigueur qu’aux élections municipales d’avril 1945, marque une avancée majeure pour l’égalité des droits politiques en France.
16 janvier 1945 : Renault devient une régie
Les usines Renault sont nationalisées et transformées en régie nationale. Cette décision, prise en représailles contre Louis Renault accusé de collaboration, marque le début d’une vague de nationalisations dans l’industrie française.
22 février 1945 : comité d’entreprise
Une ordonnance instaure les comités d’entreprise dans les sociétés de plus de 50 salariés. Cette mesure importante renforce la représentation des travailleurs et la démocratie sociale dans les entreprises françaises.
8 mai 1945 : capitulation de l’Allemagne
L’Allemagne nazie signe sa capitulation sans condition, mettant fin à la Seconde Guerre mondiale en Europe. Cette date, célébrée comme jour de la Victoire, marque la fin d’un conflit qui a ravagé le continent et fait des millions de victimes.
4 et 19 octobre 1945 : institution de la Sécurité sociale en France
Les ordonnances créant la Sécurité sociale sont promulguées, établissant un système de protection sociale généralisé en France. Ce dispositif révolutionnaire, inspiré du programme du Conseil national de la Résistance, garantit à tous les Français une couverture contre les risques de maladie, vieillesse et accidents du travail.
18 octobre 1945 : CEA
Le Commissariat à l’énergie atomique est créé sous l’impulsion du général de Gaulle. Cette institution, dirigée par Frédéric Joliot-Curie, place la France parmi les nations développant l’énergie nucléaire, tant pour des applications civiles que militaires.
2 décembre 1945 : loi nationalisant les quatre plus grandes banques françaises
Les quatre plus grandes banques de dépôt françaises sont nationalisées par le gouvernement provisoire. Cette mesure économique majeure vise à donner à l’État les moyens de contrôler le crédit et de financer la reconstruction du pays.
21 décembre 1945 : commissariat au plan
Le Commissariat général du Plan est créé sous la direction de Jean Monnet. Cette institution devient l’outil central de la planification économique française et de la modernisation du pays durant les Trente Glorieuses.
8 avril 1946 : nationalisation de l’énergie
La loi nationalisant l’électricité et le gaz est adoptée, créant Électricité de France (EDF) et Gaz de France (GDF). Cette mesure, confiant à l’État le contrôle de secteurs stratégiques, marque une étape importante dans la reconstruction économique de l’après-guerre.
25 avril 1946 : loi nationalisant les onze plus importantes compagnies d’assurance
Les principales compagnies d’assurance françaises sont nationalisées par décision du gouvernement provisoire. Cette mesure s’inscrit dans la vague des grandes nationalisations de l’après-guerre et vise à renforcer le contrôle de l’État sur le secteur financier.
19 septembre 1946 : festival de Cannes
Le premier Festival international du film de Cannes s’ouvre sur la Croisette. Cet événement, initialement prévu en 1939 mais reporté à cause de la guerre, devient rapidement le plus prestigieux festival de cinéma au monde.
5 juin 1947 : plan Marshall
Le secrétaire d’État américain George Marshall propose un plan d’aide économique pour la reconstruction de l’Europe. Ce programme, dont la France sera l’un des principaux bénéficiaires, contribue significativement au redressement économique du continent et au début des Trente Glorieuses.
30 octobre 1947 : GATT
L’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) est signé à Genève par 23 pays dont la France. Ce traité international, ancêtre de l’Organisation mondiale du commerce, pose les bases du système commercial multilatéral et de la libéralisation progressive des échanges.
11 février 1950 : SMIG
Le Salaire minimum interprofessionnel garanti est instauré en France. Cette mesure sociale importante établit un plancher salarial pour tous les travailleurs et contribue à réduire les inégalités de revenus.
1952 : “Race et histoire”
L’anthropologue Claude Lévi-Strauss publie “Race et histoire”, texte fondamental commandé par l’UNESCO. Cet ouvrage révolutionnaire déconstruit les préjugés raciaux et défend la diversité culturelle comme une richesse pour l’humanité.
23 juillet 1952 : entrée en vigueur de la Communauté européenne du charbon et de l’acier
La CECA, première organisation supranationale européenne, est officiellement créée. Cette institution, qui met en commun les ressources de charbon et d’acier de six pays européens, constitue la première étape concrète vers l’unification européenne.
10 avril 1954 : TVA
La Taxe sur la valeur ajoutée est instaurée en France, révolutionnant le système fiscal. Cette innovation française, qui sera adoptée par de nombreux pays, remplace les taxes en cascade et modernise la fiscalité indirecte.
21 juillet 1954 : fin de la guerre d’Indochine
Les accords de Genève mettent fin à la guerre d’Indochine après huit ans de conflit. Cette défaite française marque le début de la décolonisation et annonce les tensions qui mèneront à la guerre du Vietnam.
25 mars 1957 : signature des traités de Rome
Les traités instituant la Communauté économique européenne (CEE) et la Communauté européenne de l’énergie atomique (Euratom) sont signés. Ces accords fondamentaux établissent le marché commun et approfondissent la construction européenne.
10 décembre 1957 : Camus prix Nobel de Littérature
Albert Camus reçoit le prix Nobel de littérature, devenant à 44 ans l’un des plus jeunes lauréats de cette distinction. Cette reconnaissance internationale consacre l’œuvre d’un des plus grands écrivains français du XXe siècle.
27 décembre 1958 : plan Pinay
Le plan Pinay-Rueff est mis en place, introduisant notamment la création du nouveau franc. Ce programme économique d’austérité et de stabilisation monétaire marque le début de la politique économique de la Ve République.
1958 : Ve République
La Ve République est instaurée avec l’adoption d’une nouvelle Constitution renforçant considérablement les pouvoirs du président. Ce régime, conçu par et pour le général de Gaulle, marque une rupture avec le parlementarisme de la IVe République.
1er janvier 1960 : nouveau franc
Le nouveau franc entre en circulation, valant 100 anciens francs. Cette réforme monétaire, qui supprime deux zéros sur les billets, vise à restaurer la confiance dans la monnaie française après des années d’inflation.
19 mai 1960 : Klein dépose le bleu Klein
L’artiste Yves Klein dépose son célèbre bleu outremer intense comme marque déposée. Cette couleur, désormais connue sous le nom d’International Klein Blue (IKB), devient emblématique de l’œuvre de ce pionnier de l’art contemporain.
1er janvier 1962 : PAC
La Politique agricole commune entre en vigueur dans la Communauté économique européenne. Cette politique, dont la France est l’un des principaux bénéficiaires, révolutionne l’agriculture européenne et garantit l’autosuffisance alimentaire du continent.
1962 : élection directe du Président de la République
La révision constitutionnelle instaure l’élection du Président de la République au suffrage universel direct. Cette réforme majeure, voulue par le général de Gaulle, renforce considérablement la légitimité et l’autorité du chef de l’État.
18 mars 1962 : signature des accords d’Évian
Les accords d’Évian mettent fin à la guerre d’Algérie et reconnaissent l’indépendance algérienne. Ce traité historique marque la fin de la présence coloniale française en Algérie après 132 ans d’occupation.
14 juin 1963 : mise en service de la centrale de Chinon
La première centrale nucléaire française de production d’électricité est inaugurée à Chinon. Cette réalisation technique majeure marque le début du programme nucléaire civil français, qui deviendra l’un des plus importants au monde.
13 juillet 1965 : les femmes peuvent ouvrir des comptes bancaires sans autorisation de leur mari
Cette loi marque une étape importante dans l’émancipation économique des femmes françaises. Les femmes mariées obtiennent enfin le droit d’ouvrir un compte bancaire et d’exercer une profession sans l’autorisation de leur époux, mettant fin à une tutelle maritale séculaire.
automne-hiver 1965 : Robe Mondrian
Le couturier Yves Saint Laurent présente sa collection “Mondrian”, inspirée des tableaux géométriques du peintre néerlandais. Cette robe à la silhouette simple et aux couleurs primaires devient immédiatement un symbole de la modernité française et révolutionne la mode des années 1960.
13 juillet 1967 : ANPE
Création de l’Agence Nationale Pour l’Emploi, un organisme public chargé de centraliser les offres et demandes d’emploi. Cette institution, ancêtre de Pôle Emploi, témoigne de la volonté de l’État d’intervenir plus directement dans la régulation du marché du travail.
24 août 1968 : premier essai de bombe H
La France réalise son premier essai de bombe à hydrogène sur l’atoll de Fangataufa en Polynésie française. Cette avancée technologique confirme le statut de la France comme puissance nucléaire complète et renforce sa position diplomatique sur la scène internationale.
20 octobre 1968 : adieu de Maurice Chevalier
Le célèbre chanteur et acteur français fait ses adieux à la scène lors d’un spectacle à l’Olympia. Cette représentation marque la fin de carrière d’une figure emblématique du music-hall français qui aura contribué au rayonnement culturel de la France à l’international.
1969 : Airbus
Création du consortium européen Airbus, avec la France comme acteur majeur aux côtés de l’Allemagne. Cette initiative industrielle ambitieuse vise à concurrencer le monopole américain dans l’aviation civile et deviendra l’un des fleurons de l’industrie européenne.
1er semestre 1975 : Moreno invente la carte à puce
L’ingénieur français Roland Moreno dépose le brevet de la carte à puce, innovation majeure dans le domaine du stockage d’informations. Cette invention française révolutionnera les moyens de paiement et trouvera d’innombrables applications dans la vie quotidienne moderne.
17 janvier 1975 : loi Veil
Promulgation de la loi autorisant l’interruption volontaire de grossesse, défendue par la ministre Simone Veil. Cette législation historique, adoptée malgré une forte opposition, reconnaît aux femmes le droit de disposer de leur corps et constitue une avancée majeure pour les droits des femmes en France.
20 février 1975 : Surveiller et Punir
Publication de l’ouvrage majeur de Michel Foucault sur l’histoire des prisons et des systèmes punitifs. Ce livre fondamental renouvelle profondément la compréhension des mécanismes de pouvoir dans les sociétés modernes et aura une influence considérable sur les sciences humaines.
31 janvier 1977 : inauguration du Centre Georges Pompidou
Ouverture au public du Centre Georges Pompidou, musée d’art moderne au style architectural révolutionnaire. Ce bâtiment aux structures apparentes et aux couleurs vives, conçu par Renzo Piano et Richard Rogers, incarne le renouveau culturel français et transforme profondément le paysage urbain parisien.
1 août 1979 : La Distinction, critique sociale du jugement
Publication de l’œuvre majeure du sociologue Pierre Bourdieu analysant les mécanismes de reproduction sociale. Cet ouvrage fondamental démontre comment les goûts culturels et esthétiques participent à la légitimation des inégalités sociales et reste une référence incontournable en sciences sociales.
1979 : Les Trente Glorieuses ou la révolution invisible de 1946 à 1975
L’économiste Jean Fourastié publie cet ouvrage qui donne son nom à la période de forte croissance économique d’après-guerre. Ce concept des “Trente Glorieuses” s’impose durablement dans l’historiographie française pour désigner cette phase exceptionnelle de prospérité et de transformation sociale.
18 septembre 1981 : abolition peine de mort
Le Parlement vote définitivement l’abolition de la peine de mort, portée par le garde des Sceaux Robert Badinter. Cette décision historique, prise malgré une opinion publique encore favorable à la peine capitale, marque l’attachement de la France aux droits humains fondamentaux.
7 février 1992 : signature du traité de Maastricht
Signature du traité instituant l’Union européenne, qui prévoit notamment la création d’une monnaie unique. La ratification de ce traité par référendum, obtenue de justesse en France, ouvre une nouvelle phase dans la construction européenne et renforce l’intégration politique et économique du continent.
12 juillet 1998 : la France championne du monde de football
L’équipe de France remporte la Coupe du monde de football en battant le Brésil 3-0 au Stade de France. Cette victoire d’une équipe “black-blanc-beur” devient un symbole national d’unité et de diversité, suscitant une liesse populaire sans précédent dans tout le pays.
1 janvier 2002 : entrée en vigueur de l’euro
Les pièces et billets en euros remplacent le franc dans les douze pays de la zone euro. Ce changement monétaire majeur, préparé depuis le traité de Maastricht, concrétise l’unification économique européenne et modifie profondément les habitudes quotidiennes des Français.
29 mai 2005 : référendum sur la Constitution européenne
Les Français rejettent par référendum le projet de Constitution européenne avec 54,68% de “non”. Ce résultat, qui surprend la classe politique, révèle les fractures françaises face à la construction européenne et contraint l’Union à repenser son projet d’intégration politique.
27 octobre 2005 : émeutes dans les banlieues françaises
La mort de deux adolescents à Clichy-sous-Bois déclenche trois semaines d’émeutes urbaines à travers la France. Cette crise sociale majeure met en lumière les problèmes d’intégration et les tensions dans les quartiers défavorisés, conduisant à l’instauration de l’état d’urgence.
6 mai 2007 : élection de Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy est élu président de la République avec 53,06% des suffrages face à Ségolène Royal. Son élection, marquée par une forte participation, annonce une présidence volontariste et une rupture stylistique avec ses prédécesseurs dans l’exercice du pouvoir.
15 septembre 2008 : crise financière mondiale
La faillite de Lehman Brothers aux États-Unis déclenche une crise financière qui touche durement l’économie française. Cette secousse économique majeure provoque une récession et une montée du chômage, obligeant l’État à intervenir massivement pour soutenir les banques et l’économie.
6 mai 2012 : élection de François Hollande
François Hollande devient le deuxième président socialiste de la Ve République en battant Nicolas Sarkozy. Son élection, dans un contexte de crise économique persistante, s’accompagne d’une promesse de “présidence normale” et de justice sociale qui sera rapidement mise à l’épreuve des réalités.
7-9 janvier 2015 : attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher
Une série d’attaques terroristes frappe la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo puis un supermarché casher à Paris. Ces attentats, qui font 17 morts, provoquent une onde de choc nationale et internationale, donnant lieu à la plus grande manifestation de l’histoire de France le 11 janvier.
13 novembre 2015 : attentats du Bataclan et des terrasses parisiennes
Des attaques terroristes coordonnées frappent Paris et Saint-Denis, causant 131 morts et plus de 400 blessés. Cette tragédie, la plus meurtrière en France depuis la Seconde Guerre mondiale, conduit à la proclamation de l’état d’urgence et renforce les mesures antiterroristes dans le pays.
7 mai 2017 : élection d’Emmanuel Macron
Emmanuel Macron, ancien ministre de l’Économie de François Hollande, est élu président à 39 ans, plus jeune président de la Ve République. Son élection, qui bouleverse le paysage politique traditionnel, marque la fin du bipartisme et l’émergence d’une nouvelle force politique centriste.
17 novembre 2018 : début du mouvement des Gilets jaunes
Un mouvement de protestation spontané contre la hausse des taxes sur les carburants se transforme en une crise sociale majeure. Cette mobilisation inédite, marquée par des manifestations hebdomadaires pendant plus d’un an, révèle les fractures territoriales et sociales de la société française.
15 avril 2019 : incendie de Notre-Dame de Paris
Un violent incendie ravage la cathédrale Notre-Dame, détruisant sa flèche et une grande partie de sa toiture. Ce drame, qui suscite une émotion mondiale, donne lieu à un élan de solidarité sans précédent et au lancement d’un ambitieux chantier de reconstruction.
17 mars 2020 : premier confinement national face à la Covid-19
La France entre dans un confinement strict pour lutter contre la pandémie de coronavirus. Cette mesure sans précédent, qui paralyse l’économie et modifie profondément la vie quotidienne des Français, marque le début d’une crise sanitaire majeure aux conséquences sociales et économiques durables.
16 mai 2022 : élisabeth Borne nommée Première ministre
Élisabeth Borne devient la deuxième femme Première ministre de l’histoire de France. Sa nomination, dans un contexte de majorité relative à l’Assemblée nationale après les législatives, illustre les difficultés de gouvernance et la fragmentation politique du second quinquennat d’Emmanuel Macron.
5 juillet 2023 : émeutes après la mort de Nahel
La mort d’un jeune homme de 17 ans lors d’un contrôle policier à Nanterre déclenche plusieurs nuits d’émeutes urbaines à travers la France. Ces violences, d’une intensité rare, ravivent le débat sur les relations entre la police et la jeunesse dans les quartiers populaires.
26 juin – 11 août 2024 : Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris
Paris accueille les Jeux Olympiques d’été, cent ans après sa dernière organisation en 1924. Cet événement mondial, préparé pendant des années, offre à la France une vitrine internationale et stimule de nombreux projets d’infrastructure, notamment dans la région parisienne et à Saint-Denis.
Je ne vois pas la conférence de Paris sur l’IA, ni les évènements historiques de l’Intelligence Artificielle. Alors que qu’il s’agit pourtant de la quatrième grande Révolution de l’Humanité, après les Révolution cognitives, agricoles, et scientifique.