Le gouvernement français privilégie à la mi-juillet 2021 la forme anglaise « pass sanitaire » sans « e ». Le terme « pass », masculin en français, est importé des États-Unis ou du Royaume-Uni (passes au pluriel, comme dans entrance passes, bus/train pass pour les transports en commun), et désigne une carte ou tout autre objet permettant d’accéder à quelque chose ou quelque part, notamment les cartes de transport en commun. Les Français sont familiers de cet anglicisme (le « pass Navigo » en Île-de-France par exemple) et le terme forme une allitération efficace avec « sanitaire ». Cet anglicisme semble d’ailleurs à la mode : outre le « pass culture », on trouve des « pass » qui correspondent à des subventions, ou des « pass » qui permettent aux touristes de découvrir plusieurs attractions d’une ville.
Cependant, il n’est pas pour autant fautif d’écrire « passe sanitaire » avec un « e ». En effet, la base de données FranceTerme, qui rassemble des néologismes sanctionnés par l’administration (la Commission d’enrichissement de la langue française), contient « passe » depuis juin 2007, au sens de :
Carte permettant à son détenteur de franchir un contrôle après avoir été identifiée par l’organisme émetteur, et à ce dernier de vérifier la validité des données, de gérer le compte du détenteur et de recueillir diverses informations.
« Passe » peut être fictivement considéré comme le diminutif de « passe-partout » (selon la proposition de l’Académie française).
Cette francisation du terme peut paraître franchement accessoire au regard des enjeux sanitaires (comme le changement de genre de « covid »). Il est néanmoins intéressant d’apprendre qu’il a existé autrefois le nom féminin « la passe », au sens de « laissez-passer » ou de « titre de circulation gratuit ». Ce terme est sorti d’usage, mais on le trouve encore facilement au XIXe siècle par exemple.
Vous y demanderez Jean-le-Breton, qui vous mènera à l’écurie, et vous donnera l’un de mes bidets connu pour faire ses trente lieues en huit heures. Sortez par la porte de Bussy, Breton a une passe pour moi, prenez-la pour vous, et filez en faisant le tour des villes.
Pour aller en Angleterre (Athos baissa la voix), il faut traverser toute la France, semée d’espions et de créatures du cardinal ; il faut une passe pour s’embarquer ; il faut savoir l’anglais pour demander son chemin à Londres. Tenez, je vois la chose bien difficile.
On trouve même « passe sanitaire » dans des annales maritimes de 1839 :
Le commandant du détachement est porteur d’une passe sanitaire, sur laquelle le directeur du lazaret doit écrire le reçu des hommes, des bêtes ou des marchandises.
Il existe aussi le terme de « passe » au féminin pour désigner la » prestation » d’une prostituée
Ce pourquoi il serait préférable de conserver l’anglais au masculin sans E, et comme dans le genre on prononce Omicronne et la Covid qui choque à l’oreille.
Dans ce cas, il semble féminin ?