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Professeur : quel est le fĂ©minin ? Professeure ? đŸ§‘â€đŸ«

Publié le 19/09/2018
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Il y a plusieurs fĂ©minins pour « professeur ». Plusieurs formes sont concurrentes dans l’usage.

Professeur

En France, « professeur » est traditionnellement un mot Ă©picĂšne. Cela signifie que la forme masculine « le professeur » peut dĂ©signer aussi bien un homme qu’une femme. On dirait ainsi « elle est professeur » ou « Madame le professeur ».

Rompant avec la tradition, la faculté des sciences nomma Marie Curie chargée de cours et directrice du laboratoire. Elle devint professeur titulaire deux ans plus tard.

Francearchives.fr

La fĂ©minisation la plus simple consiste Ă  faire de professeur un mot qui ne change pas de forme lorsqu’il est employĂ© avec un article fĂ©minin : Â« Madame la professeur », « la prof » comme disent couramment les Ă©lĂšves.

Dans le secondaire, « on ne pourra pas Ă  la fois faire cours pour les prĂ©sents et une visio pour les Ă©lĂšves isolĂ©s Â», prĂ©vient une professeur membre de l’Association des professeurs de biologie et gĂ©ologie (APBG).

Lesechos.fr

Autrement, plusieurs choix se prĂ©sentent si l’on souhaite fĂ©miniser la graphie mĂȘme du mot.

Professeure

« Professeure » ajoute -e final marquant la fĂ©minitĂ©, sans changer la prononciation du mot. C’est une forme courante au QuĂ©bec, et celle privilĂ©giĂ©e par le Guide de la fĂ©minisation des noms de mĂ©tiers proposĂ© par la FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles (qui propose aussi la professeur). C’est aussi la forme prĂ©fĂ©rĂ©e en Suisse. Dans son rapport sur la fĂ©minisation des noms de mĂ©tiers, l’AcadĂ©mie française juge qu’ « il  n’y a pas lieu de s’interdire cette possibilité offerte par la langue ». Exemple : « Ce livre est un traitĂ© Ă©crit par une professeure d’économie de l’universitĂ© de Nice. »

À lire en cliquant ici : quel est le fĂ©minin de « chef » ?

Professeuse

« Professeuse » est une autre possibilitĂ©, employant le suffixe -euse que l’on retrouve par exemple dans danseur/danseuse, ou serveur/serveuse. Cette forme a peut-ĂȘtre le dĂ©savantage d’un manque d’euphonie et elle est rare. Selon le Dictionnaire historique de la langue française, c’est une forme qui a cours dans le Val d’Aoste.

Dans une terrine, Ă  demi pleine d’eau et de vinaigre, trempaient des verges menaçantes. La sƓur Fulgence les saisissait, vous faisait mettre Ă  genoux, troussait vos jupes et vous fouettait d’une main alerte. AprĂšs la leçon, sĂ»re de ne pas l’échapper, j’allais moi-mĂȘme dans la chambre des exĂ©cutions et je me mettais en posture. Je fis un jour Ă  la « professeuse » cette proposition ingĂ©nieuse : « Ne pas prendre de leçon et ĂȘtre fouettĂ©e tout de suite »

Judith Gautier, Le Collier des jours, 1904

À lire en cliquant ici : quel est le fĂ©minin d’auteur ? 

Professoresse

Enfin, « professoresse », correspond Ă  l’italien professoressa. Mais, en français, « professoresse » est archaĂŻsant, lourd et difficile Ă  Ă©crire. En outre, ce terme n’existe qu’en thĂ©orie, pas dans l’usage.

Information complémentaire

Une recherche sur Google Ngram indique une nette domination de « professeure », forme la plus simple et courante dans certaines régions de la francophonie.