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Périphrase : définition simple & exemples (figure de style)

Publié le 26/09/2017
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Définition

La périphrase est une figure de style par laquelle on exprime une notion en plusieurs mots qui la décrivent au lieu de n’en utiliser qu’un seul. On utilise plusieurs mots alors qu’un seul suffirait. Exemple : « La Venise du Nord » pour parler de Bruges. En effet, à l’image de Venise, Bruges est une ville où l’on trouve de nombreux canaux. Autre exemple :

Celui de qui la tête au ciel était voisine
Et dont les pieds touchaient à l’empire des Morts

La Fontaine, Fables, Le Chêne et le Roseau

La Fontaine désigne le chêne par cette périphrase. 

À lire en cliquant ici : les figures de style essentielles de la langue française

L’effet de la périphrase

La périphrase est une figure de style qui permet d’éviter les répétitions, notamment dans les articles de journalistes, en renvoyant à une culture commune. Elle donne aussi la possibilité de mettre l’accent sur certaines caractéristiques d’une notion pour les faire ressortir. La périphrase était courante dans l’épopée et la tragédie. Des locutions comme « le fils de Pélée » (pour désigner Achille) ou « la fille de Minos et de Pasiphaé » (pour désigner Phèdre, dans la pièce de Racine) supposent d’ailleurs que l’auditeur partage préalablement la culture greco-latine qui irriguait encore les esprits du temps. Autre exemple : « l’oiseau de Jupiter », pour parler de l’aigle. Enfin, la périphrase peut aussi être utilisée comme euphémisme. L’expression courante « il a passé l’arme à gauche » pour dire, avec moins de force, que quelqu’un est mort, en donne un bon exemple.

Étymologie de périphrase

Périphrase vient du grec peri, « autour », et phraso, « expliquer ». De fait, la périphrase tourne autour du mot qu’elle remplace.

Exemples de périphrases

Les périphrases sont très courantes et utilisées tous les jours : 

  • La ville éternelle pour parler de Rome.
  • La ville lumière pour parler de Paris.
  • The Big Apple pour parler de New York.
  • La cité phocéenne pour parler de Marseille.
  • La capitale des gaules pour parler de Lyon.
  • La ville rose pour parler de Toulouse.
  • Le Nouveau Monde pour l’Amérique.
  • La Terre Sainte pour la Palestine.
  • Le pays du cèdre pour parler du Liban.
  • Le pays du soleil levant pour le Japon, ou le pays du matin calme pour la Corée.
  • La fille aînée de l’Église pour parler de la France. Cette périphrase, que l’on doit à Lacordaire, date du XIXe siècle et n’est bien sûr pas neutre. Elle permet de souligner, par idéologie, le lien de la France avec l’Église catholique.
  • La plus belle avenue du monde pour parler des Champs Élysées.
  • Le petit écran pour parler de la télévision.
  • Le roi des animaux pour parler du lion.
  • L’empereur à la barbe fleurie pour parler de Charlemagne.
  • Le septième art pour parler du cinéma.
  • L’auteur de la Comédie humaine pour Balzac.
  • Le plus vieux métier du monde pour parler de la prostitution.
  • Le miroir de l’âme pour les yeux (lieu commun poétique).
  • Le plancher des vaches pour parler de la terre.
  • Ne pas avoir toute sa tête pour « être fou ».
  • Le beau sexe pour parler des femmes.
  • L’or noir pour parler du pétrole.
  • Les forces de l’ordre pour parler de la police.
  • Le toit du monde pour parler de l’Himalaya.
  • La langue de Molière pour parler de la langue française.
  • La langue de Shakespeare pour parler de l’anglais.
  • La langue de Goethe pour parler de l’allemand.
  • Le Roi-Soleil pour parler de Louis XIV.
  • Le siècle des Lumières pour parler du XVIIIe siècle.
  • L’homme du 18 juin pour parler du général de Gaulle.
  • Le Saint-Père pour parler du pape.

Exemples littéraires de périphrases

Un jour que celui-ci, plein du jus de la treille,
Avait laissé ses sens au fond d’une bouteille,
Sa femme l’enferma dans un certain tombeau.

La Fontaine, Fables, L’Ivrogne et sa femme / La périphrase désigne ici le vin.

Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu’il faut l’appeler par son nom)

Les Animaux malades de la peste

Vite, voiturez-nous ici les commodités de la conversation

Molière, Les Précieuses ridicules, I, 9, Magdelon / La périphrase désigne ici les fauteuils. 

Mais aujourd’hui qu’enfin la vieillesse venue,
Sous mes faux chevaux blonds, déjà toute chenue,
A jeté sur ma tête, avec ses doigts pesants,
Onze lustres complets surchargés de trois ans,…

Boileau, Épîtres, X /Boileau parle ici de sa perruque. 

Des appartements d’une extrême fraîcheur, dans lesquels on n’était jamais incommodé du soleil

Voltaire, Candide / Voltaire parle par antiphrase des prisons. 

Une heure après le coucher du soleil, la lune se montra au-dessus des arbres, à l’horizon opposé. Une brise embaumée que cette reine des nuits amenait de l’orient avec elle, semblait la précéder dans les forêts comme sa fraîche haleine. L’astre solitaire monta peu à peu dans le ciel 

Chateaubriand, Génie du christianisme, I, V, 12 / Ces périphrases désignent bien sûr la lune. 

Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon ;
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l’horizon.

Lamartine, Méditations poétique, L’Isolement  / La reine des ombres et la lune. 

C’était l’heure tranquille où les lions vont boire

Hugo, La Légende des siècles, Booz endormi  / Hugo parle du soir. 

 

Le crapaud, sans effroi, sans honte, sans colère,
Doux, regardait la grande auréole solaire ;

La légende des siècles, Le crapaud / La grande auréole solaire désigne le Soleil. 

 

J’ai dit au long fruit d’or : mais tu n’es qu’une poire !

  Les Contemplations, Réponse à un acte d’accusation / Hugo dénonce ici l’utilisation abusive de la périphrase en donnant un exemple ridicule : parler d’une poire comme « d’un long fruit d’or ».

Ce voyageur ailé

Baudelaire, Fleurs du mal, L’Albatros  / Cette périphrase désigne l’albatros.

La nuit parfois ravive une plante singulière dont la lueur décompose les chambres meublées en massifs d’ombre.

PongeLe Parti pris des choses / La plante singulière dont Ponge parle est une bougie. 

 — Rien à me dire ?
Pour toute réponse, il reçut une des injures les plus crues de la langue anglaise faisant allusion à la façon dont sa mère l’avait conçu.
— Qu’est-ce qu’il dit ? questionna Torrence.
— Il fait une discrète allusion à mes origines. 

Simenon, Maigret, Lognon et les Gangsters