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Une « chef » ou « cheffe » ? Le féminin de chef

Publié le 21/10/2021 (m.à.j* le 28/09/2022)
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Le nom « chef » n’a pas de forme féminine bien établie. Il existe cependant plusieurs formes candidates : une/la chef, cheffe, etc.

 

Une / La chef

On peut considérer « chef » comme un mot épicène, c’est-à-dire qu’il garde la même forme aux deux genres. Ainsi, « la chef » au féminin correspondrait à « le chef » au masculin. C’est la solution la plus simple. Exemples

  • Une chef d’entreprise et des employés sont venus à la rencontre des élèves pour leur présenter quelques métiers.
  • En septembre dernier, elle part trois semaines en voyages de noces. Autant dire une éternité pour une chef d’entreprise.  (Gouvernement.fr)
  • C’est une cuisine de marché, dans un marché, résume la chef et propriétaire Maude Desroches. (lapresse.ca)

À lire ici : quel est le féminin d’auteur ? Auteure ? Autrice ?

 

La cheffe

Une autre solution consiste à employer le féminin irrégulier « cheffe » (qui, sur le modèle de veuf, devrait plutôt produire le bizarre chève). Cette forme semble diffusée en Suisse, et a la préférence du guide de féminisation Mettre au féminin (2014) produit par la fédération Wallonie-Bruxelles. Elle a toutefois été rejetée en des termes vifs par l’Académie française. Exemples :

  • Elle s’est comportée comme une vraie cheffe, ce qui avait rempli d’admiration les regards de ses compagnons.
  • Dans l’Union européenne, comme dans le reste du monde, les femmes demeurent très peu nombreuses en comparaison des hommes à avoir été, ou à actuellement être, cheffe d’Etat ou de gouvernement. (touteleurope.eu)
  • La cheffe de l’Organisation mondiale du commerce dément avoir menacé de démissionner. (Letemps.ch)
  • […] Claire Gibault, une des premières femmes à s’imposer à la direction d’orchestre au cours de la seconde moitié du XXe siècle, décide d’organiser « la Maestra », un concours (couplé à une académie pour une partie des candidates) exclusivement réservé aux cheffes d’orchestre. (lesoir.be)

On en trouve une occurrence chez Gautier en 1859 ( « la cheffe des bandits »).

À lire ici : quel est le féminin d’imposteur ?

 

Comparaison

Selon Google n-gram, la fréquence dans les écrits de « la/une cheffe » est supérieure à celle de « cheffe », qui est toutefois en croissance.

google n gram cheffe chef feminin

 

Autres formes : cheffesse, cheftaine, etc.

Les puristes pourront préférer « le/un chef », même quand on parle d’une femme. Cette solution pourrait être critiquée pour son sexisme (par certains) ou par les quiproquos auxquels elle peut donner lieu (car les articles ne permettent pas de déterminer si la personne est un homme ou une femme). Le féminin « cheffesse » est parfois employé dans des contextes spécifiques, mais sa lourdeur et des rapprochements phonétiques malvenus le condamnent probablement. Loti l’utilise à propos de Polynésiennes : « […] la reine en robe noire, triste et recueillie, priant pour sa petite fille, avec sa vieille amie la cheffesse de Papara. » (Rarahu, 1879). « Cheftaine » est un terme spécifique aux scouts.