Définition. (Nom masculin).
Un sycophante était dans l’Athènes antique une personne qui avait fait de la dénonciation son métier, une personne qui intentait des procès aux riches ou aux détenteurs de charges politiques pour en tirer de l’argent. Cependant, on l’utilise plus souvent par extension aujourd’hui pour désigner personne qui a pour habitude de dénoncer les autres, personne qui s’indigne souvent à propos du comportement ou des opinions des autres (dans le débat public notamment). « Les habituels sycophantes sont au rendez-vous pour dénigrer chacune de nos propositions ».
Autres exemples :
- Le premier sycophante venu me dénonce : on écoute les lettres anonymes des soldats dont j’ai châtié la couardise ; on m’accuse, on me menace, on me casse de mon gradeLe premier sycophante venu me dénonce : on écoute les lettres anonymes des soldats dont j’ai châtié la couardise ; on m’accuse, on me menace, on me casse de mon grade […] (Romain Rolland, Danton, Acte II, 1, Robespierre)
- « Twitter, n’écoutant que son courage qui ne lui disait rien, bloque le compte de la victime sous les applaudissements fanatiques des sycophantes haineux. Twitter France vous devriez avoir honte », a réagi de son côté la Licra. (ledauphine.com)
Sycophante : synonymes
Accusateur, calomniateur, délateur, dénonciateur, Fouquier-Tinville ;
Sycophante : origine du terme (étymologie)
« Sycophante » vient du grec συκοφάντης, sukophantes, de σῦκον, sukon, « figue », de φαίνω, phaino, « faire connaître, indiquer ». L’origine de cette composition étonnante est mal déterminée. Selon Plutarque (46 – 125), la figure du « dénonciateur de figues » serait née de l’interdiction de l’exportation par le législateur d’Athènes, Solon :
De toutes les productions indigènes, il ne permit de vendre aux étrangers que l’huile, et défendit l’exportation des autres; il chargea l’archonte de maudire les contrevenants à cette loi, sous peine de payer lui-même au trésor public une amende de cent drachmes. Cette loi est dans la première de ses tables. Ce n’est donc pas sans fondement qu’on a dit qu’autrefois il était défendu d’exporter des figues de l’Attique, et que les délateurs de ceux qui en avaient exporté étaient appelés sycophantes.
Plus généralement, il n’existait pas de ministère public dans l’Athènes de l’Antiquité. Chaque personne privée pouvait dénoncer les autres. Certains ont donc fait profession de dénonciateur, notamment des plus riches, dans l’espoir d’en tirer des des avantages pécuniaires. Ce sont des les sycophantes, nommés, peut-être, d’après les dénonciateurs d’exportateurs en contrebande de figues.
Ce terme prit dès l’Antiquité une connotation péjorative. Les sycophantes qui engageaient un procès pouvaient obtenir le tiers ou la moitié de l’amende en cas de victoire. Ils pouvaient obtenir de l’argent par chantage en menaçant d’intenter un procès s’ils n’obtenaient pas satisfaction. Pour s’en prémunir, les individus qui vivaient avec cette épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes commencèrent, à partir de la fin du Ve siècle av. J.-C., à engager des professionnels de l’éloquence pour rédiger leurs discours de défense (les logographes) puis, au IVe siècle, à se faire représenter par des tiers dans les procès pour se défendre.
À lire
- Patrice Brun, Le monde grec à l’époque classique
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