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La chanson du vannier | Chanson d’André Theuriet

Publié le 27/05/2018
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La vannière, Louis Lang, 1853 | Wikimedia Commons

La chanson du vannier | Chanson d’André Theuriet


Brins d’osier, brins d’osier, 
Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.

Brins d’osier, vous serez le lit frêle où la mère 
Berce un petit enfant aux sons d’un vieux couplet :
L’enfant, la lèvre encor toute blanche de lait, 
S’endort en souriant dans sa couche légère.

Brins d’osier, brins d’osier, 
Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.

Vous serez le panier plein de fraises vermeilles 
Que les filles s’en vont cueillir dans les taillis. 
Elles rentrent le soir, rieuses, au logis, 
Et l’odeur des fruits mûrs s’exhale des corbeilles.

Brins d’osier, brins d’osier, 
Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.

Vous serez le grand van où la fermière alerte 
Fait bondir le froment qu’ont battu les fléaux, 
Tandis qu’à ses côtés des bandes de moineaux 
Se disputent les grains dont la terre est couverte.

Brins d’osier, brins d’osier, 
Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.

Lorsque s’empourpreront les vignes à l’automne, 
Lorsque les vendangeurs descendront des coteaux, 
Brins d’osier, vous lierez les cercles des tonneaux 
Où le vin doux rougit les douves et bouillonne.

Brins d’osier, brins d’osier, 
Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.

Brins d’osier, vous serez la cage où l’oiseau chante, 
Et la nasse perfide au milieu des roseaux, 
Où la truite qui monte et file entre deux eaux, 
S’enfonce, et tout à coup se débat frémissante.

Brins d’osier, brins d’osier, 
Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.

Et vous serez aussi, brins d’osier, l’humble claie 
Où, quand le vieux vannier tombe et meurt, on l’étend 
Tout prêt pour le cercueil. – Son convoi se répand, 
Le soir, dans les sentiers où verdit l’oseraie.

Brins d’osier, brins d’osier, 
Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.

Revue des deux mondes