Sous les noirs acajous, les lianes
en fleur,
Dans l’air lourd, immobile et saturé
de mouches,
Pendent, et, s’enroulant en bas parmi
les souches,
Bercent le perroquet splendide et
querelleur,
L’araignée au dos jaune et les singes
farouches.
C’est là que le tueur de boeufs et de
chevaux,
Le long des vieux troncs morts à
l’écorce moussue,
Sinistre et fatigué, revient à pas
égaux.
Il va, frottant ses reins musculeux
qu’il bossue ;
Et, du mufle béant par la soif
alourdi,
Un souffle rauque et bref, d’une
brusque secousse,
Trouble les grands lézards, chauds
des feux de midi,
Dont la fuite étincelle à travers
l’herbe rousse.
En un creux du bois sombre interdit
au soleil
Il s’affaisse, allongé sur quelque
roche plate ;
D’un large coup de langue il se
lustre la patte ;
Il cligne ses yeux d’or hébétés de
sommeil ;
Et, dans l’illusion de ses forces
inertes,
Faisant mouvoir sa queue et
frissonner ses flancs,
Il rêve qu’au milieu des plantations
vertes,
Il enfonce d’un bond ses ongles
ruisselants
Dans la chair des taureaux effarés et
beuglants.
Poèmes, 1862
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