Définition
Donner sa langue au chat : renoncer à chercher la solution à une devinette ou avouer son impuissance à répondre à une question.
Exemples
- Quand on me pose des questions sur les mathématiques, je donne ma langue au chat.
- Je croyais avoir un certain flair, et quand je m’étais dit : “sûrement non”, n’avoir pas pu me tromper. Hé bien, j’en donne ma langue aux chats. (Proust, À la recherche du temps perdu)
L’emploi de de cette expression dans l’extrait ci-dessous est une syllepse :
En danseuse à tutu, haltérophile, charmeur d’eau ou discobole, 20 statues de bronze du célèbre « Chat » s’exposent sur les Champs Elysées. A cette occasion, retour sur le parcours de son créateur, Philippe Geluck, qui a donné sa langue au chat depuis 1983 !
Donner sa langue au chat : origine de l’expression
Cette expression est probablement une atténuation de « jeter sa langue aux chiens », variante bien plus violente, selon laquelle la personne qui n’arrive pas à répondre à une question ou une devinette donne l’organe qui lui est inutile à manger aux chiens. Elle apparaît dans la 6e édition du Dictionnaire de l’Académie :
Prov. et fig., Jeter sa langue aux chiens, Renoncer à deviner quelque chose. Il m’est impossible de trouver le mot de cette énigme, je jette ma langue aux chiens.
Elle se trouve chez Mme. de Sévigné (1626 – 1696) :
Devinez ce que c’est, mon enfant, que la chose du monde, qui vient le plus vite, & qui s’en va le plus lentement ; qui vous fait approcher le plus près de la convalescence, & et qui vous en retire le plus loin ; qui vous fait toucher l’état du monde le plus agréable, & qui vous empêche le plus d’en jouïr ; qui vous donne les plus belles espérances, & qui en éloigne le plus l’effet ; ne sauriez-vous le deviner ? jettez-vous votre langue aux chiens ? c’est un rhumatisme. Il y a vingt-trois jours que j’en suis malade […]
1676
Selon le Dictionnaire d’expressions et locutions (Alain Rey, Sophie Chantreau), le transfert du chien au chat a peut-être été fait par l’expression « donner sa part au chat ». Ces auteurs évoquent aussi la réputation du chat, qui ne saurait pas tenir sa langue, qui sait des choses, et pour qui la langue de l’ignorant a plus d’utilité. Parallèlement, George Sand écrit, au sens d’« oublier » dans La Petite Fadette (1849) :
Ce que je vous dis là, j’ai grand’peur que vous ne le mettiez dans l’oreille du chat ; mais si vous ne le faites pas, vous vous en repentirez grandement un jour.
Ce qui revient au chat est donc ce qui est perdu. Le transfert est fait, dans les sources écrites, au début du XIXe siècle :
Nous donnerons le mot de celle qui va suivre, dès que, pour nous servir de l’expression de madame de Sévigne, on aura jeté sa langue au chat
Et cependant, il y est question de jockeis, de d’hyppodrome…mais cela est comme perdu au milieu de trois ou quatre intrigues amoureuses, que je défie le plus habile de deviner…Aussi, le public, le premier jour, a-t-il donné sa langue au chat. Il croyait assister sans doute à la représentation d’une charade.
Elle nous fait connaître que l’étymologie du mot crinoline vient du grec crino, je crains, et lino, la ligne droite. L’Académie, qui avait donné sa langue aux chats, va pouvoir terminer son fameux dictionnaire que ce mot seul arrêtait.
« Donner sa langue au chat » n’apparaît que dans la 9e édition du Dictionnaire de l’Académie (en cours de rédaction). Voir ici : pourquoi dit-on « dès potron-minet » ?
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