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La complainte | Poème de Rutebeuf

Publié le 24/05/2018
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En ancien français

Li mal ne sevent seul venir :
Tout ce m’estoit à avenir
S’est avenu.
Que sont mi ami devenu
Que j’avoie si près tenu
Et tant amé ?
Je cuit qu’il sont trop cler semé ;
Il ne furent pas bien semé,
Si sont failli.
Itel ami m’ont mal bailli,
C’onques tant com Diex m’assailli
En maint costé
N’en vi .i. seul en mon osté :
Je cuit li vens les a osté.
L’amor est morte :
Ce sont ami que vens enporte,
Et il ventoit devant ma porte ;
S’es enporta

La complainte entière ici.

 

En français moderne

Les maux ne savent seuls venir : 
Tout ce qui m’était à venir
Est advenu. 
Que sont mes amis devenu
Que j’avais de si près tenus
Et tant aimés ? 
Je crois qu’ils sont trop clair semés :
Ils ne furent pas bien fumés,
Si m’ont failli. 
Ces amis-là m’ont bien trahi,
Car, tant que Dieu m’a assailli
En maint côté,
N’en vis un seul en mon logis :
Le vent, je crois, les m’a ôtés.
L’amour est morte : 
Ce sont amis que vent emporte,
Et il ventait devant ma porte : 
Les emporta

Voir ici une anthologie des poèmes de la langue française