À ne pas confondre avec un minéral, le cristal est un art du feu, un savoir-faire issu de l’homme qui semble l’avoir découvert par pur hasard, selon la légende de Pline l’Ancien… Partons à la découverte de cette matière fascinante, qui a fait la renommée de la Lorraine, terre des plus illustres cristalliers.
Le cristal, ce n’est pas du verre
Verre ou cristal ? C’est l’éternelle question. Le verre est un simple mélange de silice, de potasse, de soude et de quelques produits chimiques aidants à la fusion.
Selon la légende de Pline l’Ancien, cette matière vit le jour pour la première fois un jour de pleine lune, lorsque des caravaniers phéniciens, bivouaquant, avaient introduit de la soude issue de leur cargaison dans un brasier posé sur un lit de sable…
En quelques instants, une matière
rougeâtre, à la texture du miel, se créa, laissant les aventuriers
perplexes.
La recette secrète du cristal fut
découverte que bien plus tard par les Anglais, en 1676. Le cristal,
bien plus pur et limpide que le verre, est alors devenu la
référence en la matière, surpassant les productions verrières de
Murano, qui tenaient le haut de
peloton.
Le secret : l’ajout d’oxyde de plomb dans la composition. À hauteur de 24%, les cristalleries contemporaines peuvent y ajouter la mention « cristal véritable ».
Au-dessus de ce pourcentage, nous approchons le sacro-saint des illustres manufactures françaises, comme Baccarat, Lalique, Saint-Louis, qui approchent les 32% de plomb.
Verre ou cristal, après tout, ce n’est qu’une question d’exigence !
Beaucoup de personnes avancent des
affirmations qui ne sont pas toujours recevables au sujet de l’art
verrier.
La première est que le cristal est de
bien meilleur qualité que le verre. C’est en partie vraie, mais
cela ne s’explique pas par la composition, cela serait bien trop
réducteur.
L’élément principal qui explique cette haute qualité est l’exigence des cristalliers. Travailler le cristal, ce n’est pas comme travailler le verre. L’artisan ressent alors le devoir de respecter la matière et d’en tirer le meilleur.
La cristallerie Baccarat, c’est plus de 20 Meilleurs Ouvriers de France qui y travaillent.
Alors que le verre est souvent issu d’une production mécanisée (clin d’oeil à IKEA), le cristal est lui la vitrine d’un travail artisanal.
Qui dit travail artisanal, dit niveau d’exigence élevé, c’est ainsi qu’un verre sur deux est refusé dans les grandes manufactures comme Baccarat, faute de qualité.
Les bulles, les imperfections d’air dans la matière, c’est inacceptable pour le cristal.
Pour le verre, c’est accepté, et même parfois demandé, comme pour le verre de Murano. C’est même un critère de l’authenticité de la pièce.
L’ajout de minium de plomb permet de réduire grandement la présence de bulle d’air, et le plomb est interdit dans la composition d’un authentique verre de Murano.
Mais alors, comment fabrique-t-on le cristal ?
Le travail du verre se divise en une multitude de métiers, tous recensés dans ce guide de la fabrication.
Nous pouvons diviser la fabrication en deux grandes parties, deux ateliers :
- Le travail à chaud
- Le travail à froid
Si vous vous rendez en Lorraine, vous pouvez voir de vos propres yeux cette division du travail, il vous suffit de vous rendre à la Grande Place de Saint-Louis, où des visites guidées sont réalisées.
Ce qui est étonnant dans ce métier, c’est que les outils n’ont presque pas changé, excepté la technologie des fours.
Imaginez la chaleur insoutenable que le verrier doit supporter, au contact direct d’un four à 1450°C.
Autrefois, les pièces étaient de moins bonne facture, cela s’explique par cette gestion de la chaleur qui était plus difficile.
Sans la technologie moderne, le verrier du XVe siècle alimentait son four grâce au bois. Selon les ouvrages, il est indiqué que les verriers de cette époque étaient nomades, travaillant en groupe.
Ils voyageaient au grès des ressources, mais surtout en fonction du bois. Ils pouvaient rester sur le même emplacement plus d’une année, alimentant le four jour et nuit, 365 jours sur 365.
Des forêts entières étaient décimées, d’où le surnom de ces verreries « les bouches à feu ».
Aujourd’hui, les fours sont alimentés en gaz, mais le travail reste le même.
Le verrier, à l’aide de sa canne, cueille la matière dans le four pour ensuite la façonner à l’aide d’une mailloche, souvent encore en bois.
Afin de créer la paraison du verre, il souffle dans sa canne tout en effectuant une rotation continue de cette dernière.
Un second verrier intervient pour ajouter la jambe.
Nous appelons cela le « balais du verrier ». Le travail du verre à chaud est un vrai travail d’équipe. Certaines pièces nécessitent l’intervention de cinq verriers.
Une fois le verre réalisé, il est placé dans une arche de recuisson, qui permet de descendre la température de manière constante, évitant tout choc thermique qui pourrait casser le verre.
Suivant le volume de la pièce réalisée, elle va y passer entre 12 et 96 heures…
Du côté du travail à froid, on retrouve les tailleurs, graveurs, doreurs…
Cette étape a un double objectif : effacer les traces du travail à chaud, comme les marques d’un moule, ainsi qu’ajouter un décor à la pièce tout en la polissant, l’action de la faire briller de mille feux.
Où visiter les cristalleries de Lorraine ?
Afin de préparer au mieux votre séjour en Lorraine, voici les différentes cristalleries qui permettent de découvrir les verriers travailler.
Vous pouvez aussi préparer votre
séjour avec cette route du
cristal en Lorraine.
⁃ Le CERFAC de
Vannes-le-Châtel
⁃ La Grande Place à
Saint-Louis
⁃ La cristallerie Lehrer à
Arzviller
⁃ La cristallerie de
Meisenthal
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