Signification
Je m’en tamponne le coquillard signifie : je m’en fiche, je m’en moque, je m’en fous, ça m’est égal, je m’en bats l’œil. Exemple : « Oh ! Tu sais, je m’en tamponne bien le coquillard ! Il peut faire ce qu’il veut désormais, ce n’est plus mon problème ! ». C’est une expression argotique et ancienne, que l’on entend encore parfois. Elle amuse par son archaïsme.
Je m’en tamponne le coquillard : origine de l’expression
« Tamponner » est à comprendre ici comme battre (se battre à coup de poings selon Delvau), frapper (à coups de tampons), essuyer ou nettoyer, gestes proches de torcher (s’en torcher : s’en foutre).
Selon Duneton et Claval (Le Bouquet des expressions imagées), le « coquillard » désigne l’anus ou la vulve mais, si cette métaphore fonctionne (par analogie avec la coquille), ce terme d’argot semble plutôt désigner l’œil (parce qu’il a la forme d’une coquille). Le Dictionnaire argot-français de Delesalle et Richepin (1896) définit ainsi le coquillard comme l’œil et font de « je m’en tamponne le coquillard » un synonyme de « s’en battre l’œil ». « Coquillard » serait, selon eux, un jeu de mot inventé à partir du néerlandais kyken, « regarder ». L’Argot au XXe siècle (1901) de Bruant va dans le même sens. Un périodique écrit en outre :
Je l’avoue à ma honte, je m’étais introduit l’index dans le coquillard jusqu’au cubitus [os de l’avant-braas]
Se tamponner l’œil, c’est peut-être affecter volontairement un organe de la perception, et donc ne pas vouloir voir et comprendre, s’en moquer. Parallèlement, se mettre le doigt dans l’œil (ou l’index dans le coquillard jusqu’au cubitus), c’est se tromper, car on a affecté symboliquement sa capacité à comprendre les choses en handicapant son œil. Cette expression peut être repérée à l’écrit à partir des années 1870 :
Que l’élection de Blanqui soit ou non validée, que le brave conseil municipal fouille le nez dans les affaires de la préfecture de police, ou que les bons bougres de citoyens bellevillois soient ou ou non contents de leur député, M. Gambetta s’en tamponne le coquillard…
Le pion. – Vous allez établir vos pronostics aux arrêts. Venez.
Un des combattants. – Je m’en fiche, pourvu que les Français gagnent.
L’autre. – J’m’en tamponne le coquillard, si ce sont les Anglais qui arrivent les premiers. J’ai parié quinze billes pour eux.
Selon Jean-Louis Debré, Jacques Chirac aurait détourné l’expression :
Jean-Louis Debré consacre aussi une dizaine de pages aux expressions – parfois viriles – du Corrézien sans qui le musée des Arts premiers, quai Branly à Paris, n’aurait jamais vu le jour. Citons-en trois. Pour marquer son indifférence (feinte ou apparente) : « Je m’en tape le coquillard avec une patte d’alligator femelle » (sic).
Il y a quelque 60 ans, pour dire « qu’on n’en avait rien à faire », entre amis nous disions : « Je m’en tamponne le coquillard avec un os de langouste. » Ah, c’était le bon temps…
Pas du tout le coquillard c’est l’an**