Les deux formes fonctionnent : on est seul ou on est seuls. L’accord se fait selon le contexte. « On » est un pronom personnel indéfini. Cela signifie qu’il désigne un ou des êtres humains dont on ne connaît ni le nombre, ni le genre, et dont le verbe est conjugué à la troisième personne du singulier. De ce fait, l’adjectif attribut qui le suit devrait être au masculin singulier.
- C’est déjà un bonheur que de pouvoir aimer même quand on est seul à aimer… (Gautier, Mademoiselle de Maupin / Ici, le « on » ne renvoie à personne à particulier, il permet d’énoncer une vérité générale.)
- Le cadavre est encore si proche de l’homme vivant que je ne peux me décider à être seul, que je ne peux me décider à penser comme quand on est seul. (Duhamel, Vie des martyrs)
⇒ À lire ici : « une espèce de » ou un espèce de » ?
Cependant, « on » est souvent employé à l’oral (plus rarement à l’écrit dans les contextes où le respect des formes compte) à la place d’un autre pronom, le plus souvent à la place de « nous ». « On est seul(e)s » revient à dire « nous sommes seul(e)s ». Dans ce cas, on accorde en genre et en nombre l’adjectif attribut car le locuteur est censé avoir connaissance du nombre et du genre des personnes incluses dans ce « on ». On fait ici une syllepse grammaticale : on n’accorde pas selon les règles mais selon le sens.
- Pour en savoir plus : lire Le Bon Usage.
Henri Barbusse (1873 – 1935), qui a voulu imiter la langue des Poilus dans Le Feu (1916), multiplie ces syllepses : « On est délivrés, on est tranquilles, on est seuls, dans cette sorte de désert… », « on est arrivés ? », « on est assourdis », « on est suffoqués », etc.
Autres exemples :
- Quand on est seules comme nous ( encore vous , vous avez un fils ), il faut bien s’occuper. (Jules Lemaître, L’Âge difficile, voir Le Bon Usage)
- Quel contraste, dit Maurice, avec la joie de notre cœur, et comme on est bien seuls, ici ! (Hector Malot, Les Amants)
- Puisqu’on ne vivra jamais tous
les deux,
Puisqu’on est fous, puisqu’on est seuls,
Puisqu’ils sont si nombreux…
Même la morale parle pour eux… (Francis Cabrel, L’Encre de tes yeux)
Cela peut troubler, car le verbe est au singulier alors que l’adjectif varie.
Très juste.