L’ours ! Intéressons-nous à un animal à la fois connu et méconnu de tous.
L’ours et ses multiples facettes
Mais qui sont donc les ours ?
Nous comptons aujourd’hui huit espèces d’ours. Vous connaissez sans doute, l’ours blanc et l’ours brun. Pourtant, certaines espèces moins connues, comme l’ours lippu, aussi nommé « ours paresseux », font intégralement partie de l’écosystème de notre planète. Pour les énumérer, nous recensons en plus des trois espèces citées :
- l’ours noir,
- l’ours à collier,
- l’ours malais,
- l’ours à lunettes,
- le grand panda.
L’ours, un animal familier
Même sans être de grands spécialistes des ursidés, nous savons tous que les ours restent de très grands quadrupèdes robustes, puissants, intelligents, gourmands, pouvant se tenir sur leurs deux pattes postérieures pour impressionner leurs rivaux ou observer le danger. Ce dernier pouvant, potentiellement, être nous-mêmes.
Nous savons également que ces animaux sont plutôt solitaires, opportunistes, et qu’ils adaptent leur alimentation, leur existence selon la météo, les saisons, et les pays. Certains ours, bien connus, comme le grizzly vont plutôt hiverner, et non pas hiberner, tandis que d’autres, comme l’ours malais, vont rester actifs toute l’année durant.
Pouvons-nous pour autant, affirmer que nous connaissons ces créatures ? Si elles sont à la fois fascinantes, intrigantes, puissantes, dangereuses et inoffensives il est évident que notre vision reste bien souvent trompeuse sur ces différentes espèces.
Par ailleurs, cette vision, reste indubitablement liée à notre imaginaire collectif, qui se retrouve, bien souvent, fausse. Pour mieux comprendre ces animaux, il est essentiel de les étudier, de les découvrir, d’étudier leur histoire, et ainsi, pour dire, de partir à leur rencontre.
L’ours et l’évolution
L’ours est-il anthropophage ?
Dans la classification des espèces les ours appartiennent à l’ordre des carnivores. De même, au sein de nombreuses cultures, cet animal est considéré comme étant anthropophage et sanguinaire. Pourtant, la grande majorité des ursidés ne mangent presque que des fruits, des insectes, des feuilles, des racines, des poissons, du miel.
Vous l’aurez compris, la plupart des ours sont omnivores.
- Le grand panda est cependant uniquement herbivore. Il ne consomme que du bambou.
- L’ours polaire, quant à lui, ne s’alimente que de viande, principalement de phoques, ou de différents mammifères marins.
Les attaques sur les êtres humains sont donc extrêmement rares. L’ours a presque toujours tendance à les fuir.
Les ancêtres des ours modernes
Qui sont les ancêtres des ours ? Quand leurs chemins se sont-ils séparés ? Comment l’espèce a-t-elle évolué ? Si beaucoup de mystères doivent être encore élucidés par les paléontologues et les zoologistes, les découvertes d’ours fossilisés et les progrès de la génétique nous apportent aujourd’hui de nouveaux indices sur leur histoire.
Les ursidés appartiennent à une famille très ancienne. À vrai dire, les premières traces d’animaux s’apparentant à des ours remontent à près de 35 millions d’années. À ce moment donné, leur mâchoire se distingue des autres carnivores. Leurs dents évoluent, deviennent plus larges et moins tranchantes. Ce genre de dentition est spécifiquement adapté à un régime omnivore.
Ces animaux vivent alors en Asie, mais se répandent progressivement en Europe et en Amérique du nord. En effet, à cette époque, l’Amérique reste reliée à l’Eurasie.
Les ours ne ressemblent pas à ceux que nous connaissons actuellement, puisqu’ils s’apparentent davantage à des chiens, des coyotes, tant par leur anatomie que par la forme de leurs membres. Leur habitat se confond avec des espaces ouverts, comme la prairie ou la savane. À noter qu’aujourd’hui, on ne trouve pas d’ours en Afrique.
Les huit espèces actuelles d’ours appartiennent à la même famille. En effet, leur origine commune est commune. Leurs plus lointains parents se nomment Filholictis ou encore Ballusia.
La lignée des ursidés s’est ensuite divisée en trois branches principales. Parmi elles, le groupe des grands pandas, comprenant un petit groupe d’espèces très proches, les ours à face courte, et enfin les ursidés qui se sont largement diversifiés dans l’hémisphère nord regroupant désormais six espèces dont l’ours brun et l’ours noir.
Deux ours disparus devenus célèbres
Deux races d’ours disparues ont cependant marquées les paléontologues.
D’abord, l’ours à face courte, aussi nommé Arctodus. C’était l’un des plus grands ours ayant existé : il mesurait ainsi 1,80 m au garrot et 3,50 m debout. C’était donc le plus grand des mammifères prédateurs de l’ère glaciaire ! Il disparaît il y a environ 10 000 ans à la fin du Pléistocène.
Ensuite, le plus connu de tous : l’ours des cavernes, Ursus spelaeus. Certains d’entre eux atteignent 1,30 mètre au garrot et pouvaient dépasser les 3,50m de haut en position dressée, grâce de longs membres. Ils étaient par ailleurs trois fois plus lourds que les ours bruns actuels. Ces ours étaient proches des hommes du Paléolithique.
L’homme et l’ours
Les ours et les hommes se côtoient depuis des milliers d’années ! Leur présence est attestée dans de nombreuses contrées.
Les ours continuent de nourrir l’imaginaire des hommes à travers de multiples mythes, légendes, croyances, fêtes. Leur aspect humain, leur force, leur côté sauvage et domesticable, intriguent les hommes partout dans le monde. L’ours est à la fois admiré, craint, haï, chassé, ridiculisé, moqué parfois même réhabilité. Cette source de fascination nous permet de comprendre leur histoire, mais également grâce à eux, une partie de la nôtre.
L’ours et la fête
On retrouve l’ours dans de nombreuses cérémonies ou croyances.
Les Haidas, peuples de l’Ouest du Canada, vénèrent l’animal. L’ours est le « frère de l’homme ». Il doit ainsi d’être figuré sur des mâts totémiques. « L’esprit de l’ours » fait donc partie intégrante de la culture des Indiens des plaines.
Les Aïnous, au nord du Japon, suivent quant à eux le « rituel de l’ours ». Cette célébration consiste à sacrifier rituellement un ours adulte, élevé par les hommes, afin que son esprit protecteur vienne garantir le succès des hommes à la chasse.
À travers ces rituels, l’Homme doit à la fois attirer l’attention de l’ours et apaiser sa colère. L’ours est donc une créature totalement ambiguë dans l’esprit humain. À la fois sacré et grossier, l’ours symbolise autant le début de l’hiver que le retour du printemps. Il peut donc être utilisé comme message de fertilité mais également comme présage de débauche, de luxure, et de gourmandise.
Aujourd’hui encore, des carnavals sont organisés, comme en Roumanie, où l’ours est tourné en ridicule.
Préhistoire
En Europe, l’Homme et l’ours cohabitent depuis plus de 400 000 ans.
Ainsi, l’Homme de Néandertal et l’Homo sapiens, autrement dit nous, côtoyaient quotidiennement l’ours brun et l’ours des cavernes. Malheureusement, il est difficile de déterminer la nature de leurs relations du fait de la rareté traces archéologiques.
Si les trouvailles d’ustensiles ou les bijoux représentant des chevaux, des cerfs, ou encore des mammouths sont nombreuses, celles attestant la présence des ours ne se comptent que par quelques dizaines seulement.
De même les représentations d’ours sur les parois des grottes sont rares. Cependant, les archéologues ont trouvé parmi les habitations ou les cavernes, bon nombre d’outils, d’os, de dents, et de parures provenant de corps d’ursidés. L’ours est-il un dieu ou un concurrent direct des hommes dans la lutte pour la survie ? La question demeure.
L’ours au Moyen-Âge
L’ours est synonyme de puissance, de force, d’autorité. Il suscite à la fois crainte, le respect et l’admiration. Son corps est associé à celui des guerriers, des hommes puissants. Son image est par ailleurs utilisée pour asseoir le prestige et le pouvoir.
Au début du Moyen âge l’ours est vénéré. En atteste sa présence dans la légende du roi Arthur le prouve. Arthur est fort comme un ours. Son nom est même là pour le rappeler puisque qu’Arthur vient de « arth » qui signifie « ours » en celte. Par la figure de l’ours, Arthur est doublement roi. Il est le parfait souverain, fort, intelligent, et courageux.
L’ours et le christianisme
Mais tout change avec l’apparition du christianisme. L’Église discrédite l’animal, associé au paganisme. Autrefois apprécié et contemplé, il est désormais diabolisé. Les chasses se multiplient, l’animal est exterminé.
L’ours au temps de la modernité
À l’avènement de la modernité, l’ours devient animal de foire ridiculisé. À Paris notamment, de nombreux spectateurs se pressent à la foire Saint-Germain pour observer des ours mimant des gestes quotidiens de la vie, jouant de la musique, ou sachant compter.
À la Révolution française, en 1793, on interdit les spectacles de rue au sein de la capitale. Tous les animaux potentiellement dangereux pour l’homme, comme l’ours, sont gardés au Jardin des Plantes. Cette législation débouchera sur la création de la future ménagerie. Une fosse aux ours est même construite. Toujours présente aujourd’hui, elle accueille désormais des pandas roux.
Les montreurs d’ours ne disparaissent pas pour autant. Dans les Pyrénées par exemple, les « éleveurs d’ours » connaissent un grand succès. Cette activité est une importante source de revenu pour les paysans et les ouvriers. Au 19ème siècle une école d’élevage d’ours est même créée en Ariège.
Au 20ème siècle les ours perdent pourtant peu à peu leur caractère d’animaux sauvages et dangereux. La population d’ours diminue. Le rencontrer devient rare. La création de la peluche Teddy’s bear marque un retournement. L’image de l’ours redevient positive : il devient un animal affectueux par excellence, amical, auquel les bambins s’attachent.
Quel avenir pour les ours ?
Si la population de certains ours, comme l’ours noir (comprenant 900 000 individus de par le monde), se porte bien, la majorité des races sont en voie de disparition. En cause : la réduction de l’habitat (par l’urbanisation, l’agriculture, les diverses exploitations), le braconnage, la chasse, et le réchauffement de la planète.
Si leur territoire nous semble vaste, leurs espaces de vie sont pourtant constamment fragmentés, dégradés par le développement des activités humaines. En France, l’ours brun a quasiment disparu. Les trente individus restants se sont réfugiés dans les massifs montagneux des Pyrénées. Et ce maintien n’est dû qu’à l’introduction d’ours slovènes. Leur maintien n’est pas assuré.
Mais les ours sont plus protégés et réintroduis qu’autrefois ce qui permet à des espèces comme le grand panda, ou l’ours à lunettes de voir sa population augmenter, bien que cela reste relativement faible.
Si certains hommes craignent encore l’ours, celui-ci connaît une réhabilitation progressive. Que ce soit avec les figures sympathiques comme celle de Baloo de Disney ou encore des diverses ménageries du monde, l’ours continue à émerveiller le monde humain. L’homme s’inspire continuellement de l’animal et ne cesse de vouloir comprendre son histoire.
Bibliographie et Exposition
- Pastoureau Michel, L’ours : Histoire d’un roi déchu, Paris, La Librairie du XXIe siècle, 2007, 432 pages.
- « Espèces d’ours», exposition du 12 octobre 2016 au 19 juin 2017 au Jardin des plantes, Grande galerie de l’évolution.
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