Quand j’étais jeune et fier et que
j’ouvrais mes ailes,
Les ailes de mon âme à tous les vents
des mers,
Les voiles emportaient ma pensée avec
elles,
Et mes rêves flottaient sur tous les
flots amers.
Je voyais dans ce vague où
l’horizon se noie
Surgir tout verdoyants de pampre et
de jasmin
Des continents de vie et des îles de
joie
Où la gloire et l’amour m’appelaient
de la main.
J’enviais chaque nef qui
blanchissait l’écume,
Heureuse d’aspirer au rivage
inconnu,
Et maintenant, assis au bord du cap
qui fume,
J’ai traversé ces flots et j’en suis
revenu.
Et j’aime encore ces mers
autrefois tant aimées,
Non plus comme le champ de mes rêves
chéris,
Mais comme un champ de mort où mes
ailes semées
De moi-même partout me montrent les
débris.
Cet écueil me brisa, ce bord
surgit funeste,
Ma fortune sombra dans ce calme
trompeur ;
La foudre ici sur moi tomba de l’arc
céleste
Et chacun de ces flots roule un peu
de mon cœur.
Posthume, 1873
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