« Être plus royaliste que le roi » est une expression qui signifie « défendre les intérêts d’une personne, d’un groupe de personnes ou d’une entité avec plus de zèle que le ou les intéressés ». On l’emploie souvent à la forme négative, parfois par dépit de voir celui que l’on souhaite aider refuser cette aide : « il ne faut pas être plus royaliste que le roi » ou « je ne veux pas être plus royaliste que le roi ». Par exemple, si je vois un proche se plaindre à propos d’une tâche qu’il doit accomplir, et que je lui propose mon aide, vigoureusement refusée, je serais en droit de dire « qu’il ne faut pas être plus royaliste que le roi », avant de me retirer. Celui qui est plus royaliste que le roi est plus dogmatique, plus intransigeant sur les intérêts du roi que le roi lui-même, ou a une conception de la royauté paradoxalement plus absolue que celle du roi lui-même. Il est « ultra», si l’on reprend l’appellation des royalistes extrémistes pendant la Restauration (1815 – 1830). On peut de manière équivalente dire « plus catholique que le pape ».
L’origine de l’expression « être plus royaliste que le roi »
On attribue en général la paternité de ce mot à Chateaubriand (1768 – 1848), auteur alors glorieux à l’époque où il commence à se diffuser. Il l’emploie dans de la Monarchie selon la Charte (1816), ouvrage dans lequel il plaide pour que la royauté restaurée, après la chute de Napoléon (1804 – 1815), soit un régime représentatif. Mais cette expression semble alors courante, comme Chateaubriand le dit lui-même, alors qu’il en critique l’idée :
La grande phrase reçue, c’est qu’il ne faut pas être plus royaliste que le roi. Cette phrase n’est pas du moment ; elle fut inventée sous Louis XVI : elle enchaîna les mains des fidèles, pour ne laisser de libre que les bras du bourreau.
Victor Hugo (1802 – 1885) fait d’ailleurs une critique de l’attitude « plus royaliste que le roi », le courant royaliste-extrémiste sous la Restauration, dans Les Misérables (1862) :
Être ultra, c’est aller au delà. C’est attaquer le sceptre au nom du trône et la mitre au nom de l’autel ; c’est malmener la chose qu’on traîne ; c’est ruer dans l’attelage ; c’est chicaner le bûcher sur le degré de cuisson des hérétiques ; c’est reprocher à l’idole son peu d’idolâtrie ; c’est insulter par excès de respect ; c’est trouver dans le pape pas assez de papisme, dans le roi pas assez de royauté, et trop de lumière à la nuit ; c’est être mécontent de l’albâtre, de la neige, du cygne et du lys au nom de la blancheur ; c’est être partisan des choses au point d’en devenir l’ennemi ; c’est être si fort pour, qu’on est contre.
On retrouve cette expression dans de nombreuses publications des débuts de la Restauration. Un certain « Lesage », avocat à Douai avant la Révolution, avait notamment publié en 1815 une brochure intitulée « Peut-on être plus royaliste que le roi ».
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