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La foi du charbonnier : définition & origine (expression) 🙏

Publié le 08/08/2021 (m.à.j* le 29/05/2024)
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Définition

La foi du charbonnier signifie : une croyance naïve et absolue, une foi aveugle, une foi simple et sans examen. C’est expression n’est pas toujours péjorative.

La foi du charbonnier : origine de l’expression

L’origine de cette expression n’est pas certaine. Le charbonnier est celui qui fabrique ou vend le charbon de bois, ou le mineur de charbon, et donc une personne pauvre, voire isolée car vivant à l’écart des autres dans sa forêt. Cet état lui aurait peut-être valu la réputation de simplicité et de naïveté dans la foi. Des recherches sur Google Livres permettent de repérer l’expression dès la fin du XVIe siècle. 

Voilà un expedient bien prompt & aisé. C’est pour revenir a la foy du charbonnier d’Osius, qui croyait ce que l’Eglise croit. 

Hugues DU ROSIER, 1574

Il leur eust été mieux seant de practiquer la foy du charbonnier, qui interrogé que c’est qu’il croiait, recita sa creance, & pour le surplus dit qu’il croyait ce que l’Eglise croiayt ;

Pierre Bullioud, 1596

La combinaison des mots-clés « foy » et « charbonnier » ne permet pas de trouver ce à quoi font référence ces auteurs. Le charbonnier était peut-être donné comme un exemple de foi par certains hommes d’Église, comme « Osius » (Stanislas Hosius) auquel Hugues du Rosier fait référence. Selon Alain Mothu : 

Cependant il est exact qu’Hosius rapporte une histoire semblable, dans un épais ouvrage de controverse contre le luthérien Johann Brenz qu’il fit paraître à Cologne en 1558, l’année même où il était appelé à Rome pour y devenir, assez vite, un personnage de la plus haute influence (il sera fait cardinal en 1561). Dans un passage signalé en manchette comme un « Exemple à imiter d’un fidèle charbonnier » (« Exemplum fidelis Carbonarii imitandum »), il affimait que ce serait folie et pure vanité que d’essayer de polémiquer avec Satan au sujet de l’Écriture au moyen de ses pauvres raisons humaines, particulièrement à l’approche de la mort . Le plus sûr sera toujours de suivre l’exemple admirable de certain charbonnier qui, interrogé par un homme docte (« quidam doctus ») sur ce à quoi il croyait, lui récita le Credo, prié d’en dire davantage répondit qu’il croyait « ce que croit l’Église catholique », et sommé enfin de dire ce que croyait l’Église, répondit qu’elle croyait ce que lui croyait ; et l’on ne put rien en tirer de plus. Bientôt le savant – en fait un théologien (« vir doctus, & sacrarum literarum peritus ») – qui avait interrogé le charbonnier tomba malade et, au seuil de la mort, il fut visité par Satan (sous l’espèce du doute, devons-nous comprendre) : mis à son tour à l’épreuve et interrogé sur ce qu’il croyait, mais ne pouvant suffisamment s’expliquer, il dut son salut au souvenir de la ferme confiance du charbonnier dans cet « asile le plus sûr de tous » que sera toujours l’Église catholique. À ceux qui l’assistaient au cours de sa maladie et avaient cru qu’il délirait en l’entendant crier : « Comme le charbonnier ! » (« ut carbonarius »), il expliqua toute l’histoire.

Littératures classiques, 2017/2

À lire en cliquant ici : « for » ou « fort » intérieur ?

Exemples d’emploi

C’est impossible de penser ce qu’on ne pense pas, de vouloir ce qu’on ne veut pas ; pour faire un bon militant, il faut la foi du charbonnier, je ne l’ai pas

Beauvoir, Les Mandarins

Il faut la foi du charbonnier pour se raconter, comme Bruno Le Maire, que l’allégement de la fiscalité sur le capital est en train de susciter un « flot d’investissements » qui va « permettre de réin- dustrialiser le pays »

Marcel Gauchet Le révélateur des ronds-points