La Jeune Tarentine | Poème d’André Chénier
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Pleurez, doux alcyons ! ô vous,
oiseaux sacrés,
Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons,
pleurez !
Elle a vécu, Myrto, la jeune
Tarentine !
Un vaisseau la portait aux bords de
Camarine :
Là, l’hymen, les chansons, les
flûtes, lentement
Devaient la reconduire au seuil de
son amant.
Une clef vigilante a, pour cette
journée,
Dans le cèdre enfermé sa robe
d’hyménée,
Et l’or dont au festin ses bras
seraient parés,
Et pour ses blonds cheveux les
parfums préparés.
Mais, seule sur la proue, invoquant
les étoiles,
Le vent impétueux qui soufflait dans
les voiles
L’enveloppe ; étonnée et loin des
matelots,
Elle crie, elle tombe, elle est au
sein des flots.
Elle est au sein des flots, la jeune
Tarentine !
Son beau corps a roulé sous la vague
marine.
Thétis, les yeux en pleurs, dans le
creux d’un rocher,
Aux monstres dévorants eut soin de le
cacher.
Par ses ordres bientôt les belles
Néréides
L’élèvent au-dessus des demeures
humides,
Le portent au rivage, et dans ce
monument
L’ont au cap du Zéphyr déposé
mollement ;
Puis de loin, à grands cris appelant
leurs compagnes,
Et les nymphes des bois, des sources,
des montagnes,
Toutes, frappant leur sein et
traînant un long deuil,
Répétèrent, hélas ! autour de son
cercueil :
« Hélas ! chez ton amant tu n’es
point ramenée ;
Tu n’as point revêtu ta robe
d’hyménée ;
L’or autour de tes bras n’a point
serré de nœuds;
Les doux parfums n’ont point coulé
sur tes cheveux.
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