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Passé simple & imparfait : quelle différence ?

Publié le 08/11/2021 (m.à.j* le 27/11/2022)
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Le passé simple et l’imparfait ont des valeurs différentes.

Le passé simple

Le passé simple permet d’exprimer la réalisation d’actions ponctuelles dont le début et la fin sont clairement déterminés. Le passé simple est le temps du récit des actions achevées. Pour cette raison, il est employé en littérature pour la narration : parce qu’il signale les actions achevées, il permet de raconter la progression des événements. En effet, il souvent employé pour exprimer une succession rapide d’actions, parfois brèves.

C’est un temps employé surtout à l’écrit. 

  • Le cœur tremblant, mais cependant résolu à périr ou à la voir, il jeta de petits cailloux contre le volet, point de réponse. Il appuya son échelle à côté de la fenêtre, et frappa lui-même contre le volet, d’abord doucement, puis plus fort. Quelque obscurité qu’il fasse, on peut me tirer un coup de fusil, pensa Julien. Cette idée réduisit l’entreprise folle à une question de bravoure. (Stendhal, Le Rouge et le Noir)

Dans cet extrait, les trois premiers verbes au passé simple expriment le déroulement des différentes actions du héros pour parvenir à ses fins. Ce sont des actions ponctuelles, « il jeta », « il appuya », « il frappa ». Stendhal met le verbe « réduisit » au passé simple pour signaler la rapidité de l’effet d’une idée (parce qu’on peut lui tirer dessus, l’entreprise de Julien passe d’un coup, à ses yeux, de folle à brave).

  • Une petite grenouille verte sauta sous ses pieds. Il essaya de la prendre. Elle lui échappa. Il la poursuivit et la manqua trois fois de suite. Enfin il la saisit par l’extrémité de ses pattes de derrière et il se mit à rire en voyant les efforts que faisait la bête pour s’échapper. (Maupassant, La Maison Tellier)

Les phrases courtes et le passé simple permettent à Maupassant d’insister sur la rapidité de la succession de ces actions.

  • En s’élançant de la porte du magasin sur la chaussée, il heurta trois jeunes gens qui se tenaient bras dessus bras dessous. (Balzac, La Peau de chagrin)

Le passé simple exprime ici la soudaineté d’une action imprévue.

L’imparfait

L’imparfait permet d’exprimer ce qui a commencé dans le passé et qui a duré, mais dont le début et la fin ne sont pas clairement déterminés. Contrairement au passé simple, on ne sait pas quand a commencé ce qui est exprimé à l’imparfait, et quand il se termine. Ainsi, ce qui est exprimé à l’imparfait n’est pas coupé du présent : il pourrait encore se poursuivre aujourd’hui. Pour cette raison l’imparfait est :

1. un temps qui exprime des actions qui durent, qui paraissent inachevées ;

Contrairement au passé simple, l’imparfait exprime des actions dont le début et la fin ne sont pas bien délimités :

  • Dans l’intérieur de la voiture, la nourrice ne bougeait pas, l’enfant semblait dormir. Moi, je n’avais nul besoin de sommeil, j’avais la fièvre. J’avançais comme dans un rêve. Je sentais un vent tiède fouetter ma figure, et cela me soulageait. J’avais une idée fixe que je me répétais tout bas, mais en articulant les paroles, comme si j’avais eu besoin d’entendre une voix me les dire. (Sand, Flamarande)

Sand construit avec l’imparfait une lourdeur ambiante. Le moment est lent, il dure, les personnages sont engourdis.

2. un temps de la description…

…c’est-à-dire de la construction de l’arrière-plan d’un récit, constitué de ce qui ne change pas rapidement.

  • Le village était silencieux comme d’habitude. Au coin des rues, il y avait de petits tas roses qui fumaient à l’air, c’était le moment des confitures, et tout le monde à Yonville, confectionnait sa provision le même jour. Mais on admirait devant la boutique du pharmacien, un tas beaucoup plus large, et qui dépassait les autres de la supériorité qu’une officine doit avoir sur les fourneaux bourgeois, un besoin général sur des fantaisies individuelles. (Flaubert, Madame Bovary)

Flaubert décrit ici un bourg et ses usages.

3. un temps de la description des habitudes…

… qui sont faites d’actions répétées dont on ne connaît pas le moment du commencement et ni de la fin.

4. un temps de l’expression des actions simultanées…

…parce que l’imparfait est un temps qui souligne la durée des actions.

5. les valeurs modales de l’imparfait

L’imparfait permet de construire le « potentiel », c’est-à-dire une phrase qui indique une action envisagée comme réalisable si une condition se réalise. Le potentiel se construit comme suit : conditionnel présent dans la proposition principale + imparfait dans la subordonnée commençant par « si ».

  • Je serais riche si je gagnais aux jeux.

Sur le même modèle, il permet d’exprimer l’irréel du présent (l’action est impossible à réaliser, car la réalisation de la condition est imaginaire)

  • Si j’étais plus grand, je pourrais être meilleur au basket.

Il permet aussi d’atténuer une demande :

  • Je souhaitais vous voir pour vous parler d’une chose importante.

Les terminaisons des verbes à l’imparfait sont toujours les mêmes

-ais, -ais, -ait, -ions, -iez, -aient.

J’étais
Tu étais
Il étais
Nous étions
Vous étiez
Ils étaient

Exemple avec le passé simple et l’imparfait

La ruelle était toujours déserte, et la même lueur calme et douce s’épanchait de la fenêtre.

D’Artagnansongea alors à cette masure muette et aveugle, mais qui sans doute avait vu et qui peut-être pouvait parler.

La porte de clôture était fermée ; mais il sauta par-dessus la haie, et, malgré les aboiements d’un chien à la chaîne, il s’approcha de la cabane.

Aux premiers coups qu’il frappa, rien ne répondit. Un silence de mort régnait dans la cabane comme dans le pavillon ; cependant, comme cette cabane était sa dernière ressource, il s’obstina.

Bientôt il lui sembla entendre un léger bruit intérieur, bruit craintif, et qui semblait trembler lui-même d’être entendu.

Dumas, Les Trois Mousquetaires

Dumas décrit l’arrière-plan de la scène avec l’imparfait, et fait avancer l’action avec le passé simple.