En principe, « double alternative » est un pléonasme, c’est-à-dire une répétition inutile, et à ce titre souvent condamnée. En effet, traditionnellement, « une alternative » désigne un choix, un seul, entre deux options, deux attitudes, deux voies, deux possibilités, etc., qui sont souvent mises en opposition. Lorsque l’on fait face à une alternative, on peut prendre une décision entre deux éventualités, faire son choix entre deux propositions, deux partis, deux options, etc., dont l’un exclut l’autre. « Alternative » est en effet une substantivation de l’adjectif alternatif, du latin alternare (faire tantôt une chose, tantôt l’autre), formé sur alter, « l’un des deux ». C’est un synonyme imparfait de dilemme. Une double alternative désignerait donc deux situations dans lesquelles on disposerait dans chacune de deux possibilités, c’est-à-dire quatre possibilités au total. Exemples :
- J’ai devant moi une alternative : soit partir en vacances avec mes amis, soit économiser mon argent pour investir.
- Les citadins font souvent face à une alternative entre deux inconvénients : prendre des transports en commun parfois en panne et toujours bondés, ou prendre leur voiture pour s’enfoncer dans les embouteillages.
- Bien malheureusement, les jeunes sont souvent dans l’alternative de faire de leur passion un métier, au risque de ne pas gagner leur vie, ou de s’orienter vers une carrière plus raisonnable, mais moins exaltante.
- « Paraître sublime ou grotesque, voilà l’alternative à laquelle nous réduit un désir. » (Balzac, Physiologie du mariage)
Cependant, dans la langue de tous les jours, sur le modèle de l’anglais alternative, « alternative » est pris comme un synonyme de « possibilité, solution, option » : une double alternative signifierait donc « deux solutions, deux possibilités ». En outre, on emploie souvent « une alternative » au sens de « solution de rechange » (exemple : « Il faut une alternative au modèle de croissance actuel »). Avoir une double alternative, ou deux alternatives, ce serait donc pouvoir choisir entre deux possibilités. Il n’y aurait plus de pléonasme. Ces emplois relâchés, très courants, pourraient être critiqués non seulement comme anglicismes, mais aussi comme des extensions abusives de sens (parce que qu’une « alternative » ne peut présenter « deux alternatives »). Il vaut mieux l’éviter quand une langue soutenue est demandée.
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