Les 16 livres de philosophie « faciles » présentés dans cette liste ont chacun trois avantages :
- ils peuvent être lus par un débutant qui n’a pas de formation philosophique ;
- ils sont courts ;
- ils sont importants.
En effet, il n’est pas nécessaire de s’attaquer à des textes théoriques et ardus pour étudier la philosophie, ni de voyager d’introduction en introduction sans jamais se confronter aux textes. Certaines des 16 œuvres présentées ici exigent l’application et la concentration du lecteur, mais elles n’ont rien d’inaccessible. En outre, ce ne sont pas des textes périphériques, accessoires ou marginaux de leurs auteurs, mais des écrits fondamentaux dont l’influence sur l’histoire des idées a été importante. En d’autres termes, ce sont des classiques. En complément de cet article, on pourra se référer aux 150 classiques de la littérature française qu’il faut avoir lus et cette compilation de 100 grandes idées de philosophie.
Le Banquet | Platon
Le Banquet, œuvre de maturité, est peut-être, avec La République, le plus célèbre dialogue de Platon. Il y traite de l’amour sous une forme singulière : la contemplation des belles choses et les belles conversations mène par gradation à la contemplation de l’idée du Beau. Élément notable, Platon place le dialogue sous l’égide d’une femme, qu’il fait intervenir indirectement dans la bouche de Socrate : Diotime. Ce dialogue de Platon n’est pas difficile.
Lettre à Ménécée | Épicure
La notion d’épicurisme renvoie dans l’usage ordinaire à l’idée de tourner sa vie vers l’assouvissement de ses plaisirs. Mais cette acception moderne de l’épicurisme donne une mauvaise idée de la philosophie d’Épicure (342 – 270 av.J.-C.), l’un des philosophes grecs les plus influents de l’Antiquité. Malheureusement, une part infime de son œuvre nous est parvenue. Parmi elle figure la Lettre à Ménécée. En quelques pages, Épicure résume l’essentiel de sa doctrine éthique. Sa conception du monde, développée aussi dans les Lettre à Hérodote (physique) et Lettre à Pythoclès (météores), a une finalité pratique qui peut nous aider nous, êtres du IIIe millénaires, à vivre. Comment ? En obtenant le bonheur par la sagesse. Et ce bonheur consiste à satisfaire les plaisirs, conformément à ce que la nature dicte, sans démesure, en se réglant sur ses nécessités.
Lettres à Lucilius | Sénèque
L’œuvre de Sénèque (v. 4 av. J.-C. – 65 ap. J.-C.) est une porte grande ouverte au débutant en philosophie pour comprendre un courant qui a traversé toute l’Antiquité : le stoïcisme. Tout comme l’épicurisme, ce courant est une doctrine morale qui a pour finalité pratique de présenter la voie pour atteindre la sagesse. Les Lettres à Lucilius sont particulièrement bien adaptée à cet objectif. Ce sont en effet des lettres pédagogiques entre Sénèque, qui joue le rôle de maître, et son correspondant et ami Lucilius, qui joue le rôle de l’apprenant. Cette correspondance est donc, d’un certain point de vue, un « cours de philosophie ».
Sénèque est un homme qui a été impliqué dans les affaires de l’État romain. Stoïcien original, il n’est pas un âpre théoricien, mais se soucie toujours de concilier vie réelle et recherche de la sagesse. Ainsi, il part toujours de la pratique pour revenir ensuite à la théorie. Il propose dans ces lettres de nombreux exercices spirituels pour apprendre à faire face aux événements de la vie en être sage. Il partage en outre ses nombreuses méditations, desquelles le lecteur peut s’inspirer.
Pensées pour moi-même | Marc Aurèle
Ce texte fait l’objet d’une fascination particulière. En effet, il est unique en son genre : il permet d’entrer dans la citadelle intérieure d’un empereur, Marc Aurèle (161 – 180), dirigeant d’une immense entité politique, l’Empire romain. Nous avons donc la possibilité exceptionnelle de dialoguer avec un empereur-philosophe, adepte du stoïcisme, qui a régné il y a près de deux mille ans !
La meilleure façon de se venger d’un ennemi, c’est de ne pas lui ressembler.
Ces Pensées pour moi-même (ou Soliloques) sont, comme leur titre l’indique, un journal. Marc Aurèle y expose ses réflexions tirées de méditations quotidiennes sur les nécessités de de l’État et les obligations liées à sa fonction. Sa lecture est donc simple et accessible. Bref, si un empereur peut philosopher, alors cet exercice est accessible à tout le monde. Comme complément, on pourra lire cette synthèse sur « Qu’est-ce qu’un empereur romain ? »
Le Prince | Nicolas Machiavel | 1532
Le Prince est un livre dont l’aura précède la lecture. Ouvrir sa première page n’est pas une acte anodin. En effet, l’œuvre est sulfureuse : elle est réputée être le bréviaire des dictateurs ou des dirigeants cruels qui ne soucierait pas de morale dans leur politique. Ce n’est pas un hasard si l’on a tiré de son nom l’adjectif péjoratif « machiavélique ».
Mais, comme toujours, entre la réputation et la réalité, la distance est grande. Le Prince est une œuvre fondamentale : elle marque le début de la laïcisation du politique, de son autonomie par rapport à la religion. Incroyable de modernité, Le Prince retourne le rapport qui présidait autrefois au destin de la communauté politique. Ce n’est plus la religion qui édicte ce que doit faire la politique. La religion n’est plus qu’un moyen politique comme un autre. De fait, Machiavel (1469 – 1527) n’encourage pas les dirigeants à faire le mal pour le mal. Il ne fait que présenter les mécanismes propres à la politique sans polluer son exposé de considérations morales externes.
Discours de la servitude volontaire | Étienne de La Boétie | 1576
« Soyez résolus de ne servir plus , et vous voilà libres. » Ce texte d’Étienne de la Boétie (1530 – 1563), encore adolescent, ami de Montaigne, nous présente un paradoxe qui doit toujours inspirer les hommes libres des démocraties : comment les hommes peuvent-ils vouloir eux-mêmes être esclaves ? Pourquoi se font-ils eux-mêmes l’illusion de croire qu’ils peuvent se complaire dans le servage ?
De la lecture de ce discours, on tire en outre le plaisir de lire du français du XVIe siècle, langue qui n’est pas encore tout à fait la nôtre, et d’être baigné dans une atmosphère, celle des humanistes de la Renaissance, imbibés de culture antique. Il est ainsi particulièrement plaisant de lire, lors d’une lecture croisée, la même référence au courage de Caton d’Utique chez La Boétie et Sénèque.
Discours de la méthode | René Descartes | 1637
Ce discours de René Descartes (1596 – 1650) pose tout simplement l’un des fondements de la philosophie moderne. Il a en outre les vertus d’être écrit en français (mais influencé par la pratique du latin de Descartes), d’être court et d’être très simple d’accès. En effet, Descartes partage avec nous l’histoire d’une méditation qu’il fait dans sa chambre. Ainsi, le narrateur fait en sorte de donner l’impression qu’il discute avec un ami. Il raconte son expérience de doute généralisé qui le mène à une célèbre conclusion : « Je pense, donc je suis. »
Les Méditations métaphysiques | René Descartes | 1641
Le livre central de réflexion cartésienne. Son influence s’est exercée sur toute la philosophie qui le suit. Après la lecture du Discours de la méthode, il permet d’approfondir l’investigation commencée avec le philosophe français. Ces méditations cherchent à donner des fondements pour la pensée. Nul doute que cette lecture fondamentale bouleversera votre esprit.
On trouvera en cliquant ici une analyse de la première de ces méditations.
Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes | Jean-Jacques Rousseau | 1755
Ce discours est une réponse à une question posée par l’Académie de Dijon en 1753 : « Quelle est l’origine de l’inégalité parmi les hommes, et si elle est autorisée par la loi naturelle ? » Très court, la lecture de ce discours permet une première approche, avec le Discours sur les sciences et les arts (1751) de la pensée de Jean-Jacques Rousseau (1712 – 1778). Dans ce discours, on trouve l’idée marquante selon laquelle la société corrompt les hommes car elle est à l’origine de l’inégalité. Cette dernière n’existe pas à l’état de nature. Cette première grande incise du Rousseau théoricien politique donne une assise à la rédaction future du Contrat Social (1762), ouvrage dont la vocation est de fonder une autorité politique légitime pour des hommes libres et égaux.
Qu’est-ce que les Lumières ? | Emmanuel Kant | 1784
Si les trois Critiques de Kant (1724 – 1804) sont des textes aussi essentiels que ardus, ce texte lumineux de Kant ne demande pas une formation philosophique poussée. Il permet de comprendre toute l’atmosphère d’un temps, celui du siècle des Lumières (en allemand, Aufklärung).
Qu’est-ce que les Lumières ? La sortie de l’homme de sa minorité dont il est lui-même responsable.
Le texte de Kant est particulièrement enthousiasmant. Il donne foi à chacun dans la puissance de la raison, et encourage chacun à avoir le courage de penser par soi-même :
Sapere aude ! (« Ose penser ») Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.
Une œuvre puissante, qui constitue une véritable exhortation à l’autonomie individuelle, cinq ans avant l’éclatement de la Révolution française.
De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes | Benjamin Constant | 1819
Benjamin Constant (1767 – 1830) est connu pour sa liaison avec Mme de Staël (1766 – 1817) et son roman Adolphe (dont la lecture est aussi très bénéfique). L’apport de ce polygraphe est loin de se limiter à la littérature. Benjamin Constant est un théoricien politique de haut vol qui fait montre d’une très grande conscience de ce qu’est l’histoire : les hommes ne sont pas égaux à eux-mêmes à travers les temps, ils président désormais consciemment à leur destin. Cette conférence, donnée à l’Athénée royal de Paris en 1819, donne un exemple brillant de cette nouvelle disposition des choses : dans une langue limpide, le philosophe se livre à une démonstration des erreurs, selon lui, des révolutionnaires, qui ont voulu reconstruire la communauté politique selon les modèles antiques. Très courte, cette lecture est essentielle pour comprendre ce qui nous sépare de nos prédécesseurs grecs et latins.
Manifeste du parti communiste | Karl Marx & Friedrich Engels | 1848
Lire Marx (1818 – 1883) n’a plus rien d’une provocation. Le marxisme n’a plus la même vigueur qu’au milieu du XXe siècle. Les États qui se réclamaient de sa pensée ont aujourd’hui presque tous disparu. Ce livre est pourtant une œuvre de maître. Elle permet de comprendre tout ce qui peut faire le succès d’une théorie et même, aujourd’hui, d’une campagne de communication : un discours idéologique à la fois simple et puissant, qui embrasse toute la réalité sociale et historique et transmis par un narration enthousiasmante. Le Manifeste du parti communiste est donc un modèle du genre. L’Idéologie allemande (1846), livre plus complexe qui demande une connaissance du contexte intellectuel dans lequel il s’inscrit, est un bon complément à la lecture du Manifeste. Marx et Engels (1820 – 1895) y exposent longuement leur théorie de l’histoire en expliquant comment le basculement entre capitalisme et communisme doit avoir lieu.
Qu’est-ce qu’une nation ? | Ernest Renan | 1882
La figure d’Ernest Renan (1823 – 1892) n’a pas la même place dans les mémoires que celles de certains de ses contemporains. Écrivain, philosophe, philologue et historien, Renan était une figure centrale de la IIIe République naissante, incarnant toute la foi dans l’émergence d’une société débarrassée de la tutelle religieuse. Cette conférence est, avec la Vie de Jésus (1863), l’héritage le plus célèbre de Renan. Donnée en 1882 à la Sorbonne, elle expose ce qu’est, selon Renan, la conception française de la nation : le désir ce ceux qui ont une passé commun de vivre ensemble. Elle est résumée dans une célèbre formule :
L’existence d’une nation est (pardonnez-moi cette métaphore) un plébiscite de tous les jours
Prononcée douze ans après la défaite de la France face à l’Allemande naissante, cette conception française de la nation s’oppose à la conception allemande, plus culturelle et ethnique.
Introduction à la psychanalyse | Siegmund Freud | 1917
La psychanalyse ne fait pas partie à proprement parler de la philosophie. Pourtant, il serait bien dommage de l’ignorer, tant son influence a été grande sur l’esprit de son temps. L’Introduction à la psychanalyse est un ouvrage tirés de cours donnés par Freud (1856 – 1939) de 1915 à 1917. Il permet de comprendre le grand succès de la théorie freudienne : le médecin y explique très simplement ses principaux concepts et idées. Bref, une bonne introduction donnée par le fondateur même du courant.
Propos sur le bonheur | Alain | 1925
Alain (1868 – 1951) renoue avec la philosophie antique dans ses Propos sur le bonheur. En effet, le philosophe veut aider son lecteur dans sa quête du bonheur. Par de petites histoires pratiques, il veut convaincre son lecteur d’être heureux. À travers ces quatre-vingt-treize chapitres, Alain nous insuffle sa foi dans la possibilité d’une maîtrise de soi-même : le bonheur se veut. Philosophe cartésien, il pense que nous sommes souverains sur nous-mêmes.
Histoire de la sexualité. La volonté de savoir | Michel Foucault | 1976
Michel Foucault (1926 – 1984) est un des philosophes les plus influents du monde et fait partie des penseurs les plus cités. L’étude de son œuvre est presque inévitable à l’université aujourd’hui. Si Surveiller et punir (1975) peut être considéré comme relativement ardu (même s’il est accessible), le premier tome de son Histoire de la sexualité a le mérite d’être très court et d’exposer clairement le cœur de la philosophie de Foucault : le pouvoir est omniprésent, il est partout dans la société.
Cette liste rend un grand service à ceux qui veulent apprendre à penser pour eux-mêmes, qui cherchent la sagesse et la libération des dogmes qu’ils ont gobés. J’ai eu cette chance. Le résultat est un blog unique (blindfaithblindfolly.wordpress.com). Aucunement concurrents des chefs d’oeuvre de la Philosophie, mes 1152 posts offrent de brèves réflexions qui vous aideront à abandonner la crédulité et découvrir la vérité qui vous libérera. Tolle, lege !
…et Montaigne?
Oui, je sais, les « littéraires » le font passer pour un philosophe et les « philosophes » le prennent pour un gentil chroniqueur campagnard. Pourtant, ses essais, récemment réédités dans la collection Bouquins sont d’une lecture accessible, voire plaisante et sa philosophie du quotidien me semble bien idéale pour mettre en mouvement notre machine à penser.
J’ai beaucoup aimé vos conseils sur les livres philosophiques. J’ai 69 ans et je suis très intéressée de connaître la philosophie. Ne serait-il pas plus judicieux de nous conseiller des livres qui nous expliquent ce que la philosophie: ses débuts, son but et pourquoi l’apprendre? Pourriez-vous nous donner quelques indications de livres sur ce thème? J’écoute tous les jours des podcasts sur ce thème. Mais avant d’aborder Platon, Aristote, Descartes ou autres, serait-il possible de nous donner les noms des philosophes un peu plus contemporains? Comment vous voyez la lecture de Nietzsche pour commencer? Merci beaucoup.
Bonsoir votre travail est remarquable. Il y a une volonté de rendre accessible une discipline qui est fortement empreinte de préjugés à bien des égards. La philosophie est bien une affaire de tous. Toutefois inciter les non-initiés à lire les méditations me semble plutot redoutable et peut-être même risqué. Le Discours est plus accessible que le reste des autres œuvres cartésiennes. L’introduction à la philosophie de Karl Jasper, à mon avis pouvait compléter la liste. M. Ronnet a peut-être raison sur ce point. Au risque de faire fuir ceux qui étaient prêts à se consacrer à la lecture de textes philosophiques courts et accessibles. Bon courage à vous
Cordialement ??
Merci pour votre commentaire ! Malheureusement, le livre de Karl Jaspers est difficile à trouver…
Liste très sympathique. Pour un second degré de lecture, n’oubliez pas que la philosophie ne se cache pas et qu’elle se donne partout à qui veut la chercher.
On la retrouve dans la littérature (la conception de l’humanité que l’on peut déduire de certains romans policiers est assez surprenant, chez Jean-Claude Izzo comme chez Fred Vargas, par exemple), la musique (se demander le pourquoi cette œuvre dans le Que ma Joie demeure de Bach est aussi intriguant que le No Future des Punk ou la vie de taulard que chante Johnny Cash), la peinture (le grand écart entre la vie et l’œuvre du Caravage n’est-il pas un trompe l’œil ?), la cinéma (Qu’est-ce que vivre dans La Vie est Belle ? Le bien et le mal selon les Avengers éclairé par Nietzsche…).
Les ouvrages que vous proposez sont pas mal pour pouvoir éclairer ces thématiques par la suite. Bon courage et excellente continuation, Ami Philosophe ?
Bonjour, Adrian, je me permets de vous indiquer une petite distinction à propos de Marx, comme cela pourrait etre d’un autre’ amant de la connaissance’. Vous dites: « Lire Marx (1818 – 1883) n’a plus rien d’une provocation. Sa doctrine est discréditée pour l’opinion (pour l’instant). Les États qui se réclamaient de sa pensée ont aujourd’hui presque tous disparu. Ce livre est pourtant une œuvre de maître. Elle permet de comprendre tout ce qui peut faire le succès d’une théorie et même, aujourd’hui, d’une campagne de communication : un discours IDEOLOGIQUE à la fois simple et puissant, qui embrasse toute la réalité sociale et historique et transmis par un narration enthousiasmante. » Or comme tous les grands maitre à penser, leurs ‘doctrines’ partent toujours d’un IDEAL d’où d’un IDEALISME et non pas d’une IDEOLOGIE, car la différence a un poids lourd, car l’idéologie veut conditionner la pensée d’Autrui, tandis que l’idéal ou l’idéalisme ne veut conditionner personne, c’est une passion! C’est seulement l’idéal pour celui qui pense et qui voudrait ainsi le transmettre sans vouloir soumettre. Et pour ‘l’instant’, j’ai su que les économistes sont en train de revoir le ‘Capital’, car notre ‘démocratie’ manque de démocratie. Le problème reste toujours ce que les autres font de cet idéal qui souvent est dévié. Moi je dis toujours de lire dans le texte, pour ne pas se laisser manipuler et garder ainsi sa liberté de penser pour penser avec sa pensée. Le détail très souvent est plus important que l’ensemble. Comme on dit: » Dieu est dans les détails ». Belle journée, Adrian. monique
chaque fois qu’on parle de la philosophie et des philosophes on a l’impression qu’il s’agit des sujets difficiles et reserves aux initiés ce qui n’est pas vrai si tous les dirigeants du monde étaient des philosophes il y aurait moins d’absudité
Bonjour et merci pour cette liste.
On peut toutefois déplorer ! sur un ensemble de 16 ouvrages ! l’absence totale d’une plume féminine ?.
Sans vouloir faire de féminisme mal placé (et ce même s’il me semble plus que justifié en la circonstance), qu’Hannah Arendt aurait pourtant fait bonne figure dans une telle bibliographie, non seulement pour la modernité de sa pensée mais aussi, et plus que tout, pour la fenêtre qu’ouvrent ses ouvrages sur le monde contemporain et la compréhension des enjeux culturels et historiques dont il est empreint.
Bonjour Marion,
Je n’ai lu d’Arendt que La condition de l’homme moderne (The Human Condition), que j’ai trouvé génial mais assez difficile pour un débutant…À quel livre penses-tu ?
Oui, pardon, c’est vrai que j’aurais pu préciser ?. Je pensais à « La crise de la culture » paru en 61 mais dont la traduction française est plus tardive (les années 70 je crois). Un livre orchestré en 8 essais thématiques parmi lesquels elle aborde successivement l’histoire, l’autorité, la liberté, l’éducation ou encore la nature (thème autour duquel elle tisse d’ailleurs une réflexion éminemment visionnaire et actuelle), le tout dans un soucis constant de référence à la pensée antique et à celle de philosophes plus contemporains. On ne peut pas dire que ce soit « facile », du moins pas plus qu’un Descartes il me semble, mais je crois que ça reste abordable.
Merci pour ton commentaire, j’essaierai de l’intégrer 🙂
Les Fragments d’Héraclite, Crépuscule des idoles de Nietzsche et Race et Histoire de Lévi-Strauss me paraissent également accessibles et fondamentaux, tout comme les autres ouvrages présentés ici, mais je suppose qu’il fallait bien faire un choix… En tout cas, bravo pour la démarche de vouloir rendre accessible la philosophie à travers ces seize œuvres.
Fort intéressante, cette liste. Merci. Mais quel dommage que vous suggériez l’achat chez Amazon plutôt que dans un réseau de librairies indépendantes, comme https://www.librairiesindependantes.com/ ou Decitre, Mollat ou autres… Achetez localement a des répercussions dans chacune des communautés, pour le mieux-être de tous vos concitoyens…
Je ne fais pas ça par bonté envers Amazon ni pour faciliter la vie des lecteurs. Si vous accédez à mon site par les liens que je place sur mon site, je touche une commission sur chacun de vos achats. Cela me permet de payer l’hébergement de mon site et de gagner de l’argent pour vivre.
Je ne gagne pas d’argent lorsque les gens commandent sur le site des libraires indépendants. Je ne sais pas s’ils ont un programme d’affiliation.
Enfin, je n’ai pas de sympathie particulière pour les libraires. J’accepte que d’autres les sacralisent. Mais ce n’est pas mon cas.
J’espère avoir répondu à votre question 🙂
Bonsoir. Votre site est excellent, je vous félicite pour votre travail.
Toutefois, le fait que vous ne sacralisiez pas les libraires ne vous exempte pas nécessairement de connaître les techniques de travail appliquées aux employés d’Amazon, qui sont loin d’être éthiques (le mot est faible) et de négliger de savoir ce que cache réellement ce type de monopole mondial sur le plan humain. Il est tout à fait normal que vous souhaitiez vivre de votre activité, mais il semblerait cohérent avec votre site et cette page en particulier que vous sachiez comment fonctionnent les entreprises qui vous donnent de l’argent pour placer leurs publicités. Sinon, peut-être pourrions-nous plus simplement nous abstenir de lire de la philosophie.. Par ailleurs, il existe aujourd’hui d’autres moyens que la publicité pour financer des contenus (abonnements, crowdfunding, etc.). Ce message reste cordial malgré tout, car vos publications et votre site sont vraiment intéressants. Je trouve cependant que la remarque de M. Beauchamp est tout à fait censée.
Mettre les méditations de Descartes dans une liste de livres « faciles » ne me semble pas très pertinent. Ses idées sur la subjectivité et son auto-positionnement sont tellement complexes qu’elles continuent d’animer le débat contemporain. Si on s’attache à la forme, c’est un français du XVIIe siècle magnifique et qui peut séduire, mais dès que l’on s’attache au fond, on plonge dans des abîmes conceptuels sans fonds. Un ouvrage magnifique sans doute, mais facile, surement pas.
Merci d’avoir partagé votre point de vue !
Je ne suis pas d’accord avec vous pour autant (si je peux me permettre de ne pas être d’accord avec un philosophe diplômé). C’est parce que les Méditations métaphysiques est un livre cardinal, dont le propos est encore au centre de débats aujourd’hui, qu’il fallait le mettre dans cette liste. Quelle meilleure porte d’accès à ce débat pluriséculaire qu’un livre qui en est le fondement ? Quelle meilleure introduction qu’un livre traduit dans un français canonique, accessible à quiconque a suivi une scolarité normale ?
Descartes a le génie d’épargner son exposé de tout jargon. Le récit de ses méditations cherche à être agréable au lecteur. Il permet au débutant motivé d’entrer de plain-pied dans la philosophie, sans tourner éternellement autour de la matière en multipliant les lectures d’introductions.
Le livre n’est pas facile. Mais c’est le plus facile de son genre.
Si la forme paraît incompréhensible, si on ne cherche que des textes écrits dans un français journalistique d’aujourd’hui, il faut peut être remettre à plus tard son ambition de « débuter la philosophie » et chercher à combler ses lacunes par d’autres lectures.