25 juin 1950 : guerre de Corée (1950 – 1953)
Dates de la guerre de Corée : 1950 – 1953
La guerre de Corée est un événement majeur de la guerre froide. Le conflit avive considérablement les tensions entre les deux superpuissances rivales, les États-Unis et l’URSS.
Synthèse réalisée principalement à partir du manuel d’Histoire du XXe siècle de Berstein et Milza.
Le contexte de la guerre de Corée
La poussée communiste en Asie
Le 1er octobre 1949, Mao Zedong (1893 – 1976) proclame la naissance de la République populaire de Chine, c’est-à-dire l’avènement de la Chine communiste. Les forces de son rival nationaliste Tchang Kaï-Tchek (1887 – 1975) se réfugient sur l’île de Formose, c’est-à-dire Taïwan.
Le bloc de l’Ouest qui se constitue au début de la guerre froide autour des États-Unis d’Amérique, en opposition au bloc de l’Est autour de l’URSS, craint d’autant plus, à la suite de cette victoire, de voir l’ensemble de l’Asie tomber sous le giron communiste.
Le désintérêt apparent des Américains
La réaction américaine à la victoire des communistes en Chine a été faible. Ils semblent se désintéresser de la région. Seule exception : ils sont installés au Japon depuis leur victoire sur le pays en 1945.
Dean Acheson, secrétaire d’État (équivalent du ministre des Affaires étrangères) de 1949 à 1953 du président des États-Unis Harry Truman (président de 1945 – 1953), déclare par ailleurs le 12 janvier 1950 que la Corée du Sud et Formose se situent en dehors du « périmètre défensif des États-Unis dans le Pacifique ».
Joseph Staline (1878 – 1953), le dirigeant de l’URSS (depuis les années 1920), pense tout le contraire. Mis en échec en Europe par la politique du containment (qui consistait à endiguer la croissance de l’influence soviétique), il trouve alors en Asie un nouveau théâtre d’opérations pour faire progresser son influence.
La Corée : un peuple, deux pays
La Corée était une colonie du Japon depuis le début du XXème siècle. Elle est libérée du colonisateur japonais en 1945 par l’invasion des troupes soviétiques au Nord et par celles des États-Unis au Sud. Les deux puissances décident au cours de la conférence de Yalta (février 1945) de diviser le pays en deux zones d’occupation, le long du 38ème parallèle.
En 1948, les deux zones d’occupations deviennent deux États indépendants.
- Au Sud, le dictateur Syngman Rhee (1875 – 1965, au pouvoir jusqu’en 1960) dirige la République de Corée avec le soutien des États-Unis.
- Au nord, le général Kim Il Sung (1912 – 1994, au pouvoir jusqu’à sa mort) dirige la République populaire de Corée avec le soutien de l’URSS.
Rétablir l’unité de la Corée serait une double victoire pour Staline :
- il menacerait la présence américaine au Japon ;
- il contiendrait l’influence de la Chine révolutionnaire. En théorie, l’URSS et la Chine communiste sont deux pays amis. Mais Staline se méfie de cette « petite soeur ».
Le début de la guerre de Corée
Le 25 juin 1950, les armées de la Corée du Nord lancent une invasion de la Corée du Sud : c’est le début de la guerre de Corée. Bien équipée par l’URSS, les troupes nord-coréennes acculent rapidement les forces du Sud autour d’un petit périmètre autour de la ville de Busan, sur la pointe sud-est du pays.
L’intervention militaire américaine dans la guerre de Corée
Truman décide alors de porter en Asie la politique de containment.
Il saisit l’Organisation des nations unies (ONU) le jour même de l’invasion. Le Conseil de sécurité des Nations Unies, sorte de « gouvernement » de l’ONU, boycotté par le délégué soviétique, condamne sévèrement l’agression nord-coréenne. Les États-Unis, à la tête d’un puissant corps expéditionnaire sous pavillon de l’ONU, débarquent en septembre 1950 à l’ouest de la Corée, près de la ville d’Inchon.
En un mois, les troupes nord-coréennes sont refoulées par la coalition internationale jusqu’au fleuve Yalou, qui marque la frontière de la Corée avec la Chine.
L’intervention chinoise dans la guerre de Corée
En novembre 1950, les Chinois entrent en jeu, contrevenant par-là à la volonté de l’URSS de limiter le rôle de la Chine dans la péninsule coréenne. Ils interviennent avec plusieurs milliers de « volontaires » et repoussent les troupes de l’ONU.
La guerre de Corée aurait pu alors se transformer en guerre nucléaire
Le commandant en chef américain, le général MacArthur (1880 – 1964), envisage alors l’emploi de l’arme atomique contre la Chine. Ce proposition extrême illustre la vivacité des tensions créées par l’affrontement entre les deux « blocs ».
La prise de position du général MacArthur suscite une vague mondiale de terreur. Truman le relève de son commandement, craignant le déclenchement d’une Troisième Guerre mondiale.
Ce n’est que juillet 1951 que les forces de l’ONU parviennent à ramener le front sur le 38ème parallèle. Il se stabilise ensuite.
Une guerre sans vainqueur ?
La signature de l’armistice de Pam Mun Jom
Des pourparlers sont alors engagés. Ils n’aboutissent qu’après la mort de Staline.
Le 27 juillet 1953, l’ONU, la Chine et la Corée du Nord signent l’armistice de Pam Mun Jom (ou Panmunjeom) qui met fin au conflit.
Nul vainqueur de la guerre de Corée
C’est un retour statu quo ante bellum. Il n’y a aucun vainqueur.
La Corée du Sud n’ayant pas signé l’armistice, elle est techniquement toujours en guerre avec sa voisine du nord.
Les conséquences de la guerre de Corée
La guerre a ravagé la péninsule. On compte près de 800 000 morts de soldats du Nord et du Sud. Il y a eu près de 2 millions de victimes civiles.
La guerre de Corée a provoqué un raidissement des deux blocs
Le conflit a provoqué une psychose anticommuniste aux États-Unis.
Le sénateur américain Robert. A. Taft (1889 – 1953) publie en 1952 : L‘Amérique en danger. Sous l’influence d’un autre sénateur, Joseph McCarthy (1906 – 1957), une « chasse au sorcière » est lancée. À la suite de l’élection de Dwight Eisenhower (1890 – 1969) comme président en 1952, le secrétaire d’État John Foster Dulles (de 1953 à 1959) mène une politique étrangère manichéenne. Les partisans les plus durs de cette politique plaident pour une stratégie de roll-back (refoulement) de tous les territoires occupés par les Soviétiques depuis 1945.
Les États-Unis signent en outre des traités d’alliance avec tous les pays qui estiment être menacés par l’avancée du communisme :
- le pacte du Pacifique (ANZUS) en septembre 1951 avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande ;
- l’Organisation du traité de l’Asie du Sud-Est (OTASE) en 1954 qui regroupe le Pakistan, les Philippines, la Thaïlande, le Royaume-Uni et la France en plus des pays de l’ANZUS ;
- le Pacte de Badgad en 1955, avec le Royaume-Uni, la Turquie, l’Iran, le Pakistan et l’Irak.
Conséquence de ces alliances, le bloc communiste est encerclé sur son flan Sud.
En Europe, les États-Unis soutiennent le projet de Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) promu notamment par Robert Schuman (1886 – 1963). Ils plaident surtout en faveur du réarmement allemand, auquel la France est très hostile. En guise de recours, les Français acceptent le projet alternatif de formation d’une armée européenne commune, la Communauté européenne de la défense (CED), lancé par le traité de Paris du 27 mai 1952. Ce projet ne voit cependant pas le jour.
Le camp socialiste se raidit aussi
L’URSS fait exploser sa première bombe atomique en 1949 et sa première bombe H en 1953. Staline, vieillissant, se sentant encerclé par le bloc adverse, pousse les communistes des pays occidentaux à multiplier les manifestations et durcit sa politique interne.
Les relations entre les deux blocs ne connaissent un « dégel » qu’après la mort de Staline, le 5 mars 1953.
ce passage m’a eteillé sur les réalités de la crise coréenne.
Aucun mot sur le corps expéditionnaire français ?
Vous avez raison