Signification
La chance sourit aux audacieux signifie : le destin favorisera ceux qui osent.
La chance sourit aux audacieux : origine du proverbe
Ce proverbe traduit un proverbe latin, qui se trouve notamment dans l’Énéide de l’auteur romain Virgile (70 – 19 av. J.-C.) :
Turnus et les chefs ausoniens s’étonnent de cette soudaine ardeur des Troyens, jusqu’à ce que, regardant en arrière, ils voient des poupes tournées vers le rivage, et toute une flotte glisser sur les eaux. Sur la tête d’Énée étincelle le cimier de son casque ; son aigrette répand des flammes, et l’orbe d’or de son bouclier vomit de vastes feux. Telle une comète, par une nuit pure, rougit sanglante et lugubre ; tel l’ardent Sirius, s’élevant sur l’horizon, apporte aux malheureux mortels la soif et les maladies, et contriste les cieux de sa sinistre lumière. Cependant l’audacieux Turnus n’est point déconcerté ; il veut s’emparer du rivage, en repousser l’ennemi. Il relève donc par ses discours l’esprit de ses soldats et les excite au combat : « Ceux que vous désiriez, braves guerriers, les voici ; à vous de les écraser !Mars lui-même les met entre vos mains. C’est le moment de vous souvenir de vos femmes, et de vos maisons ; maintenant rappelez-vous les hauts faits et la gloire de vos pères : marchons les premiers au rivage, tandis que les ennemis sont encore troublés, et que, descendant de leurs vaisseaux, ils posent un pied chancelant sur la grève : la fortune seconde l’audace. »
« La fortune seconde l’audace » traduit ici le latin « audentis Fortuna iuvat » (vers 284). Fortuna, qui correspond aujourd’hui à « chance », renvoie au « sort», ici « à la bonne chance », à « l’heureuse fortune », à la « réussite », ou à la déesse qui incarne la bonne fortune. Dans sa traduction, Paul Veyne traduit la phrase comme « La Fortune favorise les audacieux ». Elle reprise par Sénèque (mort en 65 ap. J.-C.) dans ses Lettres à Lucilius (94e lettre). On la trouve sous d’autres formes, antérieurement à Virgile notamment, chez Terence (IIe siècle av. J.-C.) par exemple : « Fortes (ou fortis) fortuna adiuvat (Phormio, I, 4) /La Fortune favorise les braves/les forts. ». Cette forme du proverbe est reprise par Cicéron (106 – 43 av. J.-C.) dans ses Tusculanes (2, 11 : « fortis enim non modo fortuna adiuvat, ut est in vetere proverbio »). Elle passe en français et prend des formes diverses.
Soyez en passe d’avoir
Les plus beaux emplois du monde
Que la Fortune seconde
Vostre ambitieux vouloirLaurent Bouchet, Cantique de l’empire de la mort sur tous les hommes, 1666
Mais les formes traduites « la chance sourit aux audacieux » ou « la fortune sourit aux audacieux » datent du XIXe siècle et se diffusent au XXe siècle.
La sagesse des nations doit être quelquefois celle des rois, et si les anciens ont dit que la fortune sourit aux audacieux, les modernes nous ont appris qu’à trop embrasser ont étreint mal…
Félix Davin, Une fille naturelle…, 1836
Mais on dit en latin, et même quelque fois en français que « la chance sourit aux audacieux »
L’emploi du proverbe à l’écrit reste cependant assez rare. Il existe une autre version, attribuée généralement au scientifique Louis Pasteur (1822 – 1895) : « la chance ne sourit qu’aux esprits bien préparés ».
Traductions
- Anglais : Fortune favors the bold / the brave
- Italien : La fortuna aiuta gli audaci
Exemple
Dans ce système rénové, nous n’aurions pas besoin de te souhaiter bonne chance, mais bon courage. Tu serais le propre maître de ton destin, à condition d’être audacieux. En cette période de révision, il pourra être utile de te rappeler le proverbe latin : audaces fortuna juvat, la chance sourit aux audacieux !
OU tout simplement comme le dit un proverbe baoulé (peuple de Côte d’Ivoire): « C’est le prudent qui élève l’enfant du téméraire »