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Franchir le Rubicon : dĂ©finition & origine (expression) 📚

Publié le 13/06/2021 (m.à.j* le 15/08/2024)
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DĂ©finition

Passer ou franchir le Rubicon signifie : oser faire quelque chose d’ambitieux, s’engager dans une entreprise pĂ©rilleuse, prendre une dĂ©cision difficile et lourde de consĂ©quences, braver un interdit.

Exemples 

  • AprĂšs de longues hĂ©sitations, il franchit le Rubicon et dĂ©cida d’investir toutes ses Ă©conomies dans cet appartement.
  • La dĂ©cision Ă©tait attendue de tous, et elle vint mardi : une des plus grandes figures de l’opposition franchit le Rubicon en quittant son parti pour rejoindre celui de la majoritĂ© au pouvoir.
  • Jusqu’alors il n’avait mĂȘme pas complĂštement secouĂ© le charme des fraĂźches et suaves idĂ©es qui enveloppent comme d’un feuillage la jeunesse des enfants Ă©levĂ©s en province. Il avait continuellement hĂ©sitĂ© Ă  franchir le Rubicon parisien. (Balzac, Le PĂšre Goriot)

Franchir le Rubicon : origine de l’expression

Cette expression fait rĂ©fĂ©rence Ă  l’épisode dĂ©clencheur de la guerre civile entre Jules CĂ©sar (100 – 44 av. J.-C.) et PompĂ©e (106 – 48 av. J.-C.), soutenu par une faction aristocratique romaine, les optimates. Les optimates voulurent profiter de la fin du proconsulat de CĂ©sar pour l’arrĂȘter et lui intenter un procĂšs. CĂ©sar reprĂ©sentait un danger dĂ©stabilisateur pour les Ă©lites traditionnelles de la RĂ©publique romaine. Depuis la guerre des Gaules et sa victoire Ă  Alesia en 52 av. J.-C., CĂ©sar Ă©tait au sommet de sa gloire militaire.

Ses adversaires au SĂ©nat le destituĂšrent de ses commandements le 1er dĂ©cembre 50. Le 7 janvier 49 av. J.-C., PompĂ©e reçut les pleins pouvoirs. Devenu ennemi public et menacĂ© par son rival, CĂ©sar franchit, le 11 ou 12 janvier, avec une lĂ©gion, le Rubicon, petit fleuve (aujourd’hui en Émilie-Romagne) qui marquait la sĂ©paration entre la province de Gaule cisalpine et l’Italie, alors que la loi romaine l’interdisait sans l’accord du SĂ©nat. Cette transgression dĂ©clencha une guerre civile, mais lui permit de prendre de vitesse ses adversaires romains. PompĂ©e, sans armĂ©e, dut fuir. La dĂ©cision de CĂ©sar se rĂ©vĂ©la finalement payante puisqu’il sortit vainqueur du conflit en 45, et prit le contrĂŽle de la RĂ©publique, avant d’ĂȘtre assassinĂ© en 44. Selon SuĂ©tone, c’est un signe des dieux qui dĂ©cida CĂ©sar de franchir le Rubicon :

Enfin, au point du jour, ayant trouvĂ© un guide, il suivit Ă  pied des sentiers Ă©troits jusqu’au Rubicon, limite de sa province, et oĂč l’attendaient ses cohortes. Il s’y arrĂȘta quelques instants, et, rĂ©flĂ©chissant aux consĂ©quences de son entreprise : « Il est encore temps de retourner sur nos pas, dit-il Ă  ceux qui l’entouraient ; une fois ce petit pont franchi, c’est le fer qui dĂ©cidera tout. »

XXXII. Un prodige le détermine à passer ce fleuve

Il hĂ©sitait ; un prodige le dĂ©termina. Un homme d’une taille et d’une beautĂ© remarquables apparut tout Ă  coup, assis Ă  peu de distance et jouant du chalumeau. Des bergers et de trĂšs nombreux soldats des postes voisins, parmi lesquels il y avait des trompettes, accoururent pour l’entendre. Il saisit l’instrument d’un de ces derniers, s’élança vers le fleuve, et, tirant d’énergiques accents de cette trompette guerriĂšre, il se dirigea vers l’autre rive. « Allons, dit alors CĂ©sar, allons oĂč nous appellent les signes des dieux et l’injustice de nos ennemis: le sort en est jetĂ©! »

Ainsi, l’anecdote de l’épisode du franchissement du Rubicon a donnĂ© naissance Ă  une autre expression cĂ©lĂšbre : le sort en est jetĂ©, alea jacta est. Il est Ă  noter que le plan d’opĂ©ration du coup d’État de Louis-NapolĂ©on Bonaparte du 2 dĂ©cembre 1851, alors qu’il Ă©tait prĂ©sident de la RĂ©publique, se nommait « Rubicon ».

Sur le sujet, lire CĂ©sar de Christophe Badel (direction), La RĂ©publique romaine et son empire. De 509 av. Ă  31 av. J.-C de Michel Humm (direction).

Voir ici : pourquoi César a-t-il dit « veni, vidi, vici » ?



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