La réponse
Ceux qui mettent les morts en bière et les transportent au cimetière et dans la tombe, les croque-morts, sont nommés ainsi selon un sens ancien du verbe « croquer », qui signifiait « dérober, faire disparaître quelque chose ». On peut supposer que ce sens est né d’une métonymie : la disparition est l’effet du fait de croquer (manger, dévorer). Dans un sens proche, « croquer » signifie gaspiller son argent, dilapider son bien.
Voir ici : qu’est-ce qu’une métonymie ?
Histoire du mot croque-mort
Ce terme d’origine populaire apparaît au XVIIIe siècle à l’écrit. Sa diffusion s’étend au XIXe siècle (cf. Google Ngram).
[…] puis un valet d’église (I) cloue le mort entre quatre planches brutes en fredonnant une chanson.
(i) Le petit peuple le nomme croque-mort […]
Le terme est probablement assez courant pour qu’un période de 1790 l’emploi sans l’expliquer :
Cet homme, conduit par les malheurs à la banqueroute, imagine d’acheter un cadavre d’un Croque-Mort.
Courrier extraordinaire, ou Le Premier Arrivé, 16 avril 1790
Autre exemple :
[…] Jérémie Richter, à genoux et les yeux calcinés par des larmes de feu, lisent les pseaumes de la pénitence et les prières des agonisans : un peu plus bas, sur le devant, Isaac-Benjamin Maret, vêtu en croque-mort, creuse la fosse.
Par extension, un croque-mort est une personne à l’air lugubre, à l’air inspirant une grande tristesse.
– Ah ! ah ! ah ! il a raison, le môme… Voyons, calme-toi, mon homme, et laisse-le rire, c’est de son âge !… Mais avoue que t’es pas juste : quand le grand homme en deuil, qui a l’air d’un croque-mort, m’a dit : « Il y a mille francs pour vous si vous enlevez une jeune fille qui est dans la ferme de Bouqueval […]
On dit que pour prouver la mort, un préposé lui croquait le doigt pour certifier la non réaction..
Il s’agissait moins de prouver la mort que de s’assurer de sa réalité, l’angoisse était -et certainement encore- d’être enterré vivant… de nos jours cette « méthode » n’est, à ma connaissance, plus guère usitée… on dispose de moyens moins empiriques !
C’est la légende d’une ancienne méthode.
Il est néanmoins envisageable que quelques énergumènes aient déjà tenté la chose, n’ayant rien de piquant sous la main, mais il est plus plausible que les professionnels piquaient avec quelque ustensile.
Ayant exercé le métier, entre pairs, nous disions que croque-mort venait de la Peste Noire, où ceux qui ramassaient les morts à l’aide dun « croc » (un pic au bout d’une longue hanse en bois) devaient donc « croquer » les morts afin de les mettre dans le chariot.
Ceci dit, l’explication de l’article me semble plus logique.
Et pour aller plus loin, de notre temps, il est presque obligatoire d’avoir des gants lorsque l’on manipule les morts, car les maladies sont très fréquentes.
Après tout, sur les corps morts, les bactéries de notre corps prolifèrent, et donnent souvent de terribles maladies si nous avons la malchance de « tomber » dessus.