Sopalin est à l’origine une contraction de Société du papier linge (un acronyme). L’entreprise a été créée en 1946 par la papeterie Darbley, à Essonnes, devenue Corbeil-Essonnes. Elle a produit et commercialisé le célèbre essuie-tout.
L’origine de sopalin : une antonomase
Sopalin est devenu un nom commun. La transformation d’un nom propre en nom commun est une antonomase. On peut aussi dire que le nom de la marque est lexicalisé. Ce n’est pas le seul produit a avoir connu ce phénomène. On peut citer, comme autres exemples, le caddie (chariot), le frigidaire (réfrigérateur), le kärcher (nettoyeur), les kleenex (mouchoirs), l’opinel (couteau), le scotch (ruban adhésif), etc. Exemple : « Devant moi, s’étalent soudain des flaques de sang plus ou moins grosses et des morceaux de Sopalin rougis. Comme les cailloux du Petit Poucet, les traces mènent jusqu’à la cabine. » (Akago: Ma vie au Groenland)
Cette banalisation du nom du produit est à double tranchant pour l’entreprise qui le commercialise. Si elle lui garantit de la notoriété, elle ne protège pas forcément de la concurrence. Il en a été ainsi pour Caddie, dépassé par son concurrent Wanzl, au nom pourtant inconnu. Elle risque aussi de rendre le produit indifférent aux yeux des consommateurs. On achète « un sopalin », mais pas forcément l’essuie-tout vendu par la Société du papier linge. « Ce risque de généricisation de la marque explique pourquoi une marque comme Google a obstinément refusé d’entrer dans l’Oxford Dictionary fin 2006. » (Benoît Heilbrunn, La Marque)
En outre, l’entreprise peut perdre ses droits de propriétaire sur le nom de la marque si son produit est devenu la désignation usuel du type de produit dans le commerce (article L714-6 du Code de la propriété intellectuelle). Or, Sopalin est un nom de marque déposé à l’INPI, et donc protégé. Cependant, la société détentrice de sopalin, l’italien Soffass (Sofidel en France), a été attaquée, sans succès, par un concurrent, Georgia-Pacific, pour que « sopalin » ne soit plus un nom de marque. Cette antonomase n’existe ni en Belgique, où l’on parle d’essuie-tout, ni en Suisse, où l’on parle de papier ménage. Exemple : « Lurdes Fonseca n’a pas une minute à perdre. Armée de gants, de papier ménage et de spray désinfectant, elle monte dans le wagon vide […] » (lenouvelliste.ch)
Il y a beaucoup de monde que utilise ce mot, mais ils ne connaisent pas le vrai produit.
Le Sopalin c’est bien, mais le Sop’à l’autre c’est mieux.
Caddie, Algeco ou leggo font la chasse aux publications qui utilisent leur marque, bien souvent innocemment par les journalistes. Dans les rédactions, on privilégie chariot ou construction modulaire ou encore jeu de construction qui s’emboîte… beaucoup plus long et moins imagé.
Je suis donc menacé ?