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« J’aurai » et « j’aurais » : quelle différence ?

Publié le 15/05/2019
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« J’aurai » et « j’aurais » sont des conjugaisons homonymes homophones du verbe avoir, la première au futur de l’indicatif, la seconde au conditionnel présent. Cet article a pour but de vous expliquer quand employer l’un ou l’autre.

J’aurai : futur simple

J’aurai, sans le « s », est la forme conjuguée du verbe « avoir » à la première personne du singulier du futur simple à l’indicatif. Il peut exprimer :

  • cas 1 : une action certaine du futur ou une promesse
  • cas 2 : une condition, s’il est couplé à une proposition conditionnelle contenant un verbe au présent (une partie de la phrase qui commence le plus souvent par « si » et qui contient un verbe au présent).
  • cas 3 : une action incertaine s’il est employé avec un adverbe dans ce sens (peut-être, probablement, etc.)

Exemples : 

  • J’aurai du retard.
    • Cas 1 : il est ici certain que j’aurai du retard.
  • Si je lis ce livre, j’aurai appris quelque chose.
    • Cas 2 : « j’aurai » suit une proposition conditionnelle (qui commence par « si ») avec un verbe au présent (je lis).
  • Je reviendrai, avec des membres de fer, la peau sombre, l’oeil furieux : sur mon masque, on me jugera d’une race forte. J’aurai de l’or : je serai oisif et brutal. (Rimbaud, Mauvais sang)
    • Cas 1 : l’action est certaine.
  • S’il boit autant, j’aurai du mal à le convaincre.
    • Cas 1 : l’action est certaine.
  • « Cette mémoire des mots, qui ne m’est pas entièrement restée, a fait place chez moi à une autre sorte de mémoire plus singulière, dont j’aurai peut-être occasion de parler. » (Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe)
    • Cas 3 : l’action est incertaine (peut-être).

J’aurai est aussi employé dans la première personne du singulier du verbe avoir au futur antérieur « j’aurai eu ». Exemple : 

  • « Je suis né en 1969. Enfant, j’aurai eu le rare privilège d’éprouver un sentiment unique. Un feu intérieur sans pareil que l’époque a rendu évanescent et qui est voué à une inéluctable extinction. » (Laregledujeu.org)
    • Il permet ici de présenter un bilan.

À lire en cliquant ici : « j’ai dit » ou « j’ai dis » ?

J’aurais : conditionnel présent

J’aurais, avec un « s », est la forme conjuguée du verbe « avoir » à la première personne du singulier du conditionnel présent. Il peut exprimer :

  • cas 1 : un futur vu du passé ;
  • cas 2 : retranscrire le futur simple dans le discours indirect.
  • cas 3 : former le potentiel (une action réalisable si une condition se réalise).
  • cas 4 : former l’irréel du présent (une action irréalisable car la condition ne peut être réalisée).
  • cas 5 : parler d’un fait imaginaire, d’actions imaginaires.
  • cas 6 : évoquer une information non vérifiée, faire une hypothèse.
  • cas 7 : formuler une demande ou un conseil poliment. Exprimer un souhait.
  • cas 8 : s’indigner dans une phrase exclamative ou interrogative.

Exemples : 

  • Je sus à ce moment-là que j’aurais un amour infini pour lui.
    • Cas 1 : un futur vu du passé.
  • « Tu auras du chocolat si tu termines ta soupes ». Il a dit que j’aurais du chocolat si je terminais ma soupe.
    • Cas 2 : retranscrire le futur simple dans le discours indirect.
  • Si tu te dépêches, j’aurais le temps de passer à la librairie avant d’aller au cinéma.
    • Cas 3 : le potentiel, qui se construit sur le modèle « conditionnel présent » dans la principale + imparfait dans une subordonnée commençant par si.
  • « Si tu étais plus grande, je n’aurais pas pu monter sur tes épaules ! »
    • Cas 4 : irréel du présent, qui se construit sur le modèle « conditionnel présent » dans la principale + imparfait dans une subordonnée commençant par si.
  • Si j’étais un lion, j’aurais d’énormes dents et je serais le roi des animaux.
    • Cas 5 : parler d’un fait imaginaire.
  • J’aurais peut-être plus d’argent en travaillant plus.
    •  Cas 6 : on fait une hypothèse sur sa vie éventuelle.
  • J’aurais souhaité te voir plus.
    • Cas 7 ; Exprimer un souhait.
  • J’aurais bien un peu de rab’ s’il te plaît !
    • Cas 7 : formulation d’une demande poliment.
  • Moi ? J’aurais donc ta bague ? Quelle plaisanterie !
    • S’indigner.

Voir ici : quelle est l’origine de l’expression « vouer aux gémonies » ?