Le relais | Poème de Gérard de Nerval
En voyage, on s’arrête, on descend
de voiture ;
Puis entre deux maisons on passe à
l’aventure,
Des chevaux, de la route et des
fouets étourdi,
L’oeil fatigué de voir et le corps
engourdi.
Et voici tout à coup, silencieuse
et verte,
Une vallée humide et de lilas
couverte,
Un ruisseau qui murmure entre les
peupliers, –
Et la route et le bruit sont bien
vite oubliés !
On se couche dans l’herbe et l’on
s’écoute vivre,
De l’odeur du foin vert à loisir on
s’enivre,
Et sans penser à rien on regarde les
cieux…
Hélas ! une voix crie :
« En voiture, messieurs ! »
Odelettes, 1853
Oui, mais si la voiture avait le malheur d’être en retard à cause de doux rêveurs, ces poètes bourgeois se transformeraient prestement en d’acerbes clients. – très beau poème.