Tailler des croupières : définition & origine (expression) 📚

Tailler des croupières : origine de l’expression

La croupière n’est pas ici celle qui anime des jeux d’argent dans les casinos, mais une courroie de cuir qui est passée sous la queue du cheval (sur le culeron) et qui permet à la selle de ne pas glisser jusqu’au garrot (le bas de la crinière). Le terme est dérivé de croupe, la partie postérieure du cheval (ou d’autres animaux). Elle permet de ne pas gêner les épaules de certains chevaux.

Le verbe « tailler » est ici à comprendre comme « attaquer », « entailler », « couper », « donner des coups de sabres ». « Tailler des croupières », c’est donc sectionner cette courroie pour déstabiliser le cavalier que l’on poursuit puis, par extension, poursuivre quelqu’un de près pour l’attaquer par derrière. Oudin définissait cette expression (Curiositez françoises, 1640) comme « donner des coups par derrière ».

Par extension, « tailler des croupières », c’est attaquer quelqu’un, lui causer des embarras. Cette expression est aussi employée aujourd’hui dans le sens de « concurrencer quelqu’un ou quelque chose, d’essayer de prendre des parts de marché d’une autre entreprise ». En réalité, cette expression a peut-être été, dès sa naissance, employée au figuré :

S’il sçavait ma desconvenuë, il serait icy il y a long-temps, ou en chemin pour leur tailler des croupières …

Adrien de Montluc, La Comédie des proverbes, 1634

Dans l’exemple suivant, elle peut être comprise dans son sens littéral ou au sens d’« attaquer » :

Après avoir aux Dieux adressé les prières,
Tous les ordres donnés, on donne le signal.
Les ennemis, pensant nous tailler des croupières,
Firent trois pelotons de leurs gens à cheval ;
Mais leur chaleur par nous fut bientôt réprimée,
Et vous allez voir comme quoi.

Molière, Amphytrion, I, 1

Voir ici : pourquoi dit-on « à cor et à cri » ?

Exemples